LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Critiques > Archives > X-Files > Saison 2 > Convalescence

2.08 - One breath

Convalescence

Coma

jeudi 25 décembre 2003, par LordOfNoyze

Cet épisode de "X-Files" est entièrement axé sur Mulder et sa hargne pour comprendre ce qui est arrivé à sa partenaire, la seule qui peut encore avoir confiance en ses idées et la quête de sa soeur.

Il s’agit en réalité d’un très bon épisode mythologique, écrit par le duo récurrent des 3 premières saisons Glen Morgan et James Wong, avec d’un côté les visions de Scully, mises en scène très sobrement (la vie en suspens étant allégoriquement symbolisée par une barque accrochée à une corde, qui vient à se rompre lorsque décision est prise de cesser la respiration artificielle) et comprenant une apparition de son père, joué par un providentiel Don Davis (avant qu’il ne s’enferme dans le monolithisme de son rôle de chef de base dans "Stargate SG-1"), nous apprennent mieux sur le passé de Scully que certains futurs épisodes, comme ceux des dernières saisons et ses réflexions sur la maternité. On a également une apparition de sa mère et de sa soeur, qui a des dons de médium qui ne semblent pas faire fléchir le désemparement de Mulder, qui entretemps essaie de trouver l’origine de son coma.

Il va se frotter à un certain mystère entourant le coma de Scully, avec un des fameux hommes de main du Consortium qui tentera de voler son échantillon de sang. Pris en chasse par Mulder, il est arrêté à nouveau par quelqu’un qui deviendra un personnage-clé de la 2e saison, le Noir et sombre Mr.X. Celui-ci essaiera de détourner Mulder de ses activités, tout en lui révélant qu’il est très lié à lui("Je ne mourrai pas à vous car vous êtes ma chose, compris ?") mais comme Gorge Profonde dans la 1ère saison, l’aidera en lui donnant des indications sur une fouille de son appartement, mais en lui conseillant la fuite plutôt que le combat. Il est apparemment notablement plus renseigné que Gorge Profonde, et surtout plus charismatique, sans oublier l’ambiguité de ses motivations.

Autres moments forts de cet épisode décidément riche, la tirade de Skinner concernant son sauvetage-miracle au Viet-nâm, et les raisons pour lesquelles il ne veut pas voir Mulder quitter son poste : "Je ne peux pas affronter les choses sortant du normal." Le téléspectateur est aussi surpris que Mulder de cet aveu de confiance, et finit de poser Skinner comme pièce-maîtresse de l’échiquier mythologique. Il s’avèrera même que c’est Skinner qui donnera l’adresse de l’Homme à la Cigarette, facilitant ainsi le déroulement d’un interrogatoire musclé de Mulder. Et là, autre réplique culte : Cancer Man ne peut pas être tué par Mulder car il ne faut pas que "certaines rumeurs s’ébruitent". On a là un aperçu de l’impuissance de Mulder face aux conspirateurs, car il ne peut pas rendre public la vérité, encore moins les pourchasser : ce sont des hommes au-dessus des lois, métaphore filée du gouvernement parallèle de "spin doctors" qui a officié dans les présidences américaines de ce dernier siècle.

Le reste de l’épisode nous montre un Mulder finalement aussi désemparé que la famille de Scully, qui n’a comme dernier recours que de rester veiller sur elle ; l’équilibre de la caution rationnelle perdue, Mulder ne peut, pour ainsi dire, plus croire lui-même. Un autre mystère concerne les modifications sanguines de Scully, qui était apparemment prédestinée à devenir un "hybride", ce que l’on comprend avec la séquence des Lone Gunmen. Néanmoins la modification a été avortée. Par qui ? Pourquoi ? Le mystère reste entier, tout comme celui de son réveil miraculeux ; ainsi Morgan et Wong jouent de l’ellipse, sans doute pour répondre à la question un peu plus tard. Un autre mystère, un peu plus lourd celui-là, qui présente à mes yeux le seul défaut de cet épisode en tous points maîtrisé, est celui de l’infirmière Owens qui disparaît comme par magie à la fin de l’épisode. Une introduction malheureuse d’une sorte d’ange gardien ? La piste est laissée ouverte, mais cela apparaît néanmoins comme un "couac".


Une résolution d’arc mythologique riche en moments-clés et un traitement de l’angoisse de l’entourage d’une comateuse (Mulder en particulier) d’une justesse rare. "X-Files" commence à scotcher le téléspectateur à l’écran.