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3.10 - 731

Mulder sur les rails de la Vérité

mardi 20 janvier 2004, par Sygbab

731, c’est le nom de l’unité spéciale du corps médical japonais que menait Ishimaru pendant le Seconde Guerre Mondiale. C’est un détail que j’avais volontairement omis de mentionner précédemment pour pour pouvoir expliquer le titre de cet épisode.

Ce que j’adore dans X-Files, c’est cette façon de commencer les deuxièmes parties mythologiques en parlant de tout autre chose que ce dont il était question dans la première. Enfin, pas exactement, puisque c’est forcément lié à ce que l’on a vu avant. Par conséquent, on fait travailler le cerveau pour se demander quelle est la signification de tout ça et comment cela s’imbrique dans le puzzle pendant le générique, avant de retourner dans le vif du sujet et de reprendre les choses là où elles avaient été laissées. Mais ce teaser là ne fait pas seulement fonctionner les méninges pour comprendre quel est le rapport entre le centre de recherches sur la maladie Hansen et tout ça et tout ça, il est aussi très dérangeant. Des commandos débarquent dans le centre, emmènent des êtres à peine humains dans leurs camions pour les abattre plus loin en organisant des fusillades sauvages, laissant les cadavres dans des fosses. Heureusement, par pudeur, la scène de fusillade nous est épargnée, mais on la vit au travers du regard d’un rescapé, difforme et lépreux - sans doute -, abattu par le triste spectacle qui lui est offert. Mais cela met tout autant mal à l’aise. Et du coup, on en oublie de réfléchir

Des monstres engendrant des monstres... Cette phrase de Matheson prend tout son sens ici, encore plus que dans le précédent épisode. Le docteur Ishimaru, qui se fait maintenant appeler Shiro Zama, a bien continué ses expériences sur des humains, en les exposant à toutes sortes de maladies et de radiations. Une opération de grande envergure qui écoeure Scully et le téléspectateur avec. Mais comment est-elle arrivée jusqu’à ce centre ? Grâce à Mr X. Enfin c’est un peu plus compliqué que cela. Le très énigmatique informateur de Mulder lui a conseillé de chercher à comprendre ce qu’est exactement son implant pour avoir toutes les réponses dont elle a besoin, et peut-être en saura-t’elle alors plus que lui. Elle confie donc cette tâche à l’Agent Pendrell, qui a le béguin pour elle, et il en ressort que s’il l’a cassée en la manipulant, il a trouvé le nom du fabricant et en vérifiant les envois de la poste il s’est rendu compte qu’un colis en contenant quelques unes à été envoyé à un certain Shiro Zama au fameux centre.

Une fois qu’elle y est, elle reçoit la visite impromptue du 1st Elder, littéralement l’Aîné en Français. Les révélations, ce sera pour un autre jour, parce qu’on voit mal le numéro un du Consortium en faire de quelque sorte que ce soit. Selon lui, les aliens c’est du pipeau. Zama a continué ses recherches en secret sans que le gouvernement le sache, commettant des actes horribles. Il paraît si sincère quand il s’excuse du fait que les scientifiques gouvernent maintenant le monde et non plus les soldats, et que cela amène parfois à de regrettables dérives... Bien sûr, à part Scully qui est bien contente d’avoir des explications rationnelles, personne ne croit une seule seconde ce qu’il raconte, comme Sculy ayant subi des expériences dans le même type de wagon que celui de la vidéo de Mulder. Pourtant, il dit la vérité concernant la traîtrise de Zama. Il applique en fait le concept dont Gorge Profonde avait fait part un jour à Mulder : « enrobez vos mensonges de vérités, et ils passeront mieux ». Un art que le 1st Elder maîtrise évidemment à la perfection. Bref, pas de grandes surprises, il est là pour brouiller les pistes et ce n’est pas bien difficile puisqu’il suffit juste de rassurer Scully sur la non-existence des extraterrestres. Il va même jusqu’à lui assurer que ces histoires d’OVNI sont inventées de toutes pièces pour cacher de plus gros mensonges comme ces expériences secrètes, dont elle a été elle-même victime. C’est commode, mais ça fonctionne car cela permet à Scully de se raccrocher à quelque chose de concret, de comprendre pourquoi elle a été enlevée. Finalement, la seule information valable après les pérégrinations de Scully est la fonction de l’implant. Selon Pendrell, le microprocesseur implanté agirait comme un disque dur en enregistrant les processus mentaux d’une personne via les impulsions électriques correspondant à la formation de la mémoire. Un truc assez hallucinant.

Cette partie de l’épisode sert surtout à mettre en valeur la phrase du générique de l’épisode, qui est Apology is policy. Scully est lasse de voir Mulder aider ces gens à cacher la vérité en courant après des chimères, et agacée de constater que quand ils ne peuvent pas la cacher ils s’en excusent, sans pour autant arrêter les frais. La politique de l’excuse, voilà ce que c’est devenu. Mais Mulder a un avis tout contraire : il se moque bien des fables que ces hommes inventent pour cacher leur crime, ce qu’il voudrait ce sont des excuses pour la vérité. Cette vérité qui lui échappe sans cesse puisque comme à l’accoutumée, il se sera démené pour rien : toutes les preuves qu’il avait sont entre d’autres mains.

Justement, en parlant de Mulder, c’est sûrement son intrigue la plus passionnante. Le coup du train possédant une bombe dans un épisode mythologique, il fallait y penser. Certes c’est classique, mais ça fonctionne à 200% ici. Le fait que Mulder soit enfermé dans le wagon-labo - amarré au train passager - en compagnie du bad guy de l’épisode précédent y est pour beaucoup. Cela crée une tension qui n’est pas pour me déplaire, qui atteint son paroxysme au moment où Mulder s’apprête à prendre le risque de composer le code que lui donne l’agent de la NSA. Un portable sonne à ce moment-là et manque de lui faire avoir une crise cardiaque. Même moi, en ayant déjà vu l’épisode, je me suis fait avoir. Par contre, chose rare à signaler, on nous évite le tic tac fatal avant que la bombe n’explose ; la dernière fois que l’on voit le compteur il reste 58 secondes. Et pour faire encore mieux, cela nous offre LA touche humoristique de l’épisode quand Mulder se félicite de l’achat de la cassette vidéo puisque Scully réussit à déchiffrer le code que compose Ishimaru dessus. $29,95 qui lui auront sauvé la vie. Enfin... Pas exactement puisque c’est Mr X qui la lui sauve réellement. Enfin, en interrogeant Red Haired Man (X-Files regorge de personnages comportant ce genre de noms intrigants, et c’est un des éléments qui font le charme de la série), il a une révélation de taille : ce qui est dans le train est immunisé à tout virus existant.

Un Mr X dévoile ici toute sa complexité. On le sait, il poursuit qui ses propres intérêts comme on avait pu le voir notamment dans Soft Light dans la saison 2. Pourtant, il semble résolument attaché à Mulder puisqu’il veut absolument le tirer de ce mauvais pas. Il prend d’abord le risque de se présenter à Scully à l’improviste pour l’informer (après tout, c’est son rôle, mais bon il y a des manières plus tendres de le faire) que Mulder ne doit pas monter dans le train. Puis il le sauve ensuite d’une mort certaine en tuant le faux agent de la NSA (c’est en fait un homme de main du 1st Elder, sa couverture était censée étayer le mensonge visant à faire croire que l’individu placé en détention dans le wagon est infecté de la fièvre hémorragique) et en le sortant du train. Pourtant, il a un moment hésité entre la créature et l’agent du FBI... A-t-il sauvé Mulder parce qu’il ne pouvait pas forcer la porte ou parce qu’il a encore besoin de Mulder, ou tout simplement parce qu’au fond de lui il veut l’aider, d’une manière détournée ? A ce stade, il n’y a pas grand-chose qui laisse deviner ses véritables intentions et c’est ce qui en fait un personnage fort de la série. Enigmatique, charismatique... J’adore.

Mulder n’a pas de preuves donc, on y revient. Il est sûr que le train transportait un hybride, et la disparition de la mallette de Zama le conforte dans sa théorie. Sur ce coup, je trouve qu’il a quand même mal joué le coup : quand il demande à ce que le conducteur fasse dérouter le train et à ce qu’il décroche le wagon en plein milieu de la nature, il oublie complètement qu’il n’a pas cette foutue mallette avec lui, ce qui laisse tout le loisir à d’autres de la récupérer. Comme l’Homme à la Cigarette par exemple, qui est toujours dans les bons coups. Les informations de Zama à propos de l’hybridation seront certainement très utiles...

Quand on connaît la suite de la série, on ne peut que se rendre à l’évidence : Carter et sa bande savaient où ils allaient. Entre le cancer se déclarant quand les implants sont retirés et le fait que les extraterrestres soient un virus auquel les hybrides sont immunisés, il n’y a pas un seul doute à avoir...


Excellent ! On est totalement pris à contre-pied par ce deuxième épisode. Il fallait réussir à utiliser le classique de la bombe surtout dans un épisode mythologique, et c’est fait avec brio. La plus grande force de cet épisode, c’est de nous donner envie de voir la suite sans avoir vraiment donné de solutions - seulement des pistes - mais tout en restant passionnant.