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7.17 - All Things

Et si X-Files n’était qu’une histoire d’amour ?

Manquerait plus que ça tiens...

jeudi 29 avril 2004, par Guiguilegentil

« All things », ou « Existences » dans la version française, est un épisode bien difficile à cerner. Pour pouvoir tenter d’expliquer ou d’exprimer les « sentiments » de cet épisode, il va me falloir m’attarder sur pas mal de points.

Ce premier épisode écrit et réalisé par Gillian Anderson, fait partie des épisodes dont on ne sait pas trop à la première vision s’ils sont réussis ou ratés. Il faut quand même bien voir que parler exclusivement de la vie privée de Scully, sans aucunes affaires non classés en trame de fond, était un pari assez gonflé, surtout lorsqu’on y suggère que Mulder et Scully couchent enfin ensemble. Je vais donc parler du personnage de Scully, ainsi que son évolution, de divers éléments propres à l’épisode, et des aspects techniques et de ce que Gillian Anderson a sans doute tenté de faire passer comme message.

Mais avant parlons un peu de l’histoire : L’agent Scully, son personnage, ses choix, un regard sur ses relations dans le passé. Une rencontre, en l’absence de Mulder, dans un hôpital met Scully en contact avec un homme nommé Daniel, une relation amoureuse de son passé qui était en partie, la cause, de son départ de la médecine pour le FBI. Quand The X-Files se la joue drama romantique en quelque sorte.

Elle est si fragile...

En faisant un bref portrait de Scully prenant en compte toute la série jusqu’à maintenant (c’est-à-dire le 17ème épisode de cette saison 7), on sent une très nette évolution au niveau de ses croyances. Une évolution lente qui fut amorcée depuis « Erlenmeyer Flasks » (« les hybrides ») à la fin de la première saison, à savoir : la transformation de ses croyances rationnelles, scientifiques vers une tendance plus ouverte. Scully depuis ce temps là, ne cessa de déteindre sur Mulder et inversement. On sent, d’ailleurs par cet épisode, la transformation qui s’opère en elle, et qui s’est opéré durant au moins les 5 années précédentes, transformation dont le rythme fut accéléré depuis « Fight the future » et surtout depuis le début de cette saison. Durant quasiment toute la série, on a toujours senti que Scully semblait croire au surnaturel au plus profond d’elle, mais qu’elle luttait contre ses propres sentiments à ce sujet, son propre instinct qui lui disait que Mulder avait raison. Elle était en quelque sorte une croyante frustrée par son propre caractère et sa propre rigueur, éducation et croyances. Cela se montrait parfois de façon flagrante, et occasionnellement cela explosait : comme dans « le message » ou « Patient X » par exemple, mais à chaque fois son rationalisme reprenais le dessus, sans doute malgré elle. Et il nous semble déceler durant certaines scènes, qu’elle à l’air de prendre enfin conscience de cela, et qu’elle à l’air finalement prête à croire un peu plus au surnaturel. Elle, la scientifique rigoureuse, ne semble pouvoir d’accomplir qu’en l’absence de Mulder, et seulement à ces moments là entre dans le monde du paranormal (si la saison 8 en est pas la meilleure preuve je veux bien regarder intégralement la saison 1 de The OC). Il est donc tout à fait logique qu’elle fasse appel à la médecine parallèle et plus particulière à un magnétiseur pour tenter de guérir Daniel. C’est d’autant plus logique que quelques semaines auparavant Scully fut confronté à une affaire (« Theef ») relevant de l’opposition médecine parallèle/médecine traditionnelle, et qu’à l’issu de ce dossier, Scully semblait bien y croire (« voir la scène de fin »). On peut dire après tout cela que son personnage reste tout de même cohérent, malgré cette évolution de plus en plus significative.

Être une femme libérée... C’est pas si facile...

Mais revenons plus attentivement sur les relations qu’elle entretient avec les hommes, et en particulier avec Mulder et Daniel. Tout d’abord il semblerait que le CSM ait vu juste lorsqu’il dit dans « En ami » que Dana semble attiré par les hommes de pouvoirs et donc mûrs. En effet dans « All things », on apprend que Scully ait vécu une aventure avec un de ses profs de médecine, tout comme elle a eut une liaison avec son instructeur au FBI : Jack Willis (« Lazar »). Elle voit vraiment en ces hommes une sorte de figure paternelle qui la protégera et l’aimera. Mais il faut tout de même se souvenir que la figure paternelle n’est pas que cela : au niveau Symbolique le père a une très forte image. Le père est le symbole de la possession, blablabla je l’ai déjà dis dans ma review sur l’épisode « En Ami » : c’est le monde de l’autorité traditionnelle en face des forces nouvelles de changements... Et cela on le retrouve chez Scully avec son conflit qui l’opposa avec son père Bill Scully, celui ci ne voulant pas que cette dernière n’entre au FBI. Malgré cela elle s’en est affranchit, et s’est émancipée. C’est aussi ce qui semble s’être passé avec Jack Willis et le docteur Daniel, car même si ceux ci étaient ses amants, il ne faut pas oublier que dans la psychologie (de bazar) une femme recherche toujours dans ses Amours un modèle paternel (tout comme un homme cherche un modèle maternel). Car il semble bien que ce soit elle qui les ait quitté à chaque fois et est repris sa liberté. C’est aussi ce qui se passe avec Mulder, on se souvient très bien que Scully disait dans « Never again » que l’on rencontre d’autres sorte de pères dans sa vie, en parlant de Mulder. Ce qui voulait dire que c’est avec lui que Scully vit sa vie actuelle, qu’il a remplacé la figure paternelle en en devenant lui-même une. D’ailleurs dans « All things » Scully s’émancipe aussi en refusant de suivre son partenaire en Angleterre. Donc le même schéma semble se dessiner, et pourtant c’est tout l’inverse qui se produit. En effet Dana s’éloigne un temps de Mulder, mais pour mieux revenir à ses côtés par la suite, car ici il semble bien qu’eux deux on sauté le pas et franchit une nouvelle étape dans leur relation : celle d’une liaison physique et donc amoureuse et non plus platonique (c’est en tout cas ce qui est fortement suggéré au début et à la fin de l’épisode, le début de la déchéance de la série en quelque sorte).

Ne la laisse pas tomber...

Pourquoi les choses ont elles tournées comme cela ? C’est assez simple en fait, je pense que Willis et Daniel était trop mûrs pour Scully, leur côté paternel était bien trop appuyé, alors qu’avec Mulder un équilibre certain s’est installé. Car même s’il peut être assimilé à ce que représente le père, il n’en est pas moins un gamin (voir ses réactions et sa personnalité souvent irresponsable) qui a besoin d’une figure maternelle que joue Scully. C’est cette alternance de ces rôles entre eux deux qui a bien finit par créer une sorte d’équilibre et finalement d’harmonie ; et avec la libération de Scully de son passé sentimental avec Daniel et la libération de Mulder de son sentiment de culpabilité envers sa sœur (« Closure »), ils peuvent enfin être libres d’avoir une relation amoureuse : ils sont prêts. Cette harmonie et cet équilibre trouveront d’ailleurs leur paroxysme dans la toute dernière scène du dernier épisode de la série où Mulder & Scully se rendent compte qu’ils en sont au même point et qu’ils croient en la même chose : durant 9 ans ils ont effectivement déteins l’un sur l’autre.

De nombreux autres éléments symboliques parsèment l’épisode, et ceux ci ont une réelle importance dans la compréhension de l’histoire. Tout d’abord les ralentis (qui sont très fréquent cette saison), nous disent de faire attention car quelque chose d’important va se passer, mais il (elle plutôt) ne nous dit pas forcément ce qu’elle veut dire, là c’est à nous d’y réfléchir... Peut être que sans ces ralentis on serait passé à côté de son importance... Ces ralentis ont donc une vraie fonction et ne sont pas là juste pour faire joli (même si c’est vrai ils sont très très jolis). Ils nous préviennent qu’un virage dans la vie de Scully va être prit : lorsque les dossiers médicaux sont mélangés, lorsqu’elle décide d’aller dans le temple bouddhiste. Les rythmes (tapotage du crayon de l’infirmière, la soucoupe volante qui monte et descend à la fin ) sont là pour renforcer cette idée. La femme à la casquette que Scully voit partout, pourrait être une sorte d’ange gardien de guide pour l’agent Scully, tout comme peut l’être le bouddhisme. Et vers la fin de l’épisode on se rend compte que justement ce guide pourrait bien être en fait seulement Mulder ce qui va encore plus dans le sens de leur relation évoquée plus haut. Mais ça c’est pas si compliqué à piger...

Pourtant j’ai pas kiffé...

« All Things » n’est tout de même pas un épisode parfait : il a quand même quelques défauts. Ce qui ne va pas c’est la capacité de Gilly a construire son scénario : ses persos secondaires sont un carrément fades : Daniel et sa fille surtout. Il manque donc à Gilly de la technique niveau écriture, mais comme l’émotion, la sincérité et la profondeur semblent être là (certains fans ayant été touché), et bien là, cela rattrape un peu tous ces défauts.

Oui d’accord c’est sûr que c’est bien loin de "l’esprit XF" (ou de son ton) traditionnel que j’affectionne tant. Même si ce n’est pas un de mes préférés, je reconnais au moins qu’il a quelque chose d’intéressant, même s’il aurait put être beaucoup mieux dans sa forme... Pour revenir à "l’esprit XF", il faut tout de même rappeler que pour apprécier XF il faut avoir un esprit assez ouvert à tout justement... Souvenez vous, il y a 7 ans il y avait pas mal de personnes qui ne comprenaient pas cette série, la jugeant trop chiante ou/et prise de tête (ils ont ratés pas mal de bonnes choses ces gens là). Puis quand est venu des épisodes comme "Le seigneur du magma" beaucoup ont crié au scandale (encore maintenant). Avec « All Things », on part du point de vue de mettre en scène la vie privée de Scully, ses sentiments, ses craintes, ses choix, sa vie en fait, et il ne faut pas en attendre davantage tout simplement.


Je dirai que Gillian Anderson a sans doute voulu mener son personnage dans une voie encore sous exploitée jusqu’à maintenant : celui de ses réflexions sur ses choix qui ont dominé sa vie. Cela avait été évoqué rapidement dans « Christmas Carol », alors qu’ici cela en est le thème principal. Ainsi elle permet à Scully de recentrer ses motivations, ses priorités, de redéfinir sa vie en quelque sorte, chose quasiment essentielle après toutes les épreuves vécues ces dernières années, et ce qui l’attend dans les saisons 8 & 9 où elle se retrouvera quasiment sans Mulder. Gilly a sans doute voulu aussi lui insuffler un peu de sa personne, se rapprocher d’elle en quelque sorte, d’où le traitement du Bouddhisme, et cette atmosphère si intimiste, c’est une réelle introspection.