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1.05 - Come in, stranger

Tous intrus !

vendredi 23 septembre 2005, par Sullivan

Pour son cinquième épisode, Desperate Housewives impose une première modification de ton - réussie - et s’attarde un moment sur les conséquences des événements survenus dans les épisodes précédents. Qu’on s’en félicite, la continuité inter-épisode n’est pas le point fort de cette première saison.

Une voisine a demandé à Susan de s’occuper de son chat. Elle lui rend visite matin et soir pour le nourrir. Ce soir là, alors qu’elle vient avec Julie, Susan se rend compte que quelqu’un à pénétré dans la maison. Elle ne se rend pas compte que l’intrus est encore là, quittant discrètement les lieux. Mais oubliant derrière lui un tournevis...

Replis sécuritaire

« La nouvelle qu’un intrus avait franchit les sécurités de Wisteria Lane se répandit à la vitesse de l’éclair. A une réunion de surveillance du voisinage le lendemain soir, les résidents ont évoqué leur inquiétude face aux dangers grandissants que leur communauté devait affronter. »
La réunion, en présence d’un officier de la Police qui vient leur donner des conseils pour leur sécurité, se tient chez les Scavo. Il est décidé de monter des patrouilles de quartier. Susan aborde l’officier Thompson ; elle évoque le fait que les agents qu’elle a contacté suite à l’effraction ont refusé de prendre le tournevis qu’elle a trouvé sur les lieux pour y relever les empreintes, arguant que puisque rien n’avait été volé, il n’y avait pas d’affaire. Thompson lui assure qu’il va s’en charger.
Susan, Gabrielle et Bree restent aider Lynette à ranger son salon. A cette occasion, Lynette demande à Bree d’écrire une lettre de recommandation pour qu’une école privée accepte de recevoir ses jumeaux. Histoire de mettre les choses au clair, Bree lui demande de confirmer qu’elle lui demande de mentir au sujet des jumeaux.
Sur le pas de la porte, les femmes entendent des cris de disputent qui sortent de la maison des Young. Avant la mort de Mary-Alice, ils étaient heureux, dit Gabi. Bree la corrige : ce n’est pas parce qu’on ne les entendait pas crier qu’ils étaient heureux...

Gabrielle

Le lendemain, alors que les premières patrouilles se mettent en place, Gabrielle est surprise de voir un taxi se garer devant chez elle, et d’en voir sortir sa Belle-mère Mama Solis. Celle-ci lui annonce qu’elle vient à l’improviste pour faire une surprise à son fils, puis lui demande de la serrer dans ses bras, car c’est toujours ainsi que l’on doit faire en famille, ‘‘indépendamment de ce qu’on pense l’un de l’autre,’’ lui murmure-t-elle à l’oreille.
Lorsque Mama Solis et Carlos se retrouvent seuls, on apprend qu’elle est en fait venue à le requête de son fils. Il lui confie pourquoi : il pense que Gabrielle le trompe et veut que sa mère l’aide à gérer la situation. Elle lui annonce qu’elle va prendre les choses en main.
Plus tard, Gabrielle reçoit un SMS de John l’invitant à le rejoindre dans un hôtel. Elle prétexte une envie de shopping pour quitter la maison mais Mama Solis s’invite dans la voiture et l’accompagne. Elle ne lâche pas Gabrielle d’une semelle et en profite pour lui expliquer que plutôt que de faire vainement les magasins, un enfant donnerait un sens à sa vie...
Le lendemain, Gabi profite de ce que Juanita Solis soit absorbée par un télénovela pour parler quelques minutes à John pendant qu’il vaque à ses occupations. Mais il est assez fâché qu’elle lui ait posé un lapin. Elle lui promet qu’ils auront un moment pour eux le lendemain, juste au moment où Mama Solis commence à l’appeler, la cherchant...
En fait, Gabrielle à un plan. Elle a amené Juanita faire les magasins pour s’acheter des affaires, et a glisser un article non payé dans ses sacs. Alors que Mama Solis est arrêtée par la police, Gabrielle retrouve John.
Le soir venu, Juanita Solis raconte à Gabrielle que son mari la battait. Elle était désespérée mais Carlos est né et lui a fourni une raison de vivre. Le jour où l’homme a levé la main sur Carlos, elle est devenue forte et elle s’est assurée que cela ne se produirait jamais. Gabrielle est décontenancée : Carlos ne raconte-t-il pas que son père a quitté le foyer familiale pour une serveuse d’El Paso ? C’est ce qui lui a été dit, indique Juanita. Toute femme est déterminée à protéger ses enfants. Mais certaines y sont plus déterminées que d’autres... ‘‘Je ne sais pas pourquoi vous me dites ça,’’ avance Gabrielle.
‘‘Oh, si, tu le sais !’’ se contente de répondre Mama Solis...

Susan

L’officier Thompson passe avertir Susan qu’il a remis sa preuve au labo pour qu’ils fassent une recherchent d’empreintes. Il l’invite un rendez-vous avec lui. Après avoir hésité, expliquant qu’elle a plus ou moins quelqu’un en vue, elle finit par accepter...
Elle rend visite à Mike et lui annonce cela pour tester sa réaction. Mais de réaction, Mike n’en a pas vraiment. A part de dire que ‘‘les choses sont compliquées’’. Et elles le sont sûrement à cause de ce tournevis qui manque parmi ses outils...
Susan confie la scène à Lynette. Elle se demande s’il y a jamais eu quelque chose entre elle et Mike. Mais Lynette lui confirme qu’ils y a bien eu du flirt entre eux deux. Elle craint que Mike soit un Karl sous couverture. Un type qui lui fait trois sourire, et la persuade qu’il mérite sa confiance pour mieux en abuser par la suite.
Pendant ce temps, Mike rencontre un homme aux cheveux blancs. Il lui confie qu’il a fait une erreur en laissant un tournevis avec ses empreintes chez un des habitants de Wisteria Lane et que la Police risque avec elles de remonter jusque lui. Mais l’homme refuse de le faire disparaître tant que sa couverture n’aura pas été détruite de manière confirmée. En attendant, il doit continuer de s’occuper des canalisations... Mais Mike a des doutes : il a de plus en plus l’impression qu’il n’y a que des honnêtes gens dans le quartier...
Lors de son rendez-vous avec l’officier Thompson, Susan découvre que la tournevis est toujours dans le coffre de sa voiture. Il n’a jamais eu aucune intention de l’envoyer au labo. Susan réalise que Thompson est un Karl sous couverture et le plante là... dans un quartier à prostitution. Elle appelle Julie pour qu’elle envoie quelqu’un à son secours. Celle-ci s’empresse de lui envoyer... Mike.
Il s’excuse de son comportement. Elle lui explique qu’elle est énervée contre elle-même de l’aimer tant sans rien savoir de lui. Il lui propose alors de lui poser quelques questions. Ce qu’elle fait, avant de finir sur un : ‘‘qu’est-ce que tu penses de moi ?’’ Il l’embrasse. ‘‘Pardon, tu pourrais répéter ?’’

Lynette

Grace à Bree, Tom et Lynette ont obtenu un rendez-vous avec le directeur de l’Académie Barcliff. Pour briser la glace, Tom lance la conversation sur les photos du bateau du directeur qui figurent dans son bureau. Il navigue lui-même et possède un petit bateau. Finalement, le Directeur accepte de placer Porter et Preston dans sa must see list, les enfants qu’ils font venir à l’école pour étudier s’il s’entende avec les autres élèves de l’institution privée.
Le jour de la rencontre, Lynette réveille les jumeaux aux aurores et les soumet à un programme sportif sans précédent plusieurs heures durant. Quand ils arrivent à Barcliff, il manquent presque de s’endormir sur leurs puzzles mais Lynette évoque leur grande concentration...
Malgré tout, les nouvelles ne sont pas très bonnes, puisqu’on a informé Lynette qu’ils sont en concurrence avec une autre famille pour la place disponible à l’école. Pour avoir la place, l’école sollicite une donation de $50 000. Une somme que les Scavo n’ont pas. Tom suggère alors qu’ils éduquent les jumeaux à la maison. Lynette pense qu’elle a toute les chances de les tuer si elle doit les avoir à la maison 24h/24, mais Tom lui explique qu’il faut peut-être faire un sacrifice.
Plus tard, Lynette revient vers Tom avec sa propre idée : il y a six ans, c’est elle qui a fait le sacrifice de sa carrière, aujourd’hui, il serait peut-être temps d’inverser les choses. Mais Tom n’est pas du tout de cet avis et enterre l’idée de l’éducation en domicile en quelques secondes. Ce qui les amène là où Lynette voulait en venir : pour la donation à l’école, il y a toujours moyen de vendre le bateau de Tom...

Bree

Rex et Bree se retrouvent un moment après que Rex ait conduit les enfants aux bus qui les mènera à leur camp. Bree plaide qu’elle se sent inquiète du fait de l’effraction qui a eu lieu dans le quartier, pour qu’il accepte de passer la nuit à la maison. Mais Rex ne marche pas : elle possède quatre revolver et il est plutôt en mesure d’attendre elle qu’elle le protège lui. Surtout, ajoute-t-il, ils ne vont peut-être pas être en mesure de sauver leur couple et il vaut peut-être mieux qu’elle s’habitue à vivre seule.
Plus tard, Bree sonne chez les Young pour y retrouver Paul avec qui elle est censée faire une patrouille. Mais seul Zach est à la maison, occupé à nettoyer le salon. Il lui dit que Paul a du s’absenter à la dernière minute pour quelques jours, une nouvelle fois. Elle remarque une zone du parquet ou le vernis du parquet a été complètement abrasé, et que Zach frotte toujours. Il lui explique que c’est l’endroit où se trouvait la tête de sa mère sur le sol, et où le temps à coulé. Alors qu’elle est sur le point de prendre congé, Bree invite finalement Zach à dîner.
Lors de celui-ci, ils parlent de tout et de rien, des décorations de Noël toujours plus réussies chez Bree que chez les autres, de la perte et de l’absence. Bree a aussi perdu sa mère très jeune, renversée par une voiture devant la maison. Elle se rappelle qu’alors qu’on l’avait conduit à l’hôpital, Bree avait été nettoyer le sang sur la route. Zach réagit à cette confidence par une autre : il sait pourquoi sa mère s’est suicidée, à cause de quelque chose qu’il a fait. Mais Zach prend peur, se braque et quitte les lieux. Le lendemain, Susan et Gabrielle recommandent à Bree de tout faire pour faire parler Zach. Elle décide dons de l’inviter à nouveau à dîner le soir même, un dîner de fête.
Mais tout se complique lorsque Rex appelle Bree et l’invite à dîner. Elle accepte sur le champ et décommande Zach, visiblement déçu.
Bree et Rex reviennent précipitamment à la maison, ils ont été avertis par la police d’une effraction chez eux. Ils découvrent la maison entièrement décorée pour Noël par Zach. Bree demande aux policiers de lui retirer ses menottes au moment où son père arrive pour le ramener chez lui.
Bree passe les voir un peu plus tard. Des cris se font entendre. Puis un bruit de coup. Elle frappe et Zach lui entrouvre la porte, lui assurant que tout va bien. Pendant ce temps, au sol, Paul Young constate qu’il a du sang sur les lèvres.

« Les gens, par nature, guettent toujours les intrus pour empêcher ceux de dehors de rentrer. Mais il y aura toujours ceux qui s’imposent dans nos vies. Comme il y aura toujours ceux qu’on y invite. »
Tandis que Gabrielle fait tout pour éviter sa belle-mère, que le directeur de Barcliff réalise trop tard qu’il s’est peut-être fait avoir et que Susan et Julie laissent Mike entrer dans leurs vies, Bree, au matin, aperçoit Paul, un sac de voyage à la main, qu’il charge dans une voiture dans laquelle monte Zach. Il démarre, et la voiture s’éloigne tandis que Zach jette un dernier regard vers Bree...
« Mais les plus troublants d’entre tous sont ceux qui se tiennent au dehors, ceux qu’on apprend jamais vraiment à connaître. »

_________

Si les moments d’humour restent très largement présents, cet épisode est l’un des plus dramatique de la première saison, en cela qu’il vise clairement l’établissement d’une certaine angoisse. Elle s’installe au travers, bien sûr, de l’intrigue de Bree avec Zach, mais aussi au travers de celle de Gabrielle, où l’on découvre que chez les Solis, le sentiment de menace est de famille. De son coté, Susan, tout en restant le personnage en apparence le plus léger et comique de la série, est plongée dans sa propre angoisse : celle de ne retomber amoureuse que pour être encore trahie comme Karl l’a trahie. Susan est un personnage meurtri qui avance à reculons mais que, pourtant, nous voyons finir l’épisode en se jetant les bras d’un homme à qui elle choisi de faire confiance. Et qui, bien sûr, ne le mérite pas. Quoi que les motivations de Mike restent très floues, il est certain qu’il dissimule beaucoup de choses. Quand à Lynette, elle est impliquée dans une intrigue plus quotidienne, dans la continuité de ce qu’elle a déjà vécu depuis le début de la saison, mais là encore, cela fait écho à son angoisse personnelle, qui est clairement le sort de ses enfants.
Cet épisode tout entier s’attache beaucoup à développer les conséquences des événements précédents. Le sort des jumeaux Scavo, viré de l’école publique parce qu’incontrôlables, ou celui de Gabrielle, maintenant que Carlos a des soupçons sur son adultère sont en effet au centre de l’intrigue.

Tous intrus !

‘‘Come in, Stranger’’ est explicitement centré sur la question de l’intrus. En fait, le propos de l’épisode est la description d’une société sécuritaire, entièrement repliée sur elle-même, où chacun devient nécessairement l’intrus de l’autre, dans un processus sans fin qui consiste à toujours montrer patte blanche.
Le cercle vicieux dans lequel on se retrouve dès lors enfermé est clairement exposé, puisqu’on nous montre que la première réaction à une intrusion avérée se trouve être un renforcement des mesures sécuritaires, et donc une augmentation de l’exclusion qui n’aura pour conséquence que d’augmenter la masse des intrus.
Pourtant, là encore, la série n’est pas manichéenne ou naïve. Elle expose en effet que cette tentation au replis autoprotecteur n’est pas motivée par un fantasme, mais bien par l’existence de réelles menaces déterminées à se déguiser pour s’infiltrer, avant de se révéler sous leur vraie jour. Cette élément passe notamment par le récit des hommes qui entourent Susan : si elle a démasqué un "Karl sous couverture", comme elle dit, c’est pour mieux tomber dans les bras d’une homme de toute évidence plus retords et dont les secrets ont une toute autre envergure.
D’une manière générale, derrière des tonnes d’humour, Desperate Housewives a un propos largement pessimiste sur une société profondément injuste et violente, mais dont il n’existe peut-être pas d’issue pour sortir...

Wisteria Lane’s Gossip

- J’évoquais brièvement dans la dernière review le fait que la famille Scavo me semble incarner un miroir inversé de la famille Van de Kamp. Parmi ces premiers épisodes, celui-ci met le mieux an valeur leur opposition totale en matière d’éducation des enfants. Voir, par exemple, la réaction de Bree quand Lynette se débarrasse des garçons en balançant un paquet de chips à l’étage.
Ce qui est aussi intéressant, bien sûr, c’est que malgré ça, les deux femmes sont amies et se soutiennent l’une et l’autre (le sacrifice que Bree fait de sa réputation pour permettre à Porter et Preston d’intégrer une école privée est loin d’être anodin pour elle).

- Le couple Van de Kamp est dans une dynamique intéressante où s’exprime clairement certains non-dits. En effet, on se rend compte dans cet épisode que derrière ses mots très durs des épisodes précédents, Rex est peut-être beaucoup moins prêt qu’on pouvait le croire à quitter son épouse.
Quel secret a-t-il révélé à leur thérapeute ? Bref : quelle est la *véritable* raison de son éloignement avec Bree ? Il semble certain qu’il y en a plus derrière cette histoire que ce que nous en avons sur jusque là.

- Dans la scène du dîner avec Zach, Alexandra Cunningham, la scénariste de l’épisode fait raconter à Bree ce qu’on pourrait nommer en termes de comic-book la scène des origines de Bree. Cette scène toute entière est une tentative intéressante de développer tant le personnage de Bree que celui de Zach mais, sur ce point précis, les auteurs en font un peu beaucoup. On a vraiment peine à croire à Bree enfant lavant le sang laissé par le corps de sa mère au milieu de la chaussée.
De plus, une telle hypothèse semble en contradiction avec les propos de Rex selon laquelle Bree était une femme différente au début e leur mariage. A moins, que ces propos ne soient que prétexte, ce qui nous fait revenir à mon point précédent.


Un épisode très intégré à l’aspect feuilleton de la série, puisqu’il sert de prolongement et de point de départ à plusieurs intrigues feuilletonnantes de ce début de saison. La série installe pour une fois un ton proche de l’angoisse très réussi, et la séquence où Bree et rex rentrent chez eux pour trouver leur maison entièrement décorée pour Noël quelques mois avant l’heure est marquante.