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1.06 - Running to stand still

Fuites Immobiles

mardi 27 septembre 2005, par Sullivan

De nombreux dérivatifs existent qui nous permettent de donner l’illusion du mouvement tandis qu’en réalité, on ne se contente que de se détourner de nos problèmes pour mieux s’éviter de les affronter de face. On se lance alors dans d’éperdues courses en avant qui ne sont qu’un moyen de mieux rester immobile. La drogue, le mensonge sont quelques uns de ces moyens. Vous mêmes qui lisez ces lignes, je suis sûr que vous avez des problèmes à régler qui appellent votre attention immédiate. Mais lire une review de Desperate Housewives est un moyen d’évasion plutôt plus inoffensif que d’autres !

« Les banlieues aisées sont un champ de bataille pour toutes formes de combats domestiques, » affirme Mary-Alice. « Les maris affrontent les épouses, les enfants leurs parents, mais les batailles les plus sanglantes impliquent généralement les femmes, et leurs belle-mère.
« La guerre pour le contrôle de Carlos commença le soir où il demanda Gabrielle en mariage, et Gabrielle avait sans cesse concédé du terrain à Juanita depuis. Du contrat pré-nuptial qu’elle signa à contre-cœur, de la sélection de la musique du mariage, jusqu’à la couleur de la maison qu’elle n’avait pas voulue, Gabrielle avait souffert une défaite après l’autre.
« Et maintenant que Juanita suspectait sa belle-fille d’avoir une liaison, il était devenu de plus en plus apparent que dans cette guerre, aucun prisonnier ne serait fait.
 »
Alors que Carlos, Juanita et Gabrielle déjeunent, l’employée de maison leur signale qu’elle va faire des courses. Elle n’a pas passé la porte que Juanita indique qu’à son avis, c’est du gaspillage et que Gabrielle pourrait bien s’occuper des tâches ménagères elle-même. Et malgré les protestations de Gabrielle, Carlos semble prêt à se passe d’elle : ‘‘les autres femmes y arrivent,’’ dit-il.
Mais le soir venu, Gabrielle sait trouver ses arguments : car, bien sûr, quand elle devra s’occuper seule du ménage, des courses et des repas, elle sera bien trop fatiguée pour l’amour, ‘‘comme toutes les autres femmes’’. Le lendemain, Carlos a vite fait d’informer sa mère qu’ils gardent l’employée de maison...
« Malheureusement pour Juanita, elle avait oublié la première règle de la guerre : ne jamais sous-estimer l’ennemi. »

‘‘Forget the Freud’’

« De tous les nombreux rituels de la vie de banlieue, aucun n’est plus chéri que le vide-grenier. Les clients y viennent chercher parmi les affairées éparses de quelqu’un qu’ils ne connaissent pas vraiment, dans l’espoir de trouver quelque chose dont ils n’ont pas vraiment besoin. Chacun d’eux si déterminé à économiser quelques penny qu’ils passent souvent à coté de richesses cachées... »
L’un des plus gros déballage du vide-grenier de Wisteria Lane est celui des Young. Paul explique que, puisqu’ils vont déménager, ils doivent se débarrasser de tout le superflu. Y compris la récompense que Mary-Alice a reçu pour son travail de charité, indique Paul à Susan qui lui pose des questions. A cours de papier journal, il emballe le trophée dans un morceau de tissu sorti d’un carton d’affaires de bébé. Susan continue de lui poser des questions, à propos de Zach, que personne n’a revu depuis une semaine. Paul lui indique qu’il est chez de la famille. Ce dont Susan ne croit pas un mot. Les quatre housewives se retrouvent pour en discuter. Retrouver Zach est le seul moyen d’en savoir plus sur ce qu’il aurait fait pour pousser Mary-Alice au suicide...
De fait, Zach est enfermé dans un centre de réhabilitation pour délinquants juvéniles. Les médecins ont diagnostiqué une sévère dépression et des troubles de la personnalité border-line (c’est sûrement pour ça que Zach est souvent Kief’ Cool). Pour l’instant le médecin l’a mis sous anti-dépresseurs, mais il suggère aussi que l’adolescent soit soumis à une psychothérapie approfondie. Ce que Paul Young refuse catégoriquement. Le médecin lui objecte qu’il ne peut pas traiter Zach aux médicaments indéfiniment. Mais Paul est définitif.

Gabrielle

Gabrielle et Juanita sont chez Bree, qui s’extasie sur leur bonne entente, pour prendre le thé. Pendant qu’elles sont là, Danielle entre, accompagnée de John : ils sont ensemble au Lycée. Ils montent travailler dans la chambre de Danielle. Gabrielle demande à Bree si elle ne s’inquiète pas de ce qu’un garçon soit seul dans sa chambre avec sa fille. Mais Bree ne se pose pas une seule question, pas avec John : lui comme Danielle sont tous deux dans le club d’abstinence !
Gabrielle est avec Susan et Bree chez Lynette : les filles vont faire une partie de poker tandis que Juanita Solis chaperonne en tricotant sur le canapé. Apercevant John qui arrive pour son travail, Gabrielle arrive à s’absenter un instant pour s’expliquer avec lui, se montrant jalouse de Danielle. Mais John est inquiet de la présence de la belle-mère de Gabi...
A son retour, Gabrielle constate que non seulement Mama Solis ne s’occupe pas de ce qu’elle a fait, mais qu’elle a en fait plumée ses amis au poker !
Plus tard, Carlos surprend un appel de Lynette à Gabrielle où elle demande si Juanita accepte les chèques pour payer sa dette de jeu. Carlos informe alors Gabrielle que sa mère est accro aux jeux et qu’il faut la surveiller : elle est capable de dilapider des fortunes. Gabrielle réalise alors qu’aussi vrai que Junita est une femme forte, elle a une faiblesse majeure... Et elle compte bien en profiter !
Dès le lendemain, Gabrielle s’arrange pour laisser Juanita à un casino... et en profite pour passer l’après-midi avec John. Quand elle la retrouve, elle apprend que Juanita a perdu tout ce qu’elle a pu dépenser avec la carte de crédit de Carlos ! Juanita est très surprise de découvrir que Gabrielle est toute prête à lui venir en aide pour dissimuler ce qu’elle a fait à Carlos...
Du coup, Mama Solis change de point de vue sur Gabrielle et indique à don fils qu’elle doute maintenant de ce que Gabrielle ait un amant. Mais son point de vue aura tout fait de changer à nouveau quand elle découvre que Gabrielle était au courant de son addiction au jeu et qu’elle l’a donc délibérément jetée dans un piège...
Relançant alors sa petite enquête, Juanita Solis a soudain une intuition en voyant John et Gabrielle s’éviter étrangement tandis qu’il s’affaire dans la jardin. Une intuition qu’il ne lui reste plus qu’à démontrer...

Susan

Susan constate que Paul prend sa voiture tous les jours pour s’absenter quelques heures. Susan ne suppote pas que la mémoire de Mary-Alice soit salie parce quon l’accuse d’avoir pris la fuite lâchement alors qu’elle suspecte qu’une vérité sombre se cache derrière cette affaire. Elle décide donc de mettre un plan en action, et on la retrouve sonnant chez Mrs Greenberg, une boite d’œuf à la main. Elle vient récupérer les deux œufs que la voisine lui a emprunté à Noël l’an passé... Mais, en l’absence d’œufs, elle est toute prête à se rabattre sur la voiture de Mrs Greenberg qui ne quitte jamais son garage et la lui emprunter pour deux heures le lendemain...
Grâce à cette voiture, Susan parvient dès le lendemain à suivre incognito Paul jusqu’au centre de réhabilitation Crest Center. Elle persuade ensuite Julie de l’aider à approcher Zach. Elle s’occupe donc de distraire la réceptionniste en demandant un rendez-vous pour des recherches pour un livre d’enfant, tandis que Julie s’introduit au sein du centre. Celle-ci ne tarde pas à trouver la chambre de Zach, un peu groggy sous l’effet des médicaments. Zach lui révèle qu’après la mort de sa mère, il a commencé à se souvenir de choses qui se sont passées quand il était petit, comme ce qui est arrivé à Dana. Mais avant que Julie puisse en savoir plus une infirmière surgit et la fait sortir car Zach n’a pas le droit de recevoir de visiteurs...
Susan et Julie discutent de l’affaire en regardant par la fenêtre Paul passer la tondeuse : Susan n’a pas trouvé de traces d’une Dana qui aurait été à l’école avec Zach. Quoi qu’il en soit, Susan est inquiète et de plus en plus suspicieuse de Paul...

Bree

Bree et Rex continuent de voir leur conseiller matrimonial. Qui est satisfait de leurs progrès. Mais il reste des points à aborder. Rex explique alors que lors de ses sessions privées, il a confié à Goldfine qu’il n’est pas satisfait de sa vie sexuelle avec Bree. Il ressent Bree déconnectée, comme si elle pensait toujours à ses activités. Il suggère qu’ils reçoivent l’aide d’un coach sexuel qui leur viendrait en aide pendant l’acte ! ‘‘Vous avez des questions ?’’ demande Goldfine.
‘‘Juste une : combien de temps encore ta crise de la quarantaine va-t-elle durer ? Parce qu’elle commence réellement à me taper sur les nerfs !’’ répond Bree avant de claquer la porte.
Le lendemain, Bree croise le Dr. Goldfine par hasard au restaurant, où ils déjeunent seuls. Il accepte finalement qu’ils déjeunent ensemble à la condition que le repas soit traité comme une session et payé au tarif habituel. Le Docteur aborde la conversation persuadé que Bree est une femme prude qui a un problème avec le sexe. Mais il se rend vite compte qu’il a eu tord. D’ailleurs, il na plus très faim... Alors, quelle est la cause des problèmes sexuels du couple ?
Bree frappe à la chambre d’hôtel de Rex, vêtue d’un épais manteau de fourrure sous lequel elle n’a que ses sous-vêtements. Alors que pas mal d’époux devant leur télé surveille du coin de l’œil que leur femme n’a pas remarqué la bave au coin de leurs lèvres, Rex pose négligemment son sandwich sur la table de chevet et passe aux choses sérieuses. Sauf que le fromage coulant qui coule du sandwich et menace de s’écraser sur le sol a tôt fait de focaliser l’attention de Bree sur lui. Elle le peut s’en empêcher de s’en occuper, ce qui énerve Rex qui la met dehors...
Rex rend visite à Bree pour prendre des papiers laissés chez eux. Bree est persuadée que Rex lui cache quelque chose, que la déconnection entre eux quand ils font l’amour ne vient pas d’elle, mais de lui. Elle se souvient maintenant que des années durant, il semblait sur le point de lui demander quelque chose, mais ne le faisait pas. Qu’est-ce que Rex veut ? ‘‘Après la mort de Mary-Alice, j’ai réalisé : nous avons tous nos secrets, et je crois qu’il est temps que tu me dises le tiens’’. Mais il n’est pas prêt à le livrer, et s’en va sans répondre...

Lynette

Lynette assiste aux réunions de préparation d’une adaptation théâtrale du Petit Chaperon Rouge à laquelle les jumeaux vont participer à la Barcliff Academy. La réunion est dirigée par une mère d’élève, Maisy Gibbons. Celle-ci leur explique qu’elle a effectué quelques révisions au script : le meurtre du loup est-il le message qu’ils veulent donner à leurs enfants ?
Persuadée qu’il s’agit d’une plaisanterie, Lynette s’esclaffe. Elle a vite fait de se faire remettre à sa place par Maisy, surtout quand celle-ci s’est aperçu que Lynette est inscrite pour la vente des billets le soir du spectacle. ‘‘Laissons les suggestions créatives aux parents qui remplissent les fonctions importantes,’’ impose-t-elle.
L’accident d’une mère chargée des costumes va permettre à Lynette de reprendre la main en la remplaçant au pied levé. Maintenant chargé d’une tâche créative importante, elle exprime à nouveau son opinion sur les changement de scénario politiquement correct et obtient des autres mères du comité le vote du retour à la version initiale devant une Maisy Gibbons défaite.
Mais Lynette n’a que peu de temps pour savourer sa victoire tant elle se trouve vite submergée par la tâche qu’elle s’est engagée à remplir. Et, évidemment, Maisy Gibbons n’est pas prête à lui passer le moindre bouton cousu de travers. Elle est prête à menacer de supprimer le rôle des jumeaux pour que Lynette s’engage à boucler l’ensemble des costumes à la perfection.
Heureusement, Lynette reçoit l’aide d’une autre mère de famille, Jordana Geitz, qui a terminé son travail sur les décors. Mais Lynette s’interroge bientôt : comment cette femme parvient-elle ainsi à concilier ses tâches, son travail, ses trois enfant, son club littéraire et son mari ? Celle-ci lui révèle finalement son secret : elle prend les médicaments contre l’hyperactivité de ses enfants, qui ont un effet contraire sur un adulte qui n’a pas ces troubles...
Mais l’étonnement initial de Lynette se substitue à une tentation violente quand, après 18 heures sans dormir, Lynette ne voit toujours pas le bout de ses costumes. Elle prend alors des médicaments de ses enfants, ceux qu’ils n’ont jamais utilisé. Et se trouve dans une forme éclatante qui lui fait abattre un travail phénoménal !
Mais ce travail n’est pas encore assez pour effacer l’aigreur de Maisy Gibbons a l’égard de Lynette. D’ailleurs, celle-ci a ‘‘oublié’’ de prévenir de changement de costumière, Lynette ne sera donc pas créditée pour son travail sur le programme. Mais cette fois, Lynette ne se laisse pas faire et rabaisse définitivement le caquet de Maisy devant toutes les autres mères bien satisfaites !

« La recherche du pouvoir commence lorsqu’on est assez jeune. Enfants, on nous enseigne que le pouvoir du Bien triomphe sur celui du Mal. Mais alors qu’on prend de l’âge, on réalise que rien n’est jamais aussi simple. Des traces du Mal subsistent toujours. »
Chez Susan, le trophée de Mary-Alice est posé sur une table, à coté du tissu jaune négligemment déposé sur une chaise. Un tissu brodé de ballons d’enfants et d’un prénom : ‘‘Dana’’...

_________

Interrogé récemment à propos de ce que la série aurait de différent si elle avait été vendue à HBO, chaîne câblée libre et libérée à qui elle a d’abord été proposée, plutôt qu’à un network grand public tel qu’ABC, Marc Cherry répondait : ‘‘pas grand chose, je suis un type plutôt conservateur’’.

Politiquement correct

C’est tout le paradoxe de cet homme, transmit tout entier à sa série, ce qui en fait une œuvre à part, d’être à la fois conservateur et violemment opposé au politiquement correct. A l’image des séquences de ce script de Tracey Stern où Lynette part en croisade contre une révision de l’histoire du Petit Chaperon Rouge où le loup n’est méchant que parce qu’il a une épine dans le pied, qu’il suffit de lui enlever pour qu’il redevienne doux comme un agneau.
Desperate Housewives n’est pas une série consensuelle. Elle le refuse et se fait au contraire un devoir d’appuyer sur ce qui fait mal. Elle affirme et revendique qu’on ne se protège pas en aseptisant notre univers quotidien pour entretenir l’illusion que la violence ne peut pas nous atteindre. Au contraire, on s’affaiblit.

On notera tout de même que ce script-ci est le plus faible des six premiers épisodes de la série. Reste qu’un scénario plus faible de DH c’est tout de même un bon moment à passer, même si ‘‘Running to stand still’’ fonctionne d’abord et avant tout grâce à une réalisation énergique et un bon nombre de trouvailles visuelles intéressantes. Scénaristiquement, le principal défaut de l’épisode est un fin abrupte, assez plaquée qui survient sans qu’on est l’impression que plusieurs des intrigues soient parvenues à une résolution et sans, non plus, qu’on ait ressenti une quelconque construction véritable tendant vers le feuilletonnant. Par ailleurs, on pourra trouver à se plaindre de la couverture brodé au nom de Dana, dont la mise en place en début et fin d’épisode est particulièrement téléphonée. Enfin, cet épisode montre une certaine tendance à se disperser entre différents sujets.

La meilleure ? C’est moi !

Par le truchement de la story-line de Lynette, la série entame l’évocation du thème du culte de la performance, en confrontant Lynette à des mamans modèles de la Barcliff Academy. En apparence au dessus de tout soupçon, elles semblent pouvoir tout mener de front, tout faire et, surtout, tout réussir. Pourtant, là comme partout ailleurs, de sombres réalités se cachent derrière le vernis et, une fois encore, la série désigne clairement cet état de fait. A sa manière, excessive et délicieusement parodique, mais avec une réelle pertinence.
Ce thème, appelé dans le cas de Lynette à courir sur les prochains épisodes, se retrouve encore dans l’intrigue de Bree et de Rex et de leurs problèmes sexuels, avec cette idée rocambolesque - mais irrésistiblement drôle, quand on y pense - de coach sexuel qui s’appliquera à leur permettre d’atteindre une jouissance maximale.
La voix-off de Mary-Alice dans la séquence pré-générique évoque une autre idée, finalement liée, celle du pouvoir. Un concept effectivement fondamental, puisque notre société tout entière est basée sur l’existence d’une répression qui, en théorie, a pour effet de forcer chacun à rester dans les clous. Mais d’un concept organisateur de vie en société paisible, on a dérivé - mais s’agit-il d’une dérive ou d’une perversion incluse de manière inévitable ? - vers un affrontement permanent pour savoir qui aura l’ascendant sur l’autre ou, en terme plus prosaïques, « qui a la plus grosse ». Le genre de conflit qu’on retrouve partout, tout le temps, depuis les candidats à la présidentielle jusqu’aux rouages internes du FLT. Ici, il est illustré tant par la lutte complexe entre le fils et le père Young, que par l’affrontement à armes sournoises entre Gabrielle et Mama Solis, ou encore par les conflits de parents d’élèves dans lesquels Lynette se retrouve impliquée. D’ailleurs, bien qu’elle ait été dans un premier temps assez réservée, lui fait finalement sortir ses griffes, se battre et triompher de son adversaire. Manière de montrer que le conflit est tellement présent qu’il est devenu illusoire d’espérer ne pas s’y impliquer...

Mais le titre de l’épisode est le révélateur d’une autre idée qui l’imprègne, et que j’évoquais déjà dans l’introduction de cet article. Celui de la fuite en avant dans les palliatifs qui nous évitent la confrontation directe avec ce que nous affrontons, celle-là même, seule, qui peut imprégner un mouvement réel et non pas seulement illusoire. C’est la fuite en avant d’une Lynette vers les médicaments. Celle de Rex dans le mensonge, la dissimulation, et les ‘coachs sexuels’ qui lui évitent d’exprimer enfin ce qui lui manque vraiment et que tous sauf lui ignorent encore. Celle de Gabrielle, de mensonges en pièges tendus pour mieux éviter de faire face à la réalité et aux conséquences de son adultère. C’est, enfin, celle de Mary-Alice d’abord et de Paul ensuite, lancés tout deux dans une course folle, alors qu’ils semblent pourtant être aussi sûrs que nous le sommes que les secrets de leur passé finiront par les rattraper.
On le voit, tous ces personnages sont éminemment imprégnés de faiblesses multiples et marquées. Loin d’être un défaut, c’est bien sûr une des qualités fondamentales de la série. Qui peut encore s’afficher comme suffisamment hypocrite pour affirmer qu’il ne peut ressentir d’empathie que pour le personnage du héros traditionnel parfait-ement lisse et irréel ? Evidemment que Gabrielle, pour prendre un exemple précis, est un monstre d’égoïsme. Mais plutôt que d’y voir un manque de contrôle des scénaristes dépassés par leur envie de comique, comme on peut le lire parfois ici ou là, je suis certain qu’il s’agit là d’un des principaux moyens, parfaitement réfléchi, de transmettre un message sur notre ‘civilisation’.

Wisteria Lane’s Gossip

- J’adore les travellings compensés. Bon, pas dans le sens où j’en voudrai tout le temps, mis à toutes les sauces, mais c’est un moyen visuel puissant d’exprimer quelque chose.
Pour les non-calés en technique qui me lisent, un travelling compensé est une technique de caméra qui consiste à effectuer deux mouvements de sens contraire, au même moment. L’un en avançant ou reculant physiquement la caméra (travelling), l’autre, dans le sens inverse, donc, en actionnant le zoom optique. L’effet produit est que votre sujet, au premier plan, ne bouge absolument pas, tandis que la profondeur de champ est affectée, ce qui fait que le second plan ‘‘se rapproche’’ ou ‘‘s’éloigne’’.
Dans cet épisode, un travelling compensé superbe est présent au moment où Paul parle de son fils au médecin. On voit Zach au second plan s’éloigner de son père, mettant ainsi en image l’éloignement entre les deux hommes alors que le père interdit au médecin d’arrêter de shooter son fils avec des médicaments... ‘‘Forget the Freud and stick to the drugs,’’ ordonne-t-il.

- Le détail visuel qui tue de l’épisode : au début de la scène dans le cabinet du Dr. Goldfine, Bree s’occupe les mains en caressant activement un objet décoratif de forme... équivoque ! Preuve que le praticien n’avait pas été très attentif pour croire que Bree avait un problème avec le sexe.

- Le rôle que joue dans cet épisode Maisy Gibbons, la mère qui veut ré-écrire le Petit Chaperon Rouge pour épargner à nos pauvres enfant le meurtre du Loup, ne lui a pas été attribué par hasard... N’oubliez pas ce personnage !!

- Susan aura dans quelques jours son premier rendez-vous officiel avec Mike (absent de cet épisode)


L’épisode perd un peu de force à trop s’éparpiller et la structure du scénario n’est pas aussi redoutable que d’habitude, du coup on a l’impression de voir un peu trop les câbles dépasser des coulisses. Mais il reste très agréable, certaines des intrigues sont passionnantes, telle que celle de Lynette qui l’embarque sur une voie un peu moins commune que celles qu’elle a connu depuis le début de la série. Et la réalisation est toujours à la hauteur : visuellement, la série est superbe.