RENCONTRE — Fiction britannique : un focus et ses ratés
Le FIPA 2011 consacrait une table ronde à un focus sur la fiction britannique
Par Sullivan Le Postec & Emilie Flament • 7 février 2011
Le Focus sur la Fiction télévisée britannique — l’une des plus dynamique et créative au monde — du FIPA 2011 avait de quoi mettre en appétit. Las, même ses intervenants anglais de grande qualité n’ont pas pu empêcher un traitement hors-sujet de le faire dérailler.

Le modèle de la fiction britannique a de quoi rendre n’importe quel français jaloux : la Grande-Bretagne contribue à la télévision mondiale un nombre conséquent d’oeuvres marquantes, très abouties.

Et cela ne date pas d’hier : depuis « Chapeau Melon et Bottes de Cuir » ou « Le Prisonnier », les britcoms des années 90 comme « Absolutely Fabulous » ou ses adaptations littéraires extrêmement intelligentes façon « Pride and Prejudice », jusq’aux « Skins », « Doctor Who » et autres « MI-5 » d’aujourd’hui, la liste est longue.

Du coup, s’y pencher promettait beaucoup. A l’heure où pas mal de responsables de chaînes sont obsédés par le modèle américain, on aurait pu pointer l’existence d’un autre modèle, au moins aussi exigeant, au moins aussi couronné de succès artistiquement, mais qui à l’avantage d’être économiquement et industriellement largement plus proche du notre.

Malheureusement, la Table-Ronde organisée lors du 24e FIPA est vite passée à coté de son sujet. Pourtant, les intervenants réunis autour de la table étaient de qualité et avaient des choses intéressantes à dire. On y trouvait Simon Winstone, producteur travaillant actuellement sur « Death in Paradise », passé par le soap de BBC1 « EastEnders » et « Doctor Who » ; Robert Thorogood, le scénariste de « Death in Paradise » pour qui cette co-production internationale à gros budget est... le tout premier crédit de scénariste à la télévision ! ; Guy Hibbert, scénariste essentiellement d’unitaires de télévision — il dit lui-même qu’il aimerait bien pouvoir écrier des séries, mais que son cerveau est calé sur des histoires de deux heures, et vous ne trouverez pas dans sa bouche le moindre mot condescendant envers cet autre genre, la France devrait en prendre de la graine — ; et enfin Francis Hopkinson, aujourd’hui producteur à Left Bank Pictures à qui on doit le « Wallander » UK ou le récent « Zen » et qui, à l’époque où il s’occupait de la fiction à Channel 4, commanda « Skins » à Brian Esley.

Mais vu la manière dont elle a été menée, la principale chose que cette table-ronde nous a appris, elle l’a fait un peu en creux. La fiction britannique est aussi bonne parce que les anglais sont fiers de leur télévision, et qu’ils ont un immense respect pour le média télévision, qu’ils ne voient à aucun moment comme une sorte de sous-cinéma. Du coup, ils sont parfaitement à même d’en appréhender les spécificités. Et de revendiquer leur fierté, tant devant les soaps, les séries grand-public mais ambitieuses qu’ils produisent que devant les unitaires arty de BBC4. Ce refus de la pédanterie et du snobisme, il y a un long chemin à faire avant qu’il ne s’impose en France — si cela arrive jamais : quand on voit qu’on peut trouver des gens pour affirmer tranquillement, entourer que quatre scénaristes et/ou producteur de télévision britannique que l’un des principaux problèmes actuels de la télévision, c’est la série, on se dit qu’on est pas près de s’en sortir.

Mais évidemment, ce changement profond de mentalité, c’est une condition sine-que-non à l’établissement d’une fiction télévisée de qualité en France.

Première partie

Pour l’instant, les passages en anglais de la table-ronde ne sont pas sous-titrés.

Seconde partie

Dernière mise à jour
le 7 février 2011 à 03h48