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Alias
5.09 - The Horizon
It’s about killing the monster
jeudi 22 décembre 2005, par
Mon avis rapide sur l’épisode : il déchire. C’est tout. Tous ceux qui ont des trucs plus intéressants à faire qu’une lecture de review, genre dessiner un Père Noà« l, ou apprendre le russe, peuvent s’arrêter là . Ceux qui veulent savoir pourquoi je pense que l’épisode déchire devront continuer encore un peu.
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, un petit résumé s’impose.
Michaux et Derevko, en 47 mots
Sydney est enlevée par Prophet Five, qui désire fouiller dans sa mémoire pour une raison mystérieuse. Irina est derrière tout ça. Ou pas. Pendant ce temps, on revisite grâce aux rêves de Sydney les meilleurs moments shippers de la série. Et bizarrement, on aime ça. Beaucoup.
Nostalgie
Ma première réaction après avoir vu l’épisode était simple : "C’était trop bon". Pour être honnête, c’était aussi ma réaction pendant l’épisode. Il est écrit intelligemment, très bien réalisé, et nous emmène de surprise en surprise (je ne m’attendais pas à revoir Bauchau le Psycho aussi tôt, et encore moins à ce qu’il meurt aussi vite... quant à l’apparition d’Irina derrière la vitre, là j’y avais pensé mais j’étais loin, très loin d’y croire).
"Trop bon", c’était donc ma réaction à chaud.
Maintenant, j’ai eu un peu plus de temps pour laisser reposer l’épisode dans ma tête. Ne pas être trop pris dans l’instant. Et je dois dire qu’une fois le choc passé, après l’épreuve du revisionnage... je suis toujours du même avis. Cet épisode était génial. Digne de la grande époque.
"Digne de la grande époque"... la clef est là.
Autant mettre les choses au clair immédiatement : si cet épisode est génial, ce n’est pas parce que Lena nous rend une petite visite surprise. Pas uniquement, en tout cas, car l’épisode m’avait impressionné avant même d’avoir vu qui se cachait derrière la vitre. L’apparition de Lena, c’est la cerise sur un gâteau déjà énorme qui vaut son succès à son ingrédient principal : la nostalgie du fan.
The Horizon, c’est une lettre d’amour aux fans de la série. L’épisode pioche dans les scènes, les lieux, et les répliques les plus emblématiques d’Alias pour les réutiliser de manière intelligente et réussie. "Digne de la grand époque"... tu m’étonnes, C’EST la grande époque !
Quant à la scène du plan, son génie tient autant de la nostalgie ("It’s not about cutting off an arm of the monster. It’s about killing the monster") que de l’orgasme toutéliant. Mais j’en reparle tout de suite.
Mythologie
Phil en serait vert de jalousie s’il n’avait pas vendu son sens critique en échange d’un abonnement d’un an à "Gym Super Plus, le magazine des mecs costauds", mais avec cet épisode Alias lorgne gentiment vers le chef-d’oeuvre du toutéliage.
Un toutéliage qui n’avait (par définition) pas été prévu depuis le début de la série, ni planifié dans les moindres détails, mais qui pourtant à l’air tellement authentique que ça en devient jouissif.
Quand des scénaristes arrivent à réutiliser la carte du SD-6, tout droit sortie du deuxième épisode de la série, sans que ça paraisse débile, ou tiré par les cheveux, c’est qu’ils ont fait du bon boulot. Mieux encore, c’est qu’ils ont fait LEUR boulot !
A ce rythme là, et puisque pour une fois je les sens bien motivés, j’ai vraiment hâte de voir quels autres fils de l’intrigue oubliés en cours de route ils vont bien pouvoir nous ressortir, et exploiter brillamment, dans les 13 épisodes restant. Personnellement, et je ne le répéterai jamais assez, j’aimerais qu’ils clarifient une bonne fois pour toute la foutue incohérence de Full Disclosure. Mais puisque je suis le seul à m’en souvenir encore (et surtout à m’en soucier), j’y crois moyen. Au final, et puisqu’il faut choisir, je me contenterais d’éclaircissement sur les découvertes de Rambaldi concernant l’immortalité (vous vous souvenez de la Fleur ?), ou sur la "Sphère de Vie, Invention Ultime" (©1485 - Rambaldi Corporacione). Tiens, je reprendrais bien un peu de Francinvincible, aussi.
Bref, il y a de quoi faire.
Dramaturgie
Vartan est de retour, et il n’est pas... oh, mais attendez une minute... il est bon ! C’est peut-être parce que je ne l’avais pas vu depuis longtemps (l’épisode médiocre de la toute aussi médiocre Kitchen Confidential ne compte pas), mais j’ai trouvé que notre ami Michael Vartan était très à l’aise dans son rôle.
Le truc (parce qu’il y a toujours un truc, les miracles n’existent pas), c’est que l’épisode permet à Vartan de retrouver le Vaughn d’avant Phase One. Le Vaughn qu’on aimait bien. Mais si, souvenez vous. En tout cas, le voir aussi bon d’en d’aussi bonnes scènes, c’est presque si on en viendrait à regretter son départ. Presque. Parce que même si la saison 4 m’a réappris à bien aimer Vaughn, la série se porte quand même vachement mieux sans les scénettes shippeuses qui plombent l’ambiance. Un gros épisode gentiment shipper de temps en temps, c’est quand même un régime bien plus agréable.
Quant à Michaux lui-même, il n’est pas mort. Ce n’était déjà pas très crédible après le premier épisode, mais après celui-ci ça ne fait plus aucun doute. Ils continuent d’éviter "subtilement" le sujet, et continuent de mettre en avant leurs indices (le gobelet ! le gobelet !). Et il y a aussi le fait que la petite fille de 14 ans au fond de moi (une amie d’Estelle) en pleurerait pendant des semaines et des semaines s’il était vraiment mort.
Et puisqu’on parle de la petite fille de 14 ans au fond de moi, elle a beau aimer tout ce qui est dramatique (elle regarde Nip/Tuck, c’est tellement sombre et réaliste !), elle n’en est pas moins super triste quand les trucs... super tristes arrivent. Excusez la, elle manque de vocabulaire.
Prenez par exemple Arvin Sloane. Il est très peu présent dans cet épisode (à peine plus que Rrrachel, à peine moins que Geneviève Rienne, lanceuse de couteaux aux dents très longues), et pourtant son personnage est encore une fois très bien écrit. On sort du schéma classique (et honteusement prévisible) du "je te trahis, je te trahis pour de faux... sauf que c’est pour de vrai" (et inversement), et on nous présente cette fois Sloane comme une figure tragique qui ne peut sauver qu’une seule de ses deux "filles". Là, tout de suite, dès qu’on rentre dans (pompe) les classiques, ça fonctionne mieux. C’est quand même chouette, les classiques.
Là où c’est un peu moins bien joué, c’est que vu la façon dont est présentée l’intrigue dans le previously (d’abord Micheline Rienne, puis Sloane la balance), j’avais l’impression qu’il était responsable de l’enlèvement de Sydney en pensant que Prophet Five voulait s’en prendre à Maryse Rienne. Pour ne découvrir qu’après coup les conséquences de sa trahison. Là, rien ne nous dit que ce n’est pas le cas, mais ça reste seulement suggéré. Ca n’enlève rien au fait qu’il soit responsable, autant pour nous que pour lui.
Derevkologie
Puisqu’on parle de responsabilité, si on abordait le cas de Maman Bristow qui fait torturer sa fille enceinte physiquement et psychologiquement pour lui soutirer des informations ?
Une personne dont je respecterai l’anonymat trouve que faire d’Irina la commanditaire de l’enlèvement est complètement débile, et de surcroît incohérent par rapport à sa personnalité de fin de saison 4. Une autre personne pense que c’est plutôt illogique qu’Irina soit à la tête d’une organisation qui existe depuis très longtemps, alors qu’elle vient de passer "un an coincée dans la jungle". Je ne suis pas d’accord. Et cela pour trois raisons.
La première, c’est que par principe je suis rarement d’accord avec Joma et Tigrou.
La deuxième raison est historique. Quand on a vu Irina pour la première fois, elle tirait une balle dans l’épaule de sa fille. Un peu plus tard, elle lui assenait un coup de crosse de hockey sur la tête (ce qui me fait penser qu’on n’a pas vu "Bristow & Michaux on Ice" dans l’épisode... sûrement parce que c’est pas très prudent de patiner quand on fait 150 kilos). On ne peut pas vraiment dire qu’un peu de violence envers sa fille ait arrêté Irina par le passé. Surtout que là, en plus, elle demande si le traitement est dangereux pour le bébé. Si ça c’est pas une mère attentionnée...
Troisième et dernière raison : on ignore encore tout des motivations d’Irina et de sa position vis à vis de Prophet Five. Il est donc bien trop tôt pour juger de la cohérence de ce retournement de situation. On ne sait pas ce qu’elle recherche. On ne sait pas si elle bosse avec Prophet Five ou si elle y est simplement infiltrée. On ne sait pas si l’enlèvement de Syd ne lui a pas épargné un traitement bien pire.
Oh, et je lui pardonne aussi parce que ça fait quand même vachement plaisir de revoir Lena. Même pour 5 secondes. Si ça pouvait être un peu plus long la prochaine fois (genre 10, voire 15 secondes !), et si elle pouvait être dans la même pièce que les autres acteurs (parce que là, c’est clair qu’elle n’a jamais rencontré Amy Acker), ça serait encore mieux. Au boulot, Money Grabbing Whore !
Chouètidéologie
Je n’ai pas encore lu de commentaire incendiaire sur cet épisode. J’ai cherché, j’ai lu et relu, et partout un avis unanime : cet épisode était très chouette. Et ça, dans une saison où tout le monde trouve toujours un truc à redire, c’est plutôt épatant.
Si The Horizon a plu à tout le monde, c’est bien parce qu’à la base le concept de l’épisode est bon. Revisiter les tableaux les plus classiques de la série, c’est une idée en or. Surtout dans la dernière saison.
It’s not about right, not about wrong... Whedon l’avait bien compris.
"Kick his ass", remember ? Goddard aussi, maintenant que j’y repense.
Donc bonne idée, oui, mais là encore la réussite n’aurait pas été aussi grande si la réalisation n’avait pas suivi. Sur la forme, l’épisode ressemble un peu (beaucoup) à ce que Ken Olin avait fait sur Conscious dans la troisième saison, quand on traversait les rêves de Sydney en compagnie de David Cronenberg. En mieux, je trouve, tant au niveau de l’esthétisme (ah, chouettes filtres), que des musiques (ah, le thème de la geisha).
Pour ne rien gâcher, il y a eu un gros travail d’effectué sur les scènes de pseudo flashbacks pour qu’elles se rapprochent autant que possible des originales : costumes, coiffures, décors, détails... un boulot remarquable. Quelqu’un a fait chauffé ses DVD de la série ces dernières semaines !
Bien sûr, le recyclage de répliques fait toujours plaisir aux fans. Même les répliques tirées d’un des plus mauvais épisodes de la série. Oui, Crossings, c’est à ton petit trip sous les pelotons d’exécution de Corée du Nord que je fais allusion.
L’important, quand une série touche à sa fin, c’est bien de faire plaisir aux fans. Car même si j’ai l’air d’être sur un petit nuage suite à cet épisode (je le suis), les scénaristes n’ont plus beaucoup de temps pour se faire pardonner d’avoir cassé la série en 2004.
La suite, tout comme le 100ème épisode, et la fin de la série, ce n’est pas pour tout de suite, alors on se retrouve dans une paire de mois.