3X01 - Playing Tight

J’ai obtenu, en usant de mille subterfuges, une très précieuse "Green Card" pour venir reviewer The Shield chez EDUSA. Il faut savoir qu’à l’origine, c’est à la LTE et son rédacteur en chef tyrannique que j’étais enchaînée, martyrisée, afin de produire des reviews de la 9ème saison d’Urgences, une des pires que je n’ai jamais vu, et enfin des reviews de The Shield, le cop show qui a à jamais bouleversé ma naïve représentation du Monde.
Ma pureté une fois perdue de bon, je me suis dit que je pourrai essayer de faire un tour sur EDUSA pour continuer les reviews de The Shield. Bon, je ne vous raconte pas ce qu’il a fallu que je négocie pour les convaincre de m’accepter parmis eux, et je vous passerai sur ce que Joma a essayé d’obtenir de moi ! Mais la fin justifie les moyens, et à l’image du héros de The Shield, le détective Vic Mackey, je suis prête à tout et même à bien pire !

Pour ceux qui n’ont jamais regardé The Shield, j’ai envie de revenir rapidement sur les deux premières saisons de la série policière de FX, le network qui a également diffusé, en 2003, une autre série très dérangeante, Nip/Tuck. Et ces deux séries ont quelque chose en commun : elles enfoncent le scalpel là où ça fait mal. Nip/Tuck entaille nos aptitudes au malheur, au nombrillisme et au manque de confiance en nous, et The Shield notre volonté sans faille d’être protégés, envers et contre tous les dangers, tout en fermant les yeux sur les pratiques hors-la-loi des personnes qui sont censées faire respecter la loi.

Vic Mackey veut protéger sa femme et ses enfants des dangers du monde extérieur. Mais ses pratiques illégales le mêlent à des affaires douteuses dont l’issue est inévitable : mettre en péril sa famille, au sein même de sa maison. Ni le système d’alarme perfectionné, ni le détective privé ne pourront sauver la famille de Vic de la violence qu’il a amené de son propre chef.
Mais Vic ne s’avoue pas facilement vaincu. Sa dernière trouvaille ? Voler un gros paquet de fric à la mafia Arménienne. Ni plus, ni moins. "One Big Hit, and we’re set for good", répète-t-il à son équipe, la Strike Team. Ce sont d’autres détectives pas très fins, mais fidèles à Vic comme des toutous à leurs maîtres. Le season finale de l’année dernière se finissait sur cette image : la Strike Team, le regard grave, autour d’une pyramide d’argent.

Que vont-ils faire de cet argent ? Vont-ils s’arrêter là ? Ils ont commencé par assassiner un flic qui bossait contre eux (cf le pilote), et ils finissent sur le vol de l’argent de la drogue et de la prostitution. Mais ça fait partie d’un tout : entre temps, il y a la torture de suspects, la dissimulation de preuves, l’abus de la force et de leurs pouvoirs, le placement d’une arme blanche à l’intérieur de la cage de détention du commissariat, afin de se débarasser d’un coupable gênant. La Strike Team a tout fait, le pire et... surtout le pire, en toute impunité et en invoquant des raisons fallacieuses. Mais malgré tout, le chef de la Strike Team, interprété par la brillant (très brillant même, tellement il est chauve) Michaël Chiklis, reste un personnage absolument fascinant et humain. Il va d’erreurs en erreurs, sans jamais se remettre en question, il est avide et pourri jusqu’à la moelle, et pourtant, il peut avoir des accès soudains d’altruisme, de compassion et de compréhension. Sa famille, et surtout ses enfants, sont tout pour lui. Son fils Matthew est autiste et c’est en partie pour lui assurer les meilleurs soins qu’il commettra la plupart de ses illégalités. C’est là un point fort de ce cop show : Même si rien ne justifie ses choix, Vic Mackey est un anti-héros que l’on ne peut pas complètement haïr.

En revanche, il en est un qui l’accompagne partout et qui est un vrai boulet, un vrai de vrai, une perle dans son genre, c’est Shane. Prenez un américain moyen (mais plutôt mince) qui se la joue cow-boy, genre Levis, grosse boucle de ceinture et santiags, qui ramène sa grande gueule de raciste moyen à chaque occasion, et vous avez Shane. Ses dents sont aussi blanches que son comportement est puant. Un vrai type qu’on se plait à détester. Et malgré tout, Vic reste attaché à lui (c’est le cas de le dire puisque Shane est un boulet) et le couvre même à plusieurs reprises.
Lemonhead, un grand benêt blond à la coiffure en pétard, le moins méchant des quatre, fait également partie de la Strike Team. A part un fusil à canon scié et une Harley, il n’apporte pas grand chose à l’histoire. C’est peut-être le plus raisonnable, avec Ronnie, le geek de l’équipe. Il n’a pas été non plus d’une grande aide, sauf une fois, où il a récupéré des informations confidentielles sur un ordinateur. D’où son appellation de geek. Mais malgré son inutilité, il se feraquand même cramé la moitié du visage par un ennemi à Vic, Armadillo, à qui il avait auparavant fait la même chose pour se venger... Oui j’avais oublié de préciser, le district de Farmington, c’est un peu la Bande de Gaza ! Tout le monde se venge de tout le monde, à l’aide d’armes à feu généralement, ou de torture quand le coeur leur en dit. Autant vous dire qu’en deux saisons, on a eu le temps d’en voir, des horreurs.
Un nouveau a fait son apparition dans la Strike Team, après l’accident dont Ronnie a été la victime. Il s’appelle Tevon, il a des "cojonès", et il n’a pas peur de s’en servir. Il veut faire partie de l’équipe, mais les autres se méfient encore et lui cachent leur coup du Money Train des Arméniens. Mais il ne sera pas facile de l’éloigner trop longtemps des secrets car c’est un sacré enquêteur !!

Le commissariat de Farmington est une ancienne chappelle (re)convertie, et les salles de confessions sont devenues des...salles de confessions musclées. Celui qui dirige les opérations, c’est David Aceveda, un homme assoiffé de pouvoir. Pendant ces deux premières saisons, il a placé ses pions, pas toujours de façon très judicieuse, pour accéder au poste de Conseiller à la Ville. Il semble avoir des principes, puisqu’il a renoncé aux pratiques illégales pour s’assurer son élection, mais il est tout de même aveuglé par ses ambitions. C’est lui qui a laissé la Strike Team s’embourber dans une affaire de gang, et c’est lui qui a crée une situation impossible à gérer. Le Chef de la Police est après lui, une enquête a été réalisée qui a mis en cause ses compétences, et l’a obligé par ailleurs à réduire ses effectifs. Mais il se fait élire, contre toute attente. Et son poste de Capitaine a été offert par le Chef de la Police à une détective impeccable, Claudette Wyrms.

Claudette est kief cool. Oui oui, je l’affirme haut et fort, Claudette est kief cool. Bon, ok, elle n’a pas un prénom facile, je le reconnais. Mais elle compense par un solide sens des valeurs, de ce qui est bien et de ce qui est mal (c’est-à-dire tout ce que fais la Strike Team). Elle connait les limites de son métier, et ne dépasse jamais les limites de la légalité. Elle est déterminée, courageuse, et manque peut-être un peu d’humour. Elle est l’anti-Vic Mackey. Tous les deux se cherchent depuis longtemps, et Claudette aurait eu tôt fait de faire tomber Mackey si Aceveda ne lui avait pas mis des bâtons dans les roues pour se protéger.
D’ailleurs, alors qu’elle croyait prendre ses fonctions de Capitaine, afin de changer les choses, elle se rend compte dans ce season premiere que David Aceveda est loin de vouloir abandonner son poste. Comme il ne prend ses fonctions que dans 6 mois, il décide de rester à Farmington. "I still make a difference". Trop tard, mon petit David, trop tard. Tu veux rattrapper tes boulettes ? Ce sont elles qui vont te rattrapper et tu ne seras pas déçu. En tout cas, tu t’es dores et déjà attiré les foudres de Claudette et crois-moi, ce n’est pas rien.

L’équipier de Claudette, qui est loin, très loin de ces considérations politiques, est appellé Dutch Boy, ou Dutch tout court, du à un nom à consonnance hollandaise. C’est un détective doué, qui se croit un peu trop dans Profiler ou dans Seven, mais qui reste droit et déterminé. Il est un peu cynique, il ne sait pas tellement se faire respecter, mais il est étonnant par beacoup de côtés. Pendant ces deux saison, il résoudra des affaires incroyables, par sa seule intelligence, sans violence, sans menace, sans chantage. Mais il échouera également. Il reste profondément humain, et son admiration pour Claudette est sincère. C’est un personnage très attachant ; Claudette et lui formant le duo le plus juste du commissariat.

Un autre duo a évolué pendant ces deux saisons. Danny d’abord, une femme flic talentueuse mais qui doute encore un peu de ses capacités. Elle forme un nouveau flic, Julien, un jeune homme Noir. Danny est un bon prof, mais elle n’arrive pas encore à s’affirmer dans ce monde masculin. Elle aura une liaison avec Vic, qui n’aboutira à rien. Il ne sera pas là quand elle aura besoin de lui, alors qu’elle a toujours été présente pour lui. A cause de la Strike Team, elle sera suspendue car accusée à tort d’avoir mal fouillé un suspect en cage de détention. Dans cet épisode, elle essaiera de revenir à Farmington et de quitter son poste de "surveillante" dans un lycée. Danny a eu beaucoup d’ennuis pendant la 2ème saison, et peu de repos. Elle reste un personnage qu’on ne connait pas très bien, avec qui on a du mal à sympathiser (au sens étymologique du terme, "souffrir avec").
Son partenaire, Julien, est en revanche un personnage très complexe. Il découvrira son homosexualité avec un beau et jeune hidalgo qui le drague alors qu’il est arrêté pour de menus larbins. Mais Julien est aussi profondément chrétien et ses désirs ne s’accordaient pas avec ses convictions. Il finira par intégrer l’Eglise de la "Reconversion Sexuelle" et se mariera avec une mère célibataire rencontrée au commissariat également. Mais son ancienne vie se fera finalement connaitre, et ses collègues ne se montreront pas particulièrement compréhensifs (excepté Vic !). Il se fera passer à tabac alors qu’il sortait la poubelle.
Dans cet épisode, il décidera de se venger (sous les bons conseils de Vic, qui ne sait pas comment se faire respecter sans la violence) des flics qui l’ont sauvagement tabassé. Bien joué ! Il manquera d’étouffer sa première cible ! Tout ça sous le regard de Dieu, comme si le pardon était plus puissant que tout. Si Julien ne contrôle pas la colère qu’il éprouve contre lui et contre les autres, un drame finira par se produire.

Dans ce season premiere, tout est remis en place : l’argent du Money Train qui ne doit pas être dépensé tout de suite pour éviter d’être tracé ; les Arméniens qui font tout pour récupérer leur argent, y compris couper des pieds ; Aceveda qui reste au commissariat parce qu’il refuse de laisser sa place à Claudette ; Dutch qui fait trop bien son boulot ; Vic qui est violent et qui déroge aux propres règles qu’il a établi.
La seule chose qui a changé, c’est qu’un vent de rebellion semble souffler au sein de la Strike Team. Vic n’a plus les plein pouvoirs. La question qui reste en suspend, c’est jusqu’à quand vont-ils continuer à lui obéir ?