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3.01 - Chapter Forty-Five

Oh bizarre...

Chapitre 45

dimanche 31 août 2003, par LordOfNoyze

Après un season finale à l’unanimité jugé catastrophique (et les extraits de Harper priant ont renforcé cette impression), "Boston Public" attaque sa troisième année, avec un épisode marquant très nettement le début d’une nouvelle ère, dont on ne sait trop si elle suivra les glorieux sentiers de la réussie saison 1 ou les égarements mélodramatiques de la saison 2. Si bien que tout au long de l’épisode on est partagé, car les situations finissent par porter leurs fruits, certes, mais elles sont mises en place dans un contexte si étrange qu’on doute de là où les scénaristes-adjoints de E.Kelley veulent en venir.

Ca commence avec le générique, où les tons rougeoyants et les mosaïques "hype" tendent vraiment à redéfinir la cible de "Boston Public" : non plus un show tous publics, mais clairement rédéfini pour les adolescents (d’ailleurs, la présence des jeunes professeurs et élèves, comme la fille Harper et Marcie, en témoigne clairement). Puis la présence de ceux-ci avec des délires franchement surréalistes, comme la scène de la propulsion par extincteur, puis l’explication du Jeune Professeur avec Harper (désolé mais pour l’instant je l’appellerai Jeune Professeur jusqu’à ce qu’il fasse ses preuves et que je me rappelle son nom...oui, bizutage Seigneurial). Ou encore lorsqu’ils trouvent le moyen d’envoyer sur les roses ce bon vieux Lipschultz, moins présent du coup.

Puis la première intrigue : l’accouchement d’une jeune fille, Amy sur fond de musique d’opéra, éxécutée...par la chorale de Marilyn où elle officiait quelques secondes plus tôt ! Cet espèce de parallélisme douteux est le genre de choses qui laissent perplexe pour débuter une saison. Là où ça se gâte c’est que la jeune fille l’abandonne dans la cuvette des W-C, mais elle vient le rechercher (oui, après un peu d’hésitation quand même)après qu’il aie été recueilli par Marla. Marla va donc couvrir le drame de l’abandon du bébé pour permettre à la jeune mère de rester avec son enfant, alors que ses excuses sont pour le moins ridicules ("Ca fait que deux mois que je le sais, et jusque-là je croyais que j’étais malade (sic)."). Mais lorsque Henson va commencer à y mettre son grain de sel, et va prévenir Harper, on va avoir droit au match habituel Henson/Hendricks, avec cette fois-ci avantage à Henson. Du coup, devant un Henson qui prend ses responsabilités on commence à se dire qu’il est pas aussi bête que ça, au contraire d’une Marla vitupérant pour pas grand-chose au final. L’excuse habituelle de la panique n’est, selon moi, pas convaincante : elle aurait néanmoins pu tuer le bébé, et ne serait sans doute pas là à dire "C’est mon bébé, ce que j’ai de plus cher au monde." On nous montre clairement que ce n’est pas l’exemple d’une mère responsable ; or Marla veut simplement éviter un drame familial de plus ; n’en reste pas moins qu’elle devra élever le bébé toute seule, sans papa et assurer les cours avec, ce qui est loin d’être chose facile. Donc même lorsque Marla lui dira à quel point il n’est préoccupé que par son ego, elle qui est toute émoustillée par le miracle de la maternité (bien sombre, dans cet épisode...) Henson conserve l’avantage.

La grande nouvelle de cette semaine est que Senete est de retour. Avec Cooke, ce qui gâche pas grand-chose vu qu’elle ne fait que jouer les utilités dans cet épisode aux scénaristes pour prendre des nouvelles de l’état de Senete. C’est l’occasion de voir (oui, Conundrum, à part que sa nouvelle coupe de cheveux est hideuse..)un élément très intéressant : les crises d’angoisse post-traumatique, qui précipitent Senete dans un profond doute. C’est justement la teneur du personnage, son évolution après l’agression, qui rendent crédibles son intérêt pour Miss Trina Sanchez, prostituée mineure de son état. D’où une scène où Senete vient carrément la chercher dans son bordel, bousculant le client au passage dans un acte de désespoir pour pouvoir se convaincre qu’il fait le maximum pour ses élèves, dans une mise en scène très stylée "New York Police Blues", caméra au poing. C’est là qu’il découvrira que le mac de Trina n’est autre que...son propre père. Cette révélation pour le moins miséreuse renforce le crédit de l’intrigue.

Et la dernière intrigue, qui montre les revendications des élèves de Winslow High, de loin la plus intéressante, puisque c’est la première fois DEPUIS LA PREMIERE SAISON qu’on se rend compte que la maintenance de Harper et Guber pose des problèmes à l’ensemble des élèves, mais aussi qu’on revient pour de bon au duel profs/élèves. Du coup, Harper et Guber apparaissent en rang serré dans presque toutes les scènes, l’heure est à la tension entre la père Harper et Brooke, et Guber, loin de son personnage de petit caporal rigolo à lequel il nous a habitué, prend une tournure plus sombre. En effet, pour contenir la grève imminente, il convoque les équipes sportives de Winslow High pour les convaincre que les crédits alloués à leur équipe seraient menacés par un prolongement de la grève.

Ce qui nous donne une dernière scène inattendue pour un season premiere, mais préparée pourtant tout au long de l’épisode, le paroxysme étant la discussion entre Harper et sa fille. On assiste à Guber, ridicule et inefficace avec son porte-voix, une leader charismatique (clone de Lauryn Hill) qui expose les revendications, les moutons sportifs (oups, le cliché..) qui contestent, et le tout dégénère en bagarre générale et en casse des plus jouissifs.


Donc au final ça nous donne quoi ?? Des intrigues qui sont apparemment gérées de façon mieux maîtrisée, l’interprétation desespérée de Nicky Katt, un vrai climat de tension qui s’installe, sans parler des clivages entre profs, le tout avec une scène finale étonnante. Autant d’éléments qui me font dire que "Boston Public" revient finalement en grande forme, mais avec quand même pas mal de lourdeur dûe aux personnages de Henson et Cooke (bien sûr...) qu’il faudra gérer très vite, avant que tout ça ne dégénère une fois de plus...mais par rapport à la qualité de la série.