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3.04 - Chapter 48

Boom Boom Boom Boom

Chapitre 48

dimanche 21 septembre 2003, par LordOfNoyze

Comme une vieille chanson de John Lee Hooker, pour signifier l’explosion de toutes les intrigues précédentes en même temps qu’une allusion à la fameuse "boom boom room" dont il était question dans l’épisode d’aujourd’hui. Ce bon vieux bluesman m’a trouvé un titre difficile à refuser...

Voici donc un épisode bien fun, un vrai plaisir de téléspectateur, qui poursuit les intrigues de la semaine passée (Marla versus Danny) sur le même ton caustique tout en tenant sa promesse, à savoir le retour de Senete. Mais on va y revenir.
Attaquons donc sur la découverte d’un Guber plus nerveux et diabolique que jamais, à savoir la présence d’une chambre à coucher (au sens littéral du terme) dans l’enceinte du lycée, plus précisément dans le local des terminales. Tout de suite, branle-bas de combat, et la révélation arrive : elle est louée par un des meilleurs élèves du lycée contre la somme modique de 25 dollars. Ceci sert à payer un système de "sécurité" (lit pliant, alarme, guetteur et capotes, bien sûr), mais aussi à financer une asso de lutte contre la séropositivité (ben voyons...). Alors oui, on est bien loin des intrigues sociales des 2 premières saisons mais comme je l’ai dit le prétexte est tellement énorme, la réaction de Guber tellement démesurée qu’on ne peut résister à juger cette intrigue autrement qu’excellente. D’autant que la partie "sociale" qui sera traitée dans la deuxième partie, verra un procès entre élèves se mettre en place, avec Cheyenne et Louisa X-2.0 dans le rôle du procureur et de la défense. Et surtout, surtout, à la faveur d’un tirage au sort, Lipschultz se verra remettre la robe de juge, ce qui donnera lieu à des interventions mémorables (Fyvush Finkel n’est pas cramoisi pour jouer la comédie, oh que non...). Le tout avec des arguments intéressants, plutôt osés pour une série "tous publics", mais la morale sera néanmoins sauve, et très prévisiblement le bon groom se verra suspendre deux semaines. Guber se verra félicité par Harper pour son initiative, et après avoir été mis en cause de l’émeute, ça lui fera plaisir au petit Scott. Le seul défaut qu’on pourrait éventuellement reprocher à cette intrigue écrite par E.Kelley himself, c’est justement que l’argumentaire est un peu trop bien huilé pour des teenagers, et qu’il a profité de l’occasion pour refaire avec une efficacité relative un épisode de "The Practice". Mais sinon ça roule tout seul, et on ne peut que se féliciter que "Boston Public" retrouve des histoires aussi consistantes que divertissantes.

Ensuite, on passe à l’intrigue entre Henson et Marla, et Henson continue à faire des avances à Marla, mais commet l’erreur d’avouer à Marilyn (qui a toujours ses 5 lignes de texte habituelles) son stratagème. Les conséquences sont assez saisissantes, vu que le couple en vient aux poings, et se retrouve très peu fier dans le bureau de Harper. Ca tombe bien, car Harper pique une crise de nerfs mémorable, et fait l’inventaire de toute l’immoralité qui règne à Winslow High avant de les enjoindre de continuer dehors, car il en a vraiment marre de gérer un lycée de fous pareil. Le père Harper qui se révèle fort efficace dans ces moments, et revient aux sempiternels doutes conséquents à sa fonction de leader. Redondant ?? Non, humain. Ca se calme un peu en fin d’épisode, avec une Marla finalement blessée puisque vous vous en doutez, sa vie sentimentale c’est pas le top. Le fait d’inscrire une histoire qui partait de vraies divergences dans un contexte léger, puis tout d’un coup violent révèle que Kelley a choisi d’esquiver la lourderie en beauté, puisque Danny a encore réussi l’exploit de ne pas être lourd. Maintenant, vous êtes gentils, vous le laissez dans un coin...

Et enfin, Kelley a décidément le nez fin, puisqu’il expédie Heckel dans cet épisode, alors que dans la saison 2 ils auraient fait durer la romance cinq épisodes d’affilée. Résultat : il se fait rembarrer par Ronnie, et on le voit pas avec Jeckel et Marilyn en train de faire son karaoké à deux balles. Et ça c’est top, puisque on en avait rien à faire. Non, l’intérêt est plus vers Ronnie, qui essaie d’aider Harry à ne pas sombrer dans la dépression alors que son désir d’aider à tout prix Trina va sombrer dans le ridicule et le dangereux. On assiste donc à une intrigue très noire, avec un prof replié sur lui-même, qui cache une prostituée mineure et son fils aux services sociaux, qui fuit ses responsabilités d’enseignants au profit de celles de bon samaritain. C’est finalement un départ sombre pour un personnage pilier de la première saison, une icône de la foi en l’enseignement totalement démoralisée, le tout débouchant sur un "nervous breakdown" en fin d’épisode. J’enfonce les portes ouvertes, mais c’est l’occasion de montrer à quel point Nicky Katt est exceptionnel avec sa démarche lasse, autant que de montrer que oui, "Boston Public" a au moins su amener l’évolution d’un personnage à bon terme, en tendant un gros majeur à ceux qui croyaient que ce n’était que l’apologie de l’enseignement.


Donc là on revient clairement à la maîtrise et à la solidité de la première saison, et pour moi, "Boston Public" a gommé ou expédié les pièges de ce début de saison de façon magistrale. Pourvu que ça dure...