La Demande en Epousailles

Je suis en train de lire un petit livre formidable de Dominique Noguez, « Comment rater complètement sa vie en onze leçons », aux éditions Rivages Poche/Petite Bibliothèque. Ce livre donne de précieux conseils pour rater sa vie en beauté. Par exemple, vous saurez que le principe N°1 du ratage de vie consiste à se plaindre de tout, tout le temps. Mais ce n ?est certes pas le seul ! L ?auteur donne également des conseils pour jouer avec une dépression, se brouiller avec tous ses amis, comment être vraiment malheureux en amour. Bref, un livre auquel Abby aurait pu largement participer en ajoutant quelques principes tels que : « Devenez alcoolique, puis redevenez sobre à force de volonté, et enfin, en cas de crises graves, précipitez-vous sur une bouteille de tequila ». Ou encore : « Persuadez-vous que vous êtes un aimant à emmerdes, et vous verrez : les emmerdes tomberont en rafale ». Une petite dernière : « Persuadez-vous que personne de bien ne peut tomber amoureux de vous ; ainsi, vous finirez seule et vous pourrez vous lamenter tout le reste de votre vie ». Sans oublier entre temps de construire un semblant d ?histoire avec un homme plus jeune que vous qui rêve de vous changer comme il a rêvé, enfant, de changer sa mère, alcoolique elle aussi (bien entendu, tout cela est un cercle vicieux, et comme tous les cercles vicieux, il tourne mal).

Mais revenons à l ?épisode en question : suite à la disparition de son frère, Abby noie son désespoir dans l ?alcool. Carter est en vacances, mais il décide de rentrer pour prendre soin d ?elle. Seulement voilà, c ?est trop tard. Quand Saint John ouvre la porte de la chambre d ?Abby, il la voit, écroulée sur son lit. Elle ne l ?entend pas lui parler. Elle doit certainement sentir l ?alcool ? Elle se réveille et annonce à Carter qu ?elle doit aller travailler. Il a compris ce qu ?elle avait fait la nuit dernière, mais il se fait violence pour ne pas lui faire la morale (c’est bien ça mon petit Carter, continue comme ça !). Elle lui demande de rester à l ?appartement au cas où le téléphone sonnerait. Carter accepte. Mais la diabolique belle-mère arrive (elle aussi décolorée en blonde, décidemment, c ?est la mode) et pique sa crise (mais que quelqu ?un la fasse taire cette vieille sorcière !). Carter l ?emmène jusqu ?aux Urgences. Abby refuse catégoriquement de la voir. Elle ira même s ?enfermer dans les toilettes pour éviter de parler avec Maggy. Mais finira par renoncer. Maggy croit qu ?il est encore en vie. Elle veut y croire du moins, seulement Abby n ?y croit plus. Elle pense que la dernière visite de son frère était un adieu, qu ?il s ?est très certainement suicidé ?
Seulement voilà, pour une fois, c ?est Maggy qui a eu raison d ?y croire : on finit par appeler Abby pour lui annoncer que l ?avion de son frère a été retrouvé attaché (sic), et qu ?il est intact. Maggy voudra aller le retrouver, au Michigan, mais Abby lui conseillera d ?attendre, comme elle l ?a déjà fait auparavant pour sa mère.
En fumant une demi-cigarette de satisfaction intense sur le toit, Abby aura la visite de Carter, qui lui conseillera de profiter de ce moment de répis, de l ?apprécier à sa juste valeur. Comment ? profiter de la vie ? mais vous n ?y pensez pas ! ce serait un coup à aimer ça, et à finir par être heureuse ! non non, impossible, laissez-moi avec mon malheur à moi, au moins, là, je me reconnais, je sais qui je suis. Qui sait quelle prétentieuse je deviendrai si j ?étais heureuse ?
Mais même cette mauvaise volonté n ?arrête pas notre Saint John, le patron des femmes perdues, puisqu ?il ira jusqu ?à proposer le mariage à notre Marie-Madeleine préférée. Enfin, avec le bruit des hélicos, il aurait très bien pu dire : « j ?aimerai me marrer avec toi », seulement Abby a entendu : « j ?aimerai me marier avec toi ». Et voilà ! en fait, il avait enregistré quelques épisodes de Scrubs, il voulait juste s ?en payer une bonne tranche avec elle ! et comme un gourde, elle a compris de travers ?
Espérons qu ?il puisse rattrapper le coup sans trop de dégâts !

Qu ?est-ce qui se passe pour les autres ?
Récompensons Susan Lewis pour la réplique la plus drôle de l ?épisode ! en discutant avec sa nouvelle meilleure amie Chen, de son rendez-vous avec son blind date qu ?elle n ?a finalement pas annulé, Susan nous fera part d ?une réplique à la Sex And The City  :
Le rendez-vous était tellement barbant que la pauvre Susan a quasiment du « simuler ».
« L ?orgasme ? » demande Chen, qui en connaît sûrement un rayon, en orgasme. « Des convulsions ! » lui rétorquera Susan ? Ben oui, pour simuler un orgasme, encore faut-il en avoir eu un avant 1987 ! Ce qui, rappellons-le, n ?est pas le cas de Susan.
Elle pourrait se consoler en devenant la maîtresse d ?un jeune homme fou amoureux d ?elle, un dénommé Sean, en stade terminal d ?un cancer testiculaire. Sean est tellement amoureux d ?elle qu ?il est prêt à affronter, pour elle, un ultime traitement douloureux ? La mère de Sean voudra que Susan lui fasse renoncer à cette idée, mais sans résultat. L ?amour aura certainement redonné espoir à cet adolescent condamné ? « Vous devez vous battre avec toute l ?énergie que vous avez », lui dit-elle. C ?est ce qu ?il décidera.

Un enfant est amené par sa mère aux Urgences : il a été percuté par une voiture, mais cette voiture, c ?est celle de sa mère, qui ne l ?a pas vu courir après elle... Malheureusement, le cerveau a été touché et l ?enfant n ?est plus qu ?un légume.

Pratt est chargé de évaluer le travail des secouristes Morales et Doris. Il déclare un homme mort alors qu ?il ne l ?était pas, et amène une femme sur le point d ?accoucher aux Urgences, en prenant soin d ?insinuer qu ?une femme enceinte reste très sexy (mais quelle est cette idée saugrenue ??), ce qui mettra Chen très en colère. Elle pensera qu ?il la juge, et il avouera qu ?il a peut-être porté un jugement, mais il s ?excusera . « Je te respecte », dira-t-il. Alors que Chen lui montrera une photo de son enfant (« Il est black ? » s ?étonnera Pratt. « A moitié », lui répondra Chen en souriant), la secouriste plutôt canon viendra chercher notre bon docteur pour l ?emmener boire un verre en tout bien tout honneur. Chen passera de vert à rouge en peu de temps. Et nous voilà parti pour un petit discours bourré de clichés, rassemblant Carter et Pratt d ?un côté, et Susan et Chen de l ?autre, autour des différences homme-femme.
Dans les clichés les plus répandus sur les hommes ils ont choisi celui-ci : « les hommes sont nuls ». Oui je sais ça manque d ?arguments mais on peut pas demander à deux femmes qui ont fait 10 ans d ?études de nous développer des arguments qui éclaireraient la dialectique des rapports entre les hommes et les femmes ? De la même façon, deux hommes approchant de la trentaine, médecins, ne peuvent pas dire autre chose qu ?un cliché : « les femmes ne savent pas ce qu ?elles veulent » ou, encore mieux, car venant de Carter, spécialiste des relations foireuses : « Parfois on ne comprend pas grand-chose aux femmes. » Sans oublier le sempiternel : « Ce sont les gays qui ont tout compris ! ». Ben écoute mon petit Pratt, mets-toi en ménage avec Saint John, avec un peu de chance, ça le décoincera un peu !
Néanmoins, je conseille fortement à toutes ces personnes (Chen et Susan comprises) de laisser tomber tous les bouquins du style : « Les Hommes viennent de Mars et les Femmes de Venus » et se mettre enfin à réfléchir par eux-mêmes. Bientôt on pourra espérer des réflexions un peu moins vides que celles dont ils nous ont honoré. Et Carter, s ?il-te-plait, la prochaine fois qu ?il te prend de dire une connerie pareille, par pitié, mange ton stétoscope.

Sinon, il y a Kerry, qui, en allant réveiller Kovac et le sommer de revenir travailler, se fait voler son sac par un type qui a la mauvaise idée de se faire renverser par une voiture.
« Ne bougez pas ! Vous pouvez être gravement blessé ! » crie-t-elle. Ouais t ?as raison Kerry, il va revenir en s ?excusant et te rendre ton sac ? Bon évidemment il s ?enfuit le voleur, mais reviendra plus tard aux Urgences pour se faire soigner. Kerry aura sa revanche.
Cependant, tout ne va pas pour le mieux pour Kerry. Alors qu ?elle propose à sa compagne, Sandy, de retenter une insémination artificielle, mais cette fois-ci pas sur elle, celle-ci refuse. Elle dit n ?être pas prête à porter un enfant, à vivre cette expérience. « Même pour moi ? » demande Kerry, les larmes aux yeux. Et non, visiblement, même pas pour elle ?

Kovac revient aux Urgences, il fait le cow-boy avec un jeune qui fait des convulsions et une montée de fièvre en le plongeant dans la neige. Voilà c ?était l ?intervention de Kovac du jour. Demain il fera une trachéo à un patient avec un stylo bic. Ah non c ?est vrai ça a déjà été fait.