LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Critiques > Critiques en Pause-pipi > Urgences > Saison 9 > Tintin au Congo

9.22 - Kisangani

Tintin au Congo

Kisangani

dimanche 16 novembre 2003, par feyrtys

Où le spectateur découvre que les infirmières de l ?Alliance de Médecine Internationale sont super mignonnes, même avec un accent canadien ; où Carter semble ne jamais avoir vu la misère de toute sa vie, et où Kovac joue encore et toujours les séducteurs

Voilà, l ?inexorable a fini par arriver : c ?est la fin d ?Urgences. Le dernier épisode de cette 9ème saison dont on ne retiendra pas grand-chose si ce n ?est l ?amertume d ?avoir eu une majorité d ?épisodes longs et poussifs, des personnages importants complètement passés à la trappe (Elizabeth Corday, Susan Lewis, Grant) et des storylines pénibles (Abby, son frère-sa mère-son alcoolisme-la mort de son poisson rouge). On retiendra la descente aux enfers de Kovac, les erreurs de jugement de Weaver, aveuglée par le pouvoir, le passage marquant de Paul Nathan, externe en chirurgie atteint de la maladie de Parkinson, et surtout, le bras sectionné de Romano. On oubliera volontiers le couple qui n ?en a jamais été un d ?Abby et Carter, et on se dira qu ?on est presque sûr qu ?aucun des deux n ?a jamais vraiment compris ce que disait ou désirait l ?autre. On oubliera également l ?horripilante famille d ?Abby et le frère attardé de Pratt, des histoires bouche-trous et qui sonnaient particulièrement faux. On souriera en se souvenant de la tâche incongrue sur le pull de Chen, on essaiera de ne pas cauchemarder en revoyant l ?infirmière Shirley, alias Squeletor ? Enfin, on espérera, jusqu ?en septembre prochain, que la 10ème saison de notre série hospitalière fétiche trouve un souffle nouveau.

Kovac est au Congo, et Saint John est parti le rejoindre. Il a à peine dit au revoir à Abby, et il ne lui aurait peut-être même rien dit si elle n ?était pas tombée sur lui alors qu ?il fuyait. « Ce n ?est pas Rio mais ce n ?est pas ici » lui donnera-t-il comme explication.
Le voilà donc dans l ?avion, puis à l ?aéroport. Il est accueilli par un certain Charles qui est chargé de le conduire à Kisangani, où on a besoin de lui. La fourgonnette qui les transporte est remplie de prothèses pour les jambes. « C ?est à cause de mines anti-personnelles ? » demande Carter. « A cause des machettes ? » répondra son accompagnateur. Ca vous donne une idée de l ?horreur qui doit régner là-bas.
Carter essaye de savoir où se trouve Kovac ; Charles lui répond que Lukas a beaucoup de succès auprès des femmes ? Peut-être que Carter est venu prendre des cours de drague en fait, et pas du tout pour soigner les petits enfants !! Comment faire fondre les femmes en devenant Robert Redford dans Out of Africa, par le docteur Kovac. Carter n ?a qu ?à en prendre de la graine. Déjà, il y a un énorme progrès : il ne se lave plus les cheveux, ce qui l ?empêche de faire sa raie sur le côté typique de l ?aristo un peu coincé ! Secondo, il porte des habits qui ne sont ni propres, ni repassés, ni fait sur mesure. Il est sale, il transpire, et il se laisse pousser les quelques poils qu ?il a au menton et il finit par devenir presque aussi sexy que Kovac.
Y ?a de l ?effort !

Bon sinon il est quand même là pour aider un peu notre Saint John. Le deuxième jour, il arrive à l ?" hôpital". La charmante Gillian, infirmière canon de son état, et accessoirement canadienne, est chargée de le former.
C ?est assez simple en réalité comme formation : si les symptômes sont : de la fièvre et de la toux, c ?est une pneunomie. Fièvre et diahrée, c ?est le choléra. Fiève tout court, c ?est le paludisme et enfin, le tout en même temps, c ?est le sida.
On comprend pourquoi 75% des enfants n ?atteignent pas l ?âge de 2 ans. Il y a cinq infirmières en tout, mais on ne les voit pas, peut-être qu ?ils n ?avaient plus assez d ?actrices mignonnes à faire jouer.
Le premier cas de Carter est un enfant atteint de la polyomélite. Ca le consterne, comme s ?il n ?a jamais vu la souffrance de sa vie. En tout cas, il ne semblait pas se douter de ce qui allait l ?attendre. Quand il voit un homme accroupi à côté de sa femme, et qu ?il découvre que cette femme est morte, on voit qu ?il se demande comment une telle horreur est possible.
Gillian lui explique qu ?elle passe un mois par an ici, « c ?est ma pénitence » dit-elle, « pour pouvoir vivre une vie de débauche le reste de l ?année ». Mignonne et débauchée... Il a tout gagné le Carter. En plus, Kovac est parti faire une campagne de vaccins à perpèt-les-ouilles !

Le 6ème jour, Carter a pris ses marques. Ca tombe bien, des PPB (plaies par balles) et des PPM (plaies par machettes) ont été ramassées par Kovac alors qu ?il revenait à l ?hôpital. Il y a des problèmes d ?électricité, en plus des problèmes de perfusion de sang. Mais ça ne les empêche pas de faire de la chirurgie vasculaire ! Et en avant un agraphage du duodénum au milieu des moustiques ! Carter, qui a conservé ses réflexes d ?urgentistes, fera tout pour sauver cet homme. Mais on lui fera rapidement comprendre que ça ne sert à rien.

Carter retrouve enfin Kovac. Gillian est au milieu, et on ressent une certaine tension entre elle et Lukas. Y ?a des choses qui ne changent pas ? « Bon, je vais me coucher, et j ?espère que quelqu ?un viendra me rejoindre ». Lukas regarde Carter et lui lance la combo fatale intitulée « comment va ta femme ». On peut dire que ça, pour un mentor, c ?est bas. En même temps, connaissant Carter, il aurait eu besoin de 6 mois pour faire sa déclaration à Gillian, six autres à essayer de l ?embrasser et plus encore pour passer à l ?acte. Quelquechose me dit que Miss Canada n ?aurait pas attendu autant de temps. C ?est donc Kovac qui a l ?insigne honneur de retrouver la petite Gillian sous la tente ?

Au 10ème jour, Carter et Kovac décident de monter un groupe de vaccination.
Au 11ème, les voilà partis en expédition. Carter découvre sur la route un pays en ruine, dévasté par la guerre entre les soldats du gouvernement et les Maï-Maï.

Pendant la vaccination des enfants de ce village, Carter découvre les symptômes de la coqueluche sur un enfant. « Il va mourir, conclut-il. Alors que ça se soigne avec un médicament à 10 $ » ? Et oui, et il y a encore pire que ça Carter, il y a l ?industrie pharmaceutique qui te paye des conventions cardio-vasculaires aux Seychelles pendant qu ?elles font des expériences sur des populations du Tiers-Monde. Après la barbe de trois jours, les dreads, et Carter deviendra un vrai militant alter-mondialiste !

Alors qu ?ils savourent un moment de calme, la nuit suivante, les alentours du village sont la cible de bombardements, et ils sont obligés de soigner une petite fille dont le pied a été arraché. Ils doivent lui scier la jambe dans la quasi obscurité ? Elle hurle, et au dehors, les bruits de mitraille retentissent. Ils doivent évacuer ; ils s ?enfuient dans la jungle. Là, Kovac jugera qu ?il est temps de faire un discours très convenu sur la démocratie, la guerre, la recherche du bonheur et la choucroute de ma grand-mère. Je n ?ai pas tout noté mais c ?était à peu près ça. Carter ne relève pas le niveau en ayant pour principal argument : « mais euh nous aussi on a eu des morts en Irak euh, y ?a pas que vous les croates pour être torturés dans votre âmeuh ». L ?utilisation du passé était une erreur ceci-dit, mais les scénaristes n ?ont peut-être pas pu anticiper ?
Bref, ce n ?est pas le moment de l ?épisode qu ?il faut retenir.

Quand ils reviennent au village, tout a été dévasté. Il y a des morts partout.
13ème jour : Des Maï-Maï arrivent au même moment, et menacent à grand renfort d ?armes les médecins. Croyant qu ?il travaille pour le gouvernement, à cause de la présence parmis les blessés le chef pointera une arme sur le front de Carter, du coup un tantinet stressé. Heureusement, l ?un des hommes se souviendra que c ?est Carter qui a le plus essayé de sauver son frère, la plaie par balles du 6ème jour. Le chef lui laissera la vie sauve.

Après toutes ces émotions, Carter décidera de repartir aux Etats-Unis, là ou personne ne peut menacer de vous tuer avec une arme. Ah non pardon je me suis trompée. Rectification :personne ne vous menace avec une machette au moins. C ?est en effet beaucoup plus sécurisant.
Kovac obligera Gillian à repartir elle aussi, même si elle voulait rester. Kovac veut prendre soin de la petite fille amputée et des autres blessés graves. Il restera seul.

Il pleut à Chicago. De l ?aéroport, Carter se dirige chez Abby. Il fait encore nuit. Et c ?est la fin de l ?épisode... et de la saison 9.


L ?épisode final réhausse considérablement le niveau relativement passable de cette 9ème saison. Il se déroule pour sa plus grande partie en dehors des Urgences, mais continue à parler encore et toujours de la médecine et des médecins qui la pratiquent. Il montre un Kovac plus serein, et un Carter bouleversé par la misère totale dans laquelle se trouve ce pays. Si les épisodes qui se passaient en dehors des Urgences n ?ont pas toujours été réussi, celui-là l ?est particulièrement.
Heureusement que la saison se finit sur deux bonnes notes, on aurait pu perdre espoir ! J ?aurai bien dit 8,5 , mais ce n ?est pas possible. Et comme 9 me semble un peu trop fort, je me contenterai d ?un 08+.