Le soleil a rendez-vous avec la lune

Autant vous le dire tout de suite : cet épisode a été redoutable pour la prise de notes ? J ?ai été un tantinet débordée par l ?enchaînement des scènes et résultat : mon carnet est plein de phrases qui ne finissent pas et d ?abréviations que je ne comprends à présent plus, ce qui est pour le coup assez handicapant lorsqu ?on doit écrire une review.
Je vais malgré tout tenter de vous dire à quel point cet épisode relève le niveau relativement passable de cette 9ème saison.

Pour commencer, vous vous rappellez de l ?épisode monté à l ?envers dans lequel on revivait une journée de la vie de Kovac ? Pas terrible terrible quand même ? Et bien l’équipe de scénaristes-réalisateurs ont du se rendre compte de ce qui n ?allait pas dans cet épisode, parce que pour celui dont je parle à présent, ils nous ont refait une curiosité de montage, mais cette fois-ci, parfaitement réussie !

L ?épisode se passe le jour d ?une éclipse solaire, et nous voyons cette fameuse journée selon deux points de vue différents : celui de Carter, pendant sa garde de jour, et celui de Pratt, pendant sa garde de nuit, après l ?éclipse.

Et le tout donne un résultat assez tumultueux, mais franchement réussi.
J ?ai particulièrement apprécié l ?histoire d ?une patiente partagée entre l ?avant-éclipse et l ?après-éclipse : Elle s ?appelle Ether, et elle s ?est noyée. C ?est Carter qui la prend en charge. Elle est restée trop longtemps sans respirer et risque d ?être décérébrée, et il est donc très pessimiste quant à ses chances de survie. Il annonce gravement le diagnostic au père de la jeune fille, qui est effondré.
Mais Grant, lui, quelques heures plus tard, durant la nuit, assiste au réveil d ?Ether. Elle a récupéré toutes ses fonctions et semble aller parfaitement bien, et on comprend alors l ?intense émotion du père de la jeune fille qui sait que tout n ?était qu ?un mauvais rêve.
Nous avons ainsi, côte à côte, deux moments forts d ?une vie, entre le désespoir et l ?espoir, entre la survie et la renaissance, et tout ça, nous le vivons quasiment instantanément grâce au montage habile qui alterne les phrases prononcées par Carter et celles dites par Pratt. C ?est non seulement innovant, mais en plus, c ?est très réussi.
L ?autre patient partagé entre Carter et Pratt, c ?est Turner, le frère de Curtis, vous vous rappellez, l ?ex-membre de gang repenti qui replonge dans la spirale de la vengeance après que sa famille ait été attaquée. Curtis s ?en sortait mal, évidemment. Et bien Turner, le petit dernier, de 12 ou 13 ans, rejoint le gang de son frère pour se venger à son tour. Comment raisonner un gamin aveuglé par la colère et le désespoir ? Carter essaiera, mais sans succès. Turner s ?enfuira des Urgences après avoir pris soin de blesser au scalpel un membre du gang ennemi. Malheureusement, pendant sa garde, Pratt aura lui aussi à faire à Turner, mais cette fois, c ?est pour lui faire un massage cardiaque interne pour qu ?il ne meurt pas ? Heure du décès : 00h28.

En dehors de ces cas tout de même assez exceptionnels, Carter et Pratt nous sont montrés dans ce qui est le (quasi) quotidien des urgences : une femme battue qui ment pour protéger son mari, une obèse qui a mangé une tarte pour le dessert et qui a des douleurs au ventre, une pom-pom girl à plâtrer (pour la grande joie de Pratt), un toxico qui veut du démérol et qui ment sur son identité, une crise cardiaque ?
J ?ai trouvé cet enchaînement de cas très bien fait : on avait finalement assez rarement l ?occasion de voir aussi clairement à quel point les médecins passent d ?un cas à un autre, du grave au léger, dans une même journée.

Du grave, Carter en affronte une cohorte ! Les membres d ?une secte ont décidé de se suicider au cyanure ? Pendant qu ?il sauve une petite fille alors qu ?il manque des kits de cyanure, Pratt prend en charge une jeune femme dont on a littéralement arraché le nouveau-né de son ventre. Il la sauve.
Le père de Carter annule le voyage à Rio qu ?ils devaient faire tous les deux, et Carter s ?en prend à Weaver.
Un ouvrier tombe du chantier qui se tient devant les Urgences (oui apparemment y ?a de la réorganisation dans l ?air), et Weaver et Carter s ?occupent de lui alors que l ?éclipse commence ?

L ?éclipse est donc l ?élément central de cet épisode. A ce moment précis, plusieurs histoires se rejoignent :
Il y a tout d ?abord celle de cette moniale bouddhiste, aimée et chérie par ses pairs. Elle devine la tristesse dont Carter est empli ? Malheureusement, elle souffre d’un cancer.
Il y a ensuite ce cher Romano, relégué au rang de patient (et ça doit lui faire bizarre), allongé sur un lit dans un couloir du service de chirurgie parce qu ?il n ?y a de place nulle part, et qui demande à Corday d ?écrire au marqueur, sur son bras valide : « Pas celui là, idiot ». Il lui demande également d ?assister à l ?opération, mais comme elle est de garde aux Urgences, elle ne peut rien promettre ? On devine l ?angoisse de Romano et on remercie Corday d ?être là pour lui, même si elle n ?est pas sûre de pouvoir superviser l ?opération.

Lorsque l ?éclipse commence, toutes les scènes sont accompagnées des liturgies bouddhistes prononcées pour la mort proche de leur amie. Romano entre en salle d ?opération au son de ces chants, puis il est anesthésié. Carter semble très ému par la mort de la moniale ? Pratt retrouve le bébé qui a été abandonné ?

Le reste de l ?épisode s ?enchaîne : Kovac joint Carter par téléphone pour lui demander de faire jouer ses relations pour lui trouver un nouveau médecin au Congo, où il soigne une épidémie de choléra. Carter se propose alors de venir (influence du bouddhisme ? marre du Cook County ? certainement un besoin de faire le point ?).
Pratt est attendri par le bébé et fait sourire Susan et Abby ; Carter se reproche ses erreurs ; Romano, en salle de réveil, n ?a pas encore tous ses esprits et avoue à Corday qu ?elle est « tellement belle », et il va même jusqu ?à dire : « Je vous aime, Elizabeth ». Il fallait bien qu ?il soit sous les effets d ?un quelconque anesthésique pour arriver à avouer ses sentiments à Corday ? Comment va-t-elle réagir, c’est la question !
Carter "perd" la crise cardiaque qu ?il aurait du sauver, et à qui il n ?a pas donné le papier et le stylo qu ?il réclamait pour écrire à sa famille ?
Pratt a « survécu à l ?épreuve du Cook County » mais il n ?est pas si prêt que cela à le quitter ? A l ?inverse, Carter semble prêt à tout laisser derrière lui. Il est bien décidé à rejoindre Kovac au Congo. Abby essaye de se rapprocher de lui, mais il s ?éloigne toujours un peu plus. « Ce n ?est pas Rio mais ce n ?est pas ici », lui répond Carter quand elle lui demande pourquoi il part. J’ai trouvé ça beau, et ça sonnait vrai. Parfois, la seule raison que l’on trouve à la fuite, c’est celle là : être partout ailleurs sauf ici.