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9.17 - The Advocate
La petite faiblesse qui la perdra
Effets Secondaires
dimanche 2 novembre 2003, par
Où Weaver a soigné sa coiffure mais raté son professionnalisme, où le doubleur d ?Anspaugh n ?est plus le même, où Kovac s ?allonge plutôt facilement sur le divan, et où Carter et Abby s ?enfoncent un peu plus dans la semoule.
Avant-Propos : Curieusement, Urgences n ?est plus sponsorisé par une marque de produits de premier soin mais par une marque de légumes vapeurs surgelés. Ca m ?a quelque peu interpelé, parce que cette saison, je l ?aurai plutôt vue sponsorisée par une marque d ?anti-dépresseur (ou de Vitamine C). On aurait, du même coup, pu organiser une campagne de prévention contre le suicide. Quel bon créneau !
Mais j ?avoue que des légumes vapeurs surgelés, je vois mal le rapport. Vous me direz, point de logique dans l ?art de sponsoriser, les pollueurs sponsorisent bien des programmes au ton écolo et l ?industrie pharmaceutique des programmes pour montrer à quel point elle est philanthrope. Autrement dit, Urgences pourrait bien être sponsorisé par des Pompes Funèbres ou de la crème anti-rides, ça aurait autant de sens que d ?être sponsorisé par une marque de légumes vapeurs surgelés. Marque, qui, soit dit en passant, a recruté des publicistes particulièrement lumineux, parce que le slogan : « Urgences, on en reprend deux fois avec la marque », ça veut dire qu ?on en prend 4 fois, et non 2. Mais je pense que l ?alphabétisation n ?est plus un prérequis pour devenir publiciste.
Je m ?égare ! Revenons à nos moutons, et à cet épisode plutôt bon par rapport à ce que cette saison nous avait habitué.
L ?épisode commence par une Kerry Weaver sur son 31, défendant devant le Conseil de la Mairie de Chicago (d ?après ce que j ?ai compris) le maintien d ?une Consultation dans un quartier de la ville. Le Conseiller Bright, qu ?elle avait il y a quelques temps soigné pour une syphilis dans la plus grande discrétion (c ?est-à-dire sans l ?indiquer dans le dossier), est présent à ce Conseil et la soutient de sa voix. Le pour l ?emporte et Weaver est plutôt fière. Bright la félicite et en profite pour lui demander une « petite » faveur : une personne de son entourage professionnel, avec qui il a eu une liaison, souffre lui aussi de la syphilis et aurait besoin d ?être traité dans l ?ombre, pour éviter tout scandale. Dans un premier temps, Kerry refuse, car elle risque trop gros à soigner sans faire de dossier. Mais le Conseiller, grand manipulateur, lui signale que le budget du County est remis en question dans la journée et qu ?il serait dommage qu ?on en vienne à envisager de le fermer. Kerry est donc amenée à revoir sa position et à se plier au chantage du Conseiller Bright.
Il se trouve que sa liaison s ?appelle Keith, qu ?il est jeune, séduisant et qu ?il est éperdument amoureux de celui qui lui a filé la syphilis sans lui avouer. Il vient aux Urgences en étant persuadé que c ?est une ancienne conquête qui l ?a contaminé. Weaver lui fait une piqure de pénicilline vite fait et l ?expédie encore plus rapidement. Ca aurait pu être aussi simple que ça si Keith n ?avait pas été allergique à la pénicilline ? Il fait un grave choc anaphylactique sur le parking des Urgences, est intubé et balloné. C ?est Susan Lewis qui le prend en charge. Elle sait que Keith cherchait Weaver un peu plus tôt dans la journée. Elle demande ce qu ?elle sait, et Weaver, pourtant sous le choc de la découverte de son erreur, arrive à lui monter un bâteau avec un aplomb incroyable. Et pourtant, Susan a rapidement fait le rapprochement entre le Conseiller Bright (sur lequel elle a diagnostiqué une syphilis lors de sa visite) et Keith, membre du cabinet de ce même cabinet, qui souffre de la même maladie. Mais Kerry développe des instincts d ?auto-défense assez remarquables et continue à mentir à Susan comme à Abby. Quand Keith se réveille, elle s ?arrange pour éloigner Abby et pour le mettre au parfum. Il dira qu ?il l ?a attrapé d ?une ancienne compagne, et qu ?il s ?est auto-médicamenté sans savoir qu ?il était allergique à la pénicilline. Mais la loi de Murphy étant ce qu ?elle est, les ennuis ne s ?arrêtent pas là. Keith a enfin une lésion à l ?estomac due à la syphilis. Or, il a été ballonné lorsqu ?il était intubé, et les ballonnements ont gonflé l ?estomac, ce qui a provoqué l ?élargissement de la lésion (si j ?ai bien compris) et causé une septisémie, c ?est-à-dire une infection du sang. Il en mourra.
Le Conseiller Bright finira par arriver aux Urgences, et il trouvera une Kerry complètement bouleversée, paniquée. Lui semble aussi attristé par cette nouvelle qu ?un serpent peut l ?être. Ce n ?est d ?autant pas le moment de pleurer qu ?Anspaugh a convoqué Kerry et Romano à une réunion, durant laquelle il propose à Romano de partager ses responsabilités de Chef du Personnel avec Kerry. Robert préférant « [se] couper l ?autre bras » plutôt que d ?accepter, Kerry se fait nommer Chef du Personnel à part entière ?
L ?épisode a cette particularité qu ?il est teinté de courts monologues en voix-off, mettant en scène Kovac, et qui ressemblent à s ?y méprendre à une confession chez le psy. Et d ?ailleurs, Kovac se fait remonter les bretelles par le psy de l ?hôpital avec qui il a annulé tous ses rendez-vous, pourtant obligatoires. On croit donc naturellement que Kovac a fini par aller voir un psy et qu ?il fait le point sur sa vie. Ce qu ?il dit pendant ces « confessions » est assez touchant. Il raconte comment il est devenu un simple robot, un fantôme de lui-même, comment il ment sans arrêt aux patients pour les rassurer et se protéger, comment plus rien ne le touche. Bref, il parle de sa dépression. Les mots sont d ?autant plus touchants qu ?ils sont collés à des images de ce personnel médical qui soigne du mieux possible des gens dont il ne connait rien et avec il ne développe -presque-jamais de relations véritables.
La confession de Kovac n ?est pourtant pas faite sur le divan d ?un psy mais sur celui d ?une prostituée ?
Quant à Carter et Abby, je dois avouer que pour une fois je n ?ai pas été ennuyée par leur storyline, je l ?ai trouvée plutôt intelligente. Abby sait que Carter a renoncé à faire sa demande, mais elle a passé la dernière à faire comme si de rien n ?était, à attendre qu ?il s ?explique. Carter apprend qu ?elle essaye d ?arrêter de fumer et qu ?elle est retournée aux Alcooliques Anonymes. Il a l ?impression qu ?elle fait des efforts pour lui, elle lui répond qu ?elle s ?est juste réveillée un matin en détestant sa vie et qu ?elle faisait tout pour l ?améliorer (commence par la couleur de tes cheveux alors). La confrontation a enfin lieu, et ma foi, je la trouve plutôt réussie. Carter prétend qu ?il ne sait pas pourquoi il a renoncé à faire se demande ce soir là. L ?ignore-t-il vraiment ou ne veut-il pas l ?avouer ? Il a l ?air sincère quand il dit ça à Abby ? Elle, de son côté, lui dit qu ?elle a l ?impression de le decevoir depuis le début ? Carter en a assez de son fatalisme (et non aussi), et lui pose la question fatidique : « Que faut-il que je fasse pour aller jusqu ?à toi ? ». C ?est une très belle question, et c ?est finalement bien le problème d ?Abby. Elle vit dans sa forteresse et fait tout pour en éloigner quiconque pourra la rendre heureuse. Ils finiront dans les bras l ?un de l ?autre, mais pas dans une étreinte qui dirait : « repartons à zéro », mais plutôt une entreinte de ce désespoir propre aux couples qui savent que le chemin sera encore très long et sûrement très difficile.
On apprend par ailleurs que Gallant souhaite rester aux Urgences et qu ?il cherche des lettres de recommandation pour l ?armée, et que Chen et Susan partent à Las Vegas avec une sorte de CE de l ?hôpital ? L ?état du bras de Romano empire et Corday a autant d ?intérêt dans cet épisode que les poissons rouges de l ?accueil des Urgences. Elle est confrontée à une adolescente qui a tous les traits de l ?antéchrist, et essaye de convaincre sa mère de ne pas l ?abandonner.
Un bon épisode, qui pourtant ne fait pas la part belle aux patients (mis à part Keith, le compagnon illégitime du Conseiller) qui sont relégués en arrière-plan, mais un très bon traitement de la dépression de Kovac et des difficultés de la relation Abby-Carter (si si, ça arrive que ce ne soit rébarbatif !).
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