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1.14 - Lazarus

Lazare fait-il bien les choses ?

Lazare

, par Innuendo

Lève-toi et marche... et éteins la télé... et ramène un soda pendant que tu y es !

Pré-générique
Maryland Marine Bank
5 :55 pm

Scully et l’agent Jack Willis, de la section criminelle du bureau de Washington font le pied de grue dans le hall de la banque. D’après un informateur anonyme, un serial-braqueur du nom de Warren Dupré doit s’attaquer à cette banque.
L’homme en question, après avoir quitté sa compagne qui doit faire le guet dans une voiture, déboule finalement, l’arme au poing. Scully et Willis le mettent en joue mais Dupré tire le premier et abat Willis. Scully tire alors froidement 3 balles sur Dupré.
A l’hôpital, Dupré est mort tandis que les médecins essayent de réanimer Willis. Ils comptent abandonner mais Scully insiste. Ils tentent alors de le choquer (« on s’écarte ! ») : à chaque décharge électrique, le corps de Willis se cambre... ainsi que le cadavre de Dupré ! Le cœur de Willis repart finalement...



Welcome to clichés-land !
Pour mon bizutage au sein de la X-Force, j’ai la chance.. que dis-je le plaisir de reviewer ce qui est sûrement le pire épisode de la pourtant magistrale première saison de The X-Files ! C’est bien simple, on y retrouve pelle-même tous les poncifs du genre, des dialogues ridicules, des retournements de situations... euh ... retournantes ?
Rien que le teaser contient à lui seul assez de détails ridicules pour remplir un seul épisode de Drôles de Dames :


- Willis porte une oreillette énorme, genre « oreillette qui se voit” à la Delarue.. pas très discret pour une planque !

- David Nutter insiste lourdement sur le tatouage de Dupré, et ce à 2 reprises (dans la voiture et à l’hôpital), histoire que l’on comprenne bien la suite de l’épisode.

- Dupré débite ce qui sont sûrement parmi les pires phrases romantiques de l’histoire de la télé sur le mode « je sens que je ne vais pas m’en sortir » : « Ma biche, c’est toi ma chance... Peu importe ce qui arrive, chaque fois que je regarde les étoiles je sais que quelque part tu vois les mêmes toi aussi... Auprès de toi, chaque jour est un jour de fête ! »

- Le masque que Dupré porte pour commettre son hold-up est... une tête de mort ! Wouah, très subtil le message...

- A l’hôpital, pour justifier son entêtement, Scully nous sort son laconique et désormais mythique « Je suis médecin ! »... sauf que là c’est dit avec tellement de conviction qu’on croirait revoir la fameuse scène du film des Inconnus Les Trois Frères !


Notons tout de même qu’il s’agit là de l’un des rares pré-générique de loners dans lequel figure l’un de nos deux duettistes de l’étrange.


Vous voulez vraiment qu’on continue ? Alors accrochez-vous, car nous nous enfonçons encore plus profond dans les marais putrides de la flémingite scénaristique.


Willis sort finalement du coma 2 jours plus tard. Il revoit alors des flash du hold-up... mais du point de vue de Dupré. On aperçoit alors, sur les pizzicati déliquescents de Mark Snow, une croûte peu ragoûtante : le tatouage de Dupré est apparu sur son propre bras !.. Laissant au passage peu de doute quant au caractère surnaturelle de l’affaire (merci monsieur Nutter, sans vous je n’aurais, pas forcément fait le lien...). Willis/Dupré quitte l’hôpital en pleine nuit, non sans avoir préalablement coupé les doigts du cadavre de Dupré pour récupérer les bagues, ce qui nous offre d’ailleurs l’une des rares bonnes scènes de l’épisodes : glauque et classieuse à la fois... la marque de fabrique de The X-Files en quelque sorte.


Pendant ce temps là... Scully fait le point avec Mulder... et le téléspectateur. On assiste alors médusé et pétrifié d’ennui à un déferlement d’infos, toute plus tartes les unes que les autres : Warren Dupré est ancien maton et sa complice, Lula Philips, est une ancienne prisonnière qu’il a épousé. Willis les traquait depuis un an. En outre, Scully nous apprend que Willis était son ancien instructeur à l’Académie et qu’ils étaient sortis quelque temps ensemble un an auparavant et qu’ils ont la même date de naissance... (on apprend même plus tard qu’il lui a appris à pécher sous la glace ! Véridique !!). On s’amusera tout juste en voyant le regard de dingue de Dupré sur la photo dans son dossier : pas de doute, c’est bien lui le méchant de l’épisode.
On retrouve ensuite Everett McGill.. euh non, Jake Willis, enfin Dupré... enfin Willis sous l’emprise de Dupré, qui tue son beau-frère, persuadé que c’est lui qui l’a vendu eu FBI. On préférera admirer les magnifiques éclairages qui ont contribué au succès de la série plutôt que les pathétiques répliques... (mais comme je ne suis pas vache, vous pourrez retrouver un Worst of des dialogues de cet épisode à la fin de cette review).


Mulder, qui n’est quand même pas le premier imbécile venu, se doute bien « qu’il y a quelque chose de pourri au Royaume de Danemark » ! Alors ni une, ni deux, invente le test 3 en 1 : il fait signer à Willis une carte de vœux pour Scully. Grâce à ce simple stratagème, « la cabane est tombée sur le chien » :

- Willis devrait savoir que ce n’est pas du tout la période de l’anniversaire de Scully puisqu’ils ont la même date d’anniversaire (le 23 Février... jour de la St Lazare !)

- Willis/Dupré signe de la main gauche alors que Willis est droitier... mais Dupré était lui bien un gaucher

- L’écriture de Willis/Dupré est tout à fait différente à celle de Willis avant cette affaire
Mais si Mulder est maintenant convaincu que Dupré habite le corps de Willis, ce n’est pas le cas de Scully ou du reste du FBI. Il décide donc d’emmener Scully faire un tour (du côté de chez Swan ?) chez un pote scientifique qui leur parle transfert d’esprits lors de N.D.E. (Near Death Experience) et notamment du fait que les montres de victimes de tels phénomène s’arrête à lors de leur première mort... Scully n’est bien sur toujours pas convaincue (elle met le comportement bizarre de Willis sur le compte du stress de l’affaire), sinon ce serait la fin de l’épisode et les scénaristes de se retrouveraient bien embêtés pour combler les 20 minutes restantes.


Willis/Dupré retrouve finalement la trace de Lula (sa femme, pas le Président du Brésil !). Scully l’accompagne pour son « arrestation ». Une fois sur place, Willis/Dupré laisse Scully menotter Lula, puis menotte Scully elle-même et les emmène toutes les deux dans une planque non-identifiée. Pour ce kidnapping qui n’est que l’un des premiers d’une longue liste à venir parmi les épisodes suivants, Scully se retrouve menottée au radiateur (ça la change de la baignoire dans Compressions remarquez...). On bien sûr droit à la scène obligée où Dupré doit convaincre (un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé ?) Lula qu’il est bien lui en lui rappelant des anecdotes communes (c’est tout juste si on échappe à des banalités du genre « tu te souviens quand on a pissé dans le soupe de Pépé Jeannot quand on avait 8 ans ? »).


A ce moment précis de l’épisode, tout téléspectateur normalement constitué ne peut pas raisonnablement imaginer une seule seconde qu’un épisode d’une série telle que The X-Files puisse tomber encore plus bas. Mais il est du devoir d’un Téléspectateur Extraordinaire de vous faire voir l’horrible vérité : oui, cet épisode a encore en réserve de sacrés casseroles. Mais jugez-en plutôt : Scully s’apercevant que Willis/Dupré se sent de plus en plus mal, et surtout qu’il ne cesse de boire du soda, révèle que Willis était diabétique !!! Le penchant de Dupré pour ses boissons sucrés seraient en train de provoquer une hyperglycémie dans le corps de Willis, le conduisant ainsi vers un coma diabétique. Willis/Dupré a donc rapidement besoin d’une injection d’insuline. Non seulement ce rebondissement st tout simplement grotesque, mais en plus il va mener à une incohérence énorme...


Mais attendez, c’est là que ça va devenir drôle (ou triste à pleurer, c’est selon) : de retour à la planque de Willis, Lula ramène l’insuline et les seringues, les donne à Scully... mais l’empêche de faire l’injection à Willis/Dupré ! En fait c’est elle qui avait prévenu le FBI pour le hold-up : elle compte garder le magot accumulé par le couple pour elle tout seule. Mais alors POURQUOI être allé chercher l’insuline si c’est pour finalement laisser Willis/Dupré mourir ??? Tout simplement parce qu’entre-temps, Mulder et l’équipe du FBI qui enquêtent sur la disparition de Scully apprennent le cambriolage d’une pharmacie du Sud de Baltimore, dans laquelle on aurait dérober de l’insuline, et sachant que Willis est diabétique, cela leur permet donc de réduire considérablement leur secteur de recherche !!!! Surtout que peu après, Lula téléphone au FBI pour négocier une rançon. En ré-écoutant l’appel, Mulder identifie un aérodrome en entendant un avion décoller près de la planque. Et hop, emballez, c’est pesé : pharmacie + aérodrome = planque localisée !


Peu de temps avant l’assaut du FBI, l’esprit de Willis reprend brièvement le dessus et Scully essaye alors, en vain, de stimuler sa mémoire. Mais avant de redevenir inconscient, Willis semble pendant quelques secondes avoir littéralement la tête de Dupré (procédé que l’on retrouvera dans l’épisode de la 2e saison Le Fétichiste... où l’on retrouve une Scully enlevée). Lula vient alors vérifier l’état de Willis qui semble dans le coma, mais il se réveille alors, lui dérobe son arme et la tue. C’est à ce moment précis que le FBI pénètre dans la planque. Le chef de la force d’assaut prend le pouls de Willis : il est mort. Son tatouage disparaît alors dans un fondu particulièrement raté...


L’épilogue enfonce définitivement le clou : Scully explique à Mulder qu’elle était la seule famille de Willis, hormis un gamin dont il était comme le grand frère. Bravo le cliché à 2 euros 50 ! Et pourquoi pas un poisson rouge ? Une grand-mère impotente ? Un job bénévole à l’Armée du Salut ?


Worst of des dialogues

Dupré : « Même la laideur est magnifique... belle à cause d’elle »

Mulder : « Heureux de vous revoir parmi les vivants ! »
Wiilis : « Vous ne croyez pas si bien dire... »

Dupré : « T’en fais pas ma biche, tu verras pas la différence dans le noir. »

Scully : « La politique du bureau est de prohiber toute négociation avec les kidnappeurs ! »

Mulder : « Si jamais vous touchez à Scully, je vous donne ma parole... ! »

Scully : « Il y avait un gros poil rouge juste au milieu du living room »
(...ah on me signale qu’il s’agit en fait d’un poêle ! )

Mulder : « Tu lui raconteras la version officielle : la fugitive Lula Philips a été tuée hier soir lors d’un échange de coups de feu avec des agents fédéraux, échange au cours duquel l’agent Jack Willis a été tué dans l’exercice de ses fonctions »
Scully : « Et à moi je vais me raconter quoi ? »

Scully (parlant de la montre de Willis) : « Elle s’est arrêtée à 18h47. »
Mulder : « C’est exactement l’heure de l’arrêt cardiaque de Jack »
Scully : « Qu’est-ce que ça veut dire ? »
Mulder : « ça veut dire exactement ce que tu veux ! »


Le parfait manuel de tout ce qu’il ne faut pas faire dans un épisode de The X-Files. Un scénario plombé de clichés, d’incohérence et de dialogues pathétiques. Heureusement que l’ambiance générale (photo, musique...) reste digne de la série, assurant de justesse la moyenne à cet épisode de sinistre mémoire.