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1.03 - Quality of Life

Entend la petite voix qui te parle

samedi 3 janvier 2004, par Le Trekker Greg

Johnny prend confiance en ses pouvoirs psychiques après qu’ils lui aient permis de sauver la star sportive du lycée d’une grave condition cardiaque qui plaçait sa vie en danger malgré les diagnostics de la médecine moderne.



I° Johnny au service des autres.


Johnny reprend son travail au lycée qui l’employait avant son accident. Il obtient un poste de professeur remplaçant et une place en tant qu’entraîneur adjoint de l’équipe de hockey de l’établissement scolaire. On est en droit de trouver l’installation de l’intrigue un peu longue. Le moins que l’on puisse dire c’est que le scénario prend son temps pour placer Johnny là où « l’action se passera ». Près d’un quart de l’épisode est mangé à cet effet.


C’est lors de son premier entraînement que Johnny rencontre Todd, le meilleur joueur de l’équipe, et lui apprend quelques tuyaux défensifs. Sympa de retrouver Christopher Masterson, l’acteur jouant le frère de Malcolm dans la série du même nom (M6)


Après une étrange « vision anatomique », Johnny soupçonne un problème cardiaque chez le joueur. Il demande au docteur de l’équipe d’effectuer un examen complet à Todd quand il se présentera pour sa hanche douloureuse. Le médecin ne trouve aucune anomalie cardiaque ; le joueur semble en pleine santé. Johnny reste perplexe. Pourtant plus tard, une nouvelle vision où Todd est foudroyé par une attaque, confirme les soupçons de notre héros. L’intrigue emprunte un chemin classique qui oppose le don paranormal de notre héros aux apparences qui n’ont rien de plus normal.


Et bien sûr, Johnny se retrouve isolé à défendre son point de vue puisque personne ne souhaite donner foi à ses visions. En effet, ce qui le préoccupe trouve lettre morte quand il en fait part au proviseur du lycée. Il décide alors de s’adresser directement aux parents du joueur qui s’avèrent encore moins réceptifs que le directeur. Il quitte leur domicile au moment où rentre leur fils. Celui-ci se décide à rendre visite à Johnny quand il apprend le fin mot de cette visite inattendue.


En apprenant qu’il meurt dans la vision de son entraîneur, Todd accepte de passer des examens auprès d’un médecin spécialisé en cardiologie.
C’est bien le seul moment où cette histoire bringuebalante sort du vieux rail conventionnel sur lequel elle file. On aurait pu s’attendre à une réaction bornée du joueur, ce fameux cliché du sportif malade qui préfère risquer sa vie pour l’amour de son sport. Souvent vendu comme un cliché héroïque, j’ai toujours trouvé qu’il avait plutôt tout de l’illustration de l’absurdité humaine. Mais heureusement le scénario nous évite ça, un dépeignant un personnage raisonnable. Bon point.


Toutefois, le scénario n’en profite pas pour se réorienter vers un traitement moins conventionnel. Pire, il ne fait que se répéter en plus condensée. Todd passe les examens cardiologiques et le spécialiste ne trouve rien d’anormal. Le hockeyeur ne voit donc aucune raison de ne pas participer au match décisif de ce soir.


S’ensuit le déroulement elliptique du match où on nous montre les événements importants. C’est quelque chose que l’on voit tellement souvent dans les fictions qu’il est très difficile de « se sentir dans le match » si vous permettez l’expression. S’il y a bien un type de séquence qu’il faudrait proscrire dans une série télé se sont bien ces séquences académiques de rencontres sportives. Je crois qu’il n’y a rien de plus futile et ennuyeux.

Ici l’événement décisif du match est l’expulsion de l’entraîneur (hoooou !! A mort l’arbitre ! ;) ). Johnny se retrouve alors en charge de la tactique de l’équipe. Il décide de suivre sa vision et sort Todd, pourtant le meilleur jour de l’équipe. Au terme d’un suspense ô combien intense (j’en ai mangé mon écharpe de supporter), l’équipe perd le match. Johnny se fait huer et décide donc de se retirer de ses activités scolaires.

Finalement, Todd subit une attaque cardiaque après le match mais se révèle non fatale car il ne s’est pas produit durant un effort physique intense.



Voilà, une intrigue sportive et médicale qui n’a rien d’enthousiasmante. L’ensemble reste très convenu. On est en droit d’attendre de DEAD ZONE plus de créativité. Heureusement pour contrebalancer l’insipide, l’épisode propose quelques thématiques intéressantes.



II° Johnny et ses visions


L’épisode s’ouvre sur une scène onirique et non pas sur une vision comme on peut d’abord le penser. Johnny voit sa mère, en mendiante, lui conseiller d’être réceptif à son nouveau don, puis se retrouve assailli par la foule des badauds désireux de recevoir son aide psychique. Notre rêveur se réveille en sursaut

« Entend la petite voix qui te parle »

Simple, bien fait, ce rêve nous renseigne sur les angoisses que ressent Johnny vis à vis de ses visions. Et elle amorce les deux thématiques que développer cet épisode :



-  la persévérance que doit faire preuve Johnny dans la confiance qu’il porte en ses visions aussi étranges et énigmatiques qu’elles puissent paraître. Comme par exemple quand il reçoit une vision de l’intérieur du coeur du hockeyeur.
Malgré le doute qui l’assaille au cours de cette histoire, Johnny ne se laisse pas influencer par ce qui est extérieur à ses visions, poussé par les paroles énoncées dans son rêve par sa défunte mère et qu’il revoit à la patinoire.

D’ailleurs, il est difficile de comprendre ce que vient faire la mère de Johnny dans cette intrigue. Est-ce une vision de Johnny ou un fantasme endormi puis réveillé. Est-elle une représentation plus concrète de la notion abstraite qu’est la conscience de Johnny ? Mystère, on nous laisse dans le flou. J’espère que par la suite, la série donnera une explication sinon on pourrait trouver ça un peu facile pour pousser Johnny à agir.


-  L’autre thématique qui se trouve entrelacée à la premier : cette histoire confronte les visions paranormales de notre héros à la médecine moderne. Un ennemi bien plus recherché que le nième criminelle, tueur, violeur, pédophiles dont nous abreuvent beaucoup d’autres séries. Toutefois, cette thématique du paranormal contre le cartésien n’en reste pas moins que trop peu originale. Dommage.


La scène finale montre Johnny assailli aussi bien par les questions des journalistes que part les visions qu’ils déclenchent en le touchant. On comprend dès lors... Johnny comprend dès lors, que ses visions l’empêcheront de reprendre une vie normale dans l’anonymat. Il se retrouve piégé par son don. Intéressant niveau de profondeur dans la définition du personnage. Cela contribue à relever le niveau d’ensemble de cet épisode.



III° Johnny et son entourage


Johnny tente de reprendre une vie normale dans cet épisode, fortement poussé par son coach et ami Bruce et par Sarah L’épisode focalise donc surtout sur Johnny et laissent les autres personnages très en retrait.


Sauf Dana Bright, la journaliste qui semble bien décidée à faire de Johnny son sujet d’article favori. Elle fouine d’abord du côté du Révérend Purdy pour sonder avec tout le cynisme qui la caractérise ses réactions face au soudain retour à la vie du fils de la femme dont il gère l’héritage. Purdy en profite pour demander à Dana de garder un œil pour lui sur Johnny ; un service dont il est certain qu’elle s’acquittera au nom d’un passé commun qui reste pour le moment non révélé. La série continue à jalonner le récit de pièces sur lesquelles elle ne manquera certainement pas de s’appuyer par la suite.


Dana tente ensuite sa chance auprès du proviseur du lycée puis de Sarah et même directement auprès de Johnny auquel elle propose même une collaboration pour ses articles. Bien sûr ils l’envoient tous gentiment balader. Pour le moment, ce personnage reste une déception car vraiment trop caricatural. On est toutefois intrigué par la dernière vision de Johnny où il se voit en plein ébat sexuel avec la journaliste. A savoir ce qui pourrait amener Johnny à ce moment.



A part ça entre Johnny et Sarah, les relations sont normalisées, enfin ils prétendent qu’elles le sont. On ressent entre eux une pointe de gêne teintée de nostalgie coupable (serait-ce pas justement la nostalgie qui provoque la gêne ?)


En tous cas, dans la famille Bannerman, Johnny n’est pas un sujet tabou qui aurait tendance à fermer comme une huître le shérif Walt. C’est ce que laissait présager l’épisode précédent. Cette orientation persistante en dehors des conventions reste appréciable.


Mais je le répète, l’entourage de Johnny reste en retrait dans cette histoire. Ces rares scènes périphériques à l’intrigue principale sont surtout prétexte à décocher quelques traits d’humour.


Un épisode assez long à se mettre en place, qui une fois lancé soulève quelques intéressantes questions sur le poids des visions face à la médecine moderne et la confiance que Johnny doit placer dans son don. Toutefois le traitement reste trop conventionnel pour susciter l’intérêt.
On préférera les moments où Johnny tente de reprendre une vie normale et découvre que cela lui sera impossible.