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1.05 - Unreasonable Doubt
Verdict. A votre avis...thaï ou italien ?
samedi 10 janvier 2004, par
Johnny est appelé à être juré dans le procès d’un jeune homme accusé du meurtre d’un commerçant. Il utilise ses pouvoirs pour découvrir les véritables faits et convaincre les onze autres jurés de l’innocence de l’accusé.
I° Johnny au service des autres
Johnny est convoqué pour être juré au cours d’un procès. Une vision lui indique que sa présence relèvera d’une certaine importance. Voilà un pré-générique qui attise la curiosité. Et c’est encore un nouveau contexte où voir évoluer Johnny et ses visions. Jusqu’à présent la série évite de se répéter et ça c’est déjà une belle réussite.
Toutefois avant que Johnny ne devienne juré, la question de sa recevabilité se pose naturellement du côté de la défense. En effet, il est désormais une célébrité dans la région depuis qu’il a aidé le shérif à mettre un tueur en série hors d’état de nuire grâce à ses visions. Finalement le juge valide la place de Johnny au sien du jury après l’avoir entendu. Et cela répond à l’une des attentes et interrogations qui pouvait trotter dans la tête durant le générique.
Ensuite l’épisode nous présente d’une façon rapide les points clés du procès d’un jeune noir accusé du meurtre d’un commerçant de supérette qui révèleront leur importance au moment des délibérations des jurés : le témoignage d’une cliente qui, après s’être enfui du magasin, a entendu des coups de feu, l’enregistrement de la vidéo de surveillance montrant une arme à la ceinture de l’accusé, l’avocat de la défense avançant que les coups de feu étaient en fait bouteilles se brisant sur le sol.
A partir de là, l’épisode se transforme en un huis-clos mettant en scène les délibérations des 12 jurés. Cette histoire est une revisite pleinement assumée d’un classique du cinéma américain des années 50 ; « DOUZE HOMMES EN COLERES » de Sidney Lumet, à la différence qu’ici le douzième juré possède des dons psychiques.
Lors du premier tour de table, ce douzième juré, Johnny donc, est le seul à voter ‘non coupable’ pour éviter au jury de prendre dans la précipitation une décision qui scellerait l’avenir de l’accusé. Il propose de revoir calmement les pièces à convictions et les témoignages. Bien sûr le ton monte entre lui et les onze autres pour lesquels la culpabilité ne souffre d’aucun doute. La tension est d’autant plus forte quand ils découvrent que c’est une vision qui a dicté le vote de Johnny
L’histoire présente une belle galerie de personnages dans les rôles des onze autres jurés. Bien sûr, pour être intéressants, ces personnages possèdent des caractéristiques marquées mais évitent de sombrer dans la caricature basique. Le panel est tout à fait réaliste. Quatre seront plus importants que d’autres dans l’histoire. On retrouve un élégant cinquantenaire handicapé en fauteuil roulant qui possède un frère en prison, un geek fan de Johnny et webmaster d’un site internet sur le paranormal, une jeune femme timide victime d’une agression par le passé et enfin un père de famille noir dont le jeune enfant a failli être tué au cours d’une fusillade entre gangs.
Ces personnages sont interprétés par une belle brochette d’acteurs que l’on a l’habitude de voir en guest ou parfois même en second rôle dans de nombreuses séries. Le plus connu en France reste certainement Jym Byrnes pour son rôle de Joe dans la série Highlander.
Toutefois on regrette que la VF ne rende pas justice à ces acteurs et fausse forcément la dynamique entre les personnages, un point primordial dans l’exercice de style que représente ce hui-clos. Un peu frustrant.
Hormis le juré webmaster, dans un premier temps tous sont incrédules devant le don de Johnny. Malgré ça, ce dernier réussit à les convaincre de revoir les preuves.
Après plusieurs visions, Johnny en vient à suspecter la présence d’une autre personne sur le lieu du crime. Cette conviction est confirmée lors du revisionnage de la vidéo du magasin qui révèle une ombre mouvante dans la glace de surveillance. Le doute raisonnable quant à la culpabilité de l’accusé est démontré.
Toutefois, deux jurés se refuse encore à voter ‘non coupable’ : la jeune femme timide et le père de famille noir. Johnny réussit à les faire changer d’avis en les confrontant à leur expérience traumatisante passée.
Ce dernier paragraphe de rend pas justice au script. Comment pourrait-il en être autrement quand ces quelques lignes résument près de 30min d’épisode ? Difficile de résumer une histoire qui consiste en une succession de discussion, débats, prise de positions et longues tirades. Si je devais rendre compte de tout cela ce que vous lisez là ressemblerait plus à un procès-verbal de greffier qu’à une critique de série TV ;).
Et pourtant, que tout ça est bien écrit avec le soucis du réalisme de la situation et des comportements humains. Si on pouvait avoir des réserves légitimes au début, au fil de la narration on oublie le côté « remake d’un grand classique » et on se surprend à suivre ces délibérations avec un vif intérêt.
Finalement, l’accusé est acquitté et mis en liberté mais le véritable coupable court toujours. L’épisode évite ici une conclusion politiquement correct pour offrir une alternative beaucoup plus rare à la télévision. L’histoire n’acquitte pas un accusé présenté comme un aragon de vertus, et tant qu’à faire blanc, mais un jeune délinquant noir. De plus, en ne concluant pas l’histoire sur la découverte du véritable coupable, l’épisode montre une justice américaine faillible et impuissante. Ces deux points sont déjà des choses que l’on voit pas si souvent dans des séries judiciaires (à l’exception de l’excellente « Law and Order » (NY District/ NY Police Judiciaire) ) alors dans une série qui n’appartient pas à ce genre, c’est encore plus rare.
II° Johnny et ses visions
Dans cet épisode, plus que dans les précédents, on peut voir le don de Johnny comme le donneur dans une partie de black-jack.
Le don distribue les visions comme on distribue les cartes. A Johnny ensuite de s’en servir correctement pour atteindre le but que son don lui suggère d’atteindre, comme mue par une volonté propre (Au passage, cette volonté propre qui utilise Johnny plus que lui même n’utilise son don est un aspect intéressant et j’espère que la série continuera à explorer ce point).
D’abord il y a les visions que Johnny reçoit à propos de certains membres du jury. Elles révèlent au héros, à la fois, le contexte émotionnel qui motive leur décision, et leurs faiblesses qu’il peut utiliser pour les faire plier à son point de vue.
Premièrement, il apprend que le frère de l’homme au fauteuil roulant à un frère en prison et il utilise cette donnée pour le convaincre de prendre du temps dans les délibérations. Ensuite il réussit à changer la voix de la jeune femme timide en usant de la vision de son agression qui a eu plus tôt dans l’épisode. Il lui montre que ce n’est pas l’agression de la cliente un peu similaire à la sienne qu’elle doit juger mais le meurtre du commerçant. Et enfin en apprenant que le fils du père de famille noir a failli mourir dans une fusillade, il lui rappelle que ce n’est pas le coupable du tireur de son fils qu’il juge Notez bien 3 cas différents qui montrent que les expériences passées peuvent influencer les décisions présentes. La thématique principale de cet épisode.
Ensuite, on trouve un autre groupe de visions : celles en relations avec le crime. Elles consistent en la reconstitution d’un puzzle dont les pièces sont les différents points de vue des acteurs de l’événement dramatique. Dans ses visions, Johnny prend successivement la place du petit vieux à l’extérieur, du véritable tueur, du vendeur, de l’accusé pour réussir à reconstituer les faits véritables.
La construction et la mise en scène de cette reconstitution sont vraiment très bien faites. On peut admirer dans ces scènes de visions la performance de Anthony Michael Hall, des plans recherchés et des effets spéciaux de toute beauté (l’effet visuel de la balle qui sort du flingue est presque aussi impressionnante que dans Matrix).
III° Johnny et son entourage
Les autres personnages brillent par leur absence (à part Bruce au tout début). Donc rien à dire... à part une petite chose.
Rare sont les séries qui se libèrent ainsi de leurs personnages secondaires. De temps en temps cela peut même être salutaire quand on veut raconter l’histoire qui nous tient à cœur. C’est mieux que de la raconter en insérant artificiellement les personnages dans l’intrigue pour au final un résultat bancal. Donc choix courageux et judicieux à la fois.
A part ça ben...rien.
Cette histoire en huis-clos d’un juré qui tente de rallier les 11 autres à son jugement est un grand classique depuis le film US « Douze Hommes en colère ». Avec un héros aux pouvoirs psychiques, Dead Zone redonne un coup de fraîcheur à l’exercice de style grâce à un scénario maîtrisé et à un A.M Hall très convaincant.
On appréciera également le choix pris de présenté un accusé et une conclusion éloignés des clichés du politiquement correct américain, ainsi que la belle brochette de personnages et d’acteurs dans le rôle des jurés même si on regrettera une VF qui fausse la dynamique de ce huis-clos.
Le meilleur épisode de la série jusqu’à présent.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires