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1.08 - Netherworld

Ici, là-bas ou nulle part...

samedi 17 janvier 2004, par Le Trekker Greg

Dead Zone brise son format pour offrir une histoire de réalité alternative au cours de laquelle le téléspectateur se demande ce qu’il peut bien se passer. Et l’épisode est une franche réussite.


Il s’ouvre sur le réveil de Johnny. Tout de suite, il se rend compte que quelque chose cloche... nous aussi. D’abord il constate que quelqu’un a dormi a côté de lui puis il entend Sarah l’appeler pour le petit-déjeuner. Plus de canne près de son lit, il n’en a plus besoin puisqu’il n’a plus de douleur dans la jambe. Une nuisette sur un fauteuil puis le Petit Johnny passe devant la caméra en lançant un "Bonjour papa" qui laisse notre héro sans voix. Générique. Une introduction aussi cocasse qu’intriguante qui donne tout de suite le ton. On a vite envi de voir la suite pour comprendre ce délire. Le téléspectateur est au même niveau qu’un Johnny médusé.


On enchaîne sur une séquence savoureuse dans la cuisine où Johnny s’évertue à comprendre ce qu’il se passe. Pour Sarah et le Petit Johnny la situation semble pourtant tout à fait normale. Et il n’est pas au bout de ses surprises quand il découvre que Sarah et lui ont un autre enfant. Débarque alors Walt venu le chercher pour se rendre au centre commercial pour une inspection de sécurité avant une fête des écoles qui s’y tiendra, Johnny faisant parti du comité des fêtes. Avant de partir, Johnny retourne s’allonger dans son lit, téléphone à Bruce qui ne le connait pas puis finit par prendre une bonne douche froide. Maintenant c’est sûr il ne rêve pas.


Le voilà bien avancer ! Si c’est pas un rêve alors se doit être une vision qui se manifeste d’une façon peu commune. Mais pourquoi ? Pourquoi lui faire vivre une réalité que son accident a rendu inaccessible. La suite parsème l’histoire d’indices qui permettront à Johnny comme aux téléspectateurs de comprendre la raison de cette illusion. Que cherche à lui montrer sa Dead Zone ?


D’abord au centre commercial, Johnny est pris d’une violente migraine au pied de l’escalator (premier signal). Walt l’accompagne pour une consultation à l’hopital. Il y apprend que son cerveau ne possède aucune séquelle d’un traumatisme passé. Il revoit aussi Elaine, l’infirmière qui s’occupait de lui quand il était dans le coma, mais elle ne le reconnait pas et elle a bien perdu son enfant dans l’incendie que Johnny était sensé avoir prévenu. Il semble donc bien qu’il se trouve dans une réalité alternative où il n’a pas eu son terrible accident qui l’a plongé dans le coma pendant 6 ans. Certainement une vie que notre héro ne cesse de regretter et qu’il regrettera certainement longtemps.


En quittant l’hôpital avec Walt, Johnny croise un individu en fauteuil roulant défiguré par des cicatrices de brûlures graves (deuxième signal). A priori pas de quoi s’en étonner, on est dans un hôpital. Toutefois cela perturbe Johnny...et ce n’est pas la dernière fois qu’il croisera un visage mutilé.


Walt dépose Johnny à l’hotel de ville pour sa réunion. Notez la dévanture d’un magazin en arrière plan où l’on peut lire "Fire Sales" (troisième signal). A son plus grand étonnement et à sa plus grande joie, Johnny trouve sa mère, bien vivante, dans son bureau, venue lui demander d’annuler sa fête d’anniversaire prévue le soir. Johnny refuse d’annuler une fête qui se transforme pour lui en célébration de la vie de sa mère.


Au cours de la réunion du comité, que Johnny assure comme il peut, il voit passer les camions des pompiers, sirènes hurlantes (quatrième signal). Ensuite en sortant de l’hotel de ville, Johnny croise à nouveau un homme au visage brulé, pas le même qu’à l’hôpital (répétition du premier signal) et provoque une nouvelle fois le frisson chez notre héro alors qu’il entend un signal sonore semblable à ceux que font les camions qui sont en marche arrière (signal zéro)
Et oui on entend déjà ce bruit distinctif au tout début de l’épisode qui se révèle être en fait le bruit du réveil de Johnny. Tout ça pour dire que ce script est vraiment très subtilement écrit. Et des signaux il y en a d’autres, c’est pas fini. Encore faut-il que Johnny arrive à les associer puis les décoder.


Deux séquences un peu gnangnan sur les bords. Arrive la première quand Johnny de retour à la maison essaie d’expliquer à Sarah que tout ce qui l’entoure n’est pas réel mais seulement une vision. Gangan "Johnny sent comme mon coeur bat" gnagna "Johnny je suis réel" Gnagna. Bon c’est bien interprété par les deux acteurs (si on oublie la VF) mais c’est guimauve quand même. S’ensuit une scène d’amour entre Johnny et Sarah et au moment de la jouissance (on devine hein ! :D) Johnny entend au loin le bruit des sirènes de pompiers (répétition du quatrième signal), bravo la métaphore douteuse ;)


Heureusement en enchaîne rapidement avec la génialisime séquence de la fête d’anniversaire. On peut parler de séquence centrale car c’est à sa fin que débute l’effondrement de l’illusion quand son cerveau commence, on le devine, à décrypter les signaux que sa vision lui envoie au travers de cette "réalité fantasmée".

D’abord notez la couleurs des ballons : rouge, orange, violet, jaune : des couleurs de feu. (cinquième signal) Ironiquement, au cours de cette petite fête, Sarah donne à Walt quelques tuyaux pour trouver une fille. Johnny repère parmi les invités Elaine l’infirmière alors qu’elle n’est pas sensée être là (c’est même un autre signal puisque ce personnage est lié à l’élément du feu -voir l’épisode pilote). Puis quand vient le traditionnel "Happy Birthday" Johnny remarque que tous les invités inconnus ont des cicatrices de brûlures au visage. Soudainement la pièce se retrouve en feu. Il essaie d’aggriper Sarah mais passe à travers. L’illusion est brûlée par les flammes. Moi j’appelle ça une scène d’anthologie tout à fait dans la veine de Stephen King.


Retour à l’instant zéro pour Johnny, c’est à dire au moment où il est sensé sortir du coma (avec le même dessin animé avec la roue de la fortune). Puis il revient à la réalité. Il est allongé parterre dans le centre commercial de sa vision avec Bruce à ses côté qui lui annonce avoir perdu connaissance pendant un instant. Mais Johnny ne sait plus si c’est bien la réalité ou non, s’il est sorti du coma ou toujours dans son lit d’hôpital. Bruce l’y emmène. Notre héro se rue dans la pièce où il a passé son coma et se voit allongé dans le lit, 5 ans auparavant.

Et non Johnny n’est pas encore revenu à la réalité. Il y arrive quand il se secoue lui-même.

Ca y est Johnny est bien dans le monde réel...


Il reconnait autour de lui les personnes qu’il a vues dans "son autre vie", les visages brûlés. Et l’y revoilà aspiré quand l’un d’eux l’aide à se relever. L’occasion pour Johnny de découvrir précisemment la cause de la catastrophe qui est sur le point de se produire. Une catastrophe si soudaine et dévastatrice que la vision de cet événement a fait tourner de l’oeil Johnny. Cette vision s’est donc mélé à la vie qu’il aurait tant désiré et que son inconscient à imaginer pendant sa brève perte de connaissance.


Ensuite, seconde séquence guimauve de l’épisode avec l’adieu à sa Sarah et à ses enfants fantasmés. On aurait pu éviter. Du coup on passe juste à côté de l’épisode parfait.


Johnny se retrouve ensuite avec Walt au centre commercial à la recherche d’un indice que Johnny pourrait ramener dans la réalité pour l’aider à prévenir la catastrophe imminente. Soudain il remarque ce fameux bruit caractéristique d’un véhicule en marche arrière qu’il entend depuis le début de son rêve. Il se précipite vers le bruit juste à temps pour voir la cause de l’explosion qui dévastera le centre commercial : sur une échelle, un ouvrier travaille chalumeau allumé, en dessous des bombones de gaz inflammable, un petit véhicule de transporte en marche arrière ébréche une bonbone. C’est l’explosion qui dévaste tout. Visuellement très impressionnant.


Retour à la réalité pour Johnny qui réussit à prevenir l’homme au chalumeau à temps. Le drame est évité. Johnny reprend sa vie qu’il voudrait tant autrement...


Un scénario remarquablement construit qui entretient un mystère qui révèle sa solution que dans les toutes dernières minutes et qui n’oublier pas de profiter de la situation pour offrir quelques séquences bien amusantes.
Avec cet épisode, la série continue à explorer la psychologie de son personnage principal et nous démontre à quel point le don de Johnny peut être lourd à porter.
Quelques scènes guimauves empêchent la note parfaite mais de très peu.
Le meilleur épisode jusqu’à présent.