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5.11 - Kill Switch
Mulder, le vrai Neo
Clic Mortel
mardi 9 mars 2004, par
Hey ! Bonjour à vous, chers lecteurs. Venez donc découvrir avec moi le monde merveilleux de l’informatique.
I’ll be damned ! A l’époque je voulais absolument que cet épisode ait des développements par le futur. C’était quand j’étais encore intéressé par l’informatique sans pouvoir pratiquer, avant que je ne m’engage dans ces études et que je sois désabusé en me demandant si je ne me suis pas tompé de voie... Trêve de plaisanterie, c’était juste pour parler de moi (c’est mon côté narcissique qui ressort), mais en fait cet épisode est le deuxième de la série à traiter d’intelligence artificielle, qui est l’un des plus grands fantasmes de l’homme au même titre que la conquête de l’espace.
Je ne vais pas vous faire un grand topo sur cet épisode. En effet, cet épisode touche donc à l’intelligence artificielle, mais en même temps c’est l’occasion de faire un petit exercice de style sur mouvement littéraire fondé il n’y pas si longtemps que ça (en 1984 par William Gibson pour être précis) : le cyberpunk, même si le scénario ne reprend pas toutes les idées du genre on en retrouve certaines . Et comme vous le savez, le monde se divise en deux catégories : ceux qui aiment Matrix (et qui vont ici) et ceux qui crachent sur ces trois films complètement débiles (et qui vont là).
Ici
Ouaaaaaaaaaaaaaaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiisssssssssssss !!!!!! Matrix c’est trop d’la bombe ! Comment je kiffe trop, ça déchire sa mère grave ! Vous êtes donc ici parce que le cyberpunk vous passionne. Et d’un autre côté vous avez raison, c’est un univers tellement riche (il n’y a qu’à lire les Shadowrun pour s’en persuader). Et vous avez aimé cet épisode puisque qu’il nous embarque dans un délire du genre. En gros, vous pensez comme ceci (c’est le carré magique) :
Le teaser
Le coup de l’IA qui passe un coup de fil à plusieurs leaders pour les mener au bar dans lequel se trouve son créateur qui essaye de la détruire en lui inoculant un virus nommé Kill Switch ; et qui en même temps met la police sur le coup, c’est vraiment très bon. Cette IA est vraiment très intelligente, car son but caché est que le pauvre Donald Gelman (un pionnier de l’informatique qui aurait écrit des programmes pour le net avant même que celui-ci ne soit développé) se retrouve entre deux feux et se fasse éliminer. Le monde sera bientôt à la botte des machines !
Invisigoth
Son look punk (donc là on se rend compte que les influences de cet épisode sont assumées car montrées explicitement) correspond bien à l’ambiance (et accessoirement, elle a la classe comme ça). En plus elle se démerde comme une grande en informatique et c’est cool (elle renvoie même au placard les Lone Gunmen qui paraissent carrément pour des minables à côté. La classe tout simplement.
Matrix avant l’heure
Avant que ce film révolutionnaire à bien des égards (et là je déconne pas, je le pense vraiment, et j’assume complètement) ne débarque en grande pompe sur le grand écran, nous avions donc eu droit à une mini-preview dans cet épisode. Le passage où Mulder se retrouve coincé dans la caravane (abri construit pas l’IA) et se retrouve à l’intérieur de la matrice est superbe. Le délire concernant son interrogatoire pour savoir qui détient le Kill Switch est hallucinant, et la scène où il se rend compte qu’on vient de lui couper son deuxième bras est jouée de manière incroyable par Duchovny. On trouve même son compte avec Scully qui fout une dérouillée monumentale à l’infirmière qui chouchoute Mulder, ce qui souligne les capacités extraordinaires développées dans cet environnement virtuel car elle est libérée de toute contrainte physique. C’est du tout bon ça, dommage que ça ne dure pas longtemps. Arf, on a même un petit bug de la matrice. ;)
Esprit es-tu là ?
Non non, ce n’est pas une histoire de fantômes. Invisigoth (dont le vrai nom est Estern Nairn, mais je m’en fiche car on ne s’occupe que des pseudos dans le cyberpunk) dévoile qu’elle et David Markham (son amant) avaient projeté de transférer leurs consciences dans le système sans en parler à Gelman, afin de s’unir pour l’éternité. Cela marque le désir d’immortalité de l’homme en se libérant ici de toute contrainte physique.
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Là
Vous trouvez que Matrix est navrant de bêtise, que ce n’est pas du tout réaliste (mais d’un autre côté c’est pas du tout le but), et que c’est un film inintéressant qui ne propose aucune réflexion : c’est juste bourrin. C’est votre choix, que vous l’assumiez ou le regrettiez. En tout cas, ça veut dire que vous pensez ça :
Le prégénérique
Pfffff ! Les scénaristes pensaient vraiment me faire gober tout ça ? C’est du grand n’importe quoi cette prétendue intelligence artificielle qui passe des coups de fil à tout bout de champ ! Le jour où on verra ça sérieux... C’est vraiment dramatique d’halluciner comme ça, en plus ça ne cadre pas du tout avec la série... Et d’où elle les connaît en plus les dealers ? Elle a accès à tous les fichiers de la police comme ça ? J’y crois pas une seule seconde.
Estern Nairn
Elle est affreuse, son look est abominable, c’est vraiment caricatural. Attendez, je veux bien qu’on fasse dans le punk, mais faut pas abuser non plus hein. Dans Matrix, les héros du film sont habillés de longues vestes noires, c’est pas du tout pareil et pourtant c’est du cyberpunk. Alors, hein...
La caravane de l’étrange
Euh...... C’est comme Matrix, c’est totalement débile ce passage ! Déjà on se doute de trop qu’il est pas dans la réalité, en plus Scully qui se bat mieux que Buffy c’est vraiment surréaliste. Bon d’accord, Duchonvy joue bien (même très bien) quand il découvre qu’il n’a plus de bras, mais ça s’arrête là. Ca ne tient vraiment pas debout cette histoire d’intelligence artificielle qui sait ce qui se passe dans le monde réel et qui interroge Mulder pour savoir où se trouve le Kill Switch.
Ca me saoûle
Note du rédacteur : saoûle -> soul -> âme -> conscience.
Disons que cette histoire de transférer la conscience dans la machine, je trouve ça vraiment trop gros, et une fois de plus je n’y crois pas une seule seconde. Bref, un épisode qui ne cadre vraiment pas avec la série !
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La suite
Malheureusement pour certains (et les autres en seront heureux), je fais partie de la première catégorie. Un bon exercice de style sur le cyberpunk qui est un univers fascinant pour peu qu’on ait vraiment le temps de se plonger dedans (actuellement ce n’est pas le cas pour moi mais je ne demande qu’à m’y remettre). Et il ne trahit pas l’esprit de ce courant littéraire, puisque c’est justement William Gibson himself, assisté de Tom Maddox (un autre pilier fondateur du genre), qui a écrit l’épisode. C’est donc pour cela que tous les éléments d’un bon roman/film/épisode de cyberpunk sont réunis comme je l’ai déjà dit, et surtout l’idée sur laquelle se repose ce genre : la matrice. En quelques minutes de l’épisode, tous les concepts du cyberpunk sont exposés (de manière implicite ou explicite), excepté le phénomène de manipulation des masses par les machines. On ne se fout donc vraiment pas de la gueule des fans du genre. D’ailleurs, je me demande si cet épisode n’a pas été fait exprès pour eux, car il faut connaître cet univers pour bien être dans l’histoire. Si ce n’est pas le cas, on doit faire un effort de compréhension supplémentaire, et on se pose trop de questions (ça a d’ailleurs été le problème de Matrix).
C’est une bonne occasion aussi de réfléchir sur ce fantasme de l’homme. Pourquoi vouloir à tout prix se débarasser de son enveloppe charnelle ? Parce qu’elle nous empêche d’utiliser notre esprit au maximum de ses possibilités. Le plus gros problème de notre espèce, c’est que nous sommes beaucoup trop évolués et beaucoup trop intelligents. Nous nous posons des milliers de questions qui nous compliquent la vie, autres que le simple manger/dormir/se reproduire avec lequel fonctionnent les animaux. C’est là qu’entre en jeu la machine, qui est programmée pour faire telle ou telle chose et qui ne fait rien d’autre. Elle n’a pas besoin de se nourrir, de dormir, d’aller aux toilettes, et il n’y a pas cette question de pression sanguine qui préfère privilégier un endroit plutôt qu’un autre à certains moments chez les mâles. Ce serait là la solution de l’homme : pouvoir transférer sa conscience en tant qu’intelligence artificielle dans un système donné et ainsi être libéré de toutes les contraintes physiques que nous imposent notre corps. Evidemment, je ne dis pas que je partage ce fantasme, mais il faut bien reconnaître que ce sujet exerce une certaine fascination.
Au niveau de l’épisode, je rajouterais qu’on a enfin la chance d’apercevoir la (vilaine) chambre des Lone Gunmen, que Scully est toujours aussi sceptique (d’ailleurs à l’air narquois qu’elle a quand on lui expose les théories de l’intelligence artificielle, je me demande si elle n’est pas encore plus sceptique que quand Mulder lui parle des petits hommes verts), et que la scène de l’interrogatoire de Mulder est culte pour moi.
Voili voilou.
Un épisode à réserver aux initiés du cyberpunk. Si c’est le cas, alors on passe un bon moment car ce sont deux des piliers du genre qui régalent avec un esprit assez fidèle au genre à la clé. Si ce n’est pas le cas, il n’est pas évident de faire l’effort de rentrer dedans et on peut réagir comme Scully. Moi, je suis dedans, et c’est top cool.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires