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3.13 - I’m sorry, I’m lost
Life Vs. Death
La Vie N’attend Pas
dimanche 11 juillet 2004, par
"Life doesn’t stop. We didn’t die. We have this precious gift of life and it’s so terribly fleeting. And that’s precisely why it’s so important to keep on living to not give up hope."
Excellent season finale. Très joli. Cet épisode est finalement un hymne à la vie, à l’espoir, à la responsabilité de tout un chacun et au contrôle plus ou moins vaste des choses que l’on possède et que l’on peut utiliser, à la bonne volonté de l’homme. Car chaque individu, dans une large mesure, est responsable de ce qu’il lui arrive et surtout de son malheur.
Bien sûr, le cas le plus approprié concerne ici Nathaniel Fisher Jr.
Comme présenti dans l’épisode précédent, il pète complètement les plombs. Il sort à 4h30 du matin en laissant sa fille seule, à se passer et repasser ses moments avant la disparition de Lisa à la manière du remord qui lui ronge l’esprit, s’oppose ouvertement au mariage de sa mère (il a le droit bien entendu, mais c’est la manière dont il l’exprime qui pose problème), manque ouvertement de respect à un client avant de le foutre à la porte, force presque Claire à garder Maya pour qu’il puisse aller picoler au bar avant une partie de jambes en l’air avec une inconnue, gueule quelques énormités à sa mère en employant une dizaine de fois "fucking" en quelques minutes, et en vient aux poings à cause d’un casse-couilles de match boy.
Nate était à deux doigts de se suicider mais finalement l’espoir de jours meilleurs, l’envie de vivre ("I don’t wanna die" répété plusieurs fois) malgré tous les morts qu’il a vu cotoyer par le biais de sa profession, et l’amour qu’il a pour Brenda le pousse à ne pas commettre l’acte irréparable.
Brenda qui était un trouble dans la vie de couple de Nate jusque là est désormais un soutien de taille, presque une raison de vivre, un sauveur en quelque sorte. De son côté, elle se remet à flirter. Malgré tous les déceptions par lesquelles elle est passée (séparation d’avec Nate, mort de son père, attitude de son frangin, sans oublier les changements incessants de domicile qui ne facilitent pas la stabilité de l’esprit), Brenda reprend goût à la vie. Et finalement, les aléas de cette "chienne de vie" font qu’elle a le champ libre pour se racheter auprès de son cher Nate.
Du côté de chez David, il ravale son honneur et décide d’appeler Keith, d’arranger les choses, de forcer un peu la bienséance pour le bien de tous. Et comme pour souligner le pouvoir d’un individu à contrôler son monde, la discussion entre David et Keith qui est une sorte de discussion thérapeuthique ne se déroule pas devant une tierce personne tel le psy comme c’était le cas jusque là mais à l’Eglise sur fond de "And forgive us our trespasses as we forgive those who trespass against us."
En parlant de contrôle, Federico en a fait preuve. Au-delà du fait qu’il accepte cette connasse d’Angelica (là, c’est moi qui manque de contrôle :p) à son domicile ce qu’il lui donne "l’impression d’avoir une femme à deux têtes", Rico, malgré la tension présente chez lui et au boulot, ne tombe pas dans la facilité lorsqu’il se fait accoster par une danseuse, refuse de faire d’elle sa maîtresse et coupe court à la situation en lui montrant son alliance.
Mais la série ne tombe pas dans la dichotomie. Tout n’est pas blanc ou noir d’un côté. Chaque mort entraîne une vie. Chaque vie entraîne une mort. La vie et la mort sont complémentaires, connectées.
Claire ne peut s’empêcher de penser à l’enfant qu’elle aurait eu. Chaque moment passé à garder la fille de son frère est un moment difficile, pénible. Tout du moins, en début d’épisode. Le moment clé est celui où elle regarde la télé et que Nate vient lui passer Maya. Elle se retrouve alors face à face avec elle, et avec elle-même, avec sur fond de (on TV) "Maybe when it comes to forgiving, you need to start with yourself". S’ensuit alors la séquence où elle va visiter la tombe de son père, rencontre Gabriel (joué par l’acteur Eric Balfour), son ex, puis Lisa qui est définitivement morte ainsi qu’un bébé, son bébé. Au départ, elle est émue, très émue. Elle pleure à chaudes larmes durant le mariage de sa mère, et le fait de porter Maya sur ses genoux n’arrange pas les choses.
Mais elle se ressaisit. Et là où elle évitait d’approcher Maya et encore moins de la garder comme pour ne plus penser à l’avortement pratiqué, on la voit jouer, danser, bouger avec le bébé.
Mais dans le fond, l’un des plus grands changements de personnalité est observable chez le personnage de Ruth. Durant des années de mariage, elle a vécu pour son mari, ses enfants, sa famille, se privant de vivre, s’amuser comme elle aime à utiliser ces termes désormais. Elle n’agit plus simplement et uniquement en fonction de ce que pensent ses enfants, mais d’abord par rapport à son intérêt propre et de tout ce qui peut lui apporter du bonheur, en assumant les conséquences.
Bien que Lisa soit toujours portée disparue, elle décide de se marier, et ce, malgré la réticence prononcée de ses enfants avec en tête d’affiche, l’aîné. Mais surtout, elle ne regarde plus derrière elle. Tout est symbolisé par cette scène où elle voit son défunt mari pleurer alors qu’un mort par nature demeure silencieux. Et Ruth qui ne dit pas un mot, alors qu’un vivant, de par sa nature, communique.
Il s’agit donc là d’un très joli dernier épisode qui peut s’apparenter à une fin de trilogie. Cette saison 3 a commencé un peu plus lentement que les deux précédentes saisons mais a terminé avec des épisodes de toute beauté où le pessimisme et la vision très sombre des choses prédominaient avant finalement de faire rejaillir ce rayon de soleil, symbole de l’espoir inhérent à chaque humain, inhérent à la vie en toute fin de saison.
Je mets 9,5/10 mais apparemment les demi-points ne peuvent pas être pris en compte.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires