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3.04 - Cold Hard Truth

La Vérité est ailleurs

lundi 14 février 2005, par Sygbab

Ou comment bouleverser l’odre établi dans une série.

Si cet épisode est plus mineur que les précédents, il entraîne toutefois un sacré changement qui va influer sur les relations entre les personnages par la suite. Oui, car Junior apprend enfin que son père biologique n’est autre que Johnny. Du coup, nous n’aurons plus droit au "My son doesn’t know who I am" dans le pré-teaser, quelle tristesse. Il va falloir s’habituer au changement, tout comme devront le faire la famille Bannerman et Johnny. Et pourtant, le début de l’épisode ne laissait pas présager un tel dénouement.

En effet, difficile de le deviner quand Johnny se rend au siège de la station de la radio très énervé contre Jéricho, qui ne cesse de s’attaquer à lui depuis son arrestation pour le meurtre de Rachel Caldwell. Un animateur vraiment très antipathique qui sévit sur les ondes et qui n’hésite pas à dire la dure et froide vérité (cold hard truth, d’où le titre VO de l’épisode). Tout y passe : la poste, les motards, les bénévoles pour les associations de bienfaisance... Le genre de personnage à qui on a envie de donner des claques. Et ce qui est intéressant c’est que Johnny l’aide alors qu’il ne le porte pas dans son coeur au vu de l’animosité que Jéricho possède envers lui. Une fois de plus Johnny prend son rôle très au sérieux, car rien ne l’obligeait à protéger un type aussi affreux. Ca donne lieu à une confrontation très sympathique entre les deux dans la maison de Johnny, où Jéricho appuie bien là où ça fait mal : si Johnny essaie autant d’aider les gens, c’est parce qu’il se sent seul et que sans ça il ne serait pas grand chose car il est devenu un paria de la société. Un retour agréable à l’un des thèmes principaux de la série qui est la difficulté de s’insérer dans la société d’aujourd’hui quand on est différent.

Mais ses paroles ont d’autres répercussions plutôt inattendues mais plutôt logiques. Ses propos faisant presque passer Walt pour un incapable qui ne saurait plus résoudre d’enquête sans Johnny (petite mise en abîme c’est aussi ce que le téléspectateur peut penser ; les scénaristes sont donc bien conscients des petits défauts de la série et en jouent, ce qui est très bien vu) et insinuant une liaison entre ce dernier et Sara car ils étaient fiancés avant ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. C’est pour cela que Junior se bat avec d’autres enfants à l’école car ces derniers se sont moqués de lui. Cette astuce permet d’intégrer Junior à part entière dans l’histoire, et oblige Sara et Johnny à prendre une décision : leur fils ne doit absolument pas apprendre qui est son père biologique par la radio. Ce qui entraîne une scène finale très émouvante - superbement écrite, réalisée et interprétée (je ne le dirais jamais assez mais les acteurs de Dead Zone sont impeccables), après être passé par une scène d’explication drôle dans un premier temps ("je sens que ça va barder", en référence au fait que Junior se soit battu), et dramatique dans un deuxième quand il refuse la vérité.

En parlant d’humour, cet épisode possède quelques petits passages qui font sourire. Outre la réplique de Junior déjà citée, on notera la tête effarée de ce dernier quand il s’aperçoit qu’il fait la même chose que Johnny avec son genou quand ils sont assis côte-à-côte à l’école en attendant le retour de Sara et Walt, Bruce qui se plaint car Johnny ne lui avait pas dit qu’il avait vu dans sa vision qu’il se prendrait un coup de poing, ou encore le laïus de Sara à la fin qui fait écho à celui de Johnny et qui pris au second degré est assez drôle : "ton père t’aime énormément et ça rien ne pourra jamais le changer.". Il y a aussi un comique de répétition qui traîne tout au long de l’épisode : à chaque fois que quelqu’un lui demande ce qu’il fait avec son ami (à propos de Jéricho), Johnny répond que c’est une longue histoire, et n’oublie pas de rajouter pour se justifier qu’il n’est pas son ami. Un petit peu de légèreté donc, alors que le thème de l’épisode n’est pas franchement réjouissant.

Comment gérer la culpabilité qui suit la perte d’un enfant ?

Bah oui, c’est ça le thème de l’épisode. Et le titre c’est pour faire genre ma critique est superbement construite. Bon, j’avoue, c’est pour sortir un peu du cadre de la review et pour faire preuve de mon légendaire humour pas drôle. Je sais, je suis irrécupérable, mais quand je suis sérieux ça peut encore aller non ? Enfin bref, continuons.

Vers la fin de l’épisode Johnny se rend compte que deux visions se sont mélangées en une seule et qu’il n’a en fait pas vu tomber Jéricho mais son fils Aaron. Un accident tragique dont Jack prend sur lui l’entière responsabilité et qui est à l’origine du divorce avec sa femme à cause de leur manque de communication à propos de cet événement qui a bouleversé leurs vies (ce n’est pas dit explicitement mais c’est fortement suggéré). D’un seul coup, le comportement de Jack prend tout son sens, et donne un nouvel éclairage à quelques scènes, dont une dans la voiture de Walt. Ce dernier vient chercher Johnny car Junior a disparu, et dit s’en vouloir car il auraot dû être là. L’expression de Jack à ce moment-là montre qu’il fait le parallèle avec son fils. Des indices nous étaient donc adressés.

La douleur de Jack est intense car il ne se passe pas un seul jour sans qu’il repense à ce qui s’est passé. Il a porté ce fardeau pendant une dizaine d’années, un véritable calvaire qui l’a détaché de tout et qui l’a amené à se faire détester des autres. Toutes ces lettres de haine qu’il reçoit, il ne les a jamais jetées, car il ne pense pas mériter d’être aimer alors qu’il n’a pas pu, pas su aider son fils, qu’il aurait dû ne jamais commettre une telle erreur. Mais la fin de l’épisode lui redonne l’espoir, quand sa femme lui téléphone ; c’est un soulagement pour lui de savoir qu’elle ne le tient pas pour responsable. Et si la solution dans de tels drames était déjà d’en parler, de ne pas se renfermer sur soi ?

Pour finir, contrairement à d’habitude l’aide est mutuelle dans cet épisode car si Johnny sauve la vie de Jéricho et la lui rend meilleure, ce dernier n’est pas en reste en lui faisant comprendre qu’il sait ce que c’est que de perdre un fils, mais que Johnny n’a pas perdu le sien pour toujours et qu’il est encore temps d’y remédier. Si Johnny et Sara avaient décidé qu’il fallait révéler ce secret à Junior, c’est en tout cas l’élément qui accélère les choses.


Un bon épisode qui possède un personnage bien campé en la personne de Jack Jéricho qui ne se contente pas de subir les évènements, qui aborde avec sensibilité le sentiment de culpabilité des parents après la perte d’un enfant, et qui résout une storyline qui courait depuis le début de la série.