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3.06 - No Questions Asked
Best Friend Ever
lundi 28 février 2005, par
Walt est un gars bien. Mais quand on découvre son passé, bah c’est pas terrible. Pour lui et l’épisode.
Voilà un épisode par lequel il ne vaut mieux pas commencer la série, auquel cas on aurait vite fait de la ranger au placard, ce qui serait bien dommage. Oui, Dead Zone est une bonne série, mais il y a parfois des couacs qui donnent lieu à des épisodes franchement pas terribles. Pourtant, le sujet était assez intéressant et aurait pu donner quelque chose de sympa, jugez-en plutôt :
On donne enfin un background à Walt qui, s’il évolue au travers de ses relations avec Johnny auquel il fait maintenant totalement confiance et avec Sara avec laquelle il était en froid depuis quelques épisodes, reste tout de même le shérif droit, honnête et juste et quasiment irréprochable.
On tente d’explorer les relations amicales qui tournent mal et qui laissent des traces indélébiles.
On nous explique qu’il faut savoir tirer un trait sur le passé dans un couple car c’est en se tournant vers l’avenir et non en regardant derrière soi que l’on va de l’avant, ce qui est tout à fait logique.
On parle des difficultés de se réinsérer dans la société après une peine de prison.
On se penche sur les problèmes qu’engendrent les visions de Johnny car ses amis finissent par se sentir oppressés du fait qu’à cause de son don il se mêle dans leur vie et veut à tout prix les aider à résoudre leurs problèmes alors qu’ils se débrouillaient très bien avant qu’il n’arrive.
A lire comme ça, celui qui n’a pas vu l’épisode pourrait se dire "mais pourquoi donc le reviewer dit que cet épisode n’est pas génial ? Il y a pourtant de la matière, le programme est alléchant". Mais en fait non, car le scénario est bourré d’incohérences. La première, et la plus grosse, c’est l’attitude de Walt : il ne voulait pas de l’aide de Johnny parce qu’il avait peur que ce dernier voie son passé, puis il accepte l’aide du médium en lui demandant de ne pas poser de questions sur ce qu’il verra mais s’offusque presque tout le temps de ce que Johnny découvre, puis ensuite renvoie Johnny chez lui parce qu’il aimerait bien ne plus subir la pression de Johnny et régler ses problèmes seuls. Bref, il ne sait pas ce qu’il veut et ça le rend lourd et tête à claques : pas du tout dans l’esprit du personnage, même s’il est perturbé par cette histoire. La deuxième, dans le même ordre d’idée, c’est que Walt dit que Jérémy aurait dû être shérif à sa place presque sur le ton de l’admiration alors qu’il sait très bien que c’était un pourri... Et s’il n’y avait que ces incohérences, ça irait encore, mais l’histoire alambiquée du passé de Walt laisse un goût très amer.
Il avait donc deux amis d’enfance, Jérémy et Franckie, le premier ayant une petie amie nommée Allison. Les trois étaient inséparables, c’était à la vie à la mort. En revenant de la guerre du Golfe, Walt est entré dans la police grâce à Jérémy, qui était en fait un fric ripoux. Franckie quant à lui était un dealer. Un soir, Jérémy accuse Franckie de coucher avec sa femme et se fait tuer accidentellement. Walt - qui est en fait celui qui couchait avec Allison - arrive sur les lieux et efface toute trace de trafic de drogue pour minimiser la peine de Franckie et préserver l’honneur de Jérémy, puis donne l’argent à Allison pour qu’elle élève ses enfants. Et là, on se dit que c’est du gros foutage de gueule, parce qu’on essaye de le faire passer pour un homme honorable qui rattrape son erreur alors qu’il a fait cocu son meilleur ami, qu’il a couvert son deuxième meilleur ami qui a tué celui qu’il faisait cocu (ça l’arrangeait un peu), il donne l’argent de la drogue à la veuve sans états d’âme alors qu’il est quand même dans la police, et il prend la place de shérif qui était destiné à son meilleur ami qu’il a fait cocu et qui a été tué par son deuxième meilleur ami qu’il a protégé. Bref, c’est tellement gros et moralement très limite que ça en décrédibilise totalement cette tentative de rendre Walt un peu moins lisse et de le rendre plus intéressant avec un passé trouble. Pour le coup, ce n’est plus trouble, c’est carrément glauque.
Et puis, ne parlons pas de la fin. Si, je dois le faire quand même ? Bon, d’accord. C’est simple : voir une apologie de l’amitié dans un final mièvre et enjoué en complète opposition avec l’histoire sombre qui nous était proposée jusque là génère une très grande gêne au niveau des implications morales qui n’ont pas l’air d’affecter grand monde (même pas Johnny qui se retrouve entre deux feux, qui connaît toute l’histoire, et qui ne s’en offusque même pas). Et en parlant de morale, justement celle de cet épisode (toujours avec cette apologie de m***e) n’est pas très appréciable puisqu’en plus, le terrain de base-ball - puissant symbole de l’amitié qui liait les trois compagnons - a été rénové grâce à l’argent de la drogue que la mère de Franckie avait retrouvé dans sa planque (même pas elle s’est posé des questions en plus celle-là). L’épisode n’avait pas vraiment besoin de ça.
Allez, on ne va pas être méchant : la scène finale où Sara assure à Walt que c’est fini entre elle et Johnny laisse bon espoir que ce triangle amoureux soit bientôt définitivement oublié pour passer à autre chose.
Un quasi-naufrage. Les scénaristes voulaient rendre Walt plus profond, malheureusement ça a entraîné l’épisode avec. Et dans une série qui privilégie l’évolution des personnages, une erreur de parcours comme celle-ci ça fait quand même très tâche. Bref, pas grand chose à sauver. Même les visions restent assez quelconques au niveau de la mise en scène, c’est pour dire.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires