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10.02 - The Lost
J’avais une ferme, en Afrique...
Perdu
dimanche 5 septembre 2004, par
Tintin repart au Congo et il est toujours pas content !
Je l’ai sûrement déjà dit, mais j’ai toujours particulièrement aimé les épisodes qui se passaient en dehors des Urgences. Parmi mes préférés, il y a celui dans lequel Benton se retrouve au fin fond du sud des Etats-Unis, à faire de la médecine générale alors qu’il ne vit que pour la chirurgie. Il y a également l’épisode de la mort du docteur Greene, très intense et très juste. Bien sûr, ils sont loin d’être tous réussis... Celui dans lequel Ross sauve un garçon coincé dans une espèce de bouche d’égout alors que la pluie manque de le noyer est plutôt mauvais, mais ça tient peut-être au fait que Ross était le personnage le plus insupportable et le moins crédible de toutes les Urgences. Il y a eu un épisode qui réunissait Greene et Ross autour de la mort de la mère de Mark, mais il n’était pas non plus des plus réussis, peut-être parce que leur amitié non plus ne tenait pas la route (ce qui, pour un épisode en forme de road-movie, était des plus dommage).
Et parmi les réussites, il y a Kisangani, l’épisode final de la 9ème saison. Comme c’était la seule bonne note de cette saison, et la seule bonne idée, l’équipe d’Urgences nous fait le plaisir de lui donner une suite, « The Lost » (qui a été tournée en même temps que Kisangani, merci Joma pour l’info). Nous retrouvons donc Saint John Carter en partance pour le Congo, dans le but de ramener le corps de son ami avec lui.
Il retrouve Gillian (prononcez Guillianne), la charmante médecin canadienne avec qui Kovac avait eu une histoire, et ils tentent ensemble d’affronter le danger de se trouver dans un pays en pleine guerre civile. Ils ont pour eux l’argent de Carter, ses relations avec un type de l’ambassade des Etats-Unis rencontrés dans l’avion, et l’aide d’une charmante blonde travaillant pour la Croix Rouge. A croire qu’à l’Alliance Internationale de Médecine et la Croix Rouge, ils ne recrutent que de beaux jeunes gens...
L’intérêt de cet épisode, hormis le fait qu’il se déroule comme une enquête (retrouver des traces de Kovac), réside dans l’alternance narrative du présent (celui de Carter et de Gillian) au passé (celui de Kovac lors des dernières semaines). Le principe du flash-back est ici très bien utilisé, pas comme un certain épisode de la 9ème saison, dans lequel on remontait le temps pour comprendre ce qui était arrivé à Kovac alors qu’on s’en fichait comme de notre première voie centrale.
Nous apprenons donc, au fur et à mesure de l’épisode, ce qui est arrivé à Kovac, resté seul au dispensaire de fortune avec Patrick, un infirmier, et quelques blessés graves dont la petite fille amputée et sa mère. Les Maï-Maï, ces guerriers à peine sortis de l’adolescence mais aussi féroces qu’inhumains, pillent et massacrent les rares habitants qu’ils trouvent sur leur chemin. Comme ils se rapprochaient dangereusement du dispensaire, Kovac avait du fuir avec ses malades, lui-même alors atteint de paludisme (mais refusant une injection de pénicilline qui aurait pu le faire aller mieux, c’est dur d’être un héros). Mais après avoir réussi à se cacher un temps, ils n’ont pas d’autre choix que de retourner au village et au dispensaire, en espérant que les Maï-Maï n’y soient pas restés. Pas de bol, ils y sont toujours. Ils ligotent les hommes, violent la mère de la petite fille, et sont bien décidés à tuer tous leurs otages. Parmi les prisonniers, il y a un géologue (comme quoi, la géologie, c’est une passion à risque, je l’ai toujours su), qui sera exécuté comme tous les autres, comme Patrick, abattu d’une balle dans la tête alors qu’il tentait d’expliquer qu’ils n’étaient pas des ennemis mais des médecins. Kovac est le dernier sur la liste. Le paludisme le fait délirer (je ne vois que cette explication, pardon pour mon athéisme), il en arrive à prier à voix haute et à joindre ses mains ligotées devant lui... Et comme la mère de la petite fille lui avait cadeau d’une croix (« vous êtes un bon chrétien ; seul un croyant serait ici, blablabla Jésus vous aime blabla il y a une raison à tous les malheurs que nous traversons blablabla... »), les guerriers le prennent pour un prêtre et s’agenouillent devant lui. Enfin tout ça pour dire que si la mère de la petite fille ne lui avait pas donné sa croix, et si elle n’avait pas fait peur aux Maï-Maï en leur confirmant que Kovac était un homme de dieu et qu’ils iraient en enfer s’ils le tuaient, on peut en arriver à la conclusion que c’est une femme qui a sauvé Kovac !
Jusqu’aux dernières minutes, le suspens est maintenu quant à savoir si Kovac est en vie ou non. Carter le retrouvera, vivant (mais sans doute plus pour longtemps s’il n’avait pas été là), au milieu de dizaines de corps sans vie, au milieu de la puanteur et de la putréfaction. Ca prend aux tripes, littéralement, parce qu’on ne peut pas imaginer un tel endroit, parce qu’on est horrifié devant cet amoncellement sans forme de cadavres, parce qu’on se dit « comment c’est possible ? ». Si comme moi, vous avez vu « Warriors », l’excellent téléfilm en deux parties de la BBC, sur la guerre de Yougoslavie et les casques bleus qui y sont allés, vous trouverez finalement que la Croatie, ça ressemble beaucoup au Congo, et les Maï-Maï, beaucoup aux soldats serbes qui entassent des corps dans la benne d’un camion... Les horreurs de la guerre sont malheureusement les mêmes, qu’importe le pays et qu’importe les soldats...
Kovac repart donc aux Etats-Unis en avion médicalisé, tout frais payé par Carter, et accompagné de surcroît par la mignonne petite Gillian... Carter confie à Lukas une lettre destinée à Abby. Et lui annonce qu’il ne sait pas s’il va revenir...
Saint John se trouve dans son élément au Congo ! Il y a des gens qui ont besoin d’aide et qu’il peut aider, c’est tellement plus simple que d’essayer de résoudre les problèmes d’Abby...
Un épisode qui fait suite à Kisangani et qui est tout aussi réussi. Nous abandonnons un Carter qui semble enfin avoir trouvé un but à sa vie, et nous ne savons pas pour combien de temps... Mais nous avons gagné un Kovac en échange ! En espérant qu’il soit un peu mieux traité cette saison que pendant la précédente...
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires