1 mort vs 190 morts : un choix pas si impossible que ça

Le pilote est passé et la série doit prendre ces marques. Généralement, après la débauche de moyens du pilote, on se retrouve face à un épisode plutôt décevant sur le plan technique. En prime, on a droit à des réajustements. Demain à la une échappe à la première règle (pas de gros effets spéciaux donc le plein la vue n’existe pas) mais pas à la seconde. Gary en une semaine n’a pas changé de chambre d’hôtel mais les décorateurs sont passés par là et ont donné un coup de vieux à la pièce qui s’est bien assombrie avec tous les meubles en bois. Autre changement : l’actrice jouant madame Hobson qu’on a aperçu par la fenêtre du premier épisode n’est plus la même. Me demandez pas pourquoi. Enfin dernier changement, on a viré l’inspectrice de police (explication : rétrogradée à la circulation parce qu’elle a soutenu Gary et son voyantisme) et on a promu Crumb au poste de détective. Un joli coucou de Crumb mais aucune utilité dans l’histoire du jour.


L’histoire justement. Elle met un peu de temps à démarrer. Au cas où vous avez raté le pilote, les 10 premières minutes sont un long préviously incrusté dans l’épisode. On replace Gary dans son rôle d’anti-héros. On représente Marissa la conseillère et on explique comment elle a eu son chien. Et on représente Chuck et son coté vénal à tout prix mais drôle. Et on rappelle les sauvetages de Gary (le braquage). Et le tout un peu sur un air "c’est pas bien de ne pas avoir regardé le pilote ! Regardez la platitude de nos dialogues du coup !". C4est vrai que ce n’est pas génial mais cela se passe pas trop mal et c’est intelligemment écrit et joué. Alors on les excuse.


Donc bref, un peu moins de 10 minutes et hop, l’histoire se met en route. Une fillette de 6 ans, Amanda, va se faire renversée alors qu’elle faisait tranquille du vélo et à l’hôpital, on ne va pas bien diagnostiquer son cas et elle va y rester. Mais Gary rechigne ("Qu’est ce que je peux y faire ?"). Heureusement (?) un crash d’avion va avoir lieu juste après le décollage du vol pour Miami à 14h. 190 personnes vont y rester. Du coup, ça vaut plus le coup pour Gary mais c’est trop dur ! Heureusement, Marissa est là et lui secoue les neurones. Gary ne fait plus son chieur et se décide : on va sauver l’avion (enfin les passagers). Hop, on se heurte à un répondeur à la compagnie et on se heurte à Crumb chez les flics. Bon, on va prendre le taxi. Petite engueulade avec un mec. De toute façon, le taxi, c’est dépassé si Sami Naceri n’est pas au volant, et en plus, c’est le plus grande embouteillage que Chicago ait connu aujourd’hui. Toute la ville est paralysée. Direction le métro aérien mais celui-ci déconne aussi. Le but étant d’aller à l’aéroport. Mais sur le quai, alors que Marissa et Chuck montent dans le métro, Gary voit Amanda passer en vélo en bas. Grosse hésitation et il laisse partir Chuck et Marissa à l’aéroport et lui court derrière Amanda.


Il ne la rattrappe pas à temps et paf le chien ... euh splash Amanda. La voilà par terre blessée. Hop, Gary la ramasse (j’ai pas trouvé mieux que cette expression faisant passer Amanda pour de vieux spaghettis collés par terre. Désolé) et hop, à l’hôpital. Et pas n’importe lequel. Ni le cook county (d’Urgences, mais la série est sur une autre chaine), ni celui de Chicago Hope (qui est sur la même chaine pourtant) mais le Colombia Memorial hospital s’il vous plait. Le terrible Hôpital de la mort puisqu’on vous parque après un examen sommaire et une risette en attendant que tu meurs d’un truc pas visible à l’oeil nu et en vêtements. C’est le genre d’hôpital où tu y va avec une barre enfoncée en plein milieu de la tête et ils vont ne soigner que ta cheville foulée. Bref, un hôpital parfait si tu ne veux pas guérir. Donc Amanda est une jolie patiente (un bon diagnostic des infirmières. Elle est à craquer la jeune actrice) et Gary un chieur parce qu’il veut qu’elle soit vraiment soignée.
Moultes péripéties plus tard, il réussit à convaincre le médecin de la soigner. Et pendant l’opération, boum l’avion.


Bah oui, boum l’avion parce que Chuck et Marissa se sont retrouvés coincés dans le métro aérien à cause d’une mystérieuse coupure électrique. Alors ils sont revenus à l’hôpital pour aider Gary à y re-rentrer en douce vu que la sécurité l’avait jeté. Un hôpital à la devise énoncée par le médecin : "Les patients passent, et les dollars on amasse" (j’aurais dis : "les patients trépassent et les procès on amasse" mais bon, je suis pas dialogiste sur la série)


Donc bref, l’avion a fait boum et la petite Amanda est sauvée à temps. Gary est abattu d’avoir tué 190 personnes en choisissant la fillette. Mais ... une mère passe rejointe par un pilote. Ils cherchent Amanda. Et Gary apprend que le pilote de père a été prévenu de l’hospitalisation d’Amanda en bout de piste avant le décollage pour Miami. L’espoir renaît et Gary court à la recherche de son journal qu’il retrouve dans les mains de Chuck. L’accidentd’avion n’a pas eu lieu. Ouf. Et pendant ce temps-là, que faisait Chuck ? Après un lavement d’estomac, il se remet dans une salle pleine de futures mamans qui matent un soap à la télé et Chuck parie avec elle sur les évènements à venir en lisant le résumé dans le journal. Sacré Chuck.


Autant le dire tout de suite : un excellentissime épisode pour deux raisons : la musique et le jeu de Kyle Chandler (Gary). A eux deux, ils nous tirent des larmes. Mais le sadisme des scénaristes est là aussi avec les petites incrustations nous montrant les passagers du vol, le petit garçon avec son gant de base-ball prenant pour la première fois l’avion et tout seul en plus, l’installation dans les sièges, l’avion qui s’avance sur la piste et la fatale explosion alors que Gary assiste à l’opération d’Amanda ! Bref, les scénaristes jouent avec nos nerfs et je viens de comprendre après 4 ou 5 visionnages de cet épisode (depuis la première fois, pas spécialement pour cette critique) qu’en fait, toutes ses incrustations reflètent l’impuissance de Gary qui se retrouve coincé avec la petite. Sa peur de l’echec. Son echec. Et enfin, la délivrance, il s’est angoissé pour rien (vu que personne n’est mort). Et les expressions faciales de Kyle Chandler durant tout l’épisode sont tout bonnement géniales, justes comme il faut et soutenues par une composition musicale magistrale de W.G. Snuffy Walden (d’ailleurs nominé aux Emmy Awards en 1997 pour cet épisode - Outstanding Music Composition for a Series (Dramatic Underscore) ).


En premier lieu, on se laisse porter par cette histoire poignante et dramatique : le choix entre une fillette toute mignonne et 190 inconnus. Qui laisser vivre et qui laisser mourir. Mais ce n’est pas un véritable en y repensant. Tout s’accorde pour empêcher Gary d’aller sauver les 190 personnes. Il doit sauver la fillette et par domino, les 190 seront sauvés. Alors que si il avait pu aller sauver les 190 comme il l’avait prévu, Amanda serait morte. Et voilà les prémisces de la mythologie de la série : quelqu’un tire les ficelles. Probablement les rédacteurs du journal. Et cette épreuve, ce choix à faire, est en quelque sorte un entraînement pour Gary : il doit apprendre. Et la leçon du jour (nal) : il faut privilégier les individus à une masse d’inconnus. Moui ... ok. Mais si le père n’était pas le pilote. Il aurait mieux valu laisser crever 190 personnes plutôt qu’une seule personne ? Les rédacteurs du journal ont aussi des vues sur le contrôle du nombre de personnes peuplant la terre ?


En plus, je ne sais pas si il faut y voir une morale là-dedans, mais la fillette de 6 ans fait du vélo seule en plein CHicago et en pleine circulation, ses parents étant tous les deux au boulot. Résultat : elle ne va pas à l’école (on est aux alentours du 20 novembre quand même) donc école buissonière et en plus, ils la laissent sans surveillance. Mauvais parents ! Donc voilà la morale à destination des parents : il faut s’interesser et surveiller ses enfants. Travailler, c’est mal ! Restez chomeurs pour vous en occuper et faites la vivre grâce aux allocations familliales que vous ne toucherez pas vu qu’on est aux Etats Unis et qu’ici, le social, on s’assoit dessus. Pas top cette morale je trouve (mais je crois que je me monte la tête là aussi). Surtout quand on voit juste après, Gary déchirer un ticket de loterie et le jeter sur le trottoir sans être sanctionner. Donc on peut balancer nos ordures au milieu de la rue mais pas aller travailler pour faire vivre sa famille ? Intéressant concept ça.


Enfin dernière remarque qui me vient alors que j’ai déjà tapé la suite de la critique (d’où son emplacement probablement mauvais dans la critique) : pourquoi Gary emmène t’il Amanda au Colombia Memorial Hospital alors qu’il sait qu’ils vont faire une erreur. Chicago a quand même suffisamment d’hôpitaux pour aller ailleurs. Mais bon, c’était peut-être le plus près et qu’en portant une jeune fillette en courant, on ne fait pas le difficile. mais quand même ...


Enfin, je vais terminer sur les anecdotes. Gary n’emmène pas la fillette à l’hôpital de la série Chicago Hope mais on fait référence à la série lorsqu’un passant veut empêcher Gary d’emmener Amanda à l’hôpital. Il lui sort : "on ne doit pas bouger la victime. Vous ne regardez donc jamais Chicago Hope ?" (une pub déguisée mais qui passe inaperçue en vf où Chicago Hope de vient "l’émission Héros d’un jour". Pourtant, Chicago Hope était déjà sur les écrans français à l’époque (probablement sous le titre : la vie à tout prix).
Autre anecdote : Le soap diffusée dans la salle avec les futures mamans est un soap de CBS (on voit le logo à l’écran) qui diffuse aussi Demain à la une. Mais je ne sais pas lequel c’est. Avis aux amateurs pour le retrouver avec le nom des personnages cités.