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10.03 - Dear Abby

Tout était fichu dès le commencement...

Chère Abby

dimanche 12 septembre 2004, par feyrtys

Dans cet épisode, Corday a plus de cinq lignes de texte !

Ca ne vous est jamais arrivé de vous lever le matin avec cet étrange pressentiment que vous feriez mieux de rester au fond de votre lit ? Et de voir cette intuition se réaliser au cour d’une journée sans fin dans laquelle vous vous demandez ce que vous avez bien pu faire dans votre vie antérieure pour mériter ça ? Et bien c’est une de ces journées qu’Abby vit devant nos yeux, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on la plaint de tout notre cœur !


Elle doit faire face à une grève surprise des infirmières qui refusent de voir leurs places concéder à des infirmières sans expérience que l’hôpital paiera moins chères ; elle doit faire avec l’incompétence de certains nouveaux internes de 2ème année (meet the new boulet in town : Morris, que nous appellerons Maurice pour coller davantage au personnage) ; elle doit se taire face aux décisions des médecins qu’elle trouve injustes ; et enfin, elle doit encaisser une lettre de rupture à distance de Carter.


Et tout ça dans l’allégresse la plus totale ! Le plus drôle étant la succession de scènettes placant Abby dans le rôle de l’infirmière de triage... De l’agrafage compulsif de dossiers jusqu’au patient qui a apporté sa propre urine pour la faire analyser, en passant par le patient qui vomit et à qui Abby tient la tête, cette scène résume à elle seule ce que peux être (et ce que sont) les urgences quotidiennes : une succession de cas non urgents, de gens qui vomissent, qui sont en colère, qui ont peur, et qui veulent tous qu’un médecin s’occupe d’eux au plus vite. Et Abby est au milieu de tout ça, tentant de faire face comme elle le peut, et avec les moyens dont elle dispose (c’est-à-dire pas grand-chose). Mais le plus dur pour elle, ce n’est pas tant de gérer l’ingérable, c’est de devoir se contenter d’être infirmière, alors qu’elle est plus douée que les internes de 2ème année que le Cook County accueillent cette année, alors qu’elle voudrait pouvoir parler aux patients comme un médecin le ferait, alors qu’elle sent au fond d’elle-même qu’elle a tout pour être médecin, et être un bon médecin. La frustration d’Abby est bien au centre de cet épisode.


En tout cas, on pourra se réjouir de la fin officielle de la non-relation « Abby-Carter », puisque ce dernier lui a écrit une lettre de rupture que Gillian lui remet en main propre. On ne sait pas ce que dit cette lettre, mais on est bien les seuls : toutes les urgences sont au courant, depuis les nouvelles infirmières asiatiques jusqu’aux patients dans le coma (j’exagère, mais c’est l’idée). Ce n’est pas la première fois que les scénaristes jouent avec ce sous-entendu qui veut que tout se sache aux urgences, avant même que les principaux intéressés soient au courant. Les histoires d’amour, les ruptures, les problèmes existentiels, rien ne passe au travers des filets des bavardages... Et c’est ça qui est drôle ! Et qui nous donne une impression de cohésion qui confine à la famille...

A la fin de sa dure journée, Abby aura tout de même la chance de voir Kovac... Et on sent que ça lui fait du bien ! « Carter s’est trouvé », lui dira Kovac, comme pour atténuer la peine qu’elle pourrait avoir si elle accordait de l’importance à Saint John le Sauveur. But the point is : elle s’en fiche royalement ! « Tout était fichu dès le commencement », admettra-t-elle, ce qui est, reconnaissons-le, exactement ce que tout le monde pensait depuis des lustres ! Il lui aura fallu une saison pour s’en rendre compte, mais elle a enfin fini par ouvrir les yeux... Et par prendre les choses en main. Car on pressent que cette journée d’enfer lui aura au moins servie à quelque chose : à recentrer ses priorités, et à changer ce qui est en son pouvoir, c’est-à-dire son job pour commencer.


Il y en a une autre qui prend les choses en main, c’est Elisabeth. Et oui, le personnage fantôme des urgences reprend du poil de la bête et s’envoie en l’air avec le chirurgien « qui a des couilles aussi grosses que sa tête » (dixit un interne), j’ai nommé le Dr Dorset, qui a des airs de Sean Connery dans James Bond. Et elle ne s’envoie pas en l’air dans un lit douillet, non non, à l’arrière de la voiture s’il vous plait, comme une ado pleine d’hormones. Il était temps qu’elle se lâche un peu remarquez, parce qu’elle commençait à prendre la poussière à force de ne rien faire...


Sinon, à part Abby, nous avons droit à un peu de boulitude de la part de Pratt (« qui a dit ça ? Confucius ? »), qui sabote sa relation avec Chen (peut-être que celle-ci recommencera à se comporter courtoisement avec Neela) en lui expliquant qu’il ne veut rien de sérieux pour le moment. En parlant de Neela, elle et Maurice, le nouveau prétendant au trône des boulets et des incompétents, font leur première bourde en injectant trop de solumédrol à Coop, un autre interne de deuxième année qui a l’affront de tenir tête à Romano et d’appuyer là où ça fait mal, c’est-à-dire le mognon... Romano n’a pas de chance, non seulement il n’a plus de bras, mais en plus l’assurance de l’hôpital refuse de payer pour une prothèse qui lui permettrait d’opérer (enfin, dans ses rêves j’ai l’impression). Et il marque son mécontentement « à la Romano », c’est-à-dire en mettant un boxon sans nom dans le nouveau bureau qu’occupe Weaver, qui, rappelons-le, lui a volé sa place. D’ailleurs, elle ne rate pas l’occasion rêvée de lui rappeler, qu’elle est sa chef... « I’m your boss so as long as I am, you’re my bitch ». En anglais, ça rend mieux je dois le dire, parce que « vous êtes mon chien », en français, c’est pas terrible... Bref, rien ne va plus pour Romano, qui, en perdant son bras, a perdu son autorité et sa raison d’être : se faire passer pour le méchant de service...


Quand elle n’ai pas en train de se prendre la tête avec Carter, Abby est un personnage passionnant. Un épisode centré sur elle donne un bon épisode, bien construit, dans des urgences débordées comme on les aime...