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7.06 - The Goldberg Variation

Chance, Bol, Cul, Veine, Hasard : Quel est l’intrus ?

Chance

vendredi 9 avril 2004, par Sygbab

Le Doc Emmett Brown de Retour Vers le Futur n’est pas le seul à inventer des machines compliquées. La preuve ici.

Un épisode qui commence par une partie de poker est forcément un bon épisode non ? Ah, le poker, le jeu de cartes le plus fascinant alors que comparé à d’autres il est tellement simple... Tous les moyens sont bons pour gagner : bluff, tricherie, etc... mais surtout de la chance. Et de chance, il en est question dans cet épisode, car nous avons l’honneur de découvrir l’homme le plus chanceux du monde en la personne d’Henry Weems. Mais être chanceux, surtout quand on joue au poker, ça attire des ennuis... On dit toujours que la chance se provoque, mais mieux vaut ne pas provoquer avec la chance, car ça peut légèrement énerver des gangsters tels que Joe Cutrona, chez qui Henry joue. Du coup, le pauvre se fait jeter du toit de l’immeuble... et se relève comme is de rien n’était avant de repartir ! Quelle chance ! Tiens, j’ai l’impression qu’il y a un mot qui va souvent revenir dans cette review...

Ce qui est drôle, c’est qu’avec le teaser et les premières théories de Mulder, on croirait plutôt que Weems est un être invincible, qui ne craint pas la douleur. Rare de voir Mulder se tromper sur la première impression, mais c’est très drôle de le voir sortir une autre théorie de son chapeau aussi vite que la première est démontée par Scully quand elle lui montre que Weems est sans doute tombé sur un objet qui a amorti sa chute. Et si la chance du bonhomme était la X-File ? Spooky, c’est quelqu’un qui sait rebondir (et n’y voyez pas là un quelconque jeu de mots foireux). Mais allons donc à la rencontre de celui qui a un don qui est une véritable malédiction...

Henry Weems, un homme vraiment pas comme les autres

Déjà, il est borgne. En plus, il a du bol comme c’est pas permis. Oui, je sais ce que vous allez me dire : c’est pas vraiment de la chance d’avoir perdu un oeil. Mais en fait, ce qu’il faut savoir, c’est que le monsieur n’a pas toujours eu cette chance incroyable qui l’accompagne. Cela ne s’est manifesté qu’après un terrible accident d’avion duquel il fut le seul survivant. C’est d’ailleurs là qu’il a perdu son (mauvais) oeil. C’est un moindre mal étant donné ce que cela lui a apporté me direz-vous. Mais pas du tout en fait.

Ce qui est surtout décalé et original dans cet épisode, c’est que son don est en fait insupportable à vivre. Je parlais tout à l’heure de malédiction pour forcer le trait et faire un parallèle amusant avec le don de Frank Black dans MillenniuM, bien que ça soit traité de manière décalée tout de même. Car l’inconvénient majeur de tout cela, c’est que quand les évènements tournent en faveur d’Henry Weems, les gens qui l’entourent sont victimes de catastrophes assez violentes, qui le plus souvent se traduisent même par leur mort. Pour éviter cela, il est donc obligé de vivre en reclus. L’homme le plus chanceux du monde est donc un paria de la société. Si c’est pas paradoxal ça...

L’autre aspect intéressant de sa personnalité, c’est qu’Henry n’en a cure d’être un loser, il ne vit que pour une seule chose : trouver de l’argent pour sauver un jeune garçon de l’immeuble dont il est concierge, gravement atteint par une maladie du foie. D’où sa partie de poker avec Cutrona qui lui vaut d’être poursuivi par les hommes de main du vilain pas beau. D’où aussi sa tentative de gagner à la loterie qui se solde par la mort d’un jeune homme qui n’avait rien demandé à personne. C’est là qu’on peut se demander ce qu’est réellement la chance, car Weems semble bien malheureux et ne trouve du bonheur que dans le dévouement à autrui étant donné qu’il vit en reclu. Il y a plus heureux comme vie...

La Variation de Goldberg

J’avoue avoir fait une petite recherche sur Google pour me renseigner un peu sur ce dont il s’agissait, histoire de traiter la chose sérieusement. Il se trouve que beaucoup de gens ont pensé à un morceau de Bach qui introduisait des variations qui à chaque fois rendait le tout plus complexe. Cela aurait pu se tenir, mais j’ai trouvé mieux en "googlisant". Cela est bien plus un clin d’oeil à un dessinateur du nom de Rube Goldberg qui s’est rendu célèbre en publiant des dessins de machines consistant à effectuer des tâches simples en passant par le plus d’étapes possibles. D’ailleurs, on voit une de ces machines dans la chambre de Richie, le jeune garçon (celle qui permet de marquer un panier). Elles fonctionnent par le principe de cause à effet : des évènements sans liens apparents entre eux finissent par aboutir à un résultat inattendu lorsqu’on les met bout à bout.

En fait, c’est un peu le "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué". Mulder évoque à un moment la possibilité que tout ce qui arrive à Weems se passe pour une raison précise. Et il se trouve qu’il a totalement raison : tout ce qui tourne autour d’Henry Weems n’est en fait qu’une machine de Goldberg grandeur nature, bien ancrée dans la réalité, dont Mulder et Scully sont eux-même des variables. Tout tend vers un seul objectif : trouver un donneur pour Richie. Et il se trouve que ce donneur n’est autre que Cutrona qui se fait tuer bêtement alors que Weems est venu se présenter à lui car le méchant monsieur a kidnappé la mère de Richie puisqu’il n’arrivait pas à le faire tuer par ses hommes de main qui sont morts en tentant de supprimer l’homme le plus chanceux de la Terre, tout ça parce qu’il était convaincu que ce dernier avait triché à la partie de poker qu’ils avaient faites ensemble et que ce chanceux incroyable n’était pas mort alors qu’il l’avait balancé du haut du toit de son immeuble à l’aide de ses sbires. Quand je vous disais que c’était compliqué... Et encore, j’ai schématisé.

Bref, c’est original car Weems ne contrôle absolument rien et n’est finalement qu’une autre variable de cette machine de Goldberg grandeur nature. Mais tout est bien qui finit bien : sa chance a tourné car Richie bénéficie enfin de son rein, et on peut imaginer qu’Henry aura une vie un peu plus joyeuse maintenant qu’il est débarrassé de son don, qui, je le rappelle, était une terrible malédiction.

La référence qui tue

Eh oui, je ne pouvais pas laisser passer ça, pas possible. Au début de l’épisode, lorsque les deux agents sont sur les lieux du crime - enfin, les lieux de l’exploit de Weems -, Scully fait la remarque suivante à son partenaire : "dis tout de suite qu’on recherche Coyote". Car en effet, la chute sans séquelles de Weems tient plus du cartoon que de la réalité. En fait, ça m’a beaucoup fait rire, car je l’avoue sans honte, le cartoon qui réunit Bip Bip & Coyote est de loin mon préféré, car malgré la récurrence des gags et l’effet de surprise totalement réduit à néant (on sait toujours ce qui va se passer), je suis toujours plié en deux de voir ce pauvre Coyote faire preuve de tant d’ingéniosité pour que dalle. Il passe pour le pire des losers alors qu’il est terriblement intelligent et que Bip Bip a un petit pois dans la tête mais est chanceux comme c’est pas permis. A votre avis, Henry Weems, c’est Bip Bip ou Coyote ?


Un épisode qui avance une idée originale et qui la traite d’une bonne manière. Le personnage d’Henry Weems - ce loser par choix - est assez touchant avec sa volonté de sauver Richie. Finalement, ça se regarde bien car c’est assez drôle de voir Mulder et Scully entraînés malgré eux dans cette machine de Golderg bien réelle et ne rien contrôler tout comme Weems.