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1.13 - Hearts And Minds
Michelangelo
dimanche 24 juillet 2005, par
Locke a quand même réussi à comparer ce qu’il fait avec Boone à ce que faisait l’illustre peintre-sculpteur-architecte-poète italien, c’est fort non ?
Carlton Cuse et Javier Grillo-Marxuach sont à la barre de cet épisode. Javier Grillo-Marxuach, c’est un scénariste que j’affectionne tout particulièrement, non seulement parce qu’il a écrit sur Boomtown (et j’adore cette série), mais en plus parce qu’il a écrit l’épisode centré sur Jin et Sun, le 1.06. Et on avait pu se rendre compte dans cet épisode qu’il se débrouille vraiment très bien pour décrire la petite vie des survivants au quotidien. Enfin je ne vais pas lui accorder tout le crédit de cet épisode non plus, qui se centre sur Shannon et Boone (un peu plus sur Boone d’ailleurs), et aussi sur la découverte de Locke et son nouveau fidèle.
The Hatch
Cela fait maintenant plusieurs jours que les deux compères vont et viennent en prétendant qu’ils vont chasser. Seulement, ils ne ramènent jamais rien et ça commence à jaser sur la plage car le problème de la nourriture commence à se poser sérieusement. Mais ça n’a pas l’air de déranger Locke tant que ça puisqu’il considère que ce qu’ils font (c’est-à-dire rester assis tranquillement devant leur découverte à ne rien faire - enfin à réfléchir sur la façon d’ouvrir l’écoutille) est de loin plus important. S’il le dit, c’est que c’est vrai, mais il commence à être nettement plus inquiétant qu’intrigant le bougre. Alors qu’il se posait en mentor, il commence à donner l’impression de devenir une sorte de gourou (il glisse progressivement vers le fanatisme), et la façon dont il se comporte avec Boone ne vient pas contredire cette hypothèse. En effet, au contraire de Locke qui est à l’aise dans le mensonge (il se tire admirablement bien de ses face-à-face avec Sayid et Jack, surtout avec le dernier cité quand il lui dit qu’il a bien peur que les sangliers commencent à émigrer parce qu’ils se sont adaptés à l’introduction d’un nouveau prédateur - le plus dangereux de tous, l’humain - dans leur environnement), le boulet de service ne peut pas supporter de mentir à Shannon. Ou plutôt, il ne peut pas gérer la façon dont elle le fait se sentir, sachant très bien qu’il ment quand il répond à ses questions. Ca ne plaît pas vraiment à Locke, qui décide de l’empêcher de tout révéler. Ce n’est pas vraiment le fait qu’il dise ce qui se passe à sa soeur qui le gêne, mais plutôt qu’il soit tant attaché à elle. Il le ligote donc en lui appliquant une mixture sur la tête, en lui disant qu’il faut qu’il tire un trait sur certaines choses et qu’il fait ça dans son intérêt. Si ça sert l’intérêt de Boone, on a quand même la très nette impression que ça sert aussi le sien et qu’il tient à ce que Boone soit un toutou fidèle.
La mixture de Locke se révèle avoir un effet hallucinatoire très prononcé puisque Boone croit voir sa soeur dans la forêt, ligotée elle aussi, et doit la protéger du monstre ; entreprise dans laquelle il finit par échouer puisque la boulette finit par se faire attraper. Là au moins, elle est utile, elle sert de repas au monstre, et ça donne lieu à quelques scènes tendues. Légitimement en colère, Boone se précipite vers le campement dans l’intention de passer ses nerfs sur Locke avant de se rendre compte que tout ceci n’était pas réel. Locke lui dit alors qu’il lui a offert une expérience qu’il pense vitale pour lui. Il accorde apparemment un grand crédit à ce que cette substance fait voir, ceci implique donc qu’il l’a forcément testée lui-même. Serait-ce cela qui l’a mené à l’écoutille, et surtout pourquoi il pense que cette découverte est si importante, au point de reléguer la nourriture sur un second plan ? Dans un autre ordre d’idée, est-ce que cette substance a un rapport avec les hallucinations de Jack, ou encore de Claire ? Bref, une fois de plus, on se pose bien plus de questions que l’on a de réponses.
Boone a ressenti un grand soulagement à la mort de sa soeur - non réelle mais qu’il a éprouvée comme telle - et on le comprend aisément grâce aux flashbacks. On apprend qu’ils ne sont pas exactement frères et soeurs mais seulement demis ; le père de Shannon s’étant remarié avec la mère de Boone. Boone est prêt à tout pour elle, notamment faire 15 heures d’avion pour venir la chercher à Sydney. Tellement prêt à tout, et tellement aveuglé par l’amour qu’il lui porte, qu’il ne voit pas qu’elle lui soutire de l’argent à l’aide d’un stratagème machiavélique et bien dégueulasse, essentiellement pour se venger du fait que la mère de Boone a gardé tout l’argent de son père pour elle. C’est une façon comme une autre de récupérer son héritage après tout. Là où leur relation devient quelque peu malsaine, c’est que quand le petit ami de Shannon se tire avec l’argent, elle va se faire réconforter dans les bras de Boone. Elle lui offre une nuit mais se soustrait aussitôt à lui le lendemain matin. Cruel. Toujours est-il que ces flashbacks, s’ils ne sont pas nombreux et surtout pas très longs (ça réfute un peu la critique principale des détracteurs de la série comme quoi les FoTW prendraient la moitié de chaque épisode), cela explique sa jalousie et les menaces-conseils qu’il fait à Sayid, mais aussi le fait qu’il envoie sans arrêt des piques à la boulette depuis le début de la série. Il est rancunier, et on le serait à moins. Leur histoire est somme toute banale mais c’est vrai que quelque part ça fait du bien de ne pas voir que des histoires exceptionnelles. Mais c’est tout de même intrigant car on se demande finalement pourquoi ils ont survécu, ces deux-là. Parce que parmi les autres, le duo des boulets fait un peu tâche.
J’ai faim
Tout ce qui se passe sur l’île en dehors de Boone et Locke - et aussi de Sayid qui continue de se prendre la tête sur les cartes de Rousseau pour essayer d’en tirer quelque chose de concret - tourne autour du manque de vivres qui commence à se faire sentir. Hurley est le premier à se plaindre du manque de viande puisque Boone et Locke ne sont pas très productifs à la chasse (normal puisqu’ils ne chassent pas), et va consulter Jack parce que son régime alimentaire du moment lui cause quelques petits problèmes d’estomac. Jack le dirige vers Jin puisqu’il faut bien qu’il assimile quelques protéines lors de ses repas. On continue de voir l’intention des scénaristes d’essayer tous les duos possibles pour tisser des liens entre les personnages, que ce soit bon ou mauvais (j’entends par là que soit ils s’apprécient soit ils ont du mal à se sentir (quoique ça encore, c’est pas dit, avec la saleté tout ça)). Là c’est plutôt drôle, surtout la scène où Hurley se fait piquer par une méduse et demande à Jin de lui uriner sur le pied parce qu’il l’a vu une fois à la télé. Difficile de ne pas voir la référence à Friends avec l’évènement qui a marqué Monica et Chandler. Et ça permet enfin de donner un peu plus de temps d’antenne à Jin qui était aux abonnés absents ces derniers temps.
On voit Jin, mais on voit aussi sa femme. Je le dis juste pour la forme et après je ne vous embête plus avec ça : Sun est toujours divinement belle. Je ne suis vraiment pas objectif là-dessus, mais j’apprécie chacune de ses scènes avec un bonheur non dissimulé. Surtout qu’elle est intelligente et qu’elle s’est octroyé un petit bout de terrain pour cultiver un petit jardin de plantations diverses, ce qui va grandement aider à avoir de la nourriture plus régulièrement. Étonnant que personne n’y ait pensé avant d’ailleurs, puisqu’ils sont là depuis trois semaines d’après ce que dit Kate. Une fois de plus, on voit que les survivants construisent au fur et à mesure une société organisée. Mais si elle assure sur ce plan, elle commet néanmoins une petite erreur, certes involontaire puisqu’elle sourit à une remarque de Kate, qui comprend aussitôt que la Coréenne parle anglais. Il fallait bien que cela arrive un jour, mais je pense que l’on peut faire confiance à Kate pour garder le secret étant donné qu’elle sait ce que c’est que de cacher quelque chose.
Pendant ce temps, Jack fait de la cueillette. Comme dit Locke, c’est vraiment un homme très occupé.
Petits détails
Jack porte une clé autour du cou, sans doute celle de la mallette de Kate (même si elle a récupéré son bien, il reste toujours les flingues).
Sawyer n’a qu’une seule scène, et elle est dans un des flashbacks de Boone, quand il est au commissariat. Ca fait du bien de renouer un peu avec ce système, comme dans ceux de Jin & Sun et Jack qui se complétaient à l’aéroport.
Petit mot sur l’ambiance
Parce que cet épisode en a une vraiment particulière. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais moi ça m’a choqué : lors des scènes tournées en forêt (en tout cas dans la plus grande partie), on entend les oiseaux chanter, le bruit des insectes, etc... Bref c’est vivant, ça rend le tout plus "naturel", et ça une sorte d’effet relaxant. C’est comme si les survivants du crash bénéficiaient d’un petit moment de répit et que cela leur permettait de prêter enfin attention à tous les petits bruits de la forêt. Là, c’est moi qui interprète ça à ma manière, mais cette ambiance m’a vraiment surpris.
Ceux qui n’ont pas aimé vous diront
Que l’on rentre dans le ventre mou de la série et donc que ce n’est pas aussi trépidant qu’avant parce que ça n’avance pas beaucoup mythologiquement parlant ; la preuve en est que les reviews de Sygou vont se réduire à peau de chagrin si ça continue tellement il n’a rien à dire. Pour commencer, non, cette review n’est pas plus courte que les autres parce que l’épisode est à chier, juste parce que j’ai décidé d’aller à l’essentiel (les autres contiennent un peu de superflu, il faut l’avouer). Ensuite, c’est vrai que cet épisode n’est pas très rythmé et n’avance pas beaucoup les choses. Mais est-ce tant un défaut que ça ? Dans la mesure où le principal mystère se résumé au fait de savoir quel est cet endroit où ont atterri - pardon, se crashés - les survivants, je ne crois pas que l’intérêt soit d’en dire le plus possible le plus tôt possible. Je trouve que c’est aussi intéressant de travailler les relations entre les personnages et de faire une petite chronique sur leur survie de temps à autre. Après, c’est sûr qu’il faut savoir doser, et pour l’instant ça me paraît pas mal fait.
Ou alors, ils vous diront que la mort de Shannon est abusée parce qu’ils nous ont déjà fait le coup avec Charlie. Bah ça, c’est un peu vrai, même si ce n’est pas réel.
Par rapport à son premier épisode (le 1.06 donc), c’est un peu moins bien dans la description de la petite vie des survivants, mais ça très sympathique surtout que l’on se penche sur un problème majeur de la communauté, à savoir le manque de nourriture. Le duo Hurley - Jin fonctionne bien, le duo Kate - Sun pas trop mal, et le duo Boone - Locke est surtout intéressant pour constater que Locke s’approche chaque jour un peu plus du fanatisme. Restent les scènes non-réelles avec Shannon et Boone qui apportent un peu de tension, les flahshbacks quelconques (pas mauvais mais pas transcendants). Tout ça n’est pas exceptionnel, mais ça se regarde très agréablement, notamment grâce à cette ambiance assez particulière qui confère un certain charme à l’épisode. 7/10
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