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1.25 - Exodus (3/3)

La fin d’une ère ?

samedi 24 septembre 2005, par Sygbab

Il n’est pas évident de critiquer un épisode qui fait partie d’un tout, surtout quand il suit directement le précédent de telle manière que la limite entre les deux est totalement floue. Mais quand on est un TeX, il faut savoir mettre la main dans le cambouis.

Ceux qui n’ont pas aimé vous diront qu’il ne se passe finalement pas grand-chose, et malgré trois intrigues menées en parallèle plus des flashbacks qui viennent couper le tout (donc perpendiculaires... ok, je sors), c’est quand même assez vrai. Mais c’est suffisamment bien fait pour ne pas que l’on s’ennuie de trop. Comme je suis coincé par le schéma qu’ont mis en place mes deux collègues, je vais commencer par vous parler des flashbacks.

Trucs en vrac dans les flashbacks

- Pour une fois, c’est le jour de chance d’Hurley : il réussit à prendre son avion. Parce qu’il a failli le rater le bougre. Jugez plutôt : il se réveille à l’hôtel à la bourre parce que son réveil ne fonctionne plus, il doit se taper les escaliers parce que l’ascenseur est plein, la voiture qu’il prend après a la bonne idée de tomber en rade, il est obligé de prendre deux tickets car la politique de l’aéroport impose ce genre de mesures pour un homme de sa corpulence et en plus il s’est planté de terminal, il doit ensuite faire la queue... Quelle malchance ! C’est sans doute le plus long flashback depuis le début de la saison, et c’est vrai que ça ressemble à du remplissage, mais c’est très divertissant. N’écoutez donc pas ceux qui n’ont pas aimé et profitez de cet instant simplement destiné à être comique (parce que sinon c’est un peu artificiel que ce soit l’anniversaire de sa mère qui le motive à retourner aux Etats Unis alors qu’il était parti chercher des informations sur Sam). Et puis de toute façon, Hurley est cool.

- Locke se fait transporter jusqu’à sa place parce que son fauteuil n’est pas réglementaire. Question : ils l’ont foutu où alors ? Dans la soute ? C’est donc un miracle qu’il ait survécu, ce fauteuil... Ceux qui n’ont pas aimé vous diront que là, c’est symptômatique du remplissage effectué. Je ne peux qu’acquiescer.

J’en viens au gros morceau, le flashback au ralenti qui montre l’arrivée de tous les personnages dans l’avion.

- Arzt aide Claire avec ses bagages.

- Hurley lit le comics avec les ours polaires qui entrera ensuite en possession de Walt et finira au feu.

- Sayid croise le regard d’un autre passager qui a l’air d’être dépité qu’un arabe puisse être sur ce vol.

- Boone retrouve le rouge à lèvres ou je ne sais quoi de Shannon (je ne suis pas un spécialiste du maquillage).

Ceux qui n’ont pas aimé vous diront que ça ne sert à rien, que ça fait fin de série. Moi, j’aime à penser que cela représente la fin des flashbacks (enfin je croise les doigts, là), la fin de l’exposition des personnages qui sont maintenant bien plantés, qu’on les aime ou pas, qu’on les trouve intéressants ou caricaturaux. Mais ça sert aussi un autre intérêt dont je parlerais plus tard. Pour l’instant, je vais me contenter de ce qui se passe sur l’île.

La course effrénée

Ceux qui n’ont pas aimé vous diront que l’enlèvement d’Aaron était bien bidon. Quelque part ils n’ont pas tort parce que Charlie et Sayid traversant la forêt et récupérer le bébé aussi facilement, c’est pas génial. Surtout que ça a permis à Charlie de récupérer de la drogue, ce que l’on apprend grâce à un subtil plan sur une statuette dans son sac vers la fin de l’épisode. Et ça, c’est mal. Surtout qu’on s’en doutait depuis que Locke et Boone avaient trouvé l’avion coincé dans la canopée. Très très mauvais point, qui fait quand même bien peur pour l’avenir. J’espère de tout coeur que ce n’est pas ce que l’on croit... Enfin bon, au moins cette « intrigue » nous aura au moins appris à cautériser une plaie quand on dispose d’une boîtes allumettes et d’un flingue.

Le rat d’eau

Honnêtement, ces scènes de nuit sur le radeau m’ont quand même bien angoissé. Je me vois mal en plein milieu de l’océan sur un radeau pas très fiable qui a déjà perdu des pièces en route - remontées ensuite - et de surcroît en pleine nuit. Le silence qui y règne paraît irréel, et quand subitement il est entrecoupé des signaux sonores de leur radar, ça ne rend le tout que plus stressant. C’est encore plus stressant quand les occupants du bateau qui vient à leur rencontre demandent à Michael et cie de leur donner Walt...

Les Autres dont on parlait tant, ce seraient eux ? Eh bien ça promet, s’ils disposent d’engins comme des bateaux, qui sait ce qu’il peuvent posséder d’autre. Ils ont l’air d’être extrêmement organisés (mais ce n’est pas vraiment une suprise). En tout cas, ils tiennent vraiment à Walt, mais pourquoi ? Pour ses pouvoirs ? Si c’est le cas, comment et dans quelle optique comptent-ils s’en servir ? Et Michael, Jin et Sawyer, vont-ils jouer à l’énième volet des Dents de la Mer ? Ils terriblement mal barrés sans radeau, sans vivres, sans rien quoi.

Même si cela n’aura pas duré longtemps, j’ai beaucoup aimé toutes les scènes se déroulant dans cet espace réduit. Le confinement aidant, les personnages ne pouvaient pas s’ignorer entre eux et les scénaristes ne l’ont pas oublié. Outre les multiples scènes qu’on aura vues où Michael et Walt tentent de créer une complicité entre eux, on a droit à deux belles scènes, impliquant toutes deux Michael, une fois de plus. Avec Jin, tout d’abord, qui se montre sous son meilleur jour. Alors que Michael vient de lui redonner la montre qui avait tant posé de problèmes, scellant ainsi la fin de leur hostilité, le Coréen la remet immédiatement entre les mains de son nouvel ami, considérant qu’elle est sienne. C’est sa manière de s’excuser, et le geste touche beaucoup Michael dont l’émotion est très sincère. Avec Sawyer, ensuite, qui avoue à demi-mots en confirmant qu’il n’est pas un héros qu’il crève d’envie de mourir. Cela renvoie à son flashback de l’épisode précédent dans lequel un policier lui demande comment il arrive à vivre en se regardant dans un miroir et qu’il se voile la face en répondant que cela ne lui pose pas de problème. Je trouve cela plutôt cohérent avec le personnage qui, aveuglé par son désir de vengeance, a tué un homme innocent. Le radeau a donc eu une sorte de fonction révélatrice, qui a cimenté quelques liens. Et nul doute que si ces trois là veulent s’en sortir, il va falloir qu’ils se serrent les coudes (mais pas trop quand même, ça peut être gênant quand on nage).

Je m’arrête un instant, ébahi devant mon écran : merde, Jin porte encore le bout de menotte de l’épisode 1.06 ! Etait-ce le cas dans tous les épisodes où on s’en est seulement rappelé ici pour le bien de la scène entre le Coréen et Michael renvoyant directement au 1.06 ? J’avoue que ça m’a troublé.

Ceux qui n’ont pas aimé vous diront que les Autres ne sont pas bien impressionnants, et ils ont bien raison. Mais qui a dit qu’ils devaient l’être ? Ce qui les rend effrayants pour les survivants, c’est qu’on n’a aucune idée de ce qu’il veulent.

Hugo Jones : l’Ecoutille Mystérieuse

La fin du périple de Jack, Locke, Hurley et Kate est sans doute la partie la plus intéressante de l’épisode. Déjà parce que l’épisode commence là où s’était arrêté le suivant : Locke attaqué par le système de sécurité. Il est happé et traîné contre le sol, et on entend disctinctement un cliquetis mécanique comme une chaîne s’aggripant aux dentelets qui la retiennent. C’était ça, le truc qui fauchait les arbres ? Bref, au moment où Locke s’apprête à être englouti dans un trou béant, Jack le retient et balance de la dynamite dans le trou à l’aide de Kate, alors que Locke lui a demandé de ne pas le faire...

Cette attitude pour le moins étrange vaudra une discussion animée entre les deux hommes, qui est le temps fort de l’épisode. Locke expose sa théorie : rien n’est arrivé par accident, les survivants du crash ont été amenés dans cet endroit par l’île elle-même et dans un but précis. Chacun a un rôle à jouer, et tout ce qu’ils ont vécu depuis le début était une chaîne d’événements destinée à leur faire ouvrir l’écoutille. Il dévoile ainsi que Boone était un sacrifice que l’île demandait. Jack a de quoi l’avoir mauvaise - on se rappelle tous des efforts qu’il a effectués pour sauver le frère de Shannon qui confinaient d’ailleurs à l’acharnement, et que par la suite cela le démangeait beaucoup de dire quelques mots à John. Cela n’a pas été oublié, et la saison 2 verra sans doute un conflit plus marqué entre les deux hommes. D’ailleurs, étant donné qu’elle recommence demain aux Etats Unis, je me permets d’en profiter pour ajouter que le titre du premier épisode, Man of Science, Man of Faith semble se diriger dans cette voie, puisque cela renvoie aux propos de Locke : selon lui, la différence qui existe entre eux deux est que Jack est un homme de science et lui un homme de foi.

Cela ne les empêche pas de continuer leur route pour se rendre à l’emplacement de l’écoutille, qu’ils vont réussir à ouvrir grâce à la dynamite. Avant cela, Hugo Jones nous a gratifiés de son petit numéro en découvrant que les nombres sont gravés sur les bords de l’écoutille et en s’excitant comme une puce pour ne pas allumer la mèche avec force gesticulations. A l’intérieur, il y a une grande échelle qui s’enfonce très profond... Ceux qui n’ont pas aimé vous diront que ce cliffangher est minable et que Lost est le champion du monde du tirage de la corde. Oui, c’est vrai qu’on s’en doutait plus ou moins que cela finirait comme cela, mais le moment semblait plus propice pour l’ouvrir qu’à d’autres. Bien sûr, pour cela, il faut accepter le blabla de Locke. On a bien senti l’effet de délayage, mais après tout, Locke a bien dit à Hurley qu’il pensait qu’à l’intérieur se trouvait de l’espoir. L’espoir d’une saison 2 qui prend des risques et soutient un rythme plus élevé ? Moi j’y crois, j’ai confiance.

Truc pas en vrac parce qu’il est tout seul

J’avais dit que je reviendrais sur le flashback qui regroupe l’arrivée dans l’avion de tous les passagers. Je pense que vous l’avez tous remarqué, les 5 dernières minutes de l’épisode sont au ralenti, sans parole, soutenu par de la musique. Le flashback s’intercale entre la joie dans les caves au retour de Charlie et Sayid avec Aaron et la découverte de ce qui se trouve à l’intérieur de l’écoutille. En soi, c’est assez osé comme fin, car ce n’est pas du tout conventionnel. Mais si d’habitude je ne suis pas un très grand amateur de ralentis, j’aime ceux-ci pour une raison : la composition de Michael Giacchino qui transporte littéralement cette séquence. Elle est dans un premier temps plutôt joyeuse, puis tristounette et nostalgique pendant le flashback (d’où cette impression de fin) avant de devenir carrément inquiétante ; ce qui correspond parfaitement à ce que l’on voit sur l’écran. Je n’aurais pas souvent parlé de lui mais souvent une seule et unique fois suffit : son travail sur la série et cette composition en particulier est remarquable.

Bilan

Certes, cet épisode souffre de l’allongement du final qui aurait très bien pu se contenter de deux parties. Néanmoins, il possède de très bons passages et, finalement, je le trouve plein de promesses pour l’avenir.


Je profite de ce petit espace pour associer Guigui à ma review, qui m’avait donné pendant le Premium quelques indications parce qu’il devait s’occuper de cet épisode à la base. Merci ;)

Sinon, si vous êtes aussi de fervents lecteurs d’EDUSA, ne faites pas attention à Tigrou qui raconte n’importe quoi sur Lost. Il est un peu frustré depuis qu’il ne peut plus taper sur la Menace Péroxydée aka Spike, il fallait bien qu’il trouve un substitut. :p

Messages

  • Ce n est pas vraiment du rouge a levre mais de la mentoline que Boone donne a Shannon,un medoc pour les asthmatiques !!!

  • Oui Jin a bien porté son reste de menotte durant tous les épisodes suivant sa dispute avec Michael. Avant de donner sa critique sur une série, encore faudrait-il savoir de quoi on parle.

    • Moi je trouve l’auteur de cette critique intéressant et il sait manifestement de quoi il parle. Tout ça pour un simple détail...Pourquoi faut-il toujours qu’il y ait des gens aggressifs sur le web ?

    • Vendredi 21 juillet
      Entièrement d’accord avec toi
      je suis tombée sur ce site par le hasard d’une cherche sur google ("nombres extraordinaires") et je le trouve for-mi-da-ble !!!

      Plein d’humour, bien écrit, très précis et évocateur
      Précis, oui,
      Quelqu’un qui dit qu’il faut vérifier un truc est quelqu’un de précis, contrairement à ceux qui affirment des trucs pour avoir l’air savant

      Continue ce magnifique boulot, anonyme (pour moi) animateur de ce site, maintenant que la saison 2 a commencé
      bakou