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1.20 - Do No Harm
Cook County Island
samedi 6 août 2005, par
Ca bouge sur notre Ile mystérieuse : Claire accouche et le boulet disparait définitivement de l’aventure par forfait pour cause de mort. Et après, certains vont encore dire que Lost n’avance pas.
La fin de saison approche, les évènements se précipitent mais pas trop vu que ABC a commandé plus d’épisodes que prévu. Le bébé de Claire nait enfin et un des personnages principaux meurt enfin comme l’avait annoncé et répété les producteurs depuis le début :"Personne n’est à l’abri ! Tous peuvent mourir, d’ailleurs un y passera avant la fin de saison !"
Mais à coté de cela, il faut pas aller trop vite non plus. Il faut donc meubler et rien de tel qu’un bon petit flashback bien inutile pour cela. D’ailleurs, je vais passer rapidement dessus.
Précédemment dans la vie de Jack : un mariage surprise
Jack s’est marié. Ah bon ? Première nouvelle. Un petit choc cette révélation sentant l’improvisation à plein nez tant il ne fut jamais même de très loin annoncé. Donc Jack se marie. Et pas avec n’importe qui mais avec la chouchoute de EDUSA, Julie Bowen, alias Carol dans Ed et accessoirement la tante Gwen dans un épisode de Dawson (chacun a la référence qu’il préfère). Madame Jack s’est brisée la colonne vertébrale dans un accident de voiture et alors que tous les spécialistes annonçaient une paralysie, Jack l’a faite remarcher. Et pour le remercier, elle l’épouse. C’est le résumé fait par la future madame Jack lors de la répétition du diner de mariage. Car tout se déroule la veille et le jour du mariage. Mais Jack est à plaindre. Il ne semble guère enchanté par ce mariage (du moins, cela transparait) et elle lui impose d’écrire des voeux qu’il n’arrive pas à rédiger (d’où l’impression qu’il ne veut pas vraiment se marier). Et hop, papounet Jack arrive et rassure son fiston en lui expliquant qu’il ne peut pas tout contrôler, qu’il doit laisser aller parfois. Et Jack écoute son père et se laisse aller lors de la cérémonie (non, il n’émet pas de flatulences bruyantes) en improvisant ses voeux. "Mais non, chérie, je ne t’ai pas réparé, c’est toi qui m’a sauvé".
Voilà donc Jack marié. Et le sentiment naissant ces derniers épisodes de flashbacks préparant le terrain à de futurs flashbacks est flagrant ici. Cette découverte d’un Jack marié va entrainé trois flashbacks minimum à l’avenir : Comment sont ils passés du statut Médecin/patient à celui d’amants, pourquoi Jack affirme que c’est elle qui l’a sauvé et non l’inverse et comment se sont ils séparés ? Car oui, Jack est séparé sinon madame Jack aurait déjà été évoqué, ne serait ce que lors du flashback où il se rend au Australie à la recherche de son père (Vous vous voyez partir à l’autre bout du monde comme ça sans en parler à votre femme ?). On pourrait arguer que tel Jack Bauer pissant pendant les pubs us, notre Jack l’a fait off caméra. Mais bonjour l’abus dans ce cas.
De plus, ce flashbacks semble se situer bien avant les flashbacks précédents puisqu’il montre Jack et papa Jack s’entendant bien. Serait ce la preuve que les scénaristes comptent meubler avec les flashbacks jusqu’au bout racontant absolument toute la vie des personnages principaux ? Je suis personnellement contre. Quitte à continuer les flashbacks jusqu’au bout de la série, ils devraient faire sortir de l’ombre un de la trentaine d’autres survivants et lui donner son propre flashback plutôt que d’inventer un mariage à Jack. Si la série dure 5,6 ou 7 saisons, finira t’il comme Ross, 3 fois marié ?
En plus d’être inintéressant, ce flashback a un rapport très faible avec les évènements de l’Ile. Simplement nous dire que Jack est obstiné et qu’il doit laisser les choses se faire naturellement parfois. 10 à 15 minutes de vide pour aboutir à ça.
Pour beaucoup, la qualité de Lost oscille beaucoup d’un épisode à l’autre. Mais celui-là prouve qu’au sein même d’un épisode, la qualité varie. Les flashbacks sont poussifs et inintéressants mais les évènements de l’île sont tout simplement "wouah" même si bémol il existe.
Sur l’Ile : One down, one born :
L’épisode enchaine directement sur le précédent qui voyait Boone chuter de la falaise à bord du beau bimoteur jaune des religieux trafiquants de drogue. Locke, qui a rapidement retrouvé l’usage de ses jambes, dépose Boone en très très mauvais état auprès de Jack qui s’affire tout de suite sur le blessé tandis que Locke s’enfuit. C’est fini pour Locke aujourd’hui. Les fans de Terry O’Quinn peuvent passer à l’épisode suivant. D’entrée, on peut remarquer qu’en mourant, Ian Sommerhalder livre sa prestation la plus convaincante dans son rôle. Je sais, c’est méchant mais bon, on se dit qu’il va crever et c’est tant mieux. Sentiment renforcé lorsqu’on voit Claire avoir ces premières contractions. Suis trop sérievore ? En tout cas, dès ce moment-là, il est certain que Boone va y rester, mourrant dans un mélange de plan avec la naissance du bébé. Et cela ne rate pas. C’est cliché au possible mais réaliste. Dans la réalité, un être vient au monde au moment où un autre meurt. Sauf que là, c’est trop too much ce synchronisme à mon goût. Désynchroniser les deux même de quelques minutes seulement aurait moins choqué.
Voilà, Boone est donc mort. La promesse fut tenue : un des personnages principaux y reste au cours de cette première saison. Tout le monde crie presque au génie. Ah bon ? Au contraire, les scénaristes ont pris un minimum de risque tout en allégeant le cast d’un personnage dont ils ne savaient quoi faire. Boone fut un boulet dès le départ avant de "murir" et d’acquérir le statut de personnage inutile. Certains (Tao par exemple) ont trouvé que coller Boone à Locke donnait de l’épaisseur au personnage. Personnellement, je ne trouve pas. Cela permettait plus d’occuper Boone autrement (il marche au lieu de glander sur la plage) et cela renforçait l’image de sage et de mentor que Locke commençait à avoir. Mais cela faisait doublon avec les séances d’entrainement au couteau de Walt qui exprimaient parfaitement le coté mentor de Locke. La perte de Boone ne changera pas fondamentalement la dynamique de la série. Certes, cela va avoir quelques répercussions dans les épisodes à venir (cf le "Find John Locke / Retrouver John Locke" de Jack en cliffhanger) mais tout va très vite revenir au statut quo dans une série qui a tendance à "oublier" les conséquences (cf la mort d’Ethan).
Pour que la mort prenne un véritable impact, il aurait fallu tuer un autre personnage. Mais en y réflechissant bien, aucun personnage hormis Jack du fait de sa profession de médecin, n’est indispensable au groupe. Des 14 survivants principaux, aucune mort ne peut justifier un bouleversement de la dynamique. Même Locke. A part se balader avec Boone l’inutile en forêt et jouer de temps en temps avec Walt au backgammon, il ne fait rien. Et tous les personnages sont dans ce cas. Mais Boone l’était encore plus du fait de son manque de développement. Bref, il ne sera pas regretté. Même pas par sa soeur qui ignore tout préférant copuler sur une plage avec son bel amant Sayid. Elle ne découvrira le sort de son frère qu’en fin d’épisode dans une superbe scène muette à la musique excellente. Et en prime, cela nous dévoile une autre facette de Shannon. Elle s’effondre en larmes sur la cadavre de son frère montrant son profond attachement pour lui alors qu’elle avait été présenté jusqu’alors comme une égocentrique finie sans coeur ne faisant que jouer avec les sentiments des autres, de son frère en premier. Cela annonce une réaction explosive de la part de la belle plante du groupe.
Le gros ventre en plastique d’Emilie de Ravin ne nous manquera pas non plus. L’accouchement va peut-être ouvrir des possiblités de développement au personnage de Claire qui se contentait de rester assise lisant, écrivant ou caressant son ventre. Nous avons en tout cas droit à de belles séquences à cette occasion, surtout en provenance de Jin. Malgré son envie obsessionelle de finir le radeau pour partir, on se rend compte qu’il commence à s’intégrer et s’ouvrir aux autres come le prouve son balbutiment de français ("Jake ? docteur ?") ou les paroles réconfortantes, en coréen certes, ou bien son embrassade sans gêne avec Charlie lors de l’accouchement. Mais sa plus belle scène reste avec Sun, n’osant pas la regarder (il faut dire qu’elle éblouit tout le monde de par sa beauté et sa grâce. Et je rappelle que Sun signifie Soleil en angalis) mais prenant sur lui pour aider Claire et le bébé. Tout simplement une interprétation magistrale de Daniel Dae Kim.
A coté de ce perfect, on tombe bien bas avec Kate. Enorme retour en arrière pour le personnage qui prenait ses marques en chasseur et traqueur et qui revient au statut de gourde dans celui-ci. Les scénaristes ne se consultent jamais ? Gourde, car oui, elle trébuche stupidement dans la forêt broyant les bouteilles d’alcool et reste pétrifiée appelant à l’aide comme une blonde surdimensionnée dans un film d’horreur cheap. De plus, Evangeline Lily est très loin d’être formidable niveau interprétation.
Passons enfin au positif sans retenue : les soins apportés à Boone. Rien à redire sur l’interprétation. Jack et Sun sont parfaits. Une alchimie se dégage vraiment entre eux et c’est un plaisir de les suivre. Sun rappelle fortement les grandes infirmières d’Urgences, à savoir Carol ou Abby à son arrivée, n’hésitant pas à prendre les choses en main lorsque le médecin se perd, profitant d’un recul qu’ils n’ont pas. Et Jack n’a aucun recul sur le coup, obsédé par sa quête du miracle, souhaitant faire danser Boone à son mariage en quelque sorte. Car oui, il est sûr de pouvoir le sauver parce qu’il est Jack, parce qu’il est le super héros des temps modernes, le pourfendeur des virus et autres plaies. Et c’est son devoir, sa responsabilité de médecin de soigner à tout prix les gens. Comme Spiderman finalement. Jack, c’est Spiderman. Un grand pourvoir implique de grandes responsabilités. Et l’ami Spidey répète suffisament que cette doctrine ne vaut pas que pour lui mais pour n’importe qui, y compris Jack.
Jack va devenir obsédé donnant son sang jusqu’à la limite de la syncope. Il aurait d’ailleurs était jusqu’à se vider de son sang sans la formidable Sun à ses cotés. Puis il envisage d’amputer Boone sans penser un seul instant aux conséquences de cet acte. Car oui, on n’est plus dans le monde moderne. Comment pourrait survivre Boone avec une seule jambe ? D’ailleurs, comment pourrait il survivre à l’amputation tout simplement vu la perte importante de sang, les organes internes broyés et la lourdeur de récupération suite à une amputation ? Finalement, Boone, dans son dernier souffle va ramener Jack à la réalité et son flashback : il faut laisser les choses se faire parfois. Il faut laisser mourir Boone pour éviter qu’il devienne une plaie, pour éviter de vider les réserves de médicaments, pour permettre la poésie une mort pour une naissance de s’exprimer.
Et tout ce passage nous amène à une réflexion en parallèle avec notre société ? Est il plus humain de sauver à tout prix des gens quitte à en faire des légumes ou bien de les laisser mourir en paix ? Là, dans le contexte de survie, la question ne se pose pas. Mais les rescapés ne sont pas là depusi bien longtemps et les réflexes de la société moderne sont toujours là comme celui de Jack le médecin devant tout mettre en oeuvre pour sauver quelqu’un. Bref, cette petite touche de réflexion par rapport à notre monde offre un plus indéniable à l’épisode.
L’autre gros plus de tout ce passage reste la combinaison réalisation / musique au top. Jamais cette saison la musique n’avait été aussi en phase avec l’action la soulignant à la perfection. Du grand art. La scène nous entrainant vers l’amputation avec le test sur le bout de bois est excellente avec une musique très sadique. La combinaison de l’obsession de Jack, de la réalisation et de la musique nous entrainait vers l’inéluctable amputation ultra gore. Un gore déjà très présent à l’image du sang omniprésent et du coté cru des plans sur Boone. Même Urgences ne nous offre plus de tels plans sur les blessés graves. Well done les gars.
Le reste en vrac :
Pas de "ceux qui n’ont pas aimé" tout simplement à cause du manque de personne n’aimant pas la série. Ils ont tous lâché prise sauf Amrith mais ces reproches sont d’ordre général et non sur cet épisode précis.
Pas grand chose à ajouter au reste. On peut applaudir l’utilisation d’un nombre conséquent de personnages dans cet épisode même si la plupart ne font pas grand chose. (Spéciale dédicace à Charlie et Hurley).
Aucune citation choc dans cet épisode et c’est dommage. Il y a bien quelques répliques intéressantes mais rien d’inoubliable.
Coté mythologie, même si on avance pas d’un iota, l’épisode a le mérite de faire apprendre au reste du groupe l’existence de la trappe sans lourdeur.
Un bon point également pour cet épisode, soulevant des questions par rapport au précédent. La perte subite de l’utilisation des jambes de Locke qui les récupère juste après le crash du bimoteur : était ce l’Ile retenant Locke parce qu’il a un rôle à jouer plus tard ou bien est ce une manoeuvre malsaine de Locke qui avait vu dans ses visions la chute de l’avion. Il aurait alors offert Boone en sacrifice. J’ai vu cet affrontement de théories sur le forum EDUSA et je vous laisse libre de choisir votre camp. Moi, aucun ne me tente vraiment.
Pour finir, je signale que cet épisode retrace tous les moments clés d’une vie : la conception (la nuit Sayid/Shannon), la naissance et enfin la mort. C’est beau la poésie.
Un très très bon épisode au suspense haletant et au gore bien utilisé. Dommage que le flashback soit quasiment hors propos et prépare le terrain à des futurs flashbacks au pluriel.
L’idée de tuer un des personnages était logique et nécessaire. Il fallait un mort et c’est tombé sur Boone, le plus inutile des personnages, pour au final n’avoir probablement aucun impact à long terme connaissant la série.
Bref, un épisode oscillant entre l’excellent et le moyen, très moyen.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires