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1.18 - Numbers
22, v’là les nombres maudits !
samedi 30 juillet 2005, par
Enfin ! Vous l’attendiez, le voilà : le Hurley-centric est arrivé !
Et contre tout attente, il est directement lié à la mythologie. On pourrait presque dire que c’est logique puisque c’est David Fury qui régale - ici assisté de Brent Fletcher - et qu’il a également écrit Solitary, épisode auquel il est fait référence ici en reparlant de la rencontre entre Sayid et Rousseau. Mais avant de voir cela, il faut que je me sacrifie au schéma rituel : parler de ce qui se passe dans les flashbacks, et ensuite de ce qui se passe sur l’île.
L’argent ne fait pas le bonheur
Hurley est un chanceux. Il a gagné à la loterie, et un sacré jackpot. Du coup, tous les journalistes se ruent chez lui pour l’interviewer et cela fait apparemment de lui une star internationale puisqu’il passe à la télé même en Corée (cf. l’épisode précédent, quand Jin est chez le ministre Byung Han). Mais alors qu’il est en train de parler de ses projets d’avenir, son grand-père - un homme de 70 ans qui travaille depuis 52 ans - succombe à une crise cardiaque. A peine deux minutes plus tôt, Hurley venait de dire qu’il lui offrirait le repos qu’il mérite... A partir de là, toute une suite d’évènements malheureux se produit : le prêtre de la cérémonie d’enterrement meurt frappé par la foudre, la femme de Diego - le frère d’Hugo - le quitte, un incendie se déclare dans la maison qu’Hurley a acheté à sa mère comme il l’avait dit, sa mère se casse la cheville, il est arrêté par la police qui l’a confondu avec un dealer... Si ce n’est pas de la malchance, on peut se demander ce que c’est. Hurley, lui, est certain que c’est l’argent qui est maudit. Jusqu’à une entrevue avec son comptable, qui lui affirme que tout est dans sa tête, qu’il ne croit pas à ce genre de choses. Par contre, il croit aux chiffres. Et cela fait tilter Hurley : mais oui, mais c’est bien sûr, ce sont les chiffres qui sont maudits, et pas l’argent !
Pour en savoir plus, il rend visite à un ancien ami nommé Leonard dans un hôpital psychiatrique. Je ne sais pas pour vous, mais étant donné que c’est de Lenny qu’Hurley tient les chiffres, qu’il est gêné quand il dit qu’il le connaît à l’hôtesse d’accueil et qu’il est encore plus embarrassé quand un des docteurs lui dit bonjour, je pense qu’il est fort probable que notre ami ait fait un petit séjour par ici en tant que patient par le passé. Toujours est-il que quand il va annoncer à Lenny qu’il a utilisé les chiffres pour gagner à la loterie, cela va rendre ce dernier un tout petit peu hystérique ; mais il réussira tout de même à lui dire comment il les a trouvés. Et voilà Hurley qui se rend en Australie chez Sam Gamegie - ah non, c’est vrai, on n’est pas dans le Seigneur des Anneaux, autant pour moi. Seulement, le Sam en question, il est mort, mais sa femme le reçoit et lui raconte comment Sam, alors qu’il était en mer, a reçu une transmission avec une voix répétant sans cesse, en boucle, les fameux chiffres : 4, 8, 15, 16, 23 et 42. Lui aussi les avait utilisé pour jouer à la loterie, lui aussi a gagné, et il a lui aussi été victime de malchance ensuite. D’ailleurs, sa femme a perdu une de ses jambes dans un accident de voiture. Mais lorsqu’Hurley parle une fois de plus de malédiction, cette dernière réagit comme son comptable, mais de façon un peu plus virulente : tout ça, c’est dans sa tête, il cherche des excuses à tout ce qui arrive.
Je pense que tout le monde attendait des flashbacks assez légers pour le personnage le plus cool de la série. Le fait est que ce n’est pas vraiment le cas. Si la musique, le montage et l’humour noir avec lequel est narré tous ces évènements malheureux contribuent à rendre le tout drôle, ça ne l’est pas tant que ça. Il y aurait même de quoi péter les plombs quand on voit le nombre de merdes qui lui tombent dessus. Par contre, on comprend maintenant certaines répliques, notamment dans deux épisodes (c’est nul, ça me fait déjà un truc en moins à mettre dans ma rubrique « Trucs en vrac », snif) :
1.11 : All The Best Cowboys Have Daddy Issues
Walt : “You owe me $20,000 !” (tu me dois 20000 dollars)
Hurley : “You’ll get it.” (tu les auras)
1.12 : ...In Translation
Walt : “Hurley owes me $83,000, I told him I’d give him a chance to win it back.” (Hurley me doit 83000$. Je lui ai dit que je lui laissais une chance de les regagner)
Locke : “It’s been a while since you and I played. I don’t have $83,000.” (Cela fait longtemps que nous n’avons pas joué ensemble. Je n’ai pas 83000 dollars)
Walt : “That’s okay.” (Ce n’est pas grave)
La deuxième, j’aurais pu la mettre dans ma review précédente, mais comme je savais que j’allais m’en resservir ici, je ne l’ai pas fait... Mais si, je suis parfaitement crédible. Bref, cela confirme que le passé des personnages n’a pas été inventé de toutes pièces au dernier moment comme ça sur le pouce pour faire du remplissage parce qu’on doit délayer l’intrigue et qu’on ne sait pas quoi dire sur la mythologie parce qu’après tout c’est ça le plus important dans la série. Non, je ne suis pas ironique. De même que cela explique la réaction d’Hurley lorsqu’il jouait au backgammon avec Walt, plusieurs épisodes plus tôt : il devait en avoir sérieusement marre d’avoir de la malchance, même si ce n’est qu’un jeu sans conséquences. Donc voilà, moi ça me fait plaisir de voir du vrai toutélié, pas un truc artificiel comme dans 24.
Ce qui est encore mieux (ou moins bien selon certains, mais j’aurais tout le loisir d’y revenir), c’est que ces chiffres sont liés au mystère de l’île...
Hugo Jones
Michael aurait bien besoin d’une batterie pour son nouveau radeau, dans l’optique de construire un émetteur pour envoyer un signal de détresse ; mais c’est quelque chose qu’il est bien difficile de trouver. Qu’à cela ne tienne, Hurley, l’homme aux bonnes idées, propose d’aller quémander chez Rousseau puisqu’elle en a tout un stock. Ce à quoi s’oppose fermement Sayid, il est vrai un peu traumatisé suite à sa dernière rencontre avec elle. Ce ne fut pas une expérience très agréable, c’est le moins que l’on puisse dire. Oui, c’est bien la peur qui le fait parler, soi-disant qu’il ne sait pas où elle se cache parce qu’il était désorienté quand il s’est échappé. Mais Jack émet une hypothèse : et si les cartes qu’il avait volées à la Française signalaient l’emplacement de cette dernière sur l’île ? Mais ce ne sont pas vraiment des coordonnées, puisque ce sont les nombres maudits...
Alors qu’il proposait sincèrement d’aller voir Rousseau pour les batteries, voilà que son besoin de réponses en ce qui concerne les chiffres tourne à l’obsession. Il part donc tout seul à l’aventure. Il évitera des pièges, passera un pont très fragile, suspendu entre deux falaises, et n’aura même pas peur d’avoir un fusil pointé sur lui. C’est digne du grand Indy, tout ça. Sa rencontre avec Rousseau est en tout cas porteuse de révélations puisque cette dernière lui en apprend - et on en profite aussi - un peu plus sur elle et son équipe. S’ils se sont dirigés vers l’île en premier lieu, c’est parce qu’ils ont reçu une transmission répétant sans arrêt ces nombres (la même que Sam), en provenance d’une tour proche du fameux Black Rock. Après que la maladie se soit emparée de son équipe et qu’elle se soit retrouvée seule, Rousseau est repartie à la tour et a changé la transmission, qui est devenue celle que l’on entend dans le pilote.
Mais Hurley n’était pas venu pour avoir des explications de ce genre. Il voulait surtout voir Rousseau pour qu’enfin, quelqu’un lui confirme que les nombres sont bien maudits. Il a très mal vécu tous les ennuis qui lui sont tombés dessus depuis qu’il a gagné à la loterie (à tel point qu’il en arrive à croire que le crash est de sa faute...), et il ne pouvait qu’une explication à tout cela : la malédiction des nombres. Le simple fait que quelqu’un abonde dans son sens le soulage vraiment, à tel point qu’il en tombe dans les bras de Rousseau. Une scène inattendue, qui a pour effet de largement faciliter l’obtention d’une batterie. Pour sûr, Sayid fait un peu la gueule quand il repense à ce par quoi il est passé. L’ironie du sort, vous connaissez ?
Ce petit jeu d’aventures à la Indiana Jones (pièges, pont suspendu), qui manque de voir Charlie se tuer lorsque le pont cède sous ses pieds (et pas sous ceux d’Hurley), est très sympathique à regarder. La justification initiale du petit voyage vers l’antre de Rousseau est très bien trouvée, et la réaction de Sayid est très cohérente quand il entend reparler d’elle. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que David Fury est sur cet épisode je pense, il est le mieux placé pour traiter des conséquences de l’épisode 9, écrit de ses propres mains (enfin une seule des deux). Ensuite, qu’Hurley en fasse une affaire personnelle est tout autant cohérent au vu de ce qu’il a vécu, et tout cela amène à la scène où il serre la Française dans ses bras, aboutissant à la résolution de l’intrigue de la batterie sans heurts, ce qui offre un contraste avec l’expérience passée de Sayid. Au passage, les révélations ne manquent pas, donc c’est tout bénef. Mais si la partie aventure est assez légère, c’est le traitement d’Hurley qui étonne. Son apparente coolitude cache un profond malaise, car il se sent responsable quelque part du crash et de la situation dans laquelle sont tous les survivants.
Nombres en vrac
Youpi, on va jouer aux chiffres ! Les nombres en italique sont les nombres maudits, ceux en gras sont les résultats finaux. Je me donne le droit à un nombre joker, qui sera entre guillemets.
8 / 4 = 2 ; 15 - 2 = 13 ; 42 - 23 = 19 ; 19 - 13 = 6
C’est le nombre de flashbacks dans cet épisode.
15 - 8 = 7 ; 7 - 4 = 3
C’est le nombre de scènes entre Locke et Claire, duo pour le moins inédit. Et surtout intrigant, puisqu’il est clairement suggéré que Locke savait que c’était l’anniversaire de la future maman. Son cadeau est un berceau qu’il a fabriqué de ses propres mains. Berceau que Claire voyait, ainsi que Locke, dans le cauchemar qui faisait office d’ouverture dans le 1.10, l’épisode qui lui était consacré...
16 - 15 = 1. 8 / 4 = 2 ; 42 + 2 = 44
1’44", c’est la durée de la scène où Hurley est avec son comptable et apprend qu’il est le propriétaire d’une boîte construisant des boîtes, à Tuston, Californie. Là où travaille Locke... Toutélié on vous dit !
23 * 15 = 345 ; 345 - 4 = 341 ; 16 + 8 = 24 ; 24 - “2” = 22 ; 42 - 22 = 20 ; 341 / 20 = 17.05
Lorsque Hurley a déclenché son piège et ne doit pas retirer son pied de là où il est.
Sayid : “We have to find something to replace his weight.” (Nous devons trouver quelque chose pour remplacer son poids)
17’05", Charlie : “His weight ??? How are we gonna do that ?” (Son poids ??? Mais on va faire comment ?)
Réplique très drôle.
16 - 15 = 1 ; 1 + 4 = 5 ; 42 + 5 = 47
C’est le chiffre clé dans Alias. Mais on s’en tape dans Lost.
Trucs en vrac
Sawyer a mal à la tête parce que Michael et Walt font trop de bruit alors qu’il lit.
Sun pense que Jin ne lui reparlera plus étant donné qu’elle l’a humilié, et se demande si ce dernier va partir sur le radeau.
Hurley trouve que c’est vraiment très bizzare que personne n’essaye de cherche le fameux monstre. Encore une de ces petites répliques qui se font l’écho des remarques que peut se faire le téléspectateur.
Les nombres proviennent bien de l’île puisqu’ils sont inscrits sur l’écoutille qu’ont trouvé Locke et Boone...
Ceux qui n’ont pas aimé vous diront
Qu’on peut faire ce qu’on veut avec les nombres
Apparemment oui, mais je trouve ça plutôt fun, pas vous ?
Que cette histoire de nombres c’est débile et que c’est trop facile
Je ne suis pas d’accord. Il n’y a rien de facile, il est évident que cela est prévu depuis le début. Le genre de précisions que nous avons, comme la transmission qui envoyait les nombres et que Rousseau a changé ou encore le fait que ces nombres soient sur l’écoutille ne peut pas avoir été inventé au dernier moment. Bien sûr que pour l’instant on ne sait pas où les scénaristes veulent en venir, mais ça me semble normal de ne pas dévoiler son jeu dès le début. Sinon, il n’y a plus d’intérêt. Mais là, j’en entends déjà qui disent « ouais mais ça traîîîîîîîne ». Bah oui, Lost a des défauts, son intrigue s’étire quelque peu, mais au vu de tous les éléments parfois anodins qui se trouvent dans la série, moi je trouve ça plutôt excitant.
Encore un très bon épisode de David Fury (oui je sais, il n’était pas tout seul sur celui-là). C’est bien écrit et les évènements se droualant sur l’île sont très bien entremêlés avec les flashbacks. J’adore.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires