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1.17 - ...In Translation
Jin, ce héros
samedi 30 juillet 2005, par
Après un petit hiatus dû à la maintenance de la LTE, désormais rebaptisée Greenland, revoilou les critiques de Lost, qui ne se sont pas perdues en route.
Nous en étions restés à un épisode centré sur Sawyer qui n’était ni bon, ni excellent, grosso modo moyen, en somme. Mais rassurez-vous, le niveau remonte tout de suite vu que cette fois-ci, nous avons affaire à un Jin-centric... Et comme c’est l’un des personnages les plus complexes et intéressants de la série, ça ne peut qu’enthousiasmer, surtout que qui dit Jin dit Sun... Préparez-vous, parce que je vais encore être lourd à vous exprimer mon admiration devant sa beauté exceptionnelle. Are you ready for that ?
Enfin, avant toute chose, il serait bon de faire un petit...
Previously on L(os)TE
Le but n’est pas de parler du previously que l’on voit en début d’épisode. Non, ça c’est trop banal. Ce que je vous propose moi, c’est un previously de ma précédente review concernant le couple coréen, celle de l’épisode 1.06. Parce que finalement, cet épisode en est, non pas la suite directe, mais le complément.
Les flashbacks nous montraient les beaux jours de leur relation, quand ils étaient encore tout excités à l’idée de vivre ensemble et de se marier. Mais dès lors que Jin s’est mis à travailler pour le père de sa dulcinée, leur relation s’est dégradée car Jin ne pouvait plus s’occuper de sa femme, trop pris par son travail. Un événement marque un véritable tournant, et change Jin de façon brutale : il revient un soir les mains pleines de sang, ce qui est la goutte d’eau pour Sun qui décide de le quitter, alors qu’ils vont prendre un vol pour LA à l’aéroport de Sydney. Voilà, c’était à peu près tout, et je viens de condenser en quelques lignes plusieurs paragraphes de palabres inutiles dans cette fameuse review fleuve. Notez l’effort. Et aussi l’auto-promo.
Il convient donc de voir maintenant en quoi cet épisode complète l’autre.
J’ai vendu mon âme au Diable
Non, pas moi. Lui. Bref, il restait tout de même plusieurs zones d’ombre dans cette histoire.
Comment Jin a-t-il réussi à se faire engager ?
Regardez le titre de cette partie et vous le saurez. Plus sérieusement, pour convaincre Mr Paik, le père de Sun, de lui accorder la main de sa fille, il lui assure qu’il a des ambitions puisqu’il veut ouvrir son propre restaurant et plus tard, éventuellement, posséder son propre hôtel. Néanmoins, il est prêt à tout pour sa dulcinée, même à travailler pour son futur beau-père. Ce dernier lui demande alors pourquoi il laisserait sa fille à un homme qui abandonne si facilement ses rêves. Réponse du tac-o-tac : Sun est son rêve. Trop fatoche pour être embauché, suffit de sortir des phrases romantique bien senties. Malheureusement, il ne se doute pas encore qu’en face de la table, le chef d’entreprise respectable (soi-disant) est bien content d’avoir trouvé un pigeon tel que lui. Il va très vite en tirer parti...
Qu’a-t-il fait pour avoir du sang sur les mains ?
Pour une fois, cette expression est à prendre au sens littéral. C’est souvent source de quiproquos, ces phrases qui ont un double sens, et Jin en fera les frais. C’est dommage, s’il regardait la série depuis le début il aurait compris que les doubles lectures, ça foisonne. Du coup, quand Mr Paik lui demande de délivrer un message au Secrétaire de la sûreté de l’Environnement, il s’en va tout bêtement lui donner gentiment de pas très vive voix, avec force respect. Mais ce n’était pas vraiment ça qu’il fallait faire, et il va se faire rebattre les oreilles par son boss. Délivrer un message, c’est un peu plus brutal que ça, et Jin va devoir tabasser Byung Han pour lui sauver la vie. Le seul problème, c’est qu’il le fait devant sa famille et notamment sa fille. Quel homme est-il donc devenu pour en arriver là ? Toujours est-il qu’à ce moment, le téléspectateur est rassuré. Ouf, Jin n’est pas un meurtrier.
Mais pourquoi donc qu’ils prenaient l’avion ?
La société de Mr Paik a des partenaires implantés en Australie, à Sydney, et ceux-ci voulaient que Jin vende des montres à Los Angeles. Le même modèle de montre que celle dont Jin a fait tout un foin dans le 1.06, agressant Michael dans la foulée. Ce sont des petits clins d’oeil qui font plaisir.
Pourquoi a-t’il offert un chien à Sun ?
Parce qu’on lui a offert. Moi qui croyais que c’était une décision personnelle de Jin, motivée par l’envie d’offrir un compagnon à Sun pendant qu’il n’est pas là pour ne pas qu’elle se sente seule, bah c’est raté.
A part ces informations complémentaires, des petites tranches de vie du couple nous sont montrées pour bien appuyer le fait que leur relation s’étiole au fil du temps. Déjà, lors de leur mariage, Jin avait décidé de repousser leur lune de miel de six mois pour montrer à Mr Paik à quel point il est dévoué dans son travail. Il avorte aussi, un autre soir, un dîner en tête-à-tête que sa femme avait préparé pour lui avec amour. Par deux fois donc, on la voit désappointée, le rêve s’effrite... Cela correspond donc parfaitement à ce qui nous était proposé précédemment. Autant à ce niveau là qu’en ce qui concerne Jin.
Jin un homme complexe qui aime profondément sa femme, mais qui est torturé à cause de son code éthique personnel. Si son attitude a changé par rapport à Sun, ce n’est pas seulement à cause de ce qu’il a fait mais aussi parce qu’il se sent mal à l’aise vis-à-vis d’elle. Il ne peut se résoudre à lui dire quel genre d’homme est son père, alors que cela lui faciliterait les choses et résoudrait une bonne partie de leurs problèmes... C’est ce qu’il dit à son père qu’il retrouve après des années, alors qu’il laissait croire à tous qu’il était mort, honteux qu’il était de sa condition de pêcheur. Leurs retrouvailles sont poignantes, et Mr Kwon donne un bon conseil à son fils : s’il veut sauver son mariage, qu’il reste aux Etats Unis. Ironique quand on sait que Sun, de son côté, avait l’intention de le quitter... C’est là tout le problème quand on ne communique plus.
Ce problème se répercute également sur l’île puisque depuis le crash, Jin cherche avant tout à protéger sa femme, mais il ne fait que l’étouffer en étant trop autoritaire. A la fin de l’épisode, quand Sun lui demande s’il n’est pas possible de tout recommencer à zéro, il est sur le point de déposer son sac avant de se raviser et de s’en aller sur la plage, pour aider Michael à reconstruire un radeau. Difficile de comprendre ses motivations alors que l’on peut penser que l’une des causes de son départ est justement la relation entre Sun et Michael... Quand je vous disais que l’homme (pas l’Homme) était complexe.
Finalement, la dernière scène de Sun sur la plage, au demeurant magnifique (pour une fois, je parle de la scène), est symbolique d’une nouvelle vie, où elle peut enfin agir comme elle veut. Mais pour cela, elle a perdu son mari.
Avant de continuer, je me dois de vous bassiner avec ma femme. Je ne me lasserais jamais de le dire, mais il faut bien avouer qu’elle est vraiment très belle à l’accoutumée. Mais alors là, elle est absolument sublimement exquise, divine, [insérez ici tout adjectif susceptible de retranscrire l’admiration sans bornes que je vous à Yunjin Kim], lors de la scène où elle est en bustier et se prépare à mettre sa robe de mariée. J’en suis resté pantois. C’est une Déesse, il n’y a pas d’autres mots pour la qualifier tant elle est magnifique. Je ne parle même pas des scènes où on la voit en maillot de bain, ça c’est autre chose... Bref, tant pis pour la redite, sa présence à l’écran suffit amplement à illuminer une scène, c’est aussi simple que cela. D’accord, j’exagère peut-être un peu, mais merde, elle est belle quoi !
Maintenant que c’est fait, je vais peut-être pouvoir parler de ce qui se passe sur l’île.
Il est temps de se réveiller
Les problèmes de communication ne concernent pas que le couple coréen, c’est en fait l’un des enjeux de cet épisode. Bien sûr, cela ne date pas d’hier puisque depuis le crash, les personnages ont des difficultés dans ce domaine là et c’est en partie pour cela qu’ils ont du mal à organiser leur survie correctement. Prenons le cas de Walt par exemple : plutôt que de discuter avec son père de ce qu’il ressent - il a tellement changé de lieu de vie dans sa si courte vie qu’il aimerait bien garder une certaine stabilité, et l’île lui convient bien -, il préfère brûler le radeau que construit Michael. Et se sentant coupable, il se propose ensuite pour aider quand son père, loin de se laisser abattre, décide d’en construire un autre, meilleur que celui qui a disparu en fumée.
Parlons-en, de cette histoire de radeau, puisqu’elle est au centre du tumulte qui se crée sur l’île. Il est amusant de voir comment Grillo-Marxuach - avec son co-scénariste - a trouvé le moyen de réutiliser les ingrédients du 1.06 - qu’il avait lui-même écrit -, mais à une sauce différente. Rappelez-vous : Jin avait agressé Michael, que tout le monde croyait coupable d’une vacherie à l’égard du coréen (sauf Jack) pour engendrer pareille réaction, la possibilité d’une relation amoureuse entre Sun et Michael ainsi que la jalousie de Jin à ce propos était évoquée, et Sun révélait à Michael qu’elle parlait anglais. Heureusement que je n’avais pas résumé l’épisode de cette manière la dernière fois, parce que ma review n’aurait pas pesé bien lourd.
Dans une certaine mesure, le même schéma se reproduit ici. Michael a fait l’erreur de s’interposer entre Sun et son mari alors que cette dernière était en maillot de bain sur la plage et que Jin voulait la forcer à recouvrir son corps de façon plus décente. Alors, bien évidemment, il n’a qu’un seul suspect en tête lorsqu’il découvre que son radeau est en train de partir en flammes, et c’est bien sûr le coréen. Le motif est tout trouvé : il est jaloux, et il voulait punir celui qu’il considère comme son prétendant. Le mutisme de Sun alors qu’il la presse de questions le conforte dans son opinion, parce qu’il pense qu’elle est en train de le couvrir. Gros malentendu, car s’il sait qu’elle parle anglais, il a oublié que ce n’est pas le cas des autres et que la Coréenne ne tient pas forcément à ce que ça soit le cas... Jack essaye une fois de plus de jouer les médiateurs mais quasiment tout le monde est convaincu que c’est Jin le coupable. Et il va en souffrir.
En effet, il va se retrouver dans une position un peu délicate sur la plage, après que Sawyer l’y ait traîné, puisque tout le monde va s’assembler autour de lui, comme pour le juger. Jack veut s’en mêler mais tout le monde lui dit de ne pas le faire et Michael finit par frapper Jin. Et là, c’est le choc : au bout de quelques coups, Sun lance un cri strident pour arrêter tout cela et demande à ce que son mari ait la paix, parce qu’il a seulement essayé d’éteindre l’incendie... Stupeur générale. Sun parle anglais ??? Maintenant, c’est sûr, tout le monde est au courant, et beaucoup sont indignés qu’elle ne l’ait pas signalé avant. Vous le voyez, comme je le disais ce sont plus ou moins les mêmes ingrédients, et AMA c’est pour nous replacer très facilement dans le contexte du 1.06, comme si celui-ci en était la suite directe. Le petit clin d’oeil, c’est que les rôles sont inversés : ici, c’est Michael qui tabasse Jin sans qu’il ne se défende. Il a eu sa revanche.
Mais je crois que la scène la plus importante, c’est celle où Locke remet tout le monde à sa place. Et oui, il est temps de se réveiller. Plutôt que de passer son temps à se tirer sans arrêt dans les pattes, il serait peut-être bienvenu de commencer à s’inquiéter des autres habitants de l’île. Parce qu’ils savent tous sans exception qu’ils ne sont pas seuls. Ca fait du bien de l’entendre, parce que l’intrigue principale trainaît un peu ces temps-ci et l’organisation dans l’optique de se protéger contre ces ennemis potentiels se faisait légèrement attendre. D’ailleurs, on peut y voir un autre niveau de lecture et penser que ce sont aussi les scénaristes qui s’expriment pour s’excuser d’avoir un peu délayé l’intrigue et qu’il est grand temps qu’ils se concentrent sur des développements importants à propos du mystère de l’île.
Au final, on voit des réactions cohérentes, de vraies interactions ; de vraies tranches de vie quoi. Quand je vous disais que Grillo-Marxuach excellait dans la manière de narrer la survie au quotidien de tout ce petit monde...
Les trucs en vrac reviennent, et ils sont pas contents
Le titre VO de l’épisode est bien sûr un jeu de mots qui fait référence au film Lost In Translation.
La relation Shannon - Sayid franchit un palier puisqu’ils s’embrassent. Néanmoins, il aura fallu un conseil de Locke pour que la boulette fasse comme elle veut comme une grande sans s’occuper de son faux frère le boulet. Il a beaucoup d’influence, celui-là, même s’il n’avait pas tort en lui disant qu’il est temps pour elle d’avoir une vie. A voir ce que cela va donner et si Sayid ne va pas regretter son choix. Bon non, je suis vil, parce qu’elle est très bien danc et épisode.
Les piles d’Hurley sont enfin nazes ! Il était temps, mais j’aime quand une série joue de ses petits défauts sous forme de clin d’oeil.
A ce propos, la dernière scène est magnifique. Outre l’élément comique qui voit la musique qui accompagne la scène caler parce que le walkman d’Hurley n’a plus de quoi fonctionner, et la [...] Sun baignant ses pieds dans l’eau en maillot de bain avec la caméra qui descend lentement le long de son corps de rêve (je viens de faire une crise cardiaque rien qu’en y repensant), on a droit à un superbe plan avec Claire assise en fond avec son ventre rebondi et Hurley au premier plan, qui jette un oeil sur son ventre qui a les mêmes formes dans cette position... Joli clin d’oeil.
Toujours en parlant de lui : il apparaît à la télé dans un des flashbacks, la première fois que Jin rend visite à Byung Han.
Locke a deviné que c’est Walt qui a mis le feu au radeau mais ne compte pas le révéler. D’ailleurs, tout comme le jeune garçon, il aime bien l’île. Tu m’étonnes, au moins là il peut se servir de ses jambes.
Lorsqu’il va aider Michael, Jin prononce le mot boat. Wow, un mot d’anglais dans son vocabulaire.
Sun est d’une beauté époustouflante dans cet épisode et réhausse toutes les scènes dans lesquelles elle apparaît... Comment ça je l’ai déjà dit ? Mensonge !
Ceux qui n’ont pas aimé vous diront
Qu’au final, on n’a rien appris de plus sur le mystère de l’île.
Come on les enfants ! Quand comprendrez-vous que Lost est avant tout une histoire de survie et se centre sur ses personnages ? Qu’ils soient intéressants ou non, attachants ou non, là n’est pas la question (oui parce que je vous vois venir bande de chenapans) ; c’est juste le sel de la série, et c’est bien pour cela que chaque épisode est centré sur un personnage. Arrivé au 17ème épisode, il est grand temps de se réveiller et de comprendre cela.
Que l’on apprend rien de plus sur Jin, on savait déjà qu’il n’était pas si terrible que ça
Ah oui ? Franchement, on n’en savait rien s’il était un meurtrier ou non. Et puis, ce n’était même pas le plus important puisqu’il s’agissait de nous offrir un autre point de vue sur la fêlure du couple coréen. Et l’on se rend compte qu’il n’y a pas de méchants, juste un homme et une femme piégés, qui s’aiment profondément mais qui ne savent plus communiquer.
Le coupable de l’incendie du radeau se devinait facilement
Mouais, à la limite je veux bien le croire, d’accord. Mais je ne pense franchement pas que ceux qui ont eu du flair sur ce coup avaient deviné les raisons de cet acte, qui le justifient très bien d’ailleurs.
Un épisode remarquable, qui allie parfaitement flashbacks et temps réel. La petite vie des survivants est parfaitement décrite, et l’histoire du couple coréen est toujours aussi touchante. Ajoutons à cela une photographie parfaite, de petits clins d’oeil, et on obtient un des meilleurs épisodes de la saison.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires