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1.08 - Cara Fitzgerald
Secrets et dilemmes
Confession d’un homme seul
vendredi 11 février 2005, par
De retour sur la LTE pour une deuxième fournée de critiques de LA série culte que 20% en moyenne de gens devant le petit écran regardent le vendredi soir, j’ai nommé..."Nip/Tuck" !
Cet épisode est sans doute le meilleur de la première saison, il se situe réellement au tournant de la saison, avec l’apparition d’un nouvel arc absolument terrible pour Matt, et les suites de la relation extraconjuguale de Sean.
Mais commençons par le commencement. L’épisode commence avec Matt et son copain Henry qui fument des pétards, et font les cons avec la radio à bord d’une horrible voiture jaune. On se dit "chouette, Matt va encore se retrouver dans la merde". Le seul truc, c’est que le créateur et scénariste de l’épisode, Ryan Murphy, ne nous laisse pas deviner à quel point.
Leur voiture percute une étudiante qui ramassait ses livres renversés sur la chaussée, une dénommée Cara Fitzgerald. Ils repartent comme si de rien n’était, mais le corps de l’étudiante gît dans le buisson avoisinant. La scène est brutale, sans concession, le teaser nous accroche. De teenager déconneur, Matt est passé au stade de meurtrier involontaire. Une fois de plus, les apparences volent en éclats.
Et c’est parti pour 45 minutes de drama.
Le lendemain matin, alors qu’il regarde le journal local, Matt commence à réaliser sa connerie. Il a alors la réaction la plus culottée qu’on pourrait imaginer : se rendre au chevet de la victime pour voir ce qu’elle sait...ou pas. Sauf que la victime est plongée dans le coma, et que sa mère prie pour qu’ils retrouvent "le monstre qui a fait ça à ma fille". De spectateurs choqués, nous passons à des spectateurs impuissants, forcés de partager le secret de Matt malgré nous. Avouer serait détruire sa vie : c’est pourtant le dilemme qui va ronger Matt. En attendant il va vouloir réparer. Et pour commencer, réparer son visage alors que sa mère refuse toute intervention et tout traitement médical, attendant un signe de la Providence...
Christian et Troy, quant à eux, ont bien d’autres soucis : une patiente veut se faire opérer du nez, qui ressemble trop à celui de son père qui a abusé d’elle dans son enfance. Christian suggère qu’elle aille voir un psychiatre, il ne veut pas prendre de risques après l’affaire Nanette Babcock. Ensuite, un autre patient veut une opération bénigne du pénis, une "marque de naissance". Ce que Christian éxécute avec joie, sans arrière-pensée.
Sean continue à voir Megan O’Hara, qui décide de se faire refaire les seins malgré tout, car sa relation avec Sean la fait revivre en quelque sorte. Grace comprend qu’il se passe quelque chose, en parle à Christian qui va le relater à Sean. Puis, vidage de placard : oui, Grace a couché avec Christian, oui, Sean l’a draguée avant de l’engager, et non, elle ne va pas oublier de sitôt cela.
Une scène totalement jouissive, très humoristique malgré le ton tendu.
La suite se passe de commentaires, avec un twist aussi dégueulasse que suprenant : Mike Shane est en fait un prêtre pédophile, et l’opération a servi à enlever toute preuve de ses méfaits à la justice. Il fanfaronne, et Christian et Sean se retrouvent avec un autre secret embarassant.
Le point d’orgue de l’épisode, qui intervient comme par hasard à la moitié de l’épisode, est un montage des discussions entre Christian et Sean d’un côté, Matt et Henry de l’autre. Avouer tout à la police ? Régler ça eux-mêmes ?
Après que les esprits se soient calmés, les deux associés décident de dénoncer le prêtre anonymement, tandis que les deux amis choisissent de faire refaire le visage de Cara par Sean, avec l’appui forcé de la mère.
Mais les solutions les plus évidentes ne suffisent pas à soulager les tourments de l’âme. Preuve en est la discussion entre Christian et la patiente violée, qui lui avoue que faire emprisonner son père ne l’a pas rassurée, bien au contraire. De son côté, Matt reste au chevet de Cara, et il n’est pas totalement débarrassé du poids sur sa conscience.
Le seul moment où l’on souffle est la belle scène Megan/ Sean, qui s’est appliqué sur son opération, au point de l’appeler "my best work", rien de moins. Pour ces deux-là les conséquences ne sont pas immédiates...en est-ce rassurant pour autant ?
Et que dire de cette scène finale, impressionnante, où Christian affronte le père Shannon, en lui confiant qu’il a perdu son âme. Il le force à tout avouer à la police en le menaçant d’un scalpel, sur fond de musique de choeurs baroques, placés bien ironiquement. On apprend que Christian a été violé par son père dans son enfance également, à la toute fin de l’épisode. Pour nous prouver la perversion du père Troy, on apprend que Christian s’est laissé tenter par des relations en échange d’argent. La mort du père n’a rien cicatrisé. Son âme est pervertie à jamais.
Un épisode époustouflant, géré de main de maître par des acteurs impeccables de sobriété. Mention spéciale à Julie Warner en Megan O’Hara qui n’a pas fini d’émouvoir. Ajoutons à cela des dialogues percutants, des twists inattendus, et on a là un très grand épisode.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires