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7.14 - Theef
Vauleur !
Coup du sort
dimanche 12 mars 2000, par
Quand la magie (noire) n’opère plus...
Okay. Bonjour à tous les lecteurs au clic généreux. Soyez les bienvenus. Pour cet épisode de facture très classique et à la thèse malheureusement trop convenue (les formes de médecines parallèles versus la médecine dite "traditionnelle" ou "moderne"), je vais tenter (je dis bien "tenter" par un excès de prudence caractérisé ; ne souriez pas je vous vois, alors gare aux sorts !) de souligner quelques points intéressants qui méritent malgré tout réflexion. En effet, je préfère vous mettre d’avance au parfum car j’avoue volontiers être en panne d’inspiration et la qualité de l’épisode dont il est question ne m’aide guère. Alors soyez indulgents jeunes gens. Mais au diable les inhibitions, chauffe clavier, chauffe...

Commençons donc si vous le voulez bien par résumer en quelques mots (si cela est toutefois possible) le point de départ de notre histoire ; histoire justement de s’y retrouver et de ne pas perdre inutilement le fil de notre argumentaire aussi succint soit-il : le docteur Robert Wieder vient tout juste d’être récompensé par ses pairs du trophée du meilleur médecin de toute la baie de San Francisco (rien que ça), enfin reconnu "pour sa grande sagesse, ses compétences et la compassion qu’il a su témoigner dans l’exercice de la médecine". Mais voilà, l’état de joie et de fierté qui suit naturellement la cérémonie de remise de prix va être brutalement troublé par le meurtre du beau-père de l’heureux récipiendaire perpétré dans la luxueuse demeure familiale située dans le non moins aisé comté de San Marin en Californie. Une inscription macabre et posthume ("Theef" c’est-à-dire littéralement "Vauleur" ; comprenez par là "Voleur") aux lettres de sang (celui de la victime bien sûr) recouvre le mur sur le lieu du crime. La piste du suicide est très vite écartée en raison de la présence dans le lit de la victime de quelques grammes de terre provenant d’un cimetierre et soigneusement disposée en forme de figurine vaudou (un symbole donc), signe que le responsable a eu recours à la magie noire pour éliminer sa proie. Alertés par ces indices d’une facilité de compréhension déconcertante (n’est-ce pas miss Scully ?) et après une conversation typique du duo, Mulder et Scully en viennent à penser qu’il s’agit d’une vengeance dont le mobile reste cependant à élucider puisque celle-ci semble liée au décès d’une ancienne patiente du docteur Wieder. Le père de la défunte devient en effet le principal suspect dans cette affaire où les homicides à distance par sorts et autres envoûtements se succèdent à un rythme soutenu jusqu’à élimination presque totale des proches du docteur Wieder.

Voici donc pour le synopsis de l’épisode qui vous le remarquerez, n’est pas franchement folichon, car vu et revu. Et justement, parvenue en septième saison, la série ne pouvait plus se le permettre (enfin de mon point de vue). Tentons à présent parce qu’il le faut bien, une courte interprétation : l’épisode joue sans cesse sur les contrastes ou les opposés si vous préférez ; procédé esthétique habituellement retenu par les scénaristes lorsque ces derniers souhaitent sciemment ou inopinément susciter chez les téléspectateurs à la fois étonnement et confusion ; mais également dans le but de soulever un questionnement. Mais ici, force est de le constater, le procédé ne fait pas mouche (loin de là) et ne crée absolument rien de poétique car c’est en principe l’objectif. Vous me suivez ? Non ? Rien de grave vous me relirez. Car en effet, l’on ne peut être qu’attentif (si si) tout du long à ce décalage constant qui existe entre d’un côté cette joie et cette profusion familiale partagées au début de l’épisode et de l’autre la misère (physique et psychologique) de cet homme mis au ban de la société et qui pour s’en sortir utilise la magie noire car c’est là sa seule raison de survivre : venger ce qu’il considère comme étant un meurtre de sang froid, celui de sa fille par le docteur Wieder. Et malgré tout le dispositif de sécurité mis en place par les agents pour le protéger, il semble qu’il ne puisse échapper au sort qui lui est réservé. A moins que... Un homme donc, délabré par le temps, rongé par le remords de ne pas avoir soigné sa fille à temps par d’autres moyens alors que la médecine traditionnelle était impuissante à la sauver. Sans distinction sociale non plus (il crèche dans les bas quartiers à l’abri du regard des riches), sans aucun doute analphabète ou dyslexique (d’où rappelez-vous la faute d’orthographe relevée dans son message) et qui depuis trop longtemps nourrit une haine féroce à l’égard du médecin qui choisit jadis en toute objectivité et par "compassion" de mettre fin à la vie d’une patiente (anonyme et elle aussi laissée dans l’oubli) afin de soulager ses souffrances la sachant de toute façon condamnée. Ainsi s’opposent ou se heurtent médecine traditionnelle ou classique et médecines alternatives ou parallèles : le père malgré son absence ce jour-là aurait-il pu sauver sa fille par d’autres moyens que ceux de la médecine classique ? Un questionnement fondamental (qui interpelle directement Scully) et pourtant relativement désuet puisqu’aujourd’hui largement éprouvé dans l’univers des séries (médicales notamment), même si le thème de l’euthanasie active ou passive que l’on perçoit en filigrane reste toujours d’actualité.
Pour le reste, peu de choses à retenir si ce n’est cette routine insistante qui commence sérieusement à s’installer entre les deux agents après des années de bons et loyaux services. Ce qui est bien sûr source de plaisanteries entre eux deux et le signe patent que leur union (professionnelle) est d’ores et déjà consommée. Quant au thème paranormal dont il est question ici, ce n’est ni plus ni moins qu’une mauvaise resucée (pardon) d’anciens épisodes largement plus porteurs. Pour exemple, Fresh Bones (Mystère vaudou en VF), un épisode de la seconde saison, était beaucoup plus malsain dans le même registre. La scène du scanner transformé en micro-ondes reste toutefois à voir pour sa violente trivialité. Enfin, le thème de la médecine alternative sera infiniment mieux traité par Gillian Anderson dans All Things (saison 7).
Merci de m’avoir accordé un peu de votre temps pour cet épisode insignifiant qui reprend abusivement toutes les ficelles du genre : poupées vaudou, envoûtements et autres sortilèges. Un bon moment pour certains. Un supplice pour d’autres. Bref, la série tourne un rond signe que la magie n’opère définitivement plus.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires