Accueil > Critiques > Critiques en Pause-pipi > Urgences > Le tact selon Pratt
11.13 - Middleman
Le tact selon Pratt
vendredi 21 octobre 2005, par
Quand Urgences s’ouvre sur Pratt, on se doute déjà qu’on va avoir droit à une nouvelle connerie de notre Boulet international. Mais quand en plus, la « morale » qui en découle est foireuse, ça donne une grosse bourde de la part des scénaristes.
Que je m’explique dès maintenant. Je suis un brin excessif dans cette introduction, et ne fait référence qu’à une storyline de l’épisode, mais j’aurai tout le loisir de nuancer mon propos dans la critique qui suit. Le fait est que Pratt m’a vraiment énervé dans cet épisode. Mais ça, ce n’est pas une surprise. Non, ce qui m’a déçu, c’est qu’il n’y a pas eu que Pratt pour gâcher, en partie, cet épisode.
Une (trop !) grosse erreur
Thomas, un enfant, arrive aux Urgences et l’on découvre sur son torse une éraflure qui, si elle est de taille assez importante, n’est pas pour autant très alarmante, surtout que l’explication fournie par l’enfant concorde avec la blessure. Cependant, Wendall, une fois contactée, est quelque peu perplexe, et pense qu’il se passe quelque chose d’autre. Mais Pratt ne lui laisse pas le temps de compléter son dossier et fait sortir l’enfant et sa famille.
Thomas revient quelques heures plus tard, roué de coups, en arrêt cardiaque, et finira par mourir en réa.
Je tiens à préciser avant tout que j’ai suivi cette histoire avec beaucoup d’intérêt, l’intrigue est très bien menée, passionnante et - un peu - surprenante. Disons que je ne m’attendais pas à voir Thomas mourir à la fin (bon, c’est un peu naïf de ma part, étant donné que, comme je le disais dans une de mes critiques précédentes, les épisodes d’Urgences finissent souvent par une tragédie).
Mais, car il y a un mais, et il est de taille. J’ai l’impression qu’il y a eu une légère arnaque sur la marchandise. Peut-être que je suis trop sévère, peut-être que je n’y connais rien, que je n’ai jamais connu une histoire similaire et que je ne sais pas comment j’aurais moi-même réagi - oui, tout ceci est vrai - il n’empêche que j’ai trouvé ça trop... gros. Un gamin arrive avec une éraflure, raconte une histoire foireuse, et Pratt croit tout sur parole. Ben oui, bien sûr, notre boulet préféré a dû penser que s’il se faisait battre, il aurait tout avoué comme ça, surtout devant sa belle-mère et son frère. Enfin, il ne fallait pas en attendre davantage de Pratt, ce type cumule les erreurs depuis son arrivée à la fin de la saison 8 (ça va faire trois ans, mon petit ! je crois que je n’ai jamais vu un personnage évoluer aussi peu, limite régresser).
Au début, en parfait amateur d’Urgences, j’ai cru à une histoire de maltraitance « familiale », genre la belle-mère, surtout qu’elle n’avait pas l’air particulièrement aimable ni attachée au gosse. Et puis j’ai pensé au frère, parce que pendant l’interrogatoire de Thomas, il a un regard de psychopathe qui ne m’a pas franchement rassuré.
Je suis content que ça n’ait pas été le cas, j’aurais trouvé ça trop facile, ça fait onze ans qu’on voit ce genre de choses aux Urgences.
Ce qui m’a vraiment déçu, en revanche, c’est que Wendall soit aussi passive. Elle a des soupçons, elle est assistante sociale, bon sang, qu’elle se réveille ! Et ce n’est pas franchement le petit discours de Pratt final sur le fait que tous les médecins, internes et externes supplantent les assistantes sociales qui va me convaincre que tout ça est cohérent. C’est peut-être vrai, mais le fait est que les assistantes sociales savent aussi se faire entendre, surtout que Wendall ne nous a jamais été présentée comme une fille complètement amorphe et incapable de faire preuve d’autorité. Elle sait se faire respecter, d’une certaine manière, et là, elle a complètement déconné. Que Pratt laisse passer ce cas gros comme une maison, c’est Prattesque, c’est logique, mais de sa part à elle... pas un pour rattraper l’autre.
Oui, Wendall, tu peux pleurer dans les bras de Carter, il n’empêche qu’un gamin est mort et que tu aurais pu, si ce n’est éviter ça, au moins tenter quelque chose. Qui sait ce qui serait arrivé ?
Comme dirait Alizée dans la chanson que j’écoute en ce moment, « C’est trop tard ! » (oui, j’écoute Alizée... ça va, vous faites jamais de trucs bizarres vous ?).
La scène de la mort de Thomas est très touchante, on sent que tous les médecins présents sont touchés par ce cas (comment ne pas l’être ?). Mais voilà, le Pratt show n’est pas terminé, parce que quand Pratt se décide à faire des conneries, il continue jusqu’au bout. Et vas-y que je t’enfonce le clou en reprenant le massage sur un gamin mort, devant les parents en larmes et catastrophés... Ca, c’est faire preuve de beaucoup de tact. Ca m’a fait penser à l’épisode 9.02 (si mes souvenirs sont bons) où Pratt (oui, toujours le même) promettait qu’il allait sauver leur père à deux enfants, mais le père finissait par mourir et Pratt avait provoqué un véritable drame au sein de la famille. A croire qu’il est vraiment incapable de tirer une leçon intelligente de ses actes...
Je dis leçon intelligente, parce qu’une leçon, il en tire une de ce cas. Oui, il est content, il se précipite pour aller voir son ex sortie de nulle part et lui dit, tout sourire, que oui, il est adulte, bla bla bla... Oui, pour moi, c’est une morale foireuse, et qui manque également de tact (cette fois-ci, ça ne vient même pas du personnage en lui-même, mais vraiment des scénaristes, en ce sens où je ne pense pas que faire passer ce message pour grotesque était volontaire). Voilà, le gamin n’est pas mort pour rien, il a fait réaliser à Pratt qu’il était adulte. Mais est-ce que, dans la saison 13, quand Pratt recommencera un massage cardiaque sur un adolescent (oui, entre l’adulte, et maintenant le gamin, je tente de faire des pronostics sur une base concrète) devant ses parents alors qu’il est mort, on se souviendra de ce gamin qui était censé lui avoir appris une leçon ?
Les étudiants en médecine sont là pour apprendre, par conséquent pour faire des erreurs, c’est logique, ce n’est pas quelque chose que je nie. Mais je crois que même Jane, toute externe qu’elle est, n’aurait pas fait quelque chose d’aussi malvenu.
Le songe d’une nuit d’été
Cette pièce me poursuit... Je vais l’étudier pour la troisième fois cette année (enfin, dans son intégralité), et en plus il faut qu’ils en parlent dans Urgences. Mais je ne suis pas là pour raconter ma vie.
Parlons de choses un peu plus joyeuses que Pratt et ses gaffes monstrueuses, même si je vais quand même devoir parler de Pratt puisqu’il est sur tous les fronts dans cet épisode. Lysandre Martin est « le cas loufoque du jour », et on peut dire que cette histoire a le don de rehausser le ton de l’épisode, en apportant un brin d’humour, sans être surréaliste. Lysandre s’est donc fait tirer dessus en voulant menacer son patron, un certain Migli.
Ce qui est surtout intéressant, c’est que notre cher patient va engendrer une vraie bataille entre la chirurgie et les urgences, une bataille comme on n’en avait pas eu depuis longtemps (pas aussi longue et drôle, en tout cas). Sam n’a pas tort quand elle dit que « c’est à celui qui pissera le plus loin », et même si on sent depuis le début que Kovac a raison (Dubenko avait qu’à être au générique, tiens !), j’ai trouvé le tout plutôt agréable à suivre, je dois bien le dire, surtout grâce à Dubenko. Plus le temps passe, plus j’aime ce personnage. Comme quoi, il ne faut jamais se fier à son premier avis. Tout en possédant une arrogance chirurgienne indéniable, le fait d’apprendre qu’il avait tort, et l’insistance très lourde et très chiante de Pratt ne lui font pas perdre contenance, et il avoue, le sourire aux lèvres, sa défaite. J’ai trouvé ça très fair-play de sa part, d’autant plus qu’il garde toute sa dignité. Il ne cherche pas à jouer les chirurgiens supérieurs, contrairement au début de l’épisode. Bref, Dubenko est un personnage à plusieurs facettes sans jamais se contredire lui-même, et ça, j’aime beaucoup !
Les interventions à répétition de Lysandre, patient très bavard, ne font qu’accentuer l’humour de cette histoire. Ok, j’exagère peut-être un peu, je ne riais pas aux éclats non plus, mais j’avais un petit sourire aux lèvres du début à la fin, et c’est toujours très agréable, surtout que cela contrebalançait assez bien l’histoire de Thomas (les épisodes de cette saison 11 sont drôlement bien équilibrés entre humour et tragédie, dites-moi ! j’ai l’impression de me répéter dans chacune de mes critiques). J’ai particulièrement apprécié le coup de téléphone à la femme de Migli, durant lequel Lysandre avoue que son mari la trompe et que lui-même est amoureux d’elle (bon, j’espère que vous avez vu l’épisode, parce que cette phrase est incompréhensible... de toute façon, si vous n’avez pas vu l’épisode, vous n’avez pas à lire cette critique, non mais oh !... non, enfin je vous dispute pas, c’est juste que je veux vous éviter la douloureuse maladie de l’addiction au spoiler...).
Bref, c’était drôle et mignon, et plutôt bien traité.
Abby et Jake
Mon cœur de midinette shipper Abby/Jake a été comblé dans cet épisode, vous vous en doutez bien. Jake sacrifie donc ses gardes avec Abby et prend Neela comme superviseur pour pouvoir sortir avec notre ex infirmière préférée... Bon, il fallait s’y attendre, mais ils sont tellement adorables tous les deux, ç’aurait été dommage que la hiérarchie nous les sépare. Quelle horreur, j’ai vraiment l’impression de parler comme une groupie sans cervelle... Oh et puis hein, on a le droit d’avoir nos points faibles (le cd d’Alizée qui tourne ne doit pas aider à me concentrer sur les grandes questions de l’humanité posées dans cet épisode... ah oui, et puis de toute façon la morale de Pratt est nulle, na).
La scène finale est donc pas mal du tout, à la fois drôle et attendrissante. Et on a même le droit à un petit effet de réalisation fort sympathique, avec le camion qui passe et « efface » Abby et Jake (bande de coquins). Jolie image finale, en tout cas, que demander de plus ?
Je m’interroge cependant sur l’avenir de leur relation, à présent qu’elle est concrétisée. Je ne pense pas que cela durera plus de quelques semaines, tous deux ne semblent pas former un couple fait pour durer... Je pourrais être surpris, je ne sais pas... Ca sous-entendrait l’intégration d’Eion Bailey au cast récurrent, ce qui serait loin de me gêner... mais cela me surprendrait tout de même beaucoup. Enfin, savourons les premiers instants de cette relation sans vouloir faire à tout prix des pronostics.
La citation du jour
« Tu veux mon avis ? La plupart d’entre nous ont dû faire des compromis pour entrer en fac de médecine et réussir l’internat. C’est probablement un concept étranger à quelqu’un qui n’a jamais eu de problèmes d’argent un seul jour dans sa vie. C’est sûrement très agréable ! »
Boum, prends ça dans tes dents, docteur Carter, et de la part de Susan.
La relation de Carter et Susan est intéressante mais joue un peu les yo-yo depuis deux épisodes. Carter me gave à vouloir jouer les moralistes sans jamais prendre en compte la triste réalité. Mais finalement ils s’excusent l’un à l’autre... Sauf que voilà, je ne comprends pas pourquoi Susan s’excuse. Elle a peut-être été dure avec lui, mais elle avait raison, en tant que chef des Urgences, elle se doit de trouver l’argent où elle le peut, pour pouvoir former des étudiants et garder l’hôpital ouvert... D’ordinaire, je ne suis pas très sympathisant des grosses industries du genre, mais le fait est que si elles aident à la survie d’un hôpital...
Comme vous pouvez le voir, je ne suis pas beaucoup plus avancé que la dernière fois, toujours tiraillé entre deux points de vue divergents. Mais Carter m’énerve, alors que j’adore Susan... A défaut de soutenir complètement sa cause, je soutiens le personnage, surtout que ce qu’elle dit à Carter est très, très vrai.
En vrac
Abby est quand même drôlement plus jolie sans ses mèches blondes.
La colocation de Neela et Ray n’a pas l’air de se passer trop mal... du moins, ils ne portent aucune trace visible de violence physique. Et Neela a même appelé le plombier.
J’aime de plus en plus Jane... Elle est discrète mais ses interventions ont toujours un petit quelque chose que je ne saurais définir. A voir si le personnage sera toujours exploité au même rythme et s’il va disparaître sans qu’on sache comment au bout de quelques épisodes, comme la plupart des externes...
Je tiens à m’excuser d’avoir mentionné Alizée dans cette critique, merci de votre compréhension.
Il avait beau être en partie centré sur Pratt, il avait beau être franchement maladroit par moments, je n’ai pas détesté cet épisode. Je l’ai simplement trouvé un peu plus faible que les derniers que l’on a pu voir. Ce n’est qu’une petite baisse de régime, ne nous plaignons pas, d’autant plus que cette saison 11 est très correcte jusqu’ici. Un épisode assez moyen, donc, mais qui vaut tout de même le coup d’oeil, surtout pour ses histoires secondaires.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires