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11.19 - Ruby Redux

Cas de conscience

dimanche 11 décembre 2005, par Yerno

Monsieur Rubadoux, ou comment un médecin doit faire face aux conséquences à long terme de ses erreurs de jeunesse.

Monsieur Rubadoux, une idée

Ce qui est bien, avec une série comme Urgences où les guest stars se suivent et ne se ressemblent pas, et qui dure depuis maintenant plus de dix ans, c’est qu’on peut envisager les choses sur le long terme. L’idée de ramener un personnage des toutes premières saisons (Monsieur Rubadoux était présent dans l’épisode 2.11 « Morte saison ») est excellente, surtout dans ces conditions où Carter doit faire face à sa conscience, à l’une de ses premières graves erreurs en tant que médecin. Le traitement est, en revanche, un peu moins bon. Il paraît en effet assez étrange que Carter n’ait aucun souvenir de cet homme au caractère pourtant marqué. D’accord, il a vu des centaines, si ce n’est des milliers de patients entre temps, mais comme nous l’avons vu, il s’agissait d’une de ses premières graves erreurs, le genre de choses qui marque, surtout quand on est étudiant en médecine. Même l’infirmière Haleh/Shirley (vu qu’elle change de nom tous les deux épisodes en VF) s’en souvient. D’accord, les infirmières voient a priori moins de patients que les médecins, et passent plus de temps avec eux, mais elle parvient à se souvenir qu’il était aussi chiant dix ans auparavant. Non, pour elle, le souvenir n’est pas un brin vague, le nom fait bien plus que lui dire quelque chose, elle a un souvenir précis de cet homme, de sa femme, de l’erreur de Carter. Mais lui a tout oublié.

Bon, cela dit, moi non plus je ne me rappelais plus de ce personnage... mais je n’ai pas fait de grave erreur il y a dix ans.

Monsieur Rubadoux, un personnage

Pendant une bonne partie de l’épisode, j’ai trouvé Monsieur Rubadoux insupportable, exécrable, bref, je l’ai trouvé tel qu’il est dépeint dans toutes ses scènes. Et pourtant, quelque part, je l’ai trouvé touchant, et plus les minutes passaient, plus je m’attachais à cet homme détruit par la mort de sa femme, cet homme qui ne s’est jamais relevé, qui a entretenu une rancœur à l’égard du Cook County et de Carter compréhensible. Agaçante, mais compréhensible. Sa manière de parler aux médecins m’agaçait au plus haut point, son « vieux jeu » à la limite du sectarisme (un médecin grisonnant avec une barbe !) me donnait envie de le frapper, et sa voix, pour ne rien arranger, ne faisaient qu’accroître mon énervement.

Mais à côté de ça, j’ai trouvé ses scènes avec Abby assez savoureuses. On sent qu’il apprécie Abby, malgré tout, qu’une relation se tisse au fil du temps, alors que lorsqu’on y pense, ce n’est qu’un court laps de temps qui s’écoule au long de l’épisode. Leurs interactions n’en sont que plus intéressantes.

Monsieur Rubadoux, un patient

Le « cas Rubadoux » permet à Abby de s’affirmer encore un peu plus au sein des Urgences. Face au docteur Kayson, là où Susan s’était pliée aux premiers balbutiements de la série, Abby n’hésite pas à affirmer son désaccord. Pas de la manière la plus habile qu’il soit, puisque, pour le coup, je dois dire que je suis d’accord avec le docteur Anspaugh sur le fait qu’Abby ne devrait pas exprimer ses doutes face au patient. L’hôpital est un endroit qui en soi n’est pas rassurant, mais en plus, à ce moment, Abby a en tête le fait que la femme de Monsieur Rubadoux est morte dans ce même hôpital, bref, c’est à croire qu’elle cumule tous les éléments pour le mettre mal à l’aise.

Abby considère donc qu’opérer Monsieur Rubadoux serait une mauvaise idée : il est âgé et risquerait de graves complications qui l’empêcheraient de vivre sa vie comme il le souhaite. Si Carter est d’accord avec elle, il ne semble pas décidé à aller voir Rubadoux pour lui expliquer les dangers de la chirurgie dans son cas... Bravo, quelle preuve de courage et de conscience professionnelle. Il ne fait rien pour arranger son cas. Cela dit, je le comprends. Je n’aime pas John Carter, mais je vais éviter d’être de mauvaise foi. Affronter un patient qui vous ramène à vos premières erreurs, erreurs que vous avez qui plus est oubliées, pour le conseiller dans ses choix thérapeutiques alors qu’il vous accuse d’être plus ou moins responsable de la mort de sa femme (ou du moins de n’avoir pas été honnête), ce n’est pas chose aisée. Carter doit se dire que de toute façon, Rubadoux ne l’écoutera pas, et c’est un point de vue tout à fait compréhensible. Je ne sais pas si moi-même je trouverais vraiment utile d’aller m’enfoncer dans une espèce de conflit avec un patient pour le convaincre de faire une chose alors que je suis désormais la dernière personne en qui il a confiance.

Toutefois, Carter n’est pas un monstre, et comme on aurait pu le prévoir, il finit par réunir le courage nécessaire pour aller présenter ses excuses à Monsieur Rubadoux et appuyer la théorie d’Abby selon laquelle la chirurgie est une mauvaise option pour un homme de 85 ans. Cela donne lieu à une scène magnifique, un échange très émouvant qui constituera la scène finale de cet épisode. Rubadoux ne se fera sûrement pas opérer. Carter a appris de ses erreurs, et a en partie réparé celle-ci en étant honnête avec Monsieur Rubadoux.

L’histoire n’est pas parfaite, les personnages impliqués ne sont pas ceux qui m’intéressent le plus dans la série, mais j’ai apprécié l’idée et le traitement n’était pas mauvais.

Les jumelles Olsen

Charmant surnom venant de Ray pour les deux sœurs qui vivent dans la rue et qu’on a déjà vues dans l’épisode précédent. Bon, je pensais sincèrement que cet épisode allait m’éclairer sur l’objectif de cette storyline assez étrange. J’ai vraiment l’impression qu’on veut la faire passer pour complexe et importante, alors qu’à mon sens elle sert plutôt de bouche-trou histoire de remplir l’épisode. Je ne sais pas quoi en penser, ce n’est pas désagréable à suivre, mais je ne vois toujours pas où on veut en venir. Il y a une grosse sensation d’inachevé... Ou alors c’était simplement un prétexte pour faire gueuler Carter en fin d’épisode ? Pour qu’il fasse une remarque sur sa responsabilité dans les actes de ses internes ? Pour nous montrer que Carter a évolué, il joue désormais dans la cour des grands et est impliqué dans le travail de ses subordonnés ? D’accord, c’est bien joli, mais tout ça, on le savait déjà.

Je ne sais pas s’il y aura une suite sur ce cas, mais j’avoue espérer que oui, parce que je suis toujours perplexe.

Le douloureux passé de Pratt

Pratt revoit son amie de Cessez-le-feu. Non, ce n’est pas ça son douloureux passé... Le déroulement du début de l’épisode laisse deviner qu’il va se passer quelque chose entre eux, ce n’est pas franchement passionnant à suivre. L’invitation à dîner est bien trop prévisible, le plan drague de Pratt se fait avec sa subtilité légendaire, tellement légendaire qu’elle en est inexistante, mais j’ai aimé le petit retournement de situation, lorsque Pratt arrive dans les locaux de Cessez-le-feu et qu’il se retrouve obligé de parler des possibilités de l’association au niveau médical.

Là où le douloureux passé de Pratt intervient, c’est lors d’une brève remarque sur son éventuel lien de parenté avec « Charlie Pratt », « le vieil homme »... Pratt tire une drôle de tête. Non, pitié, n’allez pas refourguer à Pratt une storyline super compliquée et soporifique sur ses origines, sur ses liens familiaux douloureux, sur son passé, sur lui... Pratt n’est pas un personnage intéressant, le développer a constitué l’une des plus grosses erreurs de la série, cela a donné lieu à l’une des plus mauvaises saisons d’Urgences, alors pitié, arrêtez le carnage avant qu’il ne soit trop tard. Cette saison 11 a été dans l’ensemble assez bonne jusqu’ici, n’allez pas la gâcher dans les trois quatre derniers épisodes, ce serait vraiment dommage...

Voilà, je cesse ici mes supplications.

La mauvaise humeur de Sam

Je pensais qu’on aurait le droit à une énième dérivation sur le quotidien passionnant de Sam et Luka. Cela dit, j’ai même apprécié leur scène où Sam engueule Luka sur le fait qu’il encourage la luge de rue... en fait j’ai apprécié le fait qu’elle ne soit pas plus prise au sérieux que ça, et qu’elle finisse en plaisanterie. Han, mon dieu, c’est qu’ils vont finir par m’être sympathiques (à force de nous marteler avec eux)...

Mais voilà, il fallait s’y attendre, depuis le temps que ça planait au-dessus du couple le moins charismatique des Urgences (rappelez-vous cette conversation sur leur volonté ou non volonté d’enfants, il y a quelques épisodes), il semblerait que Sam soit enceinte. Comme cette scène dans le supermarché, toute courte soit-elle, a pu me faire rire ! D’abord, je trouve très ironique de passer « Celebration » de Kool & the Gang en fond sonore, tandis que Sam fait la gueule parce qu’elle est peut-être enceinte. Ensuite, la caissière ! J’ai dû me repasser la scène trois fois de suite tellement j’ai trouvé ça génial... Son visage tout heureux, ses félicitations sous-entendues, et puis après avoir vu la tête de Sam... hum... non, vraiment, c’était très drôle et bien vu, ça rend le tout moins insipide et ça justifie bien qu’on voie Sam acheter un test de grossesse.

Celebrate good times, come on !

Morris ou la conscience professionnelle 2

C’est vraiment très drôle de voir comme Morris veut son poste de chef des internes. Je ne l’ai jamais vu fournir autant d’efforts et montrer un tel acharnement à la tâche. Et la (ou devrais-je dire « les » ?) scène(s) de son exposé sur les changements qu’il compte apporter au planning et à l’organisation globale du travail des internes est/sont vraiment très drôle(s). Surtout quand Carter quitte la salle après avoir été appelé aux urgences et que ma sublimissime Susan le traite de menteur.

Cela dit, parce que je ne compte pas jouer les enthousiastes toute ma vie, je suis très perplexe quant au futur statut (ou du moins, cela semble en « bonne » voie) de chef des internes de Morris. Ca me fait bien sourire. Il a beau avoir fait un exposé nickel et très impressionnant, avoir montré qu’il est capable de faire son travail consciencieusement, le fait est que ce n’est pas en bossant deux semaines à fond qu’on devient chef des internes. Kerry serait-elle tombée sur la tête ? Ou alors, cela confirme ce que j’ai toujours dit : elle ne passe pas assez de temps aux urgences et ne se rend donc pas compte comme Morris n’est définitivement pas un bon médecin. Ok, on nous le dit, chef des internes, c’est administratif à 90%, mais... au vu de tout ce que Morris a pu enchaîner comme idioties depuis deux saisons, je pense être en droit de m’inquiéter quant à l’avenir des internes s’ils sont dirigés par un type comme lui. Et je ne suis vraisemblablement pas le seul à avoir ces craintes.

Carter, complètement obnubilé par Rubadoux, ne réagit même pas. J’ai peur...

La citation du jour

Justement, à propos de Morris comme éventuel chef des internes.

Carter - On a eu pire...
Luka - Ca, ça m’étonnerait.

Merci, à croire qu’il est le seul à avoir encore conscience des réalités.

En vrac

- Ca fait plaisir de revoir Chuck et Cosmo ! La petite famille de Susan est très sympathique, j’aime ces petits moments de quotidien, avec des inquiétudes qui n’ont rien d’exceptionnel et qui n’en sont que plus agréables à voir (à petite dose naturellement), comme par exemple le fait que Cosmo bave sur toutes les vestes de Susan (à croire qu’il le fait exprès !). En tout cas, je suis vraiment content qu’on voie davantage Susan dans cette saison, et content de la voir finalement assez heureuse (même si épuisée).
- Oui, c’était à prévoir, Abby n’aime pas qu’on la prenne par surprise en lui mettant les mains sur les yeux... Ce que j’aime, c’est que cette fille est capable d’être exécrable, et malgré tout regretter après coup de s’être mal comportée. Ses petites scènes avec Jake sont toujours aussi charmantes... j’ai l’impression d’être une vraie groupie, c’est extrêmement désagréable.
- Celebrate good times, come on !


Petite forme. On est loin du crescendo que j’attendais pour la fin de saison, je dirais même que le tout s’embourbe doucement dans une routine assez ennuyeuse... L’épisode n’est pas désagréable, mais on oublie vite. Allez, on se réveille !