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11.21 - Carter Est Amoureux
Paris et le vide
vendredi 23 décembre 2005, par
Un épisode où il se passe tellement peu de choses qu’on s’est sentis obligés de le tourner à Paris pour le rendre un brin attrayant...
Ca fait drôle de voir Carter et Kem à la station Nation. Oui, c’est la chose qui m’a le plus marqué dans cet épisode, c’est dire s’il était passionnant...
Carter est amoureux
Le titre est sans intérêt en version française, et certaines personnes ont dû se demander depuis quand Urgences nous pondait des titres d’épisodes aussi insipides. En fait, tout l’intérêt réside dans la VO, puisque l’épisode a exactement le même titre. Il s’appelle « Carter est amoureux », en français, comme ça. Eh oui, c’est ça Urgences... Non, bon, le contenu reste insipide mais tout l’intérêt réside dans le fait que ce soit un titre en français pour une série américaine, ça n’a pas dû arriver si souvent que ça.
Le problème, c’est que le titre résume un peu le contenu de l’épisode, et là, on a de quoi s’inquiéter... Carter saute donc dans le premier avion quand il apprend que la mère de Kem souffre d’une méningite (il y a des moments où j’aimerais avoir les moyens de traverser l’Atlantique sur un coup de tête, moi aussi). Mais il s’agit en fait d’une méningite virale. Bon, ça ne sent déjà pas le plan foireux... L’arrivée totalement impromptue de la mère de Kem n’est en fait qu’un prétexte pour montrer Carter déclarer sa flamme à Kem dans la ville lumière. Certes, je ne dis pas que voir des endroits sympas que je commence à connaître (malgré mon petit statut de provincial) dans un épisode d’Urgences, c’était pas sympa, mais toute l’histoire construite autour de ce voyage à Paris est creuse. Carter est creux, mais ça, c’est déjà le cas depuis un bon moment, Kem est creuse, mais ça a toujours été plus ou moins le cas (heureusement que Thandie Newton est suffisamment charismatique pour nourrir un brin son personnage mal dégrossi).
Je suis quand même impressionné par la capacité des scénaristes à rendre un personnage, Carter en l’occurrence, qu’on a construit sur tant d’années aussi fade et creux qu’un nouvel arrivant. Passons sur ses storylines des dernières saisons, où tout l’intérêt du personnage résidait dans ses histoires à l’eau de rose ultra clichées, et focalisons-nous un instant sur les réactions de Carter lui-même. Quand je parle d’histoires à l’eau de rose ultra clichées, ce n’est même pas tant l’aspect « eau de rose » qui me gêne, parce que je suis un éternel sentimental et que je peux très bien être ému par une jolie histoire d’amour (bouh, honte sur moi, je sais), c’est le « ultra clichées ». Parce que les réactions des personnages sont clichées et attendues, et là j’en veux d’autant plus aux réactions de Carter parce que c’est quelqu’un qui nous a habitués à mieux. Où est ce personnage qui allait à contre-courant de ce qu’on voulait lui imposer ? Qui se rebellait contre sa famille ? Qui faisait scandale parce qu’il avait pris la décision de partir aux urgences après trois ans passés en chirurgie ?
Je n’attendais pas de Carter qu’il rende ces histoires transcendentalement passionnantes, je voulais juste qu’il leur donne un peu de piment, je voulais qu’il ait conservé un peu de personnalité. Mais il est devenu véritablement insipide, et je crois que c’est pour ça que je ne peux plus supporter ce personnage.
Et comme si cela nous suffisait pas, on nous affuble d’un énième triangle amoureux, alors que cela fait onze ans qu’on constate que ce n’est définitivement pas quelque chose que la série maîtrise. Résultat, comme on s’y attendait, c’est inintéressant au possible et ça ne donne pas vraiment le bon rôle à Carter, parce que si l’on considère son histoire avec Wendall, franchement, il est très mal placé pour faire la morale à Kem et jouer les amoureux transis et jaloux.
En tout cas, cette fois-ci, Carter a l’air prêt à assumer totalement sa décision d’aimer Kem jusqu’au bout. Il est prêt à tout quitter pour elle. Il semblerait donc que nous soyons proches du départ du doyen (en termes d’années de présence) des Urgences, un pas va être franchi. Et pourtant, la raison de ce départ est... je ne sais pas, un peu légère. Peut-être parce que dans les huit premières saisons, on nous a habitués à des départs toujours grandioses, des moments tragiques ou bien d’autres heureux, mais des départs toujours travaillés, et amenés d’une manière logique. Alors que là... je ne sais pas, j’ai une certaine sensation d’inachevé, parce que Carter aurait pu tout plaquer un an auparavant, ç’aurait même été tout indiqué, quoi de mieux pour faire face à un drame que de tout reprendre à zéro à l’autre bout du monde, ou presque ?
Ici, on peut comprendre que le fait de revoir Kem a ravivé certaines choses et qu’il a pris conscience, avec cette année passée avec Wendall, que ce n’était pas ce qu’il voulait, qu’il ne souhaitait pas une autre femme, mais que Kem était l’ « Elue ». Toutefois, il y a quelque chose qui cloche dans le traitement, et ça me gêne d’autant plus que c’est un des personnages les plus importants de la série qui s’apprête à s’en aller (oui, j’ai beau ne pas l’aimer, je le considère toujours comme pilier des urgences, et j’accorde de l’importance à la façon dont ce dernier pilier va s’en aller). Enfin, a priori, Carter quittera la série dans le season finale (je doute qu’on le revoie dans la saison 12, en tout cas), donc j’aurai maintes occasions d’en reparler dans ma prochaine critique.
Conseils conjugaux
« Je crois qu’on ne devrait pas être ensemble »
Comme quoi, finalement, Sam n’a pas besoin d’une conseillère conjugale pour comprendre qu’elle ne doit pas être avec Luka, par égards pour les téléspectateurs d’Urgences. Cet épisode poursuit donc les perpétuels conflits basés sur on ne sait trop quoi entre Sam et Luka. Je crois que le manque de communication est évoqué ici. Luka ne parle pas de son passé, mais en même temps, si l’on prend en considération ce qu’il a vécu, il a de quoi vouloir garder le silence sur cette partie de sa vie. Pourquoi remuer le couteau dans la plaie quand on sait que cela ne donnera rien ?
On nous présentait un Luka plus « serein », d’une certaine manière, à la fin de la saison 7. Depuis le début de la saison 6, il traînait la perte de sa famille derrière lui sans parvenir à aller réellement de l’avant, mais sa rencontre avec l’évêque atteint du lupus semblait l’avoir rasséréné. Bien sûr, on sentait toujours peser un poids sur ses épaules, mais il paraissait plus enclin à vivre de nouveau, à avoir des perspectives, à cesser de se ressasser les instants révolus avec son ancienne famille, son ancienne vie. Luka avait traversé une période de transition où il se tapait toutes les femmes qui lui tombaient sous la main - on a voulu nous faire croire qu’il faisait ça parce qu’Abby lui manquait, personnellement je préfère penser que c’était une manière d’aller dans un certain extrême afin de revenir à une vie plus structurée plus tard, une fois qu’il aurait évacué ces années de trop de réflexion. Sam est arrivée, parfaite femme pour une relation stable, du moins c’est ce qu’il semblait.
Mais du coup, je suis un peu perplexe, parce que j’ai la sensation que Luka ne pourra jamais se débarrasser de ses ombres. D’accord, la tête de chien battu, le regard ténébreux, ça lui donne beaucoup de charme, et il faut bien reconnaître que Goran Visnjic est parfait dans ce rôle, mais le personnage semble bloqué, embourbé dans ses propres histoires douloureuses. On sent quelques tentatives, par moments, de le sortir de cette dépression chronique, mais cela ne dure jamais longtemps, et quoi qu’il en dise, non, Luka n’est pas heureux. Mais voilà, au bout d’un moment, ça devient un brin lassant de suivre les déboires amoureux d’un personnage construit uniquement - ou du moins est-ce l’impression qu’on a - sur ses relations avec les femmes. Je ne dis pas que Luka n’a aucune personnalité, je trouve simplement qu’on n’a rarement eu l’occasion de le découvrir indépendamment de toute relation amoureuse ou purement sexuelle. Même lorsqu’il avait tué l’agresseur d’Abby au début de la saison 7, eh bien justement, on sentait un peu trop la présence d’Abby, c’était comme si tout son « stress post traumatique » se faisait à travers Abby.
Je crois qu’il faudrait débarrasser Luka de toute relation de sentiments pendant quelques temps. En cela, les épisodes en Afrique des saisons 9 et 10 n’étaient pas une mauvaise idée, mais c’est quand même dingue que Luka ait besoin de se trouver sur un autre continent pour réellement ressortir en tant que personnage unique et indépendant.
Si les scènes chez la conseillère conjugale n’étaient pas franchement passionnantes par leur contenu, je dois bien avouer que j’en ai vraiment apprécié la réalisation. Un éclairage absolument magnifique, un jeu constant sur les ombres, les visages des personnages très bien mis en valeur, c’était un vrai cadeau, et à défaut de se concentrer sur le discours apporté, on pouvait admirer l’esthétique des plans.
Pratt le moralisateur
Il y a un leitmotiv dans cet épisode : les internes ne sont pas prêts à superviser, deux semaines plus tard. Et pour bien illustrer ceci, on nous les montre faire plein de conneries, ne pas respecter la hiérarchie et leur position, bref, on nous les montre sous un jour assez peu flatteur.
D’une part, c’est un peu déplacé, vu qu’on a passé la saison ou presque à nous montrer, et je pense surtout à Neela, et un peu à Ray aussi, qu’ils ont progressé, que leurs décisions sont plus réfléchies, ou bien qu’ils ont plus confiance en eux-mêmes, ou encore qu’ils ont pris conscience de l’importance de leur métier. Pour ce qui est de cette conscience, je l’avais ressentie à travers Ray, notamment dans le fait qu’il avait passé la nuit au chevet d’Eugène, l’adolescent violé par son beau-père, dans l’épisode précédent. On nous le présentait donc sous un meilleur jour, on avait la sensation qu’il faisait enfin passer son métier de médecin avant celui de musicien. Et là, je ne comprends plus, parce que Susan lui fait la morale vis-à-vis de son absence constante, ou de sa volonté de partir au plus vite. Explication possible : sa prise de conscience étant relativement récente, Susan n’a pas eu le temps de constater son progrès, qui a mis un moment à arriver, c’est vrai. Dans ce cas, cela explique aussi pourquoi Ray semble prendre aussi mal le fait que Susan soit hésitante vis-à-vis de son avenir en tant que médecin.
Si ce n’est pas complètement déplacé en ce qui concerne Ray, étant donné qu’il commence tout juste à progresser et continue donc à faire des bourdes, pour Neela, j’ai l’impression qu’on est revenus à la saison précédente. Neela avait appris de son erreur dans l’épisode 10.17, où elle s’était montrée un peu trop entreprenante, pourquoi donc revenir là-dessus ? Pour remplir l’épisode ? Pour montrer Pratt lui faire la morale ?
Bam, encore un truc qui m’a franchement déplu, Pratt en moralisateur. On est quand même en train de parler du mec qui faisait un examen mammaire d’une manière assez ambiguë, et il n’y a pas si longtemps que ça, on parle du mec qui quelques années auparavant avait ranimé le cœur d’une victime d’infarctus alors que son cerveau était mort... et c’est lui qui vient engueuler les internes parce qu’ils font des conneries qui, soit dit en passant, n’arrivent pas à la cheville des conneries que lui-même a pu commettre avant de devenir Saint Pratt le chef des internes qui refusa le poste par bonté d’âme ?
Parce que oui, c’est un peu l’impression que j’ai : on veut nous faire passer Pratt pour le chef des internes idéal en l’opposant à Morris, et en nous le montrant finalement plus efficace à ce poste - qu’il n’a pas - que Boulet n°2. Ca me gave, oui, ça me gave profondément.
En vrac
Kem conduit vraiment n’importe comment.
Abby et Carter ont droit à une petite scène tous les deux en début d’épisode, histoire de montrer, premièrement, que les travaux du Centre Joshua Carter ont déjà commencé (ils ne perdent pas de temps), et que ces deux-là entretiennent une amitié sporadique mais bien présente. On se contente de peu, mais j’ai apprécié.
Scène particulièrement gore post-générique dont je n’ai pas compris l’intérêt : nous donner la nausée ? Parce que de toute façon l’histoire ne sera pas franchement suivie, on a la sensation que c’était montrer du sang pour du sang... ce qui me gêne, c’est que j’ai l’impression que c’est de plus en plus ça, la série perd de sa profondeur au fil des épisodes alors que la qualité était bien remontée en milieu de saison, c’est vraiment dommage.
Un épisode franchement bof, je crois que j’ai perdu l’espoir d’un bon final... Le syndrome saison 10 revient en force avec des histoires inintéressantes et clichées au possible. Par pitié, arrêtez de nous prendre pour des idiots... Allez, on essaie de rattraper le coup, au moins un peu, dans le prochain ?
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires