LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Critiques > Critiques en Pause-pipi > Urgences > Les adieux

11.22 - The Show Must Go On

Les adieux

dimanche 8 janvier 2006, par Yerno

Mesdames et messieurs, votre attention, s’il vous plaît. Découvrons ensemble la recette d’un season finale efficace, répondant aux critères ô combien sévères du téléspectateur lambda, à la recherche d’émotions fortes.

Après plusieurs épisodes... oserais-je le dire ?... soporifiques (ouf, ça y est, je l’ai dit, ça fait un peu mal quand même), il était temps de mettre un peu de sel sur cette fin de saison 11 pour en laisser une bonne image. Urgences a-t-elle gagné son pari ? C’est ce que nous allons tenter de découvrir dans ces quelques pages.

Donc, pour faire un bon season finale, il faut...

De l’action

Ray va à une fête avec ses amis, et doit se coltiner Morris le boulet (Archie ! bon sang, ça m’a fait tout drôle) qui est tout fier de se présenter comme le boss du rockeur. Voici donc une petite fête entre rockeurs, ou amis de rockeurs, tout à fait caricaturale du monde de la musique, sex, drug & rock n’ roll. Je crois que j’en avais déjà parlé dans mes premières critiques, lorsque Ray faisait son apparition, et c’est quelque chose qui n’a pas franchement évolué : ce qui m’énerve le plus dans ce personnage - que je ne déteste pourtant pas - c’est bien son côté ultra cliché du petit rockeur. La drogue en moins, parce que tout de même, Ray est médecin. Mais la série nous a habitués à des personnages un peu plus profonds que ça, et faire reposer la personnalité d’un petit nouveau sur son look (ça, j’en avais déjà parlé, je m’en souviens, Alzheimer ne me guette pas encore), je trouve ça vraiment, vraiment léger.

Et tout comme le personnage, l’univers dans lequel il évolue est une caricature très poussée du monde de la musique. Je pensais que ça changerait, je me disais que le côté caricatural n’était peut-être qu’une façade et qu’il servirait seulement à mieux être pris à contre-pied dans les épisodes suivants. Seulement voilà, une saison est passée, et c’est toujours la même image qui est véhiculée à travers Ray. C’est vraiment dommage.

En tout cas, et il fallait s’en douter, la fête sert plus de prétexte à apporter de l’hémoglobine qu’à suivre Ray le dragueur. Un balcon s’effondre donc, avec plein de gens dessus. Pourquoi pas... C’est un peu léger pour mettre en valeur Ray le héros, qui réussit à « bilanter » 25 patients en 8 minutes (c’est pas moi qui l’ai dit), mais on accepte. Ce que j’ai trouvé le plus intéressant en l’occurrence, c’est pas tout le décor de fête effondré, c’est plutôt la confrontation d’Abby à ses nouvelles responsabilités. Elle doit décider dans l’urgence s’il est judicieux de prendre les 4 cas critiques que Ray lui supplie d’accepter. Même si on se doute de la réponse positive à venir, voir son petit temps de réflexion est intéressant. Oui, Abby, désormais tu as ce pouvoir de décision, il va falloir l’utiliser à bon escient. Je trouve pourtant qu’accepter 4 cas graves vu l’état de l’hôpital à ce moment (manque de personnel, un seul bloc opératoire disponible) est une décision très risquée. Il aurait peut-être été intéressant que nos médecins se retrouvent avec des ennuis sur les bras à cause de cette décision. Je ne souhaite pas de mal à Abby, j’aurais simplement aimé qu’elle ait à faire face à des conséquences un peu plus dramatiques... parce que tout se passe bien, alors que c’était très mal parti, du coup on a presque l’impression que c’est anecdotique.

Abby est donc un médecin très doué, qui sait utiliser ses connaissances en obstétrique pour aider une femme à accoucher. J’ai apprécié sa réplique à Neela sur la légère satisfaction qu’elle ressent à l’idée d’en savoir un peu plus que son amie sur l’accouchement en question. Un petit trait d’humour en pleine action... J’ai déjà dit que j’adorais Abby ?

Autre petite chose que j’ai apprécié : le fait que Luka ne fasse pas la morale à Abby sur le fait qu’elle se soit permis un acte un brin évasif sur une patiente sans titulaire pour la diriger. D’abord parce qu’il aurait été mal placé, vu qu’il n’a pas entendu son bippeur (on se rappelle tous les ennuis qu’avait failli avoir Kerry en début de saison 8 pour une raison similaire). Ensuite, il semble apprécier la valeur d’Abby en tant que médecin. Luka a toujours eu beaucoup d’estime pour Abby, je pense, et j’ai même la sensation que cette estime s’est accrue après leur rupture. Peut-être que j’interprète un peu trop le manque de réaction de Luka face aux actions d’Abby, mais voir encore des indices de leur relation apparaître dans ces moments-là, ça me fait plaisir... et ça me fait aussi penser que ça me manque. J’y reviendrai quand j’aborderai le départ de Carter, mais je trouve que les anciennes relations entre les médecins ne sont pas assez poursuivies. Je viens d’ailleurs de remarquer que les deux relations auxquelles je pense impliquent Abby. Les relations d’Abby ne sont donc pas assez suivies.

Abby est passée du côté interne de la force, et depuis j’ai l’impression qu’on ne voit plus du tout ses amitiés... boum, une troisième relation me vient (oui, c’est une critique en direct de mon cerveau), c’est celle avec Susan. Abby est désormais amie avec Neela, on a même la sensation qu’elle partage une certaine sympathie avec Ray (ça ne veut rien dire, mais vous voyez l’image). Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, mais je trouve dommage que ses relations d’amitié avec les « anciens » aient été ainsi presque abandonnées.

De l’humour

Il y en a pas mal dans cet épisode. Pour les amateurs d’humour gras, il y a la cuite ridicule de Morris, qui rend le personnage encore plus antipathique et inutile que d’habitude si c’est possible... Mais qui permet à Carter de démystifier complètement l’une des répliques les plus marquantes de la série (n’ayons pas peur des mots) : « C’est toi qui donne le ton, Carter ! », prononcée par Mark dans l’épisode 8.18 « Orion in the sky » (« La ceinture d’Orion »). Je ne sais pas si j’ai aimé ou pas cette démystification. Ca montre que la série ne se prend pas trop au sérieux, ça permet de sourire en voyant le dernier « des débuts » partir, mais en même temps ça tourne un peu au ridicule cette réplique qui m’a fait pleurer pendant des années (eh oui, trois ans après sa diffusion, je ne peux toujours pas regarder l’épisode 8.18, j’en ressors toujours traumatisé). Mais il faut dire que je ne me remettrai sûrement jamais de la mort de Mark, il ne faut donc pas compter sur mon objectivité.

Côté humour, petit clin d’œil à une réplique d’Abby que j’ai adoré, lorsqu’elle voit le regard perplexe de Neela au moment où nos internes doivent s’écrire des lettres à eux-mêmes : « Même Carter l’a fait ! ». Mine de rien, ça fait drôle de repenser à Carter au tout début de la série, externe à la blouse sur mesure, et de le revoir maintenant à travers les yeux des internes actuels, titulaire sûr de lui et guide spirituel (n’ayons toujours pas peur des mots).

Du suspense

Sam, Alex. J’aurais presque envie de ne pas en parler, parce que je vais me répéter, je vais m’énerver, je vais amplifier mon sentiment d’exaspération, et je vais faire preuve de violence. C’est fou ce que ces personnages m’ennuient au possible, alors que leur storyline est censée être LA storyline dont on va attendre la suite pendant un an, LE cliffhanger de la mort qui tue. Soyons honnêtes, depuis quelques saisons, on est habitués aux cliffhangers foireux dans Urgences. Depuis la saison 8, en fait. J’ai beau avoir adoré cette saison (il s’agit même de ma préférée), le cliffhanger final est d’un ridicule assez fort... Je resitue pour ceux qui ne se souviennent pas : Carter et Abby se sont tournés autour depuis la saison 7, et là, comme ça, pendant que tout le monde s’inquiète parce que la variole a envahi les couloirs du Cook County, Carter la joue héros sauveur de tous les temps pour rassurer une Abby qui a davantage le sang froid que lui (ou du moins est-ce l’impression qu’on nous donne), tous deux échangent un baiser. Et là, j’imagine ce que s’est dit le scénariste de l’épisode à ce moment : « Hehehe, tous les shippers vont être aux anges, ça doit faire des années qu’ils attendent ça, ils vont trépigner devant leurs écrans pendant des mois avant d’avoir la saison 9 ! ». Sauf que voilà, pour moi, ce baiser symbolise à merveille l’effondrement du Carby (Carter-Abby pour les non-initiés au langage shipper). Le Carby, c’était intéressant quand il ne se passait rien de concret, comme pour la plupart des shippers en fait, mais dès qu’ils ont commencé à être ensemble, c’était foutu... Et pour moi, ce baiser ridicule montrait bien le démarrage d’une relation foireuse et inintéressante.

Hum, je me rends compte à l’instant que je viens de faire un paragraphe totalement hors sujet. J’étais censé parler de Sam et Alex (mais je crois que mon inconscient refuse d’aborder le sujet tellement il est épuisé de leurs histoires à deux balles). Alex fait donc un genre de fugue pour aller voir son père. C’est là que je regrette qu’il se soit pas vraiment noyé quand il en donnait l’illusion dans la piscine de l’hôtel, dans le 11.01. Ce gamin est vraiment LA plaie de la série, mais limite pire que Pratt ou Morris. Dès qu’il apparaît à l’écran j’ai envie d’avancer ma cassette (oui parce que je regarde jamais les épisodes quand ils passent, je préfère les enregistrer et- comment ça on s’en fout de ma vie ?) pour passer à la scène suivante. Je ne le détestais pas tant que ça avant, mais dans cet épisode, il m’a vraiment gavé, parce que j’ai l’impression qu’on est embourbés, qu’on ne sortira jamais de leurs problèmes, ça fait deux saisons qu’on se traîne la même histoire, avec perpétuellement son désir de revoir son père. C’est toujours la même chose. J’espère qu’il va se faire assassiner par le type qui l’a pris en stop.

Quoi qu’après il faudrait se coltiner les larmes de Sam, et la dépression, et bla bla bla... Non, franchement, j’en ai marre. J’aurais préféré qu’il n’y ait pas de cliffhanger (c’est marrant, je me souviens m’être dit la même chose l’année dernière).

De l’émotion

Le voilà, le moment qu’on attendait tous, qu’on redoutait tous aussi un peu... LE grand départ, celui du dernier médecin ayant été présent depuis les premiers souffles de la série, le docteur John Carter. J’essaie de rendre les choses un peu solennelles parce qu’on ne peut pas dire que le départ ait été traité en grande pompe dans cet épisode...

Première remarque : faut arrêter avec les fêtes surprises non surprises. C’était marrant au début, de voir que ça foirait tout le temps, que les fêtes surprises ne pouvaient pas avoir lieu aux urgences. Maintenant, ça commence à devenir un brin redondant. La vraie surprise serait qu’une fête surprise fonctionne, ou alors qu’on n’insiste pas lourdement sur le fait que la surprise ne marchera pas. C’était censé être un élément humoristique mais j’ai trouvé ça plus lourd qu’autre chose. C’est vrai, c’est pas si grave, mais c’est un élément qui s’ajoute au tout et qui n’arrange pas les choses.

Deuxième remarque : le discours de Luka. Non mais attendez, j’ai vraiment l’impression qu’on nous prend pour des imbéciles... « On se quitte pour mieux se revoir » ? (ou un truc du genre, j’ai même pas retenu la citation exacte) Sérieusement... on veut nous faire passer ça pour un discours émouvant ? On est à deux doigts de virer dans le soap : une musique émouvante, un acteur au bord des larmes, le tout pour énoncer un discours limite insipide ? Est-ce qu’Urgences, une série intelligente et subtile, va vraiment plonger là-dedans jusqu’au bout ? Il y a des faiblesses que je peux pardonner, mais la facilité, non, ça ne passe pas. Parce que oui, j’ai trouvé ça facile. Que le départ de Jing-Mei ait été bâclé, je peux pardonner. Après tout, elle restait un personnage secondaire. Mais ce discours-là, ridicule au possible, est censé nous émouvoir face au départ du fil rouge de la série ? Je suis estomaqué qu’on ose vouloir nous faire avaler une pilule pareille... Hmm, excusez-moi, je vais un peu dans l’excès, mais... non, franchement, j’ai trouvé ça nul et ça m’énerve, c’est du gâchis.

Troisième remarque : le discours de Carter. Carter prépare son speech en pissant, c’est tout à fait charmant. En tout cas j’ai bien aimé le fait que ce soit pris ainsi avec légèreté... Vouloir faire passer de l’émotion dans ce discours aurait été ridicule vu le reste de l’épisode. Si ce 11.22 avait été entièrement consacré au départ de Carter, je ne dis pas, mais là, non, le terrain n’avait pas été assez préparé pour qu’on se permette de rendre les choses aussi solennelles. En plus, de retour des toilettes, Carter remarque que tout le monde s’est barré. C’était bien la peine de vouloir faire un discours. En tout cas c’était marrant...

Quatrième remarque : les souvenirs. C’est un peu cliché, mais j’ai marché à fond... Nos producteurs ont ressorti les vieilles photos promos de la série, mais revoir l’ancien cast m’a fait un petit sursaut au cœur. Les yeux qui brillent, parce que mine de rien, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts... Et puis réentendre les voix de Mark, de Benton, de Carol... Waouh, là j’avoue, les larmes ont coulé. Je n’ai pas résisté.

Cinquième remarque : j’aurais aimé un adieu particulier à Abby. On a suivi leur relation pendant 4 saisons, et on a vraiment l’impression que les scénaristes ont tout oublié. Tout juste un regard un brin complice échangé pendant l’au revoir aux internes (en groupe), mais rien de plus... Tant pis, on restera là-dessus. C’est un peu dommage, mais il fallait tout caser en une quarantaine de minutes...

La citation du jour

« On a de la chance, les internes rebondissent cette année ! »

Haleh/Shirley. Comme quoi ce sont toujours les infirmières qui ont les meilleures répliques.
J’aurais pu choisir Luka et sa description du billard croate avec les manches à balais et les testicules de bouc, mais je voulais finir sur une citation cliffhanger. Eh oui, les internes continueront-ils à rebondir pour la saison 12 ? Réponse l’année prochaine !

Bon et finalement, cette saison 11 ?

Très bonne surprise ! D’accord, il y avait pas mal de mauvais épisodes, mais globalement j’ai trouvé que c’était une bonne saison, on a retrouvé un semblant d’équilibre entre les personnages (ou du moins ça s’est amélioré, soyons optimistes pour la saison 12), les storylines boulets sont toujours présentes mais trouvent enfin leur contrepartie avec des histoires très intéressantes (généralement les moins longues, bizarrement). Après un début un peu difficile, la saison a atteint selon moi son apogée avec une série de très, très bons épisodes du 11.09 au 11.17, après cela s’est de nouveau tassé. Mais même pour les épisodes un peu faiblards, il n’y avait rien de vraiment très mauvais, comme ça a pu être le cas pour les deux saisons précédentes.

Mon épisode préféré restera le 11.14, que je mettrais bien dans mon top 10 de la série entière. Mention spéciale aux 11.04 et 11.06 qui m’ont aussi beaucoup touché.

Adieu Elizabeth, adieu Jing-Mei, adieu Carter (j’espère que je n’oublie personne).

Adieu Yerno. J’espère avoir été à la hauteur pour critiquer cette saison 11 et ne pas vous avoir trop ennuyés avec mes digressions parfois hors sujet. Mais n’ayez crainte, car comme dirait un pote à moi, I’ll be back... (ou pas)


Un final un peu faible, comme l’on pouvait s’y attendre. On sent qu’on a voulu appliquer la recette parfaite d’une fin de saison, mais la sauce ne prend pas vraiment. On ne s’intéresse que très peu aux amis de Ray et le destin d’Alex aurait tendance à nous laisser d’une indifférence abyssale... Reste le départ d’un grand, Carter, qui quoi qu’expédié apporte son petit lot d’émotions. Un épisode sympathique mais sans plus.

Messages

  • La phrase "tu donne le ton" est utilisé à chaque fois qu’un chef des internes précédent passe la main au prochain.
    Donc, c’est le cas entre Mark et Carter, mais aussi entre Mark et son prédécesseur (j’ai plus son nom...) et entre Carter et Pratt (qui a été chef des internes lorsque Carter s’est tiré faire de la mission humanitaire.)

    J’ai apprécié le clin d’oeil, et le fait que Morris en tant que Boulet n’y comprenne rien !