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2.19 - No Way Out

Actes de courage

samedi 3 septembre 2005, par snyder

Cette semaine encore voilà un excellent épisode d’American dreams, dans la lignée de la saison, à la différence près qu’il s’agit du final.

Je me souviens du magnifique final de la première saison, qui était de loin l’épisode le plus prenant, le plus émouvant et le plus intense de la série, et qui concluait par l’excellence une saison qui avait alterné entre le moyen et le très bon.
Cette année, j’ai été ravi de voir que les scénaristes ont tiré parti de leurs erreurs et ont hissé la série beaucoup plus haut dans la qualité. Ils y sont parvenu en réussissant un pari qui nous paraissait à tous très difficile, voire impossible : déboulettiser Jerry tout en poursuivant le développement de sa relation avec Beth, qui, elle aussi, est devenue au fil de la saison de plus en plus supportable, voire même attachante ! Forcément, ça aide !

Ce final ressemble par bien des côtés à celui de la première saison : intense, prenant, il conclue en apothéose des thèmes très bien menés durant toute la saison et annonce quelques pistes qui seront traités en 3è saison.

Du côté de l’intrigue principale, à savoir la guerre du Vietnam, c’est du lourd : JJ et sa division sont pris par l’ennemi et doivent se débrouiller par eux-mêmes pour se sortir de ce mauvais pas, alors qu’ils sont en grande difficulté et que leurs soldats tombent comme des mouches. C’est l’occasion pour JJ de montrer sa bravoure et de prendre au pied levé une position de leader, sous les yeux fiers du chef de l’unité qui, blessé, agonise sur le champ de bataille, mais qui sait qu’entre les mains de Jerry ses hommes n’iront pas (tous) à la mort.
Visuellement, j’ai été soufflé par l’intensité de la bataille : la panique des soldats et la violence de la guerre sont très bien reconstitués par une excellente réalisation , un bon jeu sur les lumières et le brouillard, et des effets spéciaux très réalistes. Un tel réalisme des images de guerre est d’ailleurs étonnant de la part d’une série vendue comme familiale et diffusée sur un grand network comme NBC, donc tant mieux !

Mais là où l’impact de ces images est le plus fort, c’est quand elles sont mises en parallèle avec l’intrigue anti-guerre, grâce à la force des montages qui constituent pour moi les plus beaux moments de l’épisode. Ces montages, portés par une musique spendide, m’ont donné plusieurs fois la chair de poule tellement ils sont intenses, notamment le premier, dans lequel deux scènes s’entrecoupent : les soldats terrifiés etlivrés à eux-mêmes qui tuent et se font tuer d’un côté, la passion des manifestants qui font brûler des papiers en scandant leur aversion à la politique du président Johnson de l’autre, et avec au milieu le visage apeuré de Meg, prise de surprise par la violence pacifique de la manif.

Cette manif est d’ailleurs l’occasion pour mes deux chouchous Meg et Sam (je VEUX qu’ils se mettent ensemble !!) de se rapprocher. Alors que Meg est à Banstand et s’apprête à danser sur la magnifique chanson "California Dreams", elle téléphone à Sam pour lui proposer de venir à la manif sur le campus, après le refus poli de Roxanne qui préfère une activité plus légère à la manifestation politique :) Sacrée Roxanne.
Bref, Sam accepte et les deux futurs amoureux, assis côte à côte dans un silence complice, sont victimes d’une confusion de la part d’une étudiante qui sympathise avec Meg et lui demande depuis combien de temps elle sort avec Sam :)) Peu après, alors qu’ils siègent les locaux de la fac et que Drew (l’ex de Meg, leader des manifestants) les prévient de l’arrivée de la police qui vient pour arrêter tout le monde, Sam choisit, plus par désir d’impressioner Meg que par engagement politique, de rester, tout en sachant à quel point une arrestation par la police est plus dangereuse pour lui car il est noir. Ah la la, tout ce qu’on ferait pas pour impressioner une fille !
Evidemment, ce qui devait arriver arrive : la police menotte les manifestants et les emmène. Que va-t-il leur arriver ? Sam pourra-t-il toujours aller à l’université ? Quelle va être la réaction de Jack quand il va savoir sa fille arrêtée pour avoir manifesté contre la guerre dans laquelle son frère risque sa vie, et alors qu’il l’a déjà rappelée à l’ordre à ce sujet ?
A noter l’excellence du jeu de Brittany Snow et de l’acteur qui joue Sam : tout passe par les regards, la façon qu’ils ont de jouer leur attirance pas encore avouée est très subtile (le regard de Sam quand Meg passe à la télé, le regard inquiet et admiratif de Meg pour Sam quand il choisit de ne pas s’en aller malgré l’arrivée des flics (belle récompense que ce magnifique regard) : bref il semblerait qu’il se profile pour la saison 3 une relation amoureuse Meg-Sam, et il me tarde vraiment de voir ça !

L’engagement politique contre la guerre prend une autre forme pour Nathan, qui reçoit sa convocation pour l’armée et refuse d’y aller pour servir une cause qu’il ne cautionne pas. Sam, inspiré par Meg, lui donne une somme d’argent pour se réfugier au Canada mais il la refuse, préférant la prison à la fuite "This is not about not fighting the war, this is about standing of something you know it’s right". Cette situation offre de belles scènes de tension chez la famille Walker : la mère de Nathan est furieuse de voir que son fils va retourner en prison et essaye en vain de le faire changer d’avis, y compris en utilisant l’argument de la profonde déception de son père s’il avait été encore en vie. Mais Henry, qui pourtant s’est opposé à Nathan à de nombreuses reprises, le rassure en lui disant que son père aurait été fier qu’il ne retourne pas en prison en tant que criminel mais en tant qu’homme. Très belle scène et très belle complicité des deux personnages, dans un échange plein de pudeur de la part de ces deux excellents acteurs.

La situation de Nathan pointe aussi du doigt le paradoxe qui est de considérer les exclus comme des citoyens égaux aux autres seulement quand c’est nécessaire. Les noirs sont à égalité théorique avec les blancs car ils reçoivent comme eux des convocations pour servir la patrie à la guerre mais ils ne bénéficient que des devoirs du citoyen et pas des droits : les noirs sont confinés à un rôle "décoratif" de divertissement pour les blancs et les élites se désintéressent du fait qu’ils sont marginalisés dans la société, comme on le voit dans l’aspect culturel que la série montre bien par la musique. En effet, depuis le début de la série et également dans cet épisode, les noirs sont des vedettes à Banstand, adulés par la foule, et il ne se passe presque pas un épisode sans qu’un tube chanté par un noir apparaisse à Banstand. La série montre vraiment bien le fait que les noirs sont assimilés au divertissement, mais complètement déconsidérés quand ils sont sortis de l’image glamour voire "exotique" que leur donne la télévision.

L’autre intrigue lourde de l’épisode, c’est la famille Pryor face aux rigidités morales de l’époque en ce qui concerne la naissance hors-mariage. Depuis quelques épisodes, Beth et JJ sont séparés, mais Beth a découvert et avoué à la famille Pryor -sauf à l’intéressé- qu’elle est enceinte (y’a pas de distributeur de capotes au Vietnam) Jack lui a proposé de rester vivre avec la famille, mais il est confronté au regard désapprobateur du prêtre pour qui un enfant hors-mariage est un scandale. En tant que conseiller municipal, Jack se doit de montrer l’exemple et le prêtre organise une réunion chez les Pryor pour présenter Jack et sa famille, en présence de Beth, et après avoir sous-entendu à Jack qu’il valait mieux qu’il fasse en sorte que Beth et JJ se marient au plus vite afin de faire taire les rumeurs.
Mais lors de cette fameuse après-midi, Jack ne peut pas s’empêcher de corriger le prêtre qui présente Beth comme la femme de JJ, et ajoute même que le mariage n’est pas une certitude même quand JJ sera rentré, ce qui jette, vous vous en doutez, un énorme froid dans l’assemblée et des regards furieux du prêtre sur Jack. La famille Pryor a réussi à se mettre à dos l’Eglise, maintenant ! :)

Pour décompresser de ces intrigues assez dramatiques et sérieuses (mais très agréables), il fallait quelques éléments comiques, apportés bien sûr par les excellentes Patty et Roxanne.
Patty d’abord, qui a déclenché mon plus gros éclat de rire de l’épisode quand elle balance en plein milieu du dinner familial qu’elle veut devenir nonne ! En effet, Patty est invitée au cinéma par un garçon de son école, qui l’ammène voir une comédie musicale interprétée par des nonnes ("And you know what ? They were singing" dira Jack très déçu à Helen avant de s’endormir :)) ) Pendant le film, le garçon l’embrasse sur le coin des lèvres et Patty, désorientée, demande à l’experte en la matière, j’ai nommé Roxanne, des conseils. Roxanne lui révèle alors l’incompétence des garçons en matière de femmes et Patty file tout droit au lycée une semaine avant la rentrée demander à une soeur comment on se rend compte qu’on doit être une nonne. A la suite de l’annonce à la famille de son désir de devenir nonne, une discussion avec son père lui fait se rendre compte qu’elle voulait être nonne pour ne pas avoir à se prendre la tête avec les hommes.
Patty, tu m’as fait bien rire !

Du côté de Roxanne, c’est la désillusion : Luke lui annonce son désir de quitter la ville et parcourir l’Amérique pour rencontrer d’autres gens, mettant fin du même coup à leur relation qui, fait inexplicable, se portait au mieux dans l’épisode précédent (les mystères d’American dreams !) Roxanne ne le retient pas et finit avec le collègue de Meg à fumer un petard en discutant sur la complexité des relations amoureuses et rêvant à des relations simples et sans problèmes.
Ce moment de détente passé, elle retourne au magasin de disques pour dire au-revoir à Luke comme il se doit.

Will, de son côté, n’a plus grand chose à faire depuis quelques épisodes mais nous gratifie d’une jolie scène avec Beth, dans laquelle elle lui explique qu’elle ne se mariera sûrement pas avec JJ malgré le fait que personne ne peut l’aimer plus qu’elle, ce à quoi Will répond d’un air déterminé que c’est faux.
Mais on va pas se plaindre, Will a eu une très bonne intrigue cette année avec son opération et de toutes façons l’épisode est suffisament dense et riche pour s’encombrer d’une intrigue perso autour de lui, donc tout est très bien.

Et comme pour le final de la première saison, la scène finale est un magnifique montage sur fond musical qui met en scène tous les personnages dans la situation où on les quitte :
- Meg et Sam sont arrêtés par la police
- JJ essaye de s’enfuir en portant un soldat blessé et en tirant sur tout ce qui bouge
- Nathan retourne en prison, mais avec l’estime d’Henry
- ambiance électrique dans le salon des Pryor où Jack et Helen viennent de se mettre à dos le prêtre en révélant la véritable situation de Beth et JJ, ce qui risque d’être dommageable pour les fonctions de Jack en tant que conseiller municipal
- Luke et Roxanne se disent adieu dans les bras l’un de l’autre

Bref, inutile de dire qu’après une aussi belle saison, la troisième est très prometteuse et que je suis d’autant plus dégoûté de l’attitude déplorable de TF1, sur qui j’attire la honte, la disgrâce et l’humiliation :)
Comme je suis d’humeur râleuse, un petit "bouuuh" aussi aux télespectateurs américains, qui ont abandonné American dreams en troisième saison pour suivre Desperate Housewives sur ABC... c’est pas bien !!!

J’en profite pour remercier la AD team pour avoir été très conciliante envers moi qui aurais voulu faire plus de reviews cette saison mais qui n’ai pas pu, et Lordy en particulier qui m’a très aimablement laissé ce magnifique épisode à reviewer, le final en + :)

Pour finir, quelques petites citations :

La Soeur : "You don’t choose God, it’s God who choose you.
Patty, blasée : Yeah, that’s what I thought"

Henry : "The first time you went to jail, it was in criminal. This time, you go to jail in man"

Roxanne : "I’m not the type to protest"


Un excellent épisode, riche, bien écrit, très bien interprété et qui conclue en beauté une belle saison. Avec cette seconde saison, American dreams est passée pour moi du statut d’une sympathique série familiale avec des hauts et des bas, au statut d’une grande série, profonde et intelligente, qui a su tirer parti de ses défauts, les corriger dans la grande majorité (sauf le petit défaut qui consiste à passer du coq à l’âne d’un épisode sur l’autre... n’est-ce pas Roxanne et Luke ?), tout en réussissant à rester simple, abordable et familiale.

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