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1.00 - Pilot

Le Commencement d’avant "Le Commencement"

Nous ne sommes pas Seuls

lundi 24 novembre 2003, par LordOfNoyze

Ou comment des piqûres de moustiques peuvent réussir à lancer un shmilblick complexe et culte de la télévision moderne.

Difficile d’avoir des avis plus partagés que ceux de la communauté des X-Philes à la vision du dernier épisode, ce "The Truth" diffusé en mai 2002 sur la Fox, et en janvier 2003 en France. Emotion, tristesse, désorientation, dégoût, choisissez votre camp ; je ne reviendrai pas sur ce patchwork de sentiments.

Mais je vais humblement , aidé de quelques reviewers intrépides (car il en faut, du courage, pour s’attaquer à un des mythes télévisuels des années 90), m’intéresser à la genèse des "X-Files" à la lumière de la rediffusion de Série Club, en remontant 10 ans en arrière, au 1er épisode de la saga paranormale, mystique et surtout salutaire des agents Fox Mulder et Dana Scully, titulaires du bureau des affaires non-classées du FBI.

Tout commença avec cette fille en pyjama, aux yeux alertes et apeurés, venue d’on en sait où, on ne sait trop pourquoi, dans cette forêt aux alentours de Bellefleur, en pleine nuit. Elle voit une lumière aveuglante, de laquelle sort un homme, et disparaît, d’abord de nos yeux, ensuite de la Terre. Elle s’appelle Karen Swanson, elle ne le saura jamais, mais elle sera l’objet de la première affaire commune des agents Mulder et Scully, une affaire classée faute de preuves mais de laquelle découleront bien des péripéties.

La personnalité de nos deux agents et leur contradiction est déjà bien soulignée dès le premier épisode : d’abord, pour Mulder, avec sa description (émanant de Scully elle-même) de doux dingue assorti d’enquêteur hors pair. Puis son humour Bogartien, désabusé, et sa constante solitude définie dès sa première réplique : "Il n’y a personne ici, à part le plus mal-aimé des agents du FBI." Et enfin des raisons de sa quête, expliquées dans la scène du motel : l’enlèvement de sa soeur Samantha, sa fonction décochée presque par hasard.

Puis Scully, brillante scientifique qui a écrit une thèse sur Einstein, très vite confronte à des évènements qui la dépassent : une substance organique inconnue dans le corps de Swanson, un basketteur calciné et qui a abusé du sauna puisque rétréci et ressemblant à une statuette vaudou, une perte de temps-éclair de neuf minutes... et enfin, des "piqûres de moustique" sur son propre dos, point commun de toutes les victimes ! Tout ceci sera relaté face à des supérieurs incrédules et manquant de preuves.

Des preuves et des réponses incomplètes ou manquantes : voilà le point de départ de la mythologie et la motivation de Mulder. Le leitmotiv de conspiration gouvernementale est introduit ici avec les personnages de l’Homme à la Cigarette, le docteur Nyman et Billy Miles. On y trouve les premiers éléments à charge détyruits dans l’incendie du motel : les implants, les "tests" évoqués par Billy Miles lors de sa saénce d’hypnose en fin d’épisode, la disparition du temps dans la caisse... Bref, tout ce qui peut exciter la curiosité du téléspectateur et de Mulder d’une part, et le scepticisme de Scully d’autre part, est réuni dans cet épisode.

Un dernier mot sur l’identité de la série, déjà tracée avec le gimmick des lieux/dates/horaires affichés régulièrement, le fait de suggérer l’élément fantastique au lieu de le montrer de but en blanc, laissant ainsi un petite place soit à l’imagination du téléspectateur, soit au rationnel.


Alors, est-ce que j’ai aimé revoir ce pilote ? Bah oui, parce qu’en tant qu’X-Phile, et même en tant que téléspectateur assidû, il faut voir ce "Nous ne sommes pas seuls" pour ce qu’il est : une exposition de la mythologie (même si elle n’est pas appelée à se transformer ainsi à l’époque), le fondement d’une quête et d’une identité visuelle, et surtout un petit précis des futures enquêtes en "loners" de Mulder et Scully, car c’est avant tout un épisode sur une série de meurtres. Mais c’est également un plaisir malicieux de téléphage pour retrouver une source inépuisable d’évènements, d’indications et de lieux que Chris Carter aura tout loisir de développer dans les dernières saisons de la série, et dans ses multiples "fins" mythologiques.