Sauvez Kevin

Avant de vous dévoiler le grand secret qui se cache derrière ce chef-d’oeuvre finement écrit, nous allons rentrer un peu plus dans les détails... Oh et puis non, je vous le dis tout de suite : cet épisode est daubesque ! Et encore, je vous assure que je suis gentil et que je mesure mes propos. J’avoue, je n’ai pas eu le courage de revisionner l’épisode pour écrire ce qui suit (il m’avait endormi la dernière fois, et il faut savoir que je ne suis pas maso à ce point là), ce n’est donc fait que de mémoire.

On a donc pour une fois un épisode centré non pas sur les croyances de Mulder mais sur celles de l’agent le plus sexy du FBI (d’un autre côté, y a pas beaucoup de femmes pour lui faire de l’ombre...), en l’occurrence la religion. Sauf que ce n’est pas (mais alors vraiment pas) bien traité. Tout du moins, il n’y a vraiment aucune subtilité dans le scénario, et jamais la contradiction entre les convictions scientifiques et religieuses de notre héroïne rousse n’est bien mise en avant. Bah oui, quand même, c’est bien beau de rejeter toutes les hypothèses paranormales de son partenaire (de terrain, confondez pas) au nom de la science, mais la religion n’est pas vraiment compatible non plus.

De toute façon, cet épisode est mauvais dès le teaser, où le pasteur charlatan se fait tuer (d’ailleurs ce n’est pas énorme du tout - mais vraiment pas - qu’il possède des "poches sauce tomate" pour faire croire à du sang mais bon, on n’est déjà plus à ça près...). Ca ne s’arrange pas vraiment non plus ensuite : le but du vilain monsieur de l’épisode est d’éliminer les gentils monsieurs qui sont soi-disants les réincarnations des Apôtres. Comme si le Diable avait besoin de s’occuper de tuer des abrutis qui embobinent d’autres personnes encore plus abruties qu’eux pour leur soutirer leur argent... Mais le trait de génie du scénariste, c’est que le douzième est un gamin, et qu’il a réellement un lien avec le Christ puisqu’il en porte les stigmates. Comme par hasard, les 11 précédents qui se sont fait tué étaient des charlatans. Je vous l’avais dit, c’est très subtil, il y a tout un message caché. Bah oui, vous avez pas compris que l’innocence et la pureté de la jeunesse correspondent à l’image du Christ, plutôt que le fait de se servir de la crédulité des gens pour les tromper ?

Mais le mieux, c’est que le scénariste n’a pas encore donné la pleine mesure de son manque évident d’inspiration (je ne le nommerais pas afin de ne pas jeter son nom dans l’oprobre). Reprenons les faits : nous savons déjà que le gamin porte les stigmates du Christ, et que le vilain pas beau est l’incarnation de Satan (représenté par un homme d’affaires quand même, bonjour l’amalgame ; surtout qu’en plus son nom est Gates). En revanche, nous avons droit à un rebondissement qui calme tout le monde (roulement de tambour) : le jardinier de la mère du gamin qui est poursuivi par le méchant bonhomme que Mulder et Scully surveillent de près est en fait... l’Ange-Gardien du gamin qui est poursuivi par le méchant bonhomme que Mulder et Scully surveillent de près (comment ça je me répète ?) !!!!! Wow, very impressive. D’habitude j’aime bien les histoires mettant en scène la Destinée (je ne parlerais pas de Buffy dans l’espoir de ne choquer personne, donc je citerais La Belgariade de David Eddings en exemple. Ou comment placer ça dans une review d’X-Files... Je vous apprendrais), mais là c’est vraiment trop mal mis en place.

Le mieux, c’est qu’il ne sert strictement à rien (à part de faire-valoir, ce qui n’est pas bien glorieux. Ou alors, à me rappeler Cynok du film Les Goonies, ou à deux autres trucs dont je parle à la fin des parenthèses), excepté peut-être à se faire tuer par le Mal en personne et à permettre d’avoir à Scully une révélation (putain ! Je viens de comprendre le titre ! Youpi ! C’était trop subtil en fait ! Ah ouais mais non, c’est vrai, une révélation c’est aussi un mystère lié à Dieu... Pinaise, ils jouent vachement sur l’ambivalence du terme quand même) : elle a été désignée pour protéger le gosse. Quel génie ce scénariste. Tiens, je retire ce que j’ai dit : en fait il sert vachement Cynok 2.0 ! Allez, pour en finir : la mort de la mère passe quasiment inaperçue, et tout le passage de l’usine est navrant de bêtise. Et oui, Scully, dans son nouveau rôle d’Ange-Gardien, réussit à vaincre l’incarnation du Mal toute seule, en la (l’incarnation pour ceux qui ne suivent pas) faisant tomber dans une cuve à broyer.

Ce qui est dommage c’est que plus tard dans la série on aura de nombreuses occasions de voir le rejet total de tout ce qui touche à la religion de Mulder - ce qui permet d’inverser les rôles et d’en faire le sceptique, ce qui est généralement jouissif (sauf quand c’est mal fait évidemment) - alors qu’ici c’est à peine exploité. Bon, je ne vais pas être de totale mauvaise foi, on s’aperçoit que Mulder trouve que Scully déconne et qu’il ne croit pas à tout ça, et il y a quelques éléments qui permettront de développer ça plus tard ; mais faire un épisode mauvais pour ça je crois qu’on pouvait s’en passer.