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9.07 - John Doe

N’a-qu’une-chaussure et les Mexicains

Amnésie

jeudi 10 juin 2004, par LordOfNoyze

Non, le célèbre canidé vaincu par la LTE n’a pas fait de crossover avec "X-Files", la série étant annulée avant même qu’il ne s’échoue à Seattle. Aujourd’hui dans le rôle jadis mal tenu par Dominic Purcell...Doggett.

Cet épisode met en scène quinze jours d’amnésie totale de John Doggett, qui se retrouve au Mexique et ne se rappelle plus jusqu’à son nom. Un premier indice : une tête de mort qu’il retrouve sur lui, et un clodo qui lui avait piqué sa chaussure le nomme "desaparecido". La première partie de l’épisode est assez drôle, puisque Doggett se retrouve en prison, se fait embrouiller par deux bandits qui réussissent à le faire sortir de prison, et veulent le faire embaucher. Doggett prouve que ce n’est pas un gringo comme les autres en leur piquant leur flingue.

Stooopp ! A ce point-là de l’épisode on peut se demander si Gilligan n’en fait pas trop dans la carte postale : le Mexique c’est un endroit rempli de bandits véreux aux dents pourries, de policiers corrompus comme dans n’importe quel pays du Tiers-Monde, et de réalisation qui a la jaunisse comme dans "O’Brother...". La réponse est "oui", on est dans un épisode léger, donc l’utilisation de clichés n’est pas un problème. Plus problématique est la suite...

En effet, de l’autre côté de la frontière on s’active pour le rechercher, un peu trop même puisque Kersh stoppe les recherches puisqu’on ne peut pas mobiliser tant de policiers pour un seul agent aussi côté soit-il, et ce même si on a vu une photo de lui. Comme dirait ma grand-mère, que je salue au passage :"Conneries !" On sait très bien que ce n’est que pour retarder un peu l’enquête, mais qu’à cela ne tienne, au département "X-Files", la borderline attitude c’est héréditaire, et voilà donc Reyes et Scully en vadrouille au village où l’on a vu Doggett pour la dernière fois. On peut en apprendre également un peu plus sur l’enquête que Doggett menait avant son accident cérébral, et l’on ne peut qu’être un tantinet déçu que c’est encore une histoire de cartel qui contrôle toute la ville. Le seul avantage de cette partie, c’est qu’on a jamais vu autant de parties dialoguées en espagnol par Reyes, car si chez nous la VOST ne sera plus bientôt qu’un souvenir, aux Etats-Unis il ne faut même pas en parler.

Doggett, entretemps, se voit forcé de travailler dans le garage du Mejicano qui l’a fait sortir de prison après un mal de tête soudain, qui le fait tomber à la merci de ses "amis". Bien sûr, ceux-ci savent parfaitement comment il est devenu un "desaparecido" hagard, et l’un d’entre eux va voir le responsable dans un bar, un vieillard longiligne et paisible pour leur demander qui est ce Doggett. Le silence étant d’or, celui-ci ne lui fait pas confiance quant à la divulgation de ses pouvoirs, et lui passe un scanner cérébral qui lui laisse des marques sur la tête. C’est donc là la cause de l’amnésie de Doggett.

Mais concrètement à part compter les jours avec musique angoissante, et refaire l’enquête à l’envers en mettant le téléspectateur dans la même situation d’ignorance que Doggett, à quoi sert cet épisode ? A mettre en évidence la relation de Doggett et son fils, le seul souvenir qu’il aie de près ou de loin et le seul qui va lui permettre de ne pas sombrer dans l’amnésie pure et simple, et fournir une matière malléable aux bandits du coin. Donc refaire l’histoire de sa mort, puisqu’elle lui est encore apprise par Reyes à la fin de l’épisode, et cela pose la question suivante : Si vous aviez la possibilité d’oublier purement et simplement la mort d’un être cher pour pouvoir vivre tranquillement, le feriez-vous ? "Pourquoi vouloir de cette douleur", comme dirait le vieillard effaceur de mémoire ? Doggett tranchera : "Parce que c’est la mienne."

Ce serait un épisode certainement très bon, s’il ne laissait pas sur la fin, avec cet unique développement quant au personnage de Doggett. Cette escapade mexicaine achève de nous convaincre que les scénaristes ont beau essayer de donner un relief intéressant aux nouveaux agents des affaires non classés, il n’en reste pas moins des plus pauvres. L’affaire du meurtre du fils de Doggett sera d’ailleurs le seul arc personnel développé dans les 2 dernières saisons de la série, et sera résolu dans l’épisode "Clairvoyance" dont vous pourrez lire la review du Martien dès demain. Bien sûr, celui-ci n’est pas d’accord avec moi, mais il convenait d’analyser pourquoi cet épisode, bien qu’agréable à regarder, est à l’image de la saison : un semi-échec.


Un postulat très intéressant, qui tente de donner la part belle à Robert Patrick et de lui donner la place qui lui revient, à savoir celle de pilier de la série, mais qui échoue faute de matière intéressante. En reste l’humour et de savoureuses scènes.