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1.04 - DNA
What’s going on, man ?
Accidents
vendredi 18 novembre 2005, par
Le camion 62 intervient suite à un accident de la route pas comme les autres.
La situation ne s’arrange pas pour le chef Reilly. Non pas qu’elle empire substantiellement, mais tout de même. Le département veut le suspendre pendant 60 jours mais l’orgueilleux qu’il est refuse d’être le pantin dans ces "conneries politiques". Il le fait clairement savoir quand il renvoie la lettre du département par fax en écrivant en gros dessus au marqueur "Enfoncez-vous ça dans le cul". Sans déconner. Et si j’ai employé le terme orgueilleux, ce n’est pas simplement, à mon avis, parce qu’il considère être innocent, mais aussi et surtout parce qu’il est hors de question pour lui d’endosser l’image du perdant dans une histoire concernant un homosexuel. Le fax n’a pas été apprécié (no shit) et le chef Reilly est suspendu en attendant son audience.
Tommy fait face à un problème. Il connaît pas le nom de la meuf qu’il saute. Il en parle au boulot à Franco qui ne trouve pas de solution. Ca l’empêche pas de repartir tirer son coup. Enfin, pas immédiatement, la-fille-dont-on-connaît-pas-le-nom allant prendre une douche. C’est l’occasion rêvée pour s’informer. Il tombe sur du courrier. Il y accourre presque. Lauren. Il regarde l’autre lettre. Nancy. Puis Lauren. Puis encore Nancy.
Entre-temps, sa fille Colleen l’appelle pour lui demander quelque chose. La pauvre n’a même pas le temps de finir sa phrase que les non de son père se répètent. Elle veut en fait aller à un concert avec le petit Murphy. La réponse est évidemment un non à la puissance 10. Fin de la conversation.
Au bout du compte, il va s’enliser davantage après avoir dit le fameux "Je t’aime" en pleine action à la la-fille-dont-on-connaît-pas-le-nom alors qu’il croyait voir Janet.
Pour revenir à Franco, il apprend qu’une Nez le cherche. Une ex à lui. "Un coup d’enfer au lit, mais un cauchemar en dehors." Franco refuse de la voir. A vrai dire, la gonzesse a l’air zarbi. Et c’est pas les moments passés avec Sean au bar et au pieu qui diront le contraire. Finalement, elle tombera sur Franco le lendemain et lui présente un petit bout de chou qu’elle prétend être sa fille. Franco nie catégoriquement que c’est son gosse. A vrai dire, en réfléchissant après coup, on peut comprendre sa réaction, et la peur qui peut résulter de cette info majeure. Sean convainc Franco de faire un test ADN pour être sûr qu’il est le père. Ce qu’il fait. Et c’est le cas. Nez apprend pour le test (allez savoir comment) et vient frapper à la porte de Franco qui ne répond pas. Mon pote, c’est ce qu’on appelle un retournement de vie (ça se dit ?).
Mike, de son côté, se fait importuner par un autre type, Andrew, le gus qu’il a sauvé et qui vient sonner chez lui (assez) tard le soir, insistant pour que leur "dîner" ait lieu. C’est ce qu’on appelle une sangsue. Ou parfois un simple d’esprit - quelqu’un qui ne comprend pas toujours immédiatement les non-dits. Mike acceptera presque à contrecœur d’aller dîner avec lui quand ce dernier se met à faire une scène dans la rue. De quoi le rendre encore plus louche. Mike, décontenancé par la situation et croyant que le gus est homo (l’affaire du pompier homo a sans doute quelque à voir là-dedans), demandera conseil à Lou.
"Well, you got two choices. One is you be honest and you tell him you don’t play on that team. Or go back to his apartment, you set it on fire, and this time, you let him burn."
("Tu as deux possibilités. Soit tu es honnête avec lui et tu lui dis que tu joues pas à ce jeu-là. Ou tu retournes dans son appartement, tu y mets le feu, et cette fois-ci, tu le laisses brûler.")
Mike choisira la première option et dira clairement au type qu’il n’est pas homosexuel. "Moi non plus", répond l’autre, quelque peu surpris. Mike est gêné. Et il l’est encore plus quand la fiancée d’Andrew arrive et que les deux lui proposent une partie à trois. Il se réfugiera aux toilettes et ne ressortira qu’une fois partis. Cette séquence restera marquée pour moi notamment par un passage tordant entre Mike et Andrew (vous l’aurez compris, j’aime les citations).
Andrew - I cannot wait until my fiancée gets here.
Mike - Fiancée ? Oh, man. I was way off.
Andrew - She’s great too. Her name’s Geneva.
Mike - Oh, like the salami ?
Andrew - Uh, no. That’s Genoa. Like the city. Geneva.
(Andrew - J’ai hâte que ma fiancée arrive.
Mike - Fiancée ? J’étais vraiment à côté de la plaque.
Andrew - Elle est super, aussi. Elle s’appelle Geneva.
Mike - Comme le salami ?
Andrew - Non. Ça, c’est Gênes. Comme la ville. Genève.)
Bon, place maintenant aux deux événements de l’épisode. Tout d’abord, la relation Tommy/Sheila. C’est assez bizarre car, malgré les détails laissés dans les épisodes précédents, malgré la tournure plus intime que prend leur dîner quand Tommy se rend compte que "Sheila lesbienne" est une fausse piste, je n’avais jamais vraiment pensé (ou peut-être refusais-je de croire) que ça irait jusque là entre les deux. Ce n’est que dans la voiture que j’ai réalisé ça, au moment où on voit Sheila s’approcher de Tommy et qu’elle finit par l’embrasser. Pourquoi donc ? A mon avis, c’est dû au personnage de Jimmy. Lui et Tommy sont très proches, si proches qu’on n’oserait pas penser que ce dernier puisse être intime avec sa femme. Le truc, c’est que Jimmy est mort. Mais inconsciemment, et influencé grandement par les discussions entre Tommy et lui, je le considérais comme un vivant à part entière. Alors que dans Six Feet Under, ça ne m’était pas arrivé ; le traitement des discussions entre un vivant et un mort s’apparentant plus à une réflexion interne chez une personne qu’à un échange d’idées entre deux.
D’ailleurs, Rescue Me insiste sur ce côté réel (enrobé ici de culpabilité de la part de Tommy) quand Jimmy évoque le fait qu’il ne voudrait pas voir sa femme "sortir avec un autre connard de pompier" dans une scène où la lumière joue un rôle symbolique.
Jimmy - You just made a weird face.
Tommy - What are you talking about ? I didn’t make a weird face.
Jimmy - Yeah, you did.
Tommy - This is my normal "come home, relax and have a drink" face.
Jimmy - Now it is, but two seconds ago you made a weird, "Jimmy’s talking about his wife and I feel guilty" face.
Tommy - What are you, nuts ? That was the "I have marinara sauce on my face" face. I don’t even have the other guilty face thing you’re talking about in my face repertoire.
Jimmy - The fact that you even have a face repertoire makes you suspect.
Tommy - You know, it’s like talking to a broad, it really is. Okay ? Blow me.
Jimmy - Kiss my ass.
Jimmy - T’avais une drôle d’expression.
Tommy - De quoi tu parles ? J’avais pas une expression bizarre.
Jimmy - Si.
Tommy - Non, c’est mon expression normale "Je rentre, je me détends, et je bois un verre".
Jimmy - Maintenant, oui. Mais il y a deux secondes, tu avais une drôle d’expression du genre "Jimmy parle de sa femme et je me sens coupable".
Tommy - T’es taré ou quoi ? C’était mon expression "J’ai de la sauce marinara sur le visage". Cette expression coupable dont tu parles, elle est même pas dans mon répertoire d’expressions.
Jimmy - Le simple fait que t’aies un répertoire d’expressions te rend suspect.
Tommy - On croirait parler à une gonzesse. Vraiment. Suce-moi pendant que t’y es.
Jimmy - Va te faire foutre.
Le deuxième événement de cet épisode est bien entendu l’accident de voiture de Colleen.
Arrivés sur le terrain, on s’attend à voir un accident de bagnole comme les autres, si puis-je dire, et au final, on est complètement surpris. La mise en scène est parfaite. Du début à la fin, le téléspectateur se trouve dans la peau du personnage de Tommy. On est intrigué par le jeune conducteur, on essaie de comprendre ce qui se passe, on retient son souffle. On découvre en même temps que lui avec effroi que le portable de sa fille se trouve près du SUV retourné. On craint le pire. Putain ce que cette scène était émouvante.
La tension est toujours au rendez-vous à l’hôpital avec Roger qui rend un Tommy encore plus nerveux, et concernant Colleen qui a un trauma à la tête. Roger finira par partir et Tommy consolera Janet en lui prenant la main. Et aussi pour s’excuser quelque part d’avoir poussé une gueulante après elle en l’accusant d’être responsable de l’état actuelle de leur fille.
Mais Tommy a besoin un peu lui aussi d’être consolé. A sa façon. Il va à l’église où il voit son cousin prêtre Mick. La scène est jolie, touchante.
Tommy - I want you to take away the hope, man. That’s the thing that’s killing me. I’m just hanging here, man. Hope is making me think I can fix my marriage, you know ?- - The day of Jimmy’s funeral, you stood up on that altar and you said sometimes... we don’t know why God does the things that He does. But I’m telling you, Mick... if He takes my little girl tonight... I’m gonna wanna know why.
Mick - That’s why you got to hold on to the hope, Tom. Because in the end... that’s all we got left.
(Tommy - Prends l’espoir que j’ai. C’est ça qui me détruit. Je ne fais que m’accrocher. L’espoir me fait penser que je peux réparer mon mariage... Le jour des funérailles de Jimmy, tu étais debout devant l’autel, et tu as dit que parfois, nous ignorons pourquoi Dieu fait les choses qu’Il fait. Mais je te jure, Mick... que s’Il me prend ma petite fille ce soir, faudra qu’on me dise pourquoi.
Mick - C’est pour ça que tu dois garder l’espoir, Tom. Parce qu’en fin de compte... c’est tout ce qui nous reste.)
Une des dernières scènes (toujours à l’église) est amusante. On voit Tommy entrapercevoir Colleen aux côtés des fantômes qu’il a l’habitude de voir avant qu’elle ne disparaisse après avoir regardé Jimmy façon "Ça veut dire quoi, ça ?". Quand l’imagination joue des tours à l’imagination...
Excellent épisode qu’on aurait pu croire léger avec les scènes de sexe du début mais qui s’avère riche en émotions. Seulement quatre épisodes, et on en arrive déjà à être émus à ce point. C’est ce qu’on appelle une grande série.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires


