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1.01 - The Big Bang
Open your time and space
Big Bang
dimanche 8 janvier 2006, par
Y’a des fois comme ça, on entend parler de séries venues de nulle part, on se dit « tiens pourquoi pas » et tant visuellement que scénaristiquement, BOOM, c’est la claque on tombe amoureux.
Bienvenus dans Charlie Jade.
RESUME

- L’univers crépusculaire de Charlie jade
La vie est un mensonge.
On nous a appri que les univers parallèles ne peuvent exister, et donc encore moins la possibilité de se déplacer de l’un à l’autre. C’est ainsi que Charlie Jade nous introduit à son univers ( son « Verse » en VO ), l’Alphavers, tout en nous montrant que la corporation la plus puissante connue, la VEXCOR, sous la supervision de sa directrice Essa Rompkin, expérimente sur ces voyages.
Mais tout ceci ne le concerne pas, ou pas encore tout du moins. Charlie est détective indépendant et essaye tant bien que mal de mener sa petite vie pepère sans trop se faire remarquer, entre les enquêtes morbides de son quotidien et les visions inexplicables qui hantent ses journées : des trains qui traversent les voitures et qui disparaissent comme si de rien n’était, des endroits vides aux décors changeants soudains habités l’espace de quelques secondes...
Charlie a besoin de vacances. Les pilules qu’il achète à son amie Papa Louis du marché noir ne lui font plus guère d’effet contre ces visions, si jamais elle en ont eu, et il aimerait bien partir quelques temps se reposer avec Jasmine, sa compagne dont il est éperdument amoureux.
Et cela aurait d’ailleurs presque été possible, si n’avait déboulé dans sa vie une jeune femme blonde, Katie, envoyée par son contact à la police, Sew Sew Tukarrs, et dont le discours sans queue ni tête le laisse perplexe. Katie prétends venir de Cape Town ( ville dont Charlie n’a jamais entendu parler, lui-même habitant Cape City ), avoir été droguée puis violée par un certain Owen ( ou quelqu’un au nom approchant ) et parle d’endroits qu’elle ne retrouve plus, dont la boite de nuit le "Glass Door" où elle a rencontré Owen. Après la fuite de la jeune femme devant l’incompréhension de Charlie, celui-ci aurait sans doute archivé cette histoire dans un coin perdu de sa tête si la jeune femme n’était retrouvée morte le lendemain, avec pour seul indice restant, une carte à puce estampillée Vexcor.
Aprés identification, Charlie réalise que celle-ci appartient a 01 Boxer ( prononcer O-Ouane, et non pas Owen ), fils de Brion Boxer, fondateur de la Vexcor. Il a peut-être mis les pieds dans un engrenage plus gros qu’il ne l’aurait cru. Poussé par la promesse d’incriminer ce personnage de classe supérieure, il décide alors de se lancer à sa poursuite.
Parallèlement, dans les deux autres verses, les choses s’enchaînent.
Dans le Gammavers, deux activistes, Reena et son compagnon Bern, décident de ne pas laisser leur monde se faire piller par les agissements d’une implantation Vexcor, pendant que dans le Bétaverse un certain Elliot Krogg s’affole des agissements de cette corporation.
Alors que Charlie pense avoir retrouvé la trace de 01, il arrive en plein désert prés d’une usine VEXCOR ou ses visions semblent le reprendre. Il voit tour a tour la même usine dans des décors différents. Et pendant que Krogg fait son possible pour arrêter la Vexcor lors d’une expérience d’envergure et que celle-ci semble avoir établi une passerelle instable entre l’Alphavers et le Gammavers, les activistes de celui-ci décident par la force de détruire l’usine qui réside dans leur monde et la font exploser, créant une réaction qui projète Reena, seule rescapée de l’attaque se trouvant a proximité de l’usine, et Charlie, dans le Betavers.

- La répercution des actes de Reena et Bern prend des dimensions universelles
WELCOME TO MY WORLD
La première chose qui surprend à la vue de ce pilote, passé la sobriété de la présentation et la magnifique musique de FM le Sieur qui ne cessera de nous surprendre tout au long de la série, c’est le peu de cas que font les auteurs envers l’audience de l’habituel secret qui entoure l’univers de la série.
On nous plonge directement dans un univers ou il est clairement admis que l’on va évoluer dans un monde composé de diverses dimensions parallèles. Exit donc les habituels suspens et les diverses révélations en palier concernant où on se trouve et pourquoi, tout du moins pour le spectateur. La série annonce la couleur dés le départ : toute l’intrigue va tourner autour des conséquences de l’avidité corporatiste de la Vexcor qui compte piller une dimension pour en alimenter une autre.
Et c’est ainsi qu’on nous présente d’emblée les diverses dimensions ou vont évoluer nos personnages. Elles sont au nombre de 3 : l’Alphavers ( Alphaverse en VO ), le Bétavers ( Betaverse ) et le Gammavers ( Gammaverse ), toutes trois représentant une facette de la réalité.
Ce premier épisode se concentre principalement sur l’Alphavers, car la majorité des personnage principaux en proviennent, mais aussi parce que toute l’intrigue sera conséquence de ce qu’il s’y passe.

- l’Alphavers : déja vu, anyone ?
L’Alphavers est ainsi une dimension futuriste, présentant une vision corporatiste du monde telle que l’on a pu l’apercevoir dans de nombreux univers d’anticipation tels que Blade Runner ou plus généralement dans les univers de Philip K Dick. Cape City est une mégapole grouillante, moite, sombre, lugubre et peu accueillante ou les zones habitables et industrielles se chevauchent. L’air y est lourd, poisseux, et reflète parfaitement l’état de la population qui y vit.
Celle-ci est catégorisée en plusieurs classes, définies grâce à une puce électronique sous cutanée injectée a la naissance, et qui défini dés lors la classe et les possibilités sociales de l’individu qui la porte, de oisif et riche à ouvrier-esclave ( l’absence d’identification de la sorte sur le cadavre de Katie semble d’ailleurs être un fait hautement intriguant pour tout le monde ). La corporation Vexcor qui semble jouir d’une impunité absolue et d’une avancée technologique remarquable, représente ainsi 0.5% de la population globale. Elle a prit le contrôle des institutions officielles lorsque celles-ci se sont retrouvées dans l’impasse et gère maintenant un monde dont les ressources sont a la limite de l’épuisement. Elle a d’ailleurs mis en place un système massif de surveillance de la population grâce de petits insectes cybernétiques qui transmettent en permanence ce qui se déroule dans leur champ de vision.
Cet état de fait a évidement mené a l’auto-génération d’un marché noir très étendu, la catégorie sociale la plus basse représentant la majorité de la population. On peut déjà clairement cerner les intentions des auteurs avec ces rapports de force métaphoriques entre puissants et masse populaire, ainsi que les conséquences que cela entraîne sur le monde.
Ainsi, Cape City est soumise a la loi de la jungle où tous les trafics, des médicaments aux organes, ne surprennent plus personne, et ou les enlèvements et l’insécurité font partie de la vie courante ( Charlie est d’ailleurs le plus souvent engagé pour des affaires de recherche de personne disparues, la dernière menant une fois de plus à la découverte d’un trafic d’organes ).
Au contraire, le Gammavers représente un idéal écologique évident ou la technologie, même si elle est présente, a su s’effacer au profit de la nature et de l’osmose entre celle-ci et l’homme. Les ressources y sont abondantes, telles que la végétation et l’eau.

- Le Gammavers : un paradis sur terre
Le cahier des charges de la série nous apprends que contrairement à l’être humain de l’Alphavers dont la population totale est de 12 milliards de personnes, une personne du Gammavers, constitué d’à peine 3 milliards d’âmes, a une espérance de vie moyenne de 65 ans ( contre une moyenne globale de 50 ans dans l’Alphaverse, la classe sociale la plus basse ayant une espérance de vie d’à peine 35 ans contre 90 pour la classe la plus haute ). La surpopulation donne d’ailleurs des effets assez dérangeants, comme ce décor surréaliste de morgue-hôpital qui semble aménagé dans un entrepôt, les médecins traitant à la chaîne des lits de cadavres.

- Des cadavres a la chaine dans l’Alphavers.
De même tant niveau pollution que pourcentage d’incarcération et autres utilisations des ressources d’énergies, le Gammaverse dépeint tout simplement un idéal de paradis terrestre. Et en ayant compris les besoins et l’état d’esprit sans scrupules de Vexcor dans l’Alphaverse, on comprends que pour eux, ce Gammavers soit une vraie mine d’or à exploiter sans vergogne.
Ce premier épisode ne s’attarde pas sur le Bétaverse. Non seulement car les personnages auront tout le temps de nous le faire découvrir par la suite, mais aussi parce qu’il nous est finalement assez familier, étant simplement, en plus d’être une terrain mitoyen entre ces deux extrêmes, une copie de notre monde actuel.
Graphiquement, la série suit la charte graphique définie par ces trois environnements. Ainsi grâce à des univers savamment définis, ont sait instinctivement très rapidement, selon les valeurs photographiques précises, dans quel verse se trouve l’action qui se déroule quelque soit la scène. L’Alphavers, en reflet à sa mégapole décadente, est représenté avec des tonalités de vert-rouille tirant sur l’orange, couplées avec des filtres et un traitement de l’image donnant aux textures une impression de moite, presque floue.
Au contraire, le Gammaverse est très généreux en tonalités vives et diverses, renvoyant une image idyllique de cette dimension, avec son eau bleue-verte, ses fleurs rouges pimpantes, son ciel clair et immense. Enfin, le Betaverse est représenté avec des tonalités bleutées assez fines, faisant ressortir des éléments tels que l’asphalte, les immeubles, et donnant l’impression d’une définition plus précise de l’image, comme pour représenter une réalité contemporaine, ciselée, prête a sortir de l’écran.
WHO AM I ?
Histoire de bien nous plonger dans l’intrigue, ce premier épisode choisi aussi de ne pas nous surcharger en personnages, et de ne présenter qu’une personnalité forte par verse..
Ainsi, il se focalise principalement sur le personnage principal, Charlie Jade, qui en plus d’être le héros de cet univers, en est aussi le guide, étant tout simplement le narrateur général de la série.

- Qui est vraiment Charlie Jade ?
Charlie donne tout de suite le ton. Il est le prototype parfait du détective privé désabusé de polar ou de film noir. Un électron libre hors de tout système, bâtard ( il a réussi a changer de statut social, passant de C3 a C2, de simple citoyen à détective indépendant ) comme une espèce de parasite vivant entre deux mondes. Sa conception du monde se résume à se créer un petit chez-soi douillet, sans avoir de grandes prétentions idéalistes car il semble avoir comprit depuis bien longtemps qu’il ne peut rien faire dans ce monde pour changer les choses. Il se contente ainsi de survivre le moins péniblement possible, et semble de plus avoir trouvé l’amour de sa vie. Qui ne s’en contenterait pas ?
Mais comme tout héros de film noir, notre détective privé est happé par une intrigue qui apporte des responsabilités qu’il a toujours cherché a éviter mais qu’il ne peut finalement se résoudre à fuir. Ainsi la révélation du nom d’01 Boxer, moteur de sa motivation à résoudre la mort soudaine de l’inconnue qui débarque chez lui un beau soir, semble faire ressurgir en lui un intérêt hors du commun, comme issu d’un passé enfoui aux conflits non résolus.
Le détail qui fait cependant la particularité du personnage de Charlie Jade, ce sont ses visions inexpliquées. Il semble avoir la faculté de communiquer avec le monde qui l’entoure, avec quelque chose qui le dépasse, mais considère cela comme une maladie à éradiquer, comme si il était sourd a un appel au secours. Son passage chez Papa Louis est à ce niveau assez révélateur lorsqu’elle lui demande quelle partie de son être est sacré, après que celui-ci lui clame sans sourciller que si ces visions provenaient de son bras droit, il en demanderait l’amputation sans sourciller. Charlie, malgré une conscience sous-jacente qui le force à s’occuper de Katie, est au départ un personnage qui souhaite une vie égoïste et sans histoires.
Représentant le Gammaverse, le personnage de Reena est lui aussi happé par l’intrigue à cause d’éléments qu’elle ne contrôle pas. Son compagnon Bern l’embarque dans une croisade où il perdra la vie, la laissant seule héritière d’une cause qu’elle sait juste, mais poussée par des motivations dont elle n’avait peut-être pas a ce jour réalisé l’importance.
Enfin, nous faisons aussi la connaissance d’Elliot Krogg , chef de recherche chez Vexcor en fuite dans le Betaverse, et qui d’après ses actions, a l’air très au courant des catastrophes qui sont sur le point d’arriver si les expériences en cours de Vexcor sont menées a terme. Son temps a l’écran cumulé ne dure pas plus d’une minute mais on sent directement qu’il est un des personnages clés de l’intrigue.
Ce pilote nous invite ainsi franchement et sans détours dans un univers original et très particulier, clairement défini, et ou les premiers enjeux révèlent déjà des intrigues complexes, riches et possédant des thèmes solides.
Et croyez moi quand je vous dit que vous n’êtes pas au début du bout de vos surprises.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires
Messages
1. > Open your time and space, 9 janvier 2006, 00:10, par darkevil
Merci pour ton excellente review qui permet de mieux comprendre le pilote ;)
1. > Open your time and space, 9 janvier 2006, 00:25, par Bradaviel
Merci a toi ^__^
Content que ce soit utile ^__^
2. > Open your time and space, 9 janvier 2006, 07:44, par Tonks
Excellente Critique, elle explique très bien et analyse très bien le pilote.
La suite, maintenant !!!