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4.06 - Sanguinarium
Docteurs Mabouls
samedi 1er octobre 2005, par
(fouille) "Ca y est, je viens d’extraire la pomme d’Adam ! Il ne me manque plus qu’un peu de graisse..."(fouille)
Kzzzzzzzz !
"Mince, je lui ai fait mal ?
Non, il est mort."
Ce dialogue imaginaire fait écho au prégénérique de la série, qui donne le ton. En effet, une jeune obèse qui s’apprête à subir une liposuccion se fait rassurer par l’infirmière. Quoi de mieux que de rappeler l’expérience du chirurgien qui s’apprête à l’opérer ? Sauf que cette fois-ci, le chirurgien a chaud. Et la déontologie, il s’en lave les mains....jusqu’au sang, même. Et puis puisque le patient a pris un Forfait Intégral, on va lui retirer toute sa graisse, peu importe.
Tenez y a à manger ci-dessous.

Comme souvent dans les loners X-Filiens des premières saisons, les analyses s’opposent. Scully met en avant l’addiction aux somnifères du docteur meurtrier contre son gré, tandis que Mulder trouve des traces de roussi qui forment un pentagramme sur le sol de la salle d’opération. De cette découverte à la magie noire, il n’y a qu’un pas, et le somnifère contient un extrait d’herbe très prisée en magie noire...
La gan..Belladonna. Et lorsqu’un deuxième meurtre a eu lieu, perpétré par un autre docteur de l’hôpital, la thèse de l’envoûtement devient de plus en plus forte. Mulder n’est pas envoûté, mais plus intrigué par la chirurgie esthétique et ses transformations physiques, qui peuvent par exemple, lui permettre d’affûter son pif légendaire. Parce que pour l’instant, il rame un peu.
La preuve, le docteur Franklin, un des éminents praticiens de l’hosto, lui pointe un coupable tout désigné : Rebecca Waite, présente sur les lieux lors des incidents, mais aussi 10 ans auparavant, lors d’une vague de meurtres. En fait, nous avons très tôt la confirmation que oui, Waite aime bien les bestioles visqueuses, les incantations, bousiller sa coiffure, les veillées à la bougie, tout ce genre de choses qui fait la différence entre une fan de "Charmed" et quelqu’un de timbré.
Mais rassurez-vous, le coupable n’est pas là. Elle essaiera de poignarder Franklin à son domicile, mais avouera qu’en fait elle essayait juste de le stopper. Non, ici l’enjeu de toute cette magie noire est une course à la beauté.
Lorsque Rebecca commence à recracher des épingles, Mulder et Scully commencent à penser que quelqu’un d’autre est derrière tout ça. En réalité les patients passés sur le billard sanglants ont toutes une date de naissance bien particulière qui correspond aux anniversaires des Quatre Grandes Sorcières. Ce qui les rend vulnérables dans un but précis : combler les désirs de celui qui verse leur sang et dessine des pentagrammes sur le sol.
Et qui de mieux qu’un type né en 1943, qui commence à avoir des rides, la ménopause et proche de profiter du merveilleux système de retraites américain, qui en plus est un très mauvais comédien lorsqu’il s’agit d’éloigner les soupçons qui pèsent sur lui ? Oui, j’ai bien nommé le Docteur Franklin. Passé maître discret dans l’occulte, il a déjà fait un lifting facial risqué 10 ans auparavant, et cette fois-ci il va recommencer. Il lui suffit juste d’un dernier meurtre.
Quand je parle de "lifting facial risqué", je ne parle pas de celui qu’il aurait pu se faire faire pour quelques milliers de dollars. Non, là je parle de changer de tête, la modeler à sa façon. Et comme souvent dans les premières saisons de "X-Files", il y parvient. Après avoir fait avaler quelques instruments de chirurgie à sa complice qui l’a couvert durant tout ce temps, il s’exécute et part en courant pendant que Scully et Mulder tentent de sauver ces dernières victimes. C’est ainsi qu’avec un look refait à neuf, il peut passer des entretiens d’embauche dans un autre hôpital (faux nom en option, bien sûr).
Ecrit par deux soeurs stagiaires, cet épisode revisite tous les numéros classiques de magie noire vu à travers le monde merveilleux de la chirurgie esthétique. Son attrait principal réside bien sûr dans les très graphiques scènes de meurtres, qui redéfinissent le gore à la télévision. Piscine de sang, torture tirée à quatre épingles (n’hésitez pas à me faire des dons financiers pour ces vannes), défiguration, brûlure au laser... Tout y passe avec un plaisir jouissif pour les amateurs de films d’horreur. Mais passé cela, il n’y a pas de grande innovation sur les rites de sorcellerie utilisés par les personnages de Waite et Franklin : tout y passe, les incantations, les offrandes, les pentagrammes, et même une assez déplacée scène de lévitation qui nous souligne, au cas où le spectateur l’aurait loupé en cachant ses yeux tout en poussant des cris de phoque, que Franklin est bien le Grand Méchant. Hun, hun.
Le monde médical nous est également présenté de façon assez populiste : non, les médecins ne veulent pas se remettre en question et sont prêts à tout pour éloigner le FBI aussi longtemps que possible. A ce titre, les scènes de réunion entre docteurs sont dignes de la pègre...ou même des potes de l’Homme à la Cigarette pour rester dans l’univers de la série. Bref, beaucoup de bruit pour rien, et seule le propos d’une société tournée vers la quête de l’éternelle jeunesse et abusant du pêché (selon les préceptes chrétiens) de vanité sont dignes de retenir notre attention.
Une enquête policière très classique (meurtres, théories opposées, fausses pistes, puis trouvaille du coupable et tentative d’interpellation) qui bénéficie de scènes-choc bien réalisées. Mais le propos de recherche de la beauté, opportun à une époque où les interventions de chirurgie esthétique ont fait un "boom" non négligeable, est somme toute assez mal desservi par une série de clichés sur le milieu médical et la sorcellerie en général.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires