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Rescue Me
2.03 - Balls
Assholes !
jeudi 21 juillet 2005, par
Vous ai-je déjà parlé de ma passion pour le générique de Rescue Me ? Du fait que le « C’m on, c’m on » des Von Bondies est peut être le seul morceau de rock que j’ai pu écouter en boucle ces dix dernières années ? Du fait que ses vues ras-le-pavé des rues de New York m’émerveillent à chaque fois ? Que je n’arrive pas à me concentrer pendant les premières minutes d’un épisode tellement j’ai hà¢te qu’il débute ? Que le fait que les noms des acteurs apparaissent dans un nuage de fumée relaie l’idée que nos héros renaissent à chaque incendie, et que, franchement, c’est pas la classe comme gimmick visuel ?
Non, évidemment pas, j’étais bien trop occupé dans mes dernières reviews à faire la liste des lignes de dialogues qui m’ont fait pleurer de rire…
« Balls », c’est le titre de cet épisode. « Assholes » aurait très bien pu faire l’affaire, pour celui là, comme, remarquez, pour tous les autres, tellement ces pompiers sont vraiment de gros trous du cul, de vrais connards en puissance…
Allons-y gaiement dans l’emphase : le génie de Tolan et Leary est de réussir à passionner le spectateur pour les aventures et les états d’âme de mecs profondément détestables, la plupart à la limite du beauf’, certains bien débiles, et tous, égocentriques, misogynes et homophobes… Et le plus beau, c’est que les femmes ne relèvent pas le niveau, avec Janet, que l’on ne voit pas dans cet épisode, partie sur un coup de tête avec ses gosses pour se retrouver en cavale et à fréquenter des versions encore plus attardées de son ex-mari, et Sheila, dont les flux hormonaux erratiques ne sont une excuse que pour une part de son comportement proche de la schizophrénie.
Reste Laura.
Elle navigue au milieu de ce petit monde machiste, parvenant à rester elle-même sans se compromettre. Elle a géré avec classe les assauts de Franco durant quatre mois, et se permet aujourd’hui une partie de « really great but meaningless sex » avec l’étalon. Son attitude désarçonne notre accro à la vicodine ®, qui ne peut s’empêcher d’analyser cette péripétie, comme le ferait Joey Potter. « I thought I was the girl ! ». Laura, je t’aime !
Laura est également le révélateur dans cet épisode de la belle connerie qui embourbe le cerveau du membre de la brigade qui pour l’instant s’en sortait le mieux : Lou, le poète « laborieux », l’amant éconduit de Kirsten, le meilleur ami de Tommy.
A la suite de ce qu’il estime être une erreur de jugement de la part de Laura lors d’une intervention, il va rageusement lui expliquer 1) qu’elle est loin d’être ce qu’il estime être un vrai pompier et 2) qu’elle est une « sutpid twat » ! Elle laisse couler sur le coup, mais avec détermination, vient lui demander le lendemain, en tête à tête, qu’il lui présente des excuses, pour mettre fin à cet incident. Et cet abruti de Lou, incapable de comprendre la chance qui lui est offerte - elle n’a pas demandé de sanction dans son dos, elle n’a pas fait de scène devant toute la brigade ou en pleine rue -, se comporte comme un véritable porc, il la méprise et réitère ses remarques déplacées. Laura s’en va, mais à coup sûr, elle aura le dernier mot.
Dans la catégorie trou du cul attardé, Mike se pose là cette saison. Il semble complètement abattu au début de l’épisode. Sully parvient à lui tirer les vers du nez et lui donne des grands conseils du type l’amour est un champ de bataille. Requinqué, Mike s’en va récupérer sa belle, en la suivant, en lui ordonnant de revenir à lui et en tabassant son nouveau petit ami (pour lequel j’ai développé une tendresse particulière : il a à peu près la même façon de se battre que moi…) Malgré ou à cause de l’injonction délivrée par un tribunal lui intimant de rester loin de Theresa et apportée en mains propres par le frère de Tommy (c’est chouette de voir Dean interagir avec d’autres que Dennis… Oui, je les appelle par leurs prénoms, c’est comme Woody, quand je me sens proche, c’est automatique…), Mike a sa plus grande idée depuis le début de la série : aller chercher l’arme de sa mère et continuer à espionner son ex.
Le plus navrant dans toute cette histoire, comme le lui a expliqué Theresa, c’est qu’en plus, il n’est même pas amoureux d’elle. Il s’en persuade, inconsciemment (si tant est que ses neurones ont pu être capables de modeler un tel réseau d’interactions…) vexé qu’il est d’avoir été largué, vexé d’avoir été devancé…
Je ne sais pas bien où veulent en venir les scénaristes en poussant Mike à de telles extrémités, mais ils nous permettent d’avoir Theresa, un second personnage hors de la catégorie « trou-du-cul ».
Un, qui malgré son grand âge, en est un membre actif, c’est le père de Tommy, que ce dernier retrouve dans un appartement luxueux de la très chic Park Avenue. (C’est là qu’habite Woody, pour la petite info…) Un appartement qui appartient aux chats de sa nouvelle femme, une Coréenne autoritaire mais qui semble tenir à son « fat Irish man ». Pour justifier cette situation auprès de son fils, qui a du mal à comprendre ce qui se passe, il utilise des arguments pile dans l’esprit des Gavin : sa bite est toujours active, et avec elle, le sexe est gratuit !!! Il n’en oublie cependant pas son rôle de père, en lui rappelant qu’il sera toujours là s’il a envie de parler, de se confier… Ai-je besoin de préciser que toute cette séquence est hilarante ?
A la maison des trous du cul, certains s’activent toujours pour faire revenir leur prince, et les choses avancent : si l’ensemble de la brigade est unanime, le transfert de Tommy sera signé. Malheureusement, au premier conseil tribal organisé par Lou dans les vestiaires, les votes sont en faveur de Sully, qui possède il est vrai des arguments de poids : des conseils très judicieux ( !) selon Mike, des avis sur les tendances capillaires très intéressants selon Laura, et des doigts de folie qui rendent ses massages quasi orgasmiques pour Garity aka Bambi dans la prairie… Et de toute façon, Franco n’a toujours pas pardonné à Tommy. Qui vient pourtant à la caserne pour tenter de faire évoluer la situation. La scène entre les deux est très belle, car malgré les ressentis, la déception et la colère de Franco, ils restent tous les deux sur la même longueur d’onde, ils partagent le même humour, ils se comprennent. C’est ce qu’il y a de toujours frustrant dans les querelles entre très bons amis : tant qu’il n’y a pas de pardon total, il ne peut pas y avoir de discussion anodine, de fréquentation occasionnelle, car elles sont des rappels douloureux de l’harmonie perdue.
Mais alors, Tommy est-il définitivement coincé à Staten Island ?
C’est faire abstraction d’un pouvoir supérieur capable de venir à bout de tous les désaccords entre bons trous du cul qui se respectent : l’homophobie partagée peut parvenir à ressouder tous les liens…
Et oui, lors d’une intervention nocturne dans un sous sol en feu abritant un sex-club, le jardin secret de Sully est révélé au grand jour : il aime s’habiller en femme, il aime les bas-résilles et il aime le sexe violent avec les hommes… Ca fait beaucoup de choses à avaler pour nos trous du cul, particulièrement pour notre petit cerf dans la prairie, qui en vient à se poser de grandes questions existentielles : est-on gay si l’on a apprécié d’être massé par un gay ?
En tout cas, le résultat du second conseil tribal est unanime (c’est ce qu’il fallait en plus, ça tombe bien toute cette histoire, hein ?) : « Sully, the tribe has spoken : you must leave immedialty ! »
Je me pose cependant une question : pourquoi Laura n’a pas participé à ce deuxième vote ? Il fallait les votes de tous selon le boss des pompiers. Mais comme de toute façon, Sully a de lui-même demandé son transfert, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Le retour à sa brigade, et le pardon implicite de Franco, seront-ils suffisants pour venir à bout du nouveau fantôme de Tommy, Jesus himself, qui devient de plus en plus salissant à essayer de s’arracher lui-même ses clous… Les images sont belles et intrigantes, mais finalement, je suis pour assez dubitatif face à cette présence christique. Que symbolise-t-elle ? La culpabilité de Tommy par rapport à son alcoolisme ? Pas vraiment convaincu.
En tout cas, merci Jesus, grâce à toi, j’ai l’impression d’avoir blasphémé… Oser me faire écrire quelque chose de presque négatif sur Rescue Me, bravo !
Le pire est que je vais continuer. Oh, c’est pas grand-chose, mais tout de même.
Sheila fait un malaise à la caisse du supermarché (et c’est en fin de journée) où elle était allée acheter une dinde pour son dîner un peu élaboré du soir, elle est ensuite emmenée à l’hôpital et prise en charge pour la fausse couche qu’elle vient de faire.
Et bien elle réussit tout de même à réussir à préparer le dîner, et pas n’importe quel dîner : la bonne grosse dinde des familles (celle que personne ne l’a pas vue payer). Si on passe sur les conséquences organiques d’une fausse couche, il y a tout de même un problème de timing (une dinde, ça ne met pas une heure à cuire, on est bien d’accord ?), qui bien sûr ne ferait pas rougir les scénaristes de « 24 », mais quand même, c’est « Rescue Me », je le rappelle…
Cependant, cette facilité (ou incohérence, si on veut vraiment être mauvaise langue) amène une scène désespérément poignante : autour de Sheila, la discussion s’engage entre son fils (qui réapparaît depuis bien longtemps… Dans un élan de méchanceté, j’en étais venu à envisager sa possible kelleyrisation…) et Tommy à propos du bébé, de son nom, de sa pièce qu’il va falloir aménager. Sheila est parvenue au bout du compte à obtenir ce dont elle avait rêvée depuis très longtemps : que Tommy s’intéresse à leur futur enfant, que son fils s’approprie l’idée d’une nouvelle famille, avec un nouvel enfant et un nouvel homme dans la maison. Simplement, il n’y a plus de bébé…
Et oui, Sheila, la vie parfois est salement ironique, même avec les « assholes » ! Et combien de temps vas-tu pouvoir garder le secret ? Jusqu’à ce que tu retombes enceinte de Tommy ?
Une belle brochette de trous du cul, y’a pas à dire !