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Rescue Me

2.06 - Reunion

May be we should both stop dreaming !

mercredi 3 août 2005, par Jéjé

Je serais bien tenté d’écrire qu’il s’agit de l’épisode le plus fort de cette saison. Mais il reste encore une bonne demi douzaine d’épisodes pour me faire mentir, et surtout, je ne suis pas sà »r que ce genre de qualificatif ait une quelconque signification tant la série est une réussite constante. Comme pour « Six Feet Under » et « The Wire », il est difficile de distinguer qualitativement plus un épisode que les autres. Malgré tout, il y a toujours des épisodes que l’on préfère...

Celui-là est l’un de mes préférés parce qu’il pousse la moitié de ses personnages dans leurs derniers retranchements, dans des situations qu’ils estiment extrêmes. Elles justifient sûrement sur le moment pour certains la violence de leurs réactions, qui, pour le spectateur, les éclairent d’un jour nouveau et peu reluisant. Ce ne sont plus des trous-du-cul sympathiques, ce sont des inconnus qui font froid dans le dos…

Commençons par Tommy, une fois n’est pas coutume.

Secoué par la découverte de la boite de tampons de Sheila, il cherche à en savoir plus sur sa grossesse. Evidemment, Sheila n’est disposée à ne rien lâcher, surtout pas le nom de son médecin. Peine perdue, hélas, surtout que ce dernier se révèle peu rigoureux sur le secret professionnel. La confirmation de ce que Tommy suspectait le confronte au retour musclé de Jimmy, qui l’assomme de coups, tout en lui expliquant qu’il avait réduit ses apparitions par égard au bonheur de Sheila et de la petite fille qu’elle attendait. Il intime l’ordre à son cousin de remettre enceinte sa femme.

Ce rêve violent est au premier abord salutaire : Tommy arrive enfin à exprimer sa culpabilité (les apparitions de Jimmy sont tout de même moins cryptiques que celle de la famille de Bethléem), et elle lui ouvre les yeux sur la réalité des attentes de Sheila. Malheureusement, cette incarnation en la personne de son cousin permet à Tommy de s’en détacher, de faire comme si elle ne faisait pas partie de lui et d’agir librement en salopard égocentrique ignoble.

La scène suivante entre Tommy et Sheila est peut être la plus violente et la plus dure de toute la série : Tommy est dans une rage qui fait froid dans le dos, il jette Sheila à terre, se retient de la frapper avec ses poings, lui enfonce de la salade dans la bouche, lui hurle dessus en la tenant par le col. Il est assez rare à la télévision, sinon inédit, de voir le héros d’une série à la limite de frapper sa copine. Et quand j’écris « à la limite », je suis bien généreux avec Tommy.

L’explication la plus raisonnable est qu’à ce moment il laisse éclater ses frustrations à l’égard des femmes, et de Janet en particulier. Et peut être même à l’égard de Colleen, qui n’est finalement pas le joker providentiel de sa nouvelle vie : le père et la fille viennent se faire virer de leur appartement, après que son propriétaire, l’agent du FBI ami du Johnny, y ait trouvé Colleen, en sous vêtements - parce danser, ça donne chaud ( !) -, au faisant la fête avec ses amis.

Je me raccroche à cette explication pour diminuer (un chouia, seulement) le mépris que m’a inspiré Tommy. La seule chose qui le sauve est qu’il apparaît plus vrai encore que la plupart de tous les personnages de séries télé.

Si Dennis Leary est très inquiétant dans cette scène, Callie Thorne est prodigieuse, profondément marquante lorsque Sheila, au fond de sa déchéance, le supplie de revenir au milieu de la rue .

Elle mériterait un rôle dans « Desperate Housewives » ! Profil typique de l’actrice excellente, dont l’âge la confine aux rôles de « femme de… », « copine de… ». Elle a cependant l’avantage de les interpréter dans deux des séries les mieux écrites à l’heure actuelle : « Rescue Me », évidemment, et la formidable « The Wire » !

Dans la foulée, Tommy roule jusqu’à l’école de ses deux autres enfants. Avec la complicité efficace de Colleen (aaaaah, y’a pas à dire, les relations mère-fille, c’est quelque chose…), il parvient à réussir son projet. Il peut maintenant rentrer sur New York, où il n’a plus d’appartement mais c’est un détail, avec son fils et ses deux filles. L’image de la famille parfaite dans la voiture dure quelques instants. Et rapidement, les gosses se chamaillent… Jésus apparaît alors pour une fois un message très limpide… « Tommy = Looser » ! Oui, il faut parfois écouter Jésus !

L’épisode se termine sur Tommy, arrêté sur le bord de la route, fumant sa cigarette à quelques mètres de la voiture, jetant un coup d’œil aux enfants… Je veux croire qu’il a compris que cette aventure était vaine, qu’il va ramener ses enfants à Janet. Qu’il va regarder la situation en face !

Un autre qui se comporte comme le dernier des connards, et qui a encore perdu ses cachetons c’est Franco. Tout d’abord, au téléphone avec son infirmière, qui ne se rend pas immédiatement à son chevet les mains pleines de Vicodine®, tout ça parce qu’elle va rendre visite à son père malade.

Mais ce n’est rien comparé à la façon dont il traite Keila, qui voulant sûrement faire plaisir à son père, lui explique que ce sont ses peluches qui ont pris ses pilules. Franco n’a pas vraiment la patience de la comprendre, et quand il réalise que ses pilules ne sont pas non plus dans la chambre de sa fille, lui hurle dessus et dans un accès de rage saccage son lit. Et la consigne dans sa chambre.

Lorsqu’il retrouve sa Vicodine peu longtemps après sous l’un de ses propres vêtements dans le salon, il ne prend même pas la peine d’aller s’excuser auprès de sa fille. Il s’en prend une rasade et végète devant la télévision.

Est-ce la sensation de manque ou le moi profond de Franco qui se sont exprimés ? Sûrement un peu des deux, mais la culpabilité que va éprouver Franco si jamais Keila (qu’il retrouve le lendemain inanimée des cachets de Vicodine® dans la main) ne s’en sort pas risque de mettre ses problèmes en perspective…

Mariez vous mais n’ayez pas d’enfants !

C’est ce que dit ma grand-mère à tous les mariages où elle est invitée. Sûr que Tommy et Franco auraient du l’écouter, et Chief ne doit pas être loin de penser la même chose.

A la base, c’était une bonne idée de demander de l’aide à son « gay-son » pour gérer la situation avec sa femme et son Alzeihmer. Cependant, le plus difficile à vivre maintenant sont les moments où il se retrouve seul avec son fils.

Il ne peut pas même pas regarder la télévision avec lui, et encore moins lui parler. Il n’arrive pas à dépasser sa gêne malgré une bonne volonté évidente.

Le fils va prendre le taureau par les cornes et le forcer à s’exprimer. Avec difficulté, Chief formalise ses deux questions les plus problématiques (« Qui fait la fille ? » et « Qu’ai-je fais pour que tu deviennes comme ça ? »… Classe…) et parvient même à évoquer les espérances qu’il avait pour lui et le fait qu’il a du mal à abandonner ses rêves.
Son fils lui avoue que de son côté il rêve lui aussi, de retrouver les relations qui pouvaient exister entre eux quand il était encore enfant, qu’il aimerait que son père lui dise qu’il est fier de lui, qu’il l’aime, qui s’intéresse à sa vie…

Dans la plupart des séries, ce serait suffisant pour que la glace se brise et que père et fils se tombent dans les bras.

Mais « Rescue Me » n’est pas une série comme les autres…

« May be we should both stop dreaming ! ».

Cette phrase de Chief est désespérément poignante de tragédie.

Le plus loin qu’il puisse aller pour l’instant, c’est serrer la main de son fils pour quelques instants. Ce geste qui lui demande une souffrance énorme conclut avec émotion la plus belle, et la plus réaliste, des scènes de l’épisode.

Habituellement, dans « Rescue Me », des intrigues un peu plus légères permettent de respirer quand l’ambiance tend au tragique.

Garrity, comme souvent, et Lou, étaient chargés cette semaine de cette mission : Garrity, avec sa nouvelle copine, Heather, une serial-firefighters-banger, et Lou, avec un receveur ingrat de moelle osseuse. Ils échouent tous les deux.

Heather se révèle être une pyromane de circonstance, qui utilise les incendies qu’elles provoque comme moyen de drague. Garrity, confronté à cette réalité, n’a d’autres choix que de rompre. Pour, on l’imagine trouver à un nouveau petit ami, elle démarrera un nouvel incendie, mais cette fois, les pompiers - dont le pauvre Sean - arriveront trop tard…

Quant à Lou, il n’accepte pas qu’en échange de sa moelle osseuse, il ne reçoive aucun remerciement de la part de celui à qui elle a sauvé la vie. Plus qu’ingrat, le receveur est surtout malheureux et amer : son échappée d’une mort certaine a bouleversé les plans pour son couple, et sa femme n’a pu s’empêcher de partir avec celui avec lequel elle avait prévu de surmonter son chagrin…

Lou et le receveur finissent par faire le même constat déprimant sur leur vie conjugale, et cette conversation qui aurait du les rapprocher, sur une blague pourtant drôle de Lou à propos de sa moelle osseuse maudite, se termine en bagarre - d’une violence bien inférieure à l’explosion de Tommy…

Ainsi, même dans les intrigues les moins sombres, la solitude, sa peur et les frustrations qu’elle génère chez les personnages de « Rescue Me » est le moteur de comportements au mieux inadéquats au pire dangereux et stupides…