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Rescue Me

2.09 - Rebirth

On nous cache des choses !

lundi 12 septembre 2005, par Jéjé

L’épisode le plus serein de la saison (oui, je sais, ça fait un peu doublon avec la semaine dernière, mais c’est comme ça, sauf que cette fois, c’est encore plus, voilà  !), o๠tout va de mieux en mieux pour tout le monde, o๠tous les morceaux se recollent, o๠tout le monde s’amuse ensemble...

Ce calme inhabituel n’a pourtant rien eu de rassurant. Il a eu un effet anxiogène sur moi, et j’ai le sentiment profond qu’il ne s’agit que d’un répit provisoire, peut être même une façade, voire un phantasme, que le pire est à venir ou bien qu’il s’est déjà produit et que l’on ne s’est rendu compte de rien.

La séquence finale où tous les personnages vont mieux qu’au début de l’épisode est symptomatique. Ce n’est pas normal !

Il se passe quelque chose, je le sais.

Il s’est passé quelque chose.

Il faut que je termine cette review et que je voie l’épisode suivant.

Avant d’en venir à mes angoisses, intéressons nous au thème récurrent, presque central de la série - les hommes ne savent plus ce que sont les vrais hommes -, qu’illustre parfaitement cet épisode.

Ce n’est pas un hasard si les références aux gays sont une constante de « Rescue me ». Mais ils sont bien plus qu’un sujet de blagues pour ceux qui devraient être les plus assurés de représenter la virilité américaine - ce sont tout de même des pompiers new yorkais, les héros de ce début de siècle. Nos pompiers sont tellement perdus que les gays sont devenus leur dernier repère : si je ne suis pas gay, si je n’ai pas l’air gay, alors je suis un homme, un vrai. Leurs situations sentimentalo-sexuelles à tous sont tellement désastreuses que les femmes ne sont plus le véritable point de mesure de leur masculinité. Elles ne peuvent plus l’être. Ils ne peuvent l’autoriser, car à cette aune, ce sont des moins que rien : les femmes ont quittés le domicile conjugal, ont kidnappé leurs enfants, se sont réconfortés dans des bras d’autres femmes, les ont plaqués encore et encore, les ont traités comme de simples objets sexuels... Le seul repère supportable, c’est le mètre-non-gay-étalon !

Cet épisode enfonce le clou en faisant passer du côté obscur non seulement le Probie, mais également Tommy Gavin lui-même. On se calme tout de suite avec les blagues douteuses sur le côté obscur, et évidemment que non, nos deux pompiers n’ont pas viré leur cutille...
Simplement, les deux semblent ne plus avoir un comportement qui s’oppose complètement à celui que nos amis pompiers supposent être celui des gays.

Probie traîne désormais pendant son temps libre avec des amis homos rencontrés à la fête d’anniversaire de l’épisode précédent.

Quant à Tommy, il est sous l’influence des euphorisants de sa femme. Ces petites pilules, qu’il prend pour compenser l’absence de Vicodine ®, non contentes de le transformer en être affable, prévenant, spirituel et posé sont également une explication cohérente au revirement de Janet, qui m’avait paru trop soudain. Lou est à l’origine de cette découverte : quand il apprend que non seulement elle s’est remise avec Tommy, mais qu’en plus elle rit à ses blagues (une femme trompée peut pardonner, mais elle ne peut rire aux éclats avec son mari adultère), il en vient à l’unique conclusion qu’elle est sous antidépresseurs. Très drôle et très bien vu !

Tommy donc apporte des croissants sophistiqués à tous les membres de sa brigade, fait briller au chiffon le camion de la caserne, danse (un homme, un vrai, ne danse pas ! Rappelez vous l’unique moment réussi de « In & Out » !), joue avec fair-play au hockey contre ses ennemis du NYPD, encourage son équipe à l’aide d’une bénédiction. Il écrit même des poèmes d’amour - au grand dam de Lou « Poetry is my territory » - qui permettent à Franco de récupérer Laura.

C’est suffisant pour déstabiliser le reste de la caserne, incrédule et perturbé par ces évolutions. Je vous accorde que celle de Tommy vaut son pesant de cachets de Vicodine ®. Le fait que, pour Probie, traîner avec des homos est un moyen de draguer des filles n’est pas suffisant. Il n’est plus un vrai homme, comme Franco, qui s’amuse à écraser ses poings sur la figure de Garrity. En même temps, hétéro ou gay, cela semble la seule réaction cohérente à avoir avec lui après l’enchaînement de désastres qu’il a provoqué dans la relation Franco/Laura.
Toutes les anecdotes liées à ces histoires sont à pleurer de rire.

Je retiens parmi l’ensemble le visage de Colleen ahurie dans la cuisine avec sa mère, ses yeux écarquillés à l’église avec ses parents chantant à tue tête... Ses expressions n’ont d’égales que celle de Garrity pensant avoir vu Probie et Tommy exécuter des mouvements de danse à la caserne.

Le dernier à faiblir question masculinité est Lou. Il est suffisamment sensible pour être tombé amoureux de sa prostituée au grand cœur. Certes, ce personnage est un grand classique. Cependant l’actrice, tout en nuances, et l’écriture « Rescue Me » font passer la pilule et permettent à cette intrigue d’atteindre son but : attendrir le spectateur et offrir enfin à Lou quelques moments sucrés.

Ils étaient six. Trois restent en course. Qui sera le prochain à quitter le navire des « vrais hommes » ? Entre Franco, désespéré à l’idée de perdre Laura et Chief, à deux doigts d’accepter son fils pour ce qu’il est, les paris sont lancés.

Mais je doute que le prochain épisode réponde à cette question.

Deux épisodes d’affilée où les tragédies et les déceptions sont absentes, cela fait beaucoup. Deux semaines où l’on s’amuse, on rigole, sans revers de médaille, où tout semble s’améliorer, là, on peut être sûr qu’il y a un problème.

Et je ne peux m’empêcher de penser que la scène d’intervention manquée aux trois quarts de l’épisode n’est pas anecdotique. Qu’elle est même pleine d’une signification qui nous est encore cachée.

Celle où nos amis trous-du-cul arrivent, camion hurlant, sur le lieu d’un sinistre qui n’en est pas un. A l’intérieur, leurs blagues les amènent à rire des personnes dans le coma. Soudainement, le plancher se dérobe sous les pieds de Tommy ; il s’effondre un étage plus bas.

Ecran noir.

Gros plan sur le visage de Tommy. Il ouvre les yeux. Jésus lui parle, lui demande s’il croit maintenant en son Père, déclare qu’il faut avoir la foi car c’est l’espoir.
Nos amis trous-du-cul débarquent et Tommy repart sans dommage à vaquer à ses occupations sous Selectra XL ™.

J’ai du mal à croire à ce réveil miraculeux. Une petite chute pour un petit sermon, et pof, je repars faire du hockey ? Surtout qu’il faut rajouter le thème de la petite conversation avant que les termites n’aient réussi leur coup de l’année : le coma !

Je suis persuadé que Tommy est dans le coma.

Que tout ce qui suit n’est qu’un rêve, le phantasme d’une vie et d’une brigade où tout va bien !

Et ce titre. « Rebirth ». Renaissance. Avant de renaître, il faut bien mourir. D’où... Le coma. Le coma. Le coma.

Je sais qu’avec le retard que j’ai, évoquer cette hypothèse ne peut me conduire qu’à la ruine... Si j’ai raison, on va supposer que j’ai vu les épisodes suivants, si j’ai tord, j’ai l’air complètement ridicule avec mes théories digne d’un fan de « Lost » ! Monde cruel !

Mais ce n’est pas grave, je sais, au plus profond de moi, que l’on nous cache des choses...


Bon, je vais voir si je suis très perspicace ou si je suis... juste ridicule ! 2.10, here I come !