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Rescue Me
2.07 - Shame
I’m in a perpetual toast !
jeudi 11 août 2005, par
Après avoir bien tendu tout le monde la semaine dernière, Peter Tolan et Dennis Leary passent - la première fois cette saison - le stylo à un autre, pour un épisode o๠la pression se relà¢che. Mais rien n’est jamais simple dans « Rescue Me », et la détente écrite par Evan Reilly n’est qu’apparente.
Mais, déjà, soyons rassurés, Keila est vivante. Elle se porte plutôt très bien.
On le soupçonne dès les premières images qui commencent pourtant avec Tommy. Tommy qui essaye de dormir dans la caserne au milieu du vacarme et des ronflements de Lou. Tommy geint, se plaint des bruits de tuyauterie et balance la phrase la plus drôle de l’épisode (« Tching, tchang, kin, kan, it’s like being in a god damned chinese graduation ceremony »), se réfugie dans un des camions, est réveillé par les sirènes et se retrouve dans le hangar avec son oreiller et sa couverture.
Enchaîner sur l’annonce de la mort de Keila aurait été une bonne faut de goût, non ?
Restons pour l’instant avec Tommy. Au cours d’une tentative d’introspection, ou plutôt d’une énième lamentation autocentrée, servie à un Lou endormi, on apprend que ses trois enfants sont désormais locataires à la prestigieuse cour des miracle de Park Avenue.
La seule à s’occuper des enfants est New Mrs Gavin : elle les aidentà faire leurs devoirs de maths (pas étonnant, hein, Pa Gavin ?) et à les sortir.
Tommy est plus occupé à bastonner un mec aux A.A. qu’il soupçonne être un agent de Paroli, à manipuler Franco pour essayer de trouver de la Vicodine ® (ça m’amuse beaucoup de taper sur word, « ( », « r », « ) » et voir apparaître ce petit symbole, parce que globalement, m’en fous que Vicodine® -encore !- soit une marque déposée…), à débattre avec Jésus de l’existence de son père, à essayer de draguer sa demi-sœur (il ne le savait pas au départ, et il est maintenant au courant, mais tout reste possible !), à l’hôpital à veiller un enfant qu’il a sauvé des flammes.
Il serait bien naturel que Tommy se sente proche et peut être un peu responsable désormais de cet enfant, dont des lambeaux de lèvres sont restées collées aux siennes pendant qu’il essayait de le maintenir en vie lors de l’incendie. Cependant, sa présence aux côtés de la mère éplorée qui le pousse à passer du temps avec ses propres enfants a quelque chose d’indécent. Tommy n’est pas là pour l’enfant, il est évidemment dans cette chambre d’hôpital pour lui, pour essayer de voir si Dieu, s’il existe, lui qui lui a pris tant d’êtres chers en 2001, va encore lui pourrir un peu plus la vie en bousillant les fruits de son travail.
Mais ses tentatives d’échapper aux regards de ses enfants pendant tout l’épisode s’interprètent surtout comme le refus d’affronter ce qu’il a réalisé sur le bord de la route à la fin de l’épisode dernier : le coût de la revanche qu’il a pris sur Janet et la satisfaction de son ego n’a pas à être payée par eux.
La culpabilité, c’est le moteur de Tommy ! Y’a pas à dire, c’est un vrai catholique !
Dans la catégorie des catholiques inquiétants, je demande le frère. Non pas Johnny, qui paraît être le plus équilibré (enfin, c’est un bien grand mot !), mais le nouveau frangin. Liam, le prêtre. Alors que les Gavin s’extasient sur sa générosité envers les adolescents perdus de la paroisse, l’autre prêtre de la famille (enfin, ex prêtre), cousin Mike, lui n’est pas convaincu et sent même l’immonde odeur du pédophile. On va voir comment Denis Leary, catholique irlandais d’origine, natif et amoureux de Boston, ville qui a été il y a quelques années le théâtre d’un des plus grands scandales mêlant église, prêtres pédophiles et non dénonciation par les hautes autorités cléricales, va développer cette histoire.
L’intrigue de Chief commence comme celle de Tommy de façon amusante : il interprète mal la signification du mot « partner » et croyant avoir affaire à un associé en affaire de Peter, accueille bras ouvert le copain de son fils. Quand il réalise son erreur, il est un peu contrit mais rien d’explosif.
Mais Peter fait une grosse erreur stratégique dans sa quête de reconnaissance : il s’envoie en l’air avec son homme assez bruyamment dans une chambre à l’étage… au moment où Chief revient à la maison...
Grave, grave erreur, car il confronte directement son père à son angoisse, sa peur, sa honte la plus profonde : son fils aime se faire enculer. (Appelons un chat un chat…)
Malgré toute sa bonne volonté, Chief ne peut s’abstraire des convictions enracinées au cours de son éducation et de son milieu : la virilité, c’est la pénétration !
Son fils n’est pas un homme, basta !
Attitude rétrograde ? Evidemment ! Réaliste ? Absolument.
Peter tient tête à son père, en lui faisant comprendre que lui, son fils, n’a pas honte de ce qu’il est et que les dégoûts sont mutuels.
Le point de non-retour est sûrement atteint pour cette intrigue, qui être caractérisée par un seul mot : la justesse.
Franco est évidemment heureux que Keila s’en soit sortie et sans dommages apparents. Peu présent dans l’épisode, il a cependant la plus belle scène. Lorsqu’il avoue à Laura qu’« il n’arrive pas à comprendre comment le fait d’avoir failli perdre sa fille n’est pas suffisant pour faire disparaître sa dépendance » et qu’il finit par aller se coucher à côté de Keila.
Contrairement à Tommy, Franco est conscient qu’il est devenu un drogué et qu’il doit s’en sortir, pour les autres comme pour lui, que ce n’est pas une action de façade pour garder son boulot, récupérer ses enfants… et que même si la volonté est là, la tâche est dure ! En début de saison, je dois bien avouer que je n’étais pas très rassuré par cette storyline, très courante dans les séries et souvent traitée avec de gros sabots (allez, je ne citerais que Carter et ses anti douleurs dans « Urgences », mais c’est surtout parce que ça fait longtemps que j’ai pas dit du mal de ce boulet atroce qu’est devenu Carter…) Une fois de plus, « Rescue Me » prouve qu’elle nage au dessus des autres (allez, de presque toutes !)
Sur l’insistance de Laura, en début d’épisode, qui réalisait qu’il avait besoin de parler, Franco se décide à assister à un « A.A. meeting », avec un A qui veut dire… Addicted !
Franco a besoin d’un soutien. Tommy se dérobe. Voici Garrity !
C’est le moment de souffler un peu et de le savourer dans ses œuvres.
Garrity qui s’inquiète du pouvoir potentiellement mortel de sa bite.
Garrity qui drague aux A.A.
Garrity qui partage avec Proby sa découverte de l’Eldora de la drague.
De grands moments.
Sheila n’est pas mal non plus, quand elle se met à hurler devant la caserne pour tenter d’attirer l’attention de la brigade sur sa relation avec Tommy. Vainement. Elle était venue pour en savoir un peu plus sur le fantôme de Jimmy et ce qu’il avait bien pu dire. Tommy se comporte évidemment que le dernier des cons, et c’est un plaisir de voir sa tête se décomposer quand il apprend que Sheila est passé à autre chose, et que cet autre chose est une femme.
Un joli retour de choses, puisque dans la première saison, il s’était intéressé à elle quand il la soupçonnait d’entretenir une relation lesbienne…
Dans cette première saison, on avait eu l’occasion de faire connaissance avec Sondra aka Kirsten… Faudra pas m’en vouloir si je me trompe de prénom, mais pour moi, Paula Devicq est et restera toujours mon amie dépressive de la Vie à 5… Tout comme Matthew Fox ne sera jamais personne d’autre que Charile-oh-mon-Dieu-j-ai-un-cancer-Salinger, et pas cet abruti de super docteur de Lost ! Bref, Kirsten est de retour quand Lou la croise dans une boulangerie (enfin, ces trucs américains où ils vendent des mauvaises viennoiseries, au milieu des cafés sans goût, des muffins, des saucisses des œufs frits… Bref, tout sauf une boulangerie…) Elle est célibataire et surtout toujours seulement capable d’éprouver du désir pour des hommes engagées avec des femmes possessives.
Lou ne peut s’empêcher de lui décrire la femme parfaite et un peu possessive avec laquelle il a une relation en ce moment. Et Kirsten mort à l’hameçon.
Kirsten veut le revoir, mais d’abord en présence de sa nouvelle petite amie (qui n’existe pas, je le rappelle !). Pour parvenir à ses fins, Lou fait appel au don de Tommy, celui d’inventer les histoires les plus abracadabrantes, de les faire tenir debout et de les utiliser à son avantage. La solution pour faire tenir l’histoire de Lou. En une phrase Tommy.
« That’s why God created hores ! »
Délicat, mais ça marche. Lou entre en contact avec l’archétype de la pute au grand cœur, qui joue le jeu de la petite amie amoureuse et lui permet de récupérer Kirsten.
Un épisode excellent donc. Certains pourraient le confondre avec ce que l’on appelle vulgairement « un épisode de transition  », mais soyons sérieux, on est dans « Rescue Me  » : c’est un épisode essentiel qui analyse les conséquences des pics d’intensité de la semaine dernière, conclut certaines intrigues et en relance d’autres. Avec une bonne dose d’humour. Que demander d’autre ? L’annonce du renouvellement de la série pour une saison 3 ? Oui, ça se tient !