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Six Feet Under

5.06 - The Rainbow of Her Reasons

La première fille qu’on a pris dans ses bras

samedi 23 juillet 2005, par Feyrtys

Etre un esprit libre. Etre soi-même, envers et contre tous, ne jamais se décevoir. Ne pas faire de compromis et être fidèle à ce qu’on est. La mort peut-elle éteindre un esprit libre ? Non, seule la renonciation à ses rêves le peut. Les esprits enfermés sont nombreux. Enfermés dans les attentes des autres, dans ce qu’on voudrait paraà®tre et dans ce que l’on est.

La morte de l’épisode, nous la connaissons déjà. Elle était un sujet de discorde entre Ruth et sa sœur, Sarah. Une vieille histoire difficile à enterrer pour Ruth… Sarah avait emmené son neveu Nate, âgé de 15 ans, dans une balade au Grand Canyon (si mes souvenirs sont bons) avec ses amies. Parmi elles se trouvait Fiona, 32 ans à l’époque, notre victime du jour. Fiona avait « défloré » le jeune et plus tout à fait innocent Nate, ce que Ruth n’a jamais vraiment pardonné à sa sœur ni à la dévouée amie. C’est toujours difficile de savoir que son fils n’est plus un petit garçon…

25 ans plus tard, Sarah a une soudaine envie de trekking en Californie. Mais toute seule, c’est moins drôle. C’est même un peu déprimant. Elle décide donc de s’arrêter chez son amie Fiona au passage et de la convaincre de l’accompagner. Fiona est un peu déprimée en ce moment, elle n’a pas envie de se fatiguer à marcher au milieu de nulle part. Mais Sarah insiste, et Fiona cède.

Sur la crête, Fiona fait un faux-pas et se rompt le cou en tombant…

Premier bon point de l’épisode : Sarah. Sa présence est toujours aussi unique et décalée dans le monde des Fisher. Patricia Clarkson est une actrice exceptionnelle.
Deuxième bon point de l’épisode : Bettina. Bettina est certainement mon personnage secondaire favori. Et quand Bettina est là, Ruth se lâche. Elle défait son chignon, elle boit, elle fume, elle est enfin elle-même. Et je l’aime tellement comme ça…
Troisième bon point de l’épisode : le gynécée. La réunion des femmes dans la maison des Fisher nous montre une nouvelle façon de faire le deuil : boire, fumer, rire et médire des hommes. Mais nous offre également une très belle scène de chant, « Calling on Angels ».

Pour être libre à nouveau, Ruth se persuade qu’elle doit se débarrasser de George. Elle lui a trouvé un appartement ; ils ont déménagé la totalité de ses affaires à lui et elle a réussi à garder pour elle le service de casseroles et de poêles qu’elle aime tant. George ne semble pas faire attention au fait que les seules affaires personnelles de Ruth dans « leur » nouvel appartement se résument à… du savon.
J’avoue que je ne pensais pas que Ruth irait jusqu’au bout de sa décision. Je pensais qu’elle se rétracterait, qu’elle finirait par voir qu’un avenir était possible pour eux. D’ailleurs, lorsque George ressort la perceuse jaune qu’ils avaient acheté ensemble le jour où Ruth avait demandé George en mariage, il m’avait semblé déceler dans le regard de Ruth un soudain sursaut d’amour pour lui. Mais non, il n’en est rien. Ruth déteste à présent plus George qu’elle ne l’a aimé. Elle croit que se débarrasser de lui sera la solution à tous ses problèmes.

La mort de Fiona, que pourtant Ruth détestait depuis « l’affaire Nate » est alors une bonne excuse pour rester loin de George pendant deux jours. Fiona devient une très bonne amie, et Sarah a soudain envie de se retrouver entourée uniquement par sa famille proche… Ruth arrange la vérité à sa sauce et réussit à respirer enfin, sans culpabilité apparente. Elle en veut trop à George pour s’en vouloir à elle-même. Elle est trop obsédée par sa liberté retrouvée pour se remettre en question et réfléchir aux conséquences.
En revanche, si dans un premier temps Sarah a réussi à se faire croire que la mort de Fiona était écrite dans les étoiles, et que son "heure était venue", quelques verres de vin rouge la convainquent facilement du contraire. S’en suit une scène ou le talent de Patricia Clarkson prend toute son ampleur : on rigole à cette auto-flagellation comique (« qui suis-je, l’antéchrist ? »), mais on ressent également le malaise de ce personnage qui se sent responsable de la mort de son amie, parce qu’elle se sait égoïste, parce qu’elle est narcissique au possible… Un peu comme nous tous au final, non ?

"Something’s in red wine doesn’t agree with me" dira Sarah au petit matin, avec la gueule de bois pour appuyer ses dires. Sarah, je suis de tout cœur avec toi. Moi, c’est la vodka qui semble vouloir toujours me contredire…

Les amies de Sarah débarquent avec vivres et bouteilles de vin et rapidement, la triste maison se transforme en gynécée. Brenda les rejoint avec Maya et la veillée funèbre se transforme en discours utopique sur la cité idéale, dans laquelle les hommes garderaient les enfants et rapporteraient de l’argent. Elles boivent beaucoup, et elles voudraient bien fumer, mais elles manquent de l’ingrédient essentiel. Ruth prend donc l’initiative d’aller dans la chambre de sa fille pour se rétribuer un maigre loyer. Claire n’est pas chez elle : elle vient en effet de trouver un travail temporaire pour gagner un peu d’argent en attendant de recevoir une bourse pour exercer ses donc artistiques.
Heureusement que Ruth boit parfois. Ca l’aide à exprimer tout ce qui ne va pas. En l’occurrence, ça lui permet de dire à sa fille à quel point elle l’aime et à quel point elle a peur de la voir renoncer à ses rêves, tout comme elle-même l’avait fait il y a bien des années plus tôt. Ruth ne veut pas voir sa fille commettre les mêmes erreurs qu’elle, et Claire ne veut sûrement pas devenir sa mère ; d’ailleurs elle se défend de lui ressembler. Elle ne se rend pas compte à quel point elle a tort…

Cette scène de réconciliation est magique. Belle, touchante, juste, même le traditionnel « I love you » ne me donne pas envie de vomir (ce qui est suffisamment rare pour être noté). Il a fallu que Ruth boive un verre de trop pour dire à sa fille qu’elle a peur pour elle, peur qu’elle ne devienne une femme qui ne se reconnaît plus, dont l’esprit a été enfermé par des choix par défaut. Il faut souvent qu’ils boivent ou qu’ils se droguent pour être enfin honnêtes les uns envers les autres, dans la famille Fisher, mais c’est aussi pour ça qu’on les aime : après tout, ça ressemble beaucoup à ça dans ma famille aussi…

Claire aurait bien eu besoin de se ressourcer avec le gynécée, mais elle préfère se plonger dans un bain et rester nue le plus longtemps possible. Non, Claire n’a pas un nouveau petit ami, mais son nouveau boulot l’oblige à porter des collants qui compressent… son pauvre petit corps habitué à plus de liberté. Mais pas seulement… Son nouveau travail serait-il en train de tuer l’esprit artistique de Claire ? Serait-elle, comme elle le craint, en train de se rendre compte qu’elle n’est pas une artiste ? Ou bien baisse-t-elle les bras devant la difficulté ? Elle est la seule à pouvoir le savoir. Mais en attendant, les scènes à son nouveau travail de « contrôleuse qualité » sont à mourir de rire. Ses collègues, tous allumés mais tous tellement proches de la réalité, son box, son petit tailleur bleu clair, la carte d’anniversaire, mais surtout, la chanson… C’est peut-être l’effet « dernière saison », mais il me semble que les scénaristes vont plus loin que d’habitude. Les fantasmes rêvés en plein jour avaient un peu disparus de la série la saison dernière. Ils reviennent en fanfare : Claire s’imagine, à la façon d’une Beyoncé, chanter pour libérer ses cuisses et son entre-jambes de ces collants diaboliques. Et c’est à mourir de rire.

L’autre scène qui m’a fait hurlé de rire (et je rigole très fort, au désespoir du reste des tympans des gens qui m’entourent), c’est celle dans laquelle Billy, qui a recommencé son traitement mais qui reste complètement abattu par sa séparation avec Claire, frappe à la porte de chez Nate et Brenda pour s’écrouler, littéralement, dans le canapé du salon… Jeremy Sisto incarne avec brio un personnage au bout du rouleau qui aime à se répandre… Il m’a rappelé le Billy du pilote, pleurant en passant dans la cuisine de ses parents et volant la nourriture de la main de sa sœur. C’est ce Billy là que je préfère…

Nate se retrouve seul ce soir là, avec Billy. Brenda est restée au gynécée et Maya dort. Nate a reçu un coup de téléphone de Maggie plus tôt, et leur échange a été encore une fois plus intime qu’il ne l’aurait du. Maggie a compris que Ruth s’apprêtait à quitter George, et en appelant Nate, elle voudrait qu’il lui dise la vérité à propos de sa mère, mais également, qu’il jure ne jamais lui mentir. Nate jure. Cette promesse inattendue nous montre que Nate a le désir d’être complètement honnête avec Maggie. Et que ce désir est réciproque. Une phrase glisse de la bouche de Nate et en quelques mots, menace son couple : « il n’y a que Maya et moi ici ». Mais il le regrette aussitôt, et Maggie ne relève pas la proposition cachée. Les deux en resteront là pour le moment. Mais pendant combien de temps vont-ils se tourner autour ?

Rico a de la chance : la nanny venue du froid est tellement gentille qu’elle se fera virer au bout de 24 heures à peine, après avoir invité un SDF à manger des pancakes. Moi je l’aimais bien cette nanny : elle voulait participer à Survivor en envoyant une cassette de candidature. Ca c’est de l’ambition !
Vanessa se rend soudain compte qu’elle n’y arrive pas sans Rico. Ou bien qu’elle n’a plus vraiment envie d’essayer… Elle l’invite à revenir prendre sa place à la maison. Rico accepte, bien entendu, parce que c’est tout ce dont il rêvait. Mais est-ce que tout sera comme avant ?

David et Keith connaissent leurs premières expériences de parent. Et se rendent soudainement compte qu’en devenant responsable de deux enfants, on tend naturellement à reproduire le modèle que l’on a connu… David devient sa mère, control freak désirant tout arranger perpétuellement, et Keith devient son père, intolérant et autoritaire. Mais ils s’en rendent compte. C’est déjà un bon point. Keith aurait envie de baisser les bras devant la charge de travail, de stress et d’ingratitude, mais David n’est pas prêt à les abandonner. Et l’assistante sociale reconnaît qu’ils font du bon boulot et qu’ils doivent garder Anthony et Darrel. Le plus dur pour Keith et David va maintenant être de devenir d’autres parents que les leurs…


Cet épisode n’est pas seulement réussi, il est de mon point de vue le meilleur de la saison, pour le moment. Parce que les scénaristes n’ont pas hésité àaller plus loin que d’habitude, en étant toujours àla limite entre le comique et le tragique.