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Six Feet Under

5.11 - Static

When it’s over, it ‘s over

lundi 12 septembre 2005, par Feyrtys

Affronter la mort d’un proche, c’est souvent affronter sa propre mort, et trouver une raison de continuer « comme avant », parce que « comme avant », c’est tout ce que l’on connaà®t. Quand ce n’est pas possible, on se retrouve perdu, sans aucun repère, dans un monde qui soudain est étranger et une réalité qui nous est insupportable. La mort, c’est aussi devoir apprendre à vivre.

Le mort de l’épisode est un soldat américain revenu de la guerre en Irak affreusement mutilé. Un de ces soldats dont on ne parle pas, car on ne parle que de ceux qui sont morts. Les autres, les blessés, les malades, restent dans l’ombre des média, car personne ne veut vraiment voir les dégâts qu’une guerre peut provoquer. Le froid décompte des morts n’est rien comparé à un corps mutilé, monstrueux, à la folie qu’une guerre engendre et aux cris de douleurs qui résonnent d’un hôpital.

Paul Duncan ne voit pas d’autres solutions que le suicide. Lui qui est parti en Irak pour servir son pays, pour que l’on soit fier de lui, revient sans jambes, avec un bras ; il croyait devenir un homme là-bas, c’est un infirme qui revient, un moins que rien, incapable de s’occuper de lui-même, il se fait honte. Personne ne voudra plus jamais de lui, se dit-il, aucune femme n’acceptera de lui faire l’amour, de lui faire des enfants, à vrai dire il ne sait même pas s’il peut bander, rien n’est arrivé depuis qu’il est revenu, aucun médecin ne lui dit la vérité. Qui voudrait de cette vie là ? La terre se portera mieux sans lui, c’est ce qu’il pense. Il ne se supportera pas de se voir ainsi plus longtemps. Il convainc sa sœur de l’aider à se suicider, car si elle l’aime, lui dit-il, si tu m’aimes, tu dois m’aider, je ne veux pas de ça, je ne veux pas de cette vie là, c’est même pas une vie, c’est l’enfer.

Sa sœur se sent obligée de l’aider. Elle n’a pas pu l’empêcher de partir en Irak, elle n’a rien pu faire pour le garder auprès d’elle, elle se sent responsable de tout ce qu’il lui arrive. Depuis que leur père est mort, elle s’est occupée de lui comme elle a pu, mais elle n’a pas pu le protéger des dangers. Leur mère est une fille de soldat, une petite-fille de soldat, pour elle il était normal que son fils aille à la guerre. Son fils se devait de défendre son pays, car il faut des soldats, il en faut, le monde oublie ce qu’ils font pour nous, le monde ne voit que ce qu’ils font de mal, mais sans eux, nous serions perdus, et mon fils est un garçon honnête et droit, il est bon, il est comme son grand-père. Son père serait si fier. La guerre me l’a pris, mais il est mort en héros, il est mort en honorant ce à quoi il croyait, y’a pas beaucoup de personnes qui peuvent dire la même chose. Je veux qu’on le rende entier à nouveau, je veux qu’on voit comme il était beau et jeune et vivant, que les gens se rappellent de ce qu’il était, pas ce qui lui est arrivé pendant cette guerre.

La sœur pense, pas question de parler de suicide, non, les soldats ne se suicident pas, pas à cause de la guerre en tout cas. Un soldat, ça meurt en servant sa patrie, en se sacrifiant pour un soi-disant idéal national, un soldat ça ne revient pas fou, estropié, ou malade, ça revient en héros, point final. Mais il ne reste rien de lui à présent, il est seul, sans moi, et il est sûrement effrayé, et je le suis pour lui, lui qui avait peur du noir quand il était petit. C’était mon seul frère. Je n’en aurai aucun autre. Et il n’est plus là. Comment je suis censée vivre maintenant ?

Boire, se droguer, sombrer dans la peur de tout et surtout de la mort, s’occuper d’un enfant pour oublier qu’on vient de perdre le sien, crier, hurler, insulter, régler ses comptes, dire tout haut ce qu’on a toujours voulu taire, pour ne pas blesser, pour rester aimable... Faire fuir la seule personne qui nous veut du bien, parce qu’on ne supporte pas qu’on puisse être aimé, être sauvé, parce que cette personne va mourir elle aussi, un jour ou l’autre, parce qu’on ne veut pas la voir mourir, on ne le supporterait pas. Avoir peur de voir mourir quelqu’un autre que l’on aime, avoir peur de mourir soi-même et de se retrouver seul et abandonné. Avoir peur de sombrer dans la folie, dans l’interdit, dans le tabou.

Et savoir, malgré tout, que la seule option est de continuer à vivre. Que la mort peut nous frapper nous, ou bien ceux qu’on aime, à chaque minute, que tout est éphémère. La lucidité est une arme autant qu’une blessure. Personne ne sait jamais vraiment ce que ça veut dire de vivre, et personne ne sait vraiment ce que c’est que mourir. On se contente de regarder ailleurs, de trouver des refuges, de se cacher derrière de fausses raisons, on pleure sur soi-même, on se réjouit pour les autres parfois, et surtout, on fait son chemin. A peine l’on commence à se sentir à l’aise avec ce qu’on a reçu, que l’on s’aperçoit que la route est chaotique, sinueuse, que l’on risque de se renverser à tout moment et de devoir tout recommencer. Mais rien n’empêche de continuer à avancer, rien.


Dans cet épisode, Ruth et George essayent de garder Maya définitivement chez eux, profitant de la faiblesse passagère de Brenda, qui finalement réussira àmettre de l’ordre dans sa vie, après un rêve « Ã©lectrochoc  » (c’est le moins que l’on puisse dire). Alors qu’elle affronte Ruth, Brenda perd les eaux, beaucoup trop tôt, et se retrouve àl’hôpital seule avec Ruth... et Nate.
Maggie (pas si bonne quaker que ça) dit enfin les quatre vérités àson père, et quitte la série d’une façon remarquable. David ne sait plus être lui-même, a peur de tout et de rien, et pète un câble devant ses enfants. Rico décide, avec Vanessa, d’ouvrir son propre funérarium et Vanessa découvre qu’elle a un don pour consoler les gens (plutôt que de leur casser les pieds, ce qui est déjàune bonne chose). Et enfin, Claire a le plus beau rôle de cet épisode, et Lauren Ambrose lui donne une intensité remarquable. En renversant sa voiture, Claire s’aperçoit soudain qu’une page de sa vie vient de se tourner, qu’elle n’est plus cette adolescente perdue et en colère qu’elle était. Elle a changé...